Quand Frédéric L. rentra, ce lundi
soir, de son travail, il aperçut du couloir sa femme qui lisait un livre,
confortablement installée dans le canapé du salon. Elle était tellement
plongée dans sa lecture qu’elle ne leva même pas la tête pour saluer son
mari. Elle pensa encore moins à lui demander s’il avait passé une bonne
journée. Elle pensa encore moins à lui demander s’il avait passé une bonne
journée, c’est-à-dire une journée semblable à toutes les autres. Elle
savait pourtant que le travail de son époux à la banque l’accaparait de
plus en plus, au détriment de sa santé, et qu’il rentrait chaque soir plus exténué
que la veille par des tracasseries sans nombre auxquelles il ne pouvait
échapper. Frédéric était un homme d’une quarantaine d’années. Son
embonpoint s’accroissait au fil des mois, sans qu’il cherchât à y remédier
par un quelconque régime alimentaire ou par une activité sportive. Il avait
un visage rubicond et inexpressif, doté d’un regard éternellement triste de
chien battu. Rien dans l’agencement banal des yeux toujours mi-clos, du nez
camus et de la bouche si mince qu’elle semblait privée de lèvres n’attirait,
en effet, l’attention d’une personne qui le voyait pour la première fois.
Et c’était la même chose pour les fois suivantes ! Après avoir déposé
sa serviette en simili cuir qui contenait le journal du jour et quelques
dossiers qu’il trimbalait toujours avec soi, pour se rassurer sans doute
bien qu’il ne les consultât jamais chez lui. Il se servit un verre de
whisky. Il n’en proposa pas à sa femme, car il savait qu’Anne avait en
horreur l’alcool et qu’elle ne buvait que des jus de fruits, même aux
repas, ce qui l’agaçait depuis leur mariage, mais à la longue il en avait
pris son parti. Il vint s’asseoir près de sa femme en poussant un soupir de
soulagement. Celle-ci ne lui adressa pas la parole, à son grand
désappointement, car un tant soit peu d’intérêt pour sa modeste personne et
son travail rébarbatif lui aurait fait plaisir. Il se trémoussa sur le
canapé pour attirer l’attention d’Anne. En vain. A croire qu’il était
devenu invisible ! Ce ne fut qu’au bout de plusieurs minutes qu’il
décida d’adresser la parole à sa femme, pour rompre un silence qui devenait
de plus en plus insupportable et angoissant pour lui.
-
C’est bien ? demanda-t-il d’une voix blanche.
-
Quoi donc ?
-
Ce que tu lis…
Sa
femme prit un certain temps avant de lui répondre, comme si elle n’avait
pas entendu la question ou comme si elle cherchait laborieusement des mots
pour formuler sa réponse.
-
Ecoute, c’est
extraordinaire, dit-elle enfin en refermant le livre.
-
De qui tu parles ?
-
Figure-toi que le personnage principal de ce roman
me ressemble comme deux gouttes d’eau !
-
Une pure coïncidence, rien de plus…
-
A ce point-là, c’est tout de même bizarre, murmura
la jeune femme.
-
Je te croyais pourtant unique, ma chérie !
Il
essaya d’esquisser un sourire qui se transforma aussitôt en une sorte de rictus
nerveux. Il savait qu’il n’avait aucune aptitude particulière à manier
l’humour. Quand il s’y risquait, ses remarques ou saillies qui se voulaient
drôles tombaient à plat dans un silence navré et ne faisaient jamais rire
personne, pas même lui. Il rougit de sa maladresse, et se réfugia dans une
longue lampée d’alcool qui le fit toussoter plusieurs fois. Sa femme
attendit patiemment qu’il eût retrouvé son souffle pour continuer la
conversation. Il lui en sut gré.
-
L’héroïne a le même prénom que moi, dit-elle.
-
Tu sais, Anne est un prénom assez répandu…
-
Oui, mais tout de même ! Et elle a exactement
le même âge que moi…
-
Elle est donc Verseau, précisa-t-il d’un air
songeur.
-
Ce qui explique bien des choses, n’est-ce
pas ? s’écria-t-elle avec un soupçon d’ironie dans la voix.
-
Ce n’est pas ce que j’ai dit…
-
Mais je devine plein de sous-entendus dans ta
remarque…
-
Allons, tu vois le mal partout ! essaya-t-il
piteusement de se défendre.
