I
C’étaient les vacances. C’était
l’insouciance. C’était le bonheur de l’enfance. Et, c’était un dimanche,
une journée particulière. …
Dès le matin, tout le monde se
réunissait pour la toilette dominicale autour de la fontaine qui coulait