Il
se leva avec difficulté pour aller se servir un autre verre. Il prit son temps
pour exécuter cette opération, comme s’il cherchait à mettre de l’ordre
dans ses pensées. Il retourna s’asseoir auprès de sa femme, mais un peu
plus loin d’elle qu’auparavant.
-
D’autres ressemblances avec toi ? demanda-t-il
soudain.
-
Oui. L’action du livre se déroule ici, répliqua sa
femme.
-
Dans cette ville, tu veux dire ?
-
Exactement. Et dans le quartier où nous habitons…
-
Mais pas dans la même rue, tout de même ?
-
Si !
-
Non, tu plaisantes ?
-
Pas du tout ! L’héroïne habite rue Alphonse
Daudet…
-
Donc dans notre rue !
-
Au numéro 16…
-
Alors là, tu as raison, il ne s’agit plus de
coïncidences, soupira Frédéric, abasourdi par les propos de sa femme.
-
Elle habite même au troisième étage…
-
L’appartement de gauche ou de droite ?
-
Celui de gauche…
-
Exactement comme nous !
-
A croire que le romancier nous connaît,
suggéra-t-elle d’une voix sourde.
-
C’est impossible ! s’écria-t-il aussitôt avec
une véhémence qui le surprit.
-
Il est peut-être venu en repérage dans le quartier,
par hasard ou de façon délibérée, ça on ne peut pas le savoir, il a été
séduit par notre immeuble qui en impose par sa façade bourgeoise, et il a
décidé que l’action de son livre se passerait à cette adresse…
-
Et tu penses qu’il a surveillé toutes nos allées et
venues ?
-
Pourquoi non ?
-
Tu veux dire qu’il nous aurait carrément
espionnés ?
-
Certains romanciers n’ont pas beaucoup
d’imagination, c’est bien connu, alors ils observent le réel dans ses
moindres détails pour le retranscrire dans leurs œuvres.
Ils
se réfugièrent un instant dans le silence de l’appartement, à peine troublé
par un léger bruit d’eau dans une canalisation. Le jour, dehors, avait
baissé, mais ils ne pensèrent même pas à allumer la lumière. Ils se
sentaient plus rassurés par la pénombre du salon. Ce fut Frédéric qui
reprit le premier la parole.
-
Je te comprends, ma chérie, dit-il, ça doit faire
un choc de se retrouver dans un personnage de fiction, alors qu’au départ
on n’est qu’un simple lecteur anonyme…
-
Oui, ça me fait tout drôle ! De plus, Anne,
dans le roman, est une jeune femme qui a la trentaine…
-
Comme toi !
-
Elle est belle…
-
Comme toi !
-
Elle est d’une nature dynamique et joyeuse…
-
Un peu comme toi !
-
Comment ça, un peu ? demanda-t-elle d’une voix
agacée.
-
Oh, je ne
voulais pas te vexer, ma chérie, mais avoue que tu n’es pas toujours d’une
humeur particulièrement joyeuse…
-
Plus que toi, en tout cas !
-
C’est vrai…Et que fait-elle dans la vie ?
-
Elle est prof de littérature comparée à
l’Université…
-
Comme toi !
-
Elle est mariée…
-
Ne me dis pas que son mari s’appelle
Frédéric ?
-
Eh bien si !
-
Quel manque d’imagination de la part de l’auteur…
Sa
plaisanterie, qui se voulait désinvolte, tomba à plat. Il sentit une
brusque lassitude lui courber le dos.
-
Et elle n’a pas d’enfant, précisa-t-elle.
-
Elle a décidément tout copié sur toi !
-
Mais elle n’aime plus beaucoup son mari,
semble-t-il.
-
Ah ! dit-il en regardant sa femme d’un air
ébahi.
-
Elle songe même à le quitter…
-
Et pour quelles raisons ? demanda-t-il d’une
voix anxieuse.
-
Elle s’imagine qu’il la trompe…
-
Avec sa secrétaire, je suppose ?
-
Comment le sais-tu ? dit-elle, brusquement
interloquée.
-
C’est assez banal, non ?
-
En effet !
-
Et toi ? demanda-t-il en avalant la dernière
gorgée d’alcool.
-
Quoi, moi ?
-
Est-ce que tu songes à me quitter ?
-
Pourquoi, tu me trompes ?
-
Non, pas que je sache, s’écria-t-il avec un rire
forcé qui s’étrangla dans sa gorge.
-
Alors, tu ne devrais pas t’inquiéter…
-
Ai-je l’air inquiet ?
-
Oui, un peu…
-
C’est mon air naturel, tu le sais bien.
-
Je pense que je vais rester avec toi, dit-elle en
lui effleurant le bras du bout de sa main droite. Du moins, dans
l’immédiat…
-
Tu me rassures ! répondit-il d’une voix
lugubre. Enfin, voilà donc une première différence de taille entre Anne et
toi, n’est-ce pas ?
-
En apparence, oui…
-
Comment ça, en apparence ?
-
Parce qu’elle imagine tout ça, elle se fait en
quelque sorte son cinéma intérieur, mais en réalité dans le roman elle
décide en fin de compte, et après mûres réflexions, de ne pas quitter son
mari.
-
Mais je croyais qu’elle ne l’aimait plus
beaucoup ?
-
Disons qu’elle s’est habituée à lui, et que sa
présence à ses côtés la rassure…
-
Parce qu’il ne la trompe pas, en réalité ?
-
En fait, elle n’en sait rien. Pas de preuves
tangibles, ni rouge à lèvres sur ses mouchoirs, ni cheveux blonds ou bruns
sur ses cols de veste, ni petits mots doux dans ses poches, ni messages
compromettants sur son portable, alors elle préfère fermer les yeux sur ses
retards et ses justifications plus ou moins plausibles…
-
Ils restent donc ensemble ?
-
Oui.
-
Et après ? demanda-t-il.
-
Elle rencontre au cours d’un colloque sur l’œuvre
de Proust un romancier suisse…
-
Tiens donc, Suisse, dis-tu ?
-
Comme l’auteur de ce roman, en effet…
-
Une autre coïncidence…Et donc ?
-
A la fin de la première journée, ils vont dîner au
restaurant et décident de passer la nuit ensemble…
-
C’est une rapide, dis donc !
-
A qui bon repousser au lendemain ce que l’on peut
faire le soir même !
-
Et ça se passe où ?
-
C’est là que tu vas rire !
-
Je n’en doute pas, dit-il d’un ton sérieux, comme
si l’histoire le passionnait soudain.
-
A Belgrade…
-
Mais c’est dans cette ville que tu dois aller la
semaine prochaine, non ?
-
Ah oui, tiens, c’est exact, je n’avais pas fait le
rapprochement…
-
Et donc elle fait l’amour avec cet auteur ?
-
C’était inéluctable…
-
Bien sûr ! marmonna-t-il.
-
Pourquoi dis-tu bien
sûr ? Elle aurait pu rester fidèle à son mari…
-
Certes, mais dans le roman elle fait l’amour avec
ce romancier suisse…
-
Ils ne vont tout de même pas passer la nuit chacun
de son côté à préparer leurs conférences du lendemain !
-
Ah, les colloques ont du bon…
-
N’est-ce pas ? dit-elle en souriant.
-
A propos, ma chérie, cette nuit d’amour, que j’imagine
torride, elle se passe dans quelle chambre ?
-
Dans celle de l’écrivain…
-
A l’hôtel Asturia, je
suppose ?
-
Comment as-tu deviné ?
-
Ce n’est pas le nom de l’hôtel où tu dois
descendre ?
-
Mais oui, tu as raison ! répondit-elle.
-
Et à la fin du colloque, la belle Anne revient chez
elle pour retrouver son mari et reprendre, comme si de rien n’était, sa
tranquille et morne vie conjugale, n’est-ce pas ?
-
En quelque sorte, soupira-t-elle.
-
Comment se poursuit le livre ?
-
C’est là que tout se complique…
-
Vraiment ?
-
Le mari d’Anne meurt dans un accident…
-
De voiture ?
-
Non, d’avion.
-
C’est plus chic ! Et il n’y a aucun survivant,
bien sûr ?
-
Aucun ! L’avion s’est écrasé en pleine mer…
-
Et personne ne savait nager, je suppose ?
-
Tu n’es pas drôle ! dit-elle.
-
Pardonne-moi. Elle devient donc veuve ?
-
A trente-six ans seulement…
-
Toi, tu n’en as que trente-trois, dit-il, ça te
laisse encore un peu de marge, n’est-ce pas ?
-
A toi aussi…
-
Certes, mais moi je vais bientôt disparaître de ta
vie, si j’en crois le roman !
-
Mais là, mon chéri, nous ne sommes plus dans le
passé, mais dans un avenir totalement fictif, et rien ne dit que tu
connaîtras le même sort que l’autre Frédéric…
-
En effet, il faudra attendre un peu pour le savoir.
Mais l’héroïne du roman peut espérer refaire sa vie, non ? dit-il d’un
ton qui se voulait faussement désinvolte.
-
C’est, en effet, ce qui arrive…
-
Elle a une nouvelle liaison amoureuse ?
-
Oui, très vite après la mort de son mari…
-
On est peu de chose, et le corps a
ses exigences…Elle se met donc en ménage avec son romancier suisse,
j’imagine ?
-
Non, leur liaison n’a duré qu’une nuit…
-
Pourquoi donc ?
-
Il n’aimait pas assez l’œuvre de Proust,
semble-t-il !
-
Alors avec qui a-t-elle refait sa vie de jeune
veuve éplorée ?
-
Avec un avocat de renom international…
-
Oui, tant qu’à faire, il vaut mieux viser
haut ! s’exclama-t-il.
-
Evidemment, c’est autre
chose qu’un modeste employé de banque, mon chéri…
Il
se leva pour aller déposer son verre sur la desserte, et resta debout en
s’approchant de la fenêtre. Il regarda la rue en contrebas. Elle était
devenue quasi déserte. Tout le monde semblait être rentré chez soi. Seules
quelques rares voitures roulaient lentement à cause de l’étroitesse de la
chaussée, sans qu’il entende le moindre bruit de moteur grâce au triple
vitrage. Il laissa vagabonder son esprit pendant quelques minutes, comme
s’il se trouvait à mille lieux de l’histoire fictive que sa femme venait de
lui raconter. Ce fut elle qui le tira de sa réflexion.
- Elle tombe alors enceinte,
murmura-t-elle soudain.
- Tombe ? dit-il en sursautant.
- Oui. Il faut dire qu’elle ne prend
aucune précaution particulière…
- Pas très prudent de sa part !
- C’est vrai, mais elle est terriblement
amoureuse pour la première fois de sa vie…
- L’enfant, c’est une fille ?
- Non !
- Alors, c’est un garçon ?
- Va savoir ! dit-elle d’un ton
ironique.
Il
rougit brusquement. Il avait encore proféré une bêtise, sans réfléchir, ce
qui prouvait à quel point il était de plus en plus troublé par cette
histoire, romanesque au départ, mais qui se confondait de plus en plus dans
son esprit avec une réalité proche et plausible.
-
Est-ce que ça veut dire que tu voudrais toi aussi
avoir un enfant ? demanda-t-il
-
Pourquoi non ?
-
On n’en a jamais vraiment parlé…
-
Ce pourrait être l’occasion de le faire…
-
Sérieusement ?
-
Oui, sans faux-fuyant…
-
Tu as raison, concéda-t-il, il est peut-être temps
d’y penser.
-
Alors, pensons-y sans trop tarder !
-
D’un autre côté, si je dois mourir dans trois ans…
-
Il me restera au moins quelque chose de toi, mon
chéri !
Il
dévisagea sa femme, mais ne lut dans son regard aucune trace de moquerie ou
de cynisme. La venue d’un enfant, il avait toujours refoulé cette
éventualité au plus profond de lui-même, sans trop savoir pourquoi. Il
s’était habitué à sa vie un peu morne et plate, et il avait tendance à
considérer tout imprévu comme un danger potentiel. Pourtant, acculé par sa
femme, il comprit qu’il serait obligé très bientôt d’aborder le problème et
de faire face à son désir de maternité. Quelques gouttes de sueur
apparurent sur son front et coulèrent en le chatouillant sur ses joues un
peu molles. Il les essuya d’un geste machinal de la main.
-
Mais à part ça, l’histoire se finit comment ?
demanda-t-il pour changer le cours de ses pensées, en revenant s’asseoir
auprès de sa femme sur le canapé.
-
Je ne sais pas encore, répondit-elle, il me reste
une vingtaine de pages à lire…
Il
réfléchit un court instant. Des rides zébrèrent son front tavelé.
-
Alors, je te propose quelque chose, s’écria-t-il
soudain.
-
Quoi donc ?
-
Ne lis surtout pas la fin du roman…
-
Pourquoi ?
-
Nous ne devons pas connaître la fin de l’histoire…
-
Tu as peur de quoi ?
-
Restons dans l’inconnu. Dorénavant, c’est nous qui
allons découvrir tout ce qui va nous arriver à plus ou moins brève
échéance…
-
Tu veux dire que nous allons devenir nos propres
personnages de fiction, et écrire jour après jour le récit de notre vie
future…
-
Exactement !
-
Tu veux que nous devenions écrivains ?
-
C’est un moindre mal, non ?
-
Tu es devenu fou ! s’écria-t-elle.
-
Nous allons mettre par écrit le déroulement de
notre vie future, et le confronter avec celui du roman, pour voir s’ils
coïncident jusqu’au bout…
La
jeune femme fixa son mari, cherchant à lire dans son regard. Mais elle n’y
lut pas grand-chose, ce qui la rendit perplexe. Pourtant, l’idée n’était
pas si saugrenue que cela, pensa-t-elle. L’écriture de leur vie mettrait un
peu de piment dans leur existence.
-
D’accord, on peut toujours tenter l’aventure,
dit-elle.
-
Nous allons devenir des êtres doubles, en quelque
sorte…
-
Tu veux dire à la fois réels et fictifs ?
Il
préféra ne pas répondre, car au fond de lui-même cette dualité nouvelle qui
les ferait aller et venir du tangible à l’imaginaire l’attirait et
l’inquiétait en même temps. Désormais, ils vivraient tous deux à la fois comme
des êtres de chair et de papier.
-
C’est un risque, tu sais, dit-elle.
-
Qu’il faut courir ! s’écria-t-il en lui
coupant brutalement la parole.
-
Soit, tu as peut-être raison…
-
Bien sûr que j’ai raison !
-
Je ne t’ai jamais vu dans cet état-là !
s’écria-t-elle avec une pointe d’excitation dans la voix.
-
Tout ça m’a donné faim, on mange quoi ce
soir ? demanda-t-il, soudain tout ragaillardi.
-
Et si on allait au restaurant ?
proposa-t-elle.
-
Excellente idée ! Je vais prendre une douche
rapide, mettre une chemise blanche et une cravate en soie pour te faire
honneur. Fais-toi belle, ma chérie, mets ta plus belle robe, comme aux
premiers temps de notre mariage, la soirée va être inoubliable…
-
D’accord, mon chéri !
-
Nous allons fêter notre nouvelle et double
existence, dit-il en se levant.
-
Demain est une page encore blanche…
-
A nous de l’écrire !
Elle
se leva à son tour, et posa le livre sur la table basse. Il se dirigea vers
la salle de bains d’un pas alerte, et se mit à siffloter. De son côté, Anne
quitta le salon presque en sautillant comme un oiseau pour entrer toute
guillerette dans la chambre conjugale.
***
François TEYSSANDIER est né en
Gironde. Études en langue et civilisation italiennes à la Faculté des
lettres de Bordeaux. Conservatoire dramatique de cette ville. Comédien,
puis enseignant.
PUBLICATIONS :
Théâtre :
3 pièces à L’Avant-scène théâtre :
(Des voix dans la ville, L’Accusation, Le Temps de solitude)
Nouvelles :
Publiées dans
les revues : Nota Bene, Roman, Brèves, Les Tas de mots, Népenthes,
Diérèse, A l’Index, Pr’Ose, ADA Mag, Muze, Traversées
(Belgique), Rue Saint-Ambroise, Moebius (Québec), et sur le Net.
En volume :
L’Enfant dans le puits (nouvelle, édition numérique 15K)
Miroirs en mouvement (nouvelle, revue A L’Index)
Chutes et rechutes (nouvelle, revue Traversées, Belgique)
Fenêtre sur rue (nouvelle, Anthologie, Les Dossiers d’Aquitaine)
Recueils de poésie :
La Musique du temps, éd. P.J.Oswald
Livres du songe, éd. Belfond (prix Louise Labé)
Paysages nomades, éd. Voix d’encre
Équilibre instable de la lumière, éd. Du Cygne
Poèmes publiés
dans une quarantaine de revues en France (dont POESIE/PREMIERE, VERSO,
ARPA, FRICHES), en Belgique et aux Seychelles.
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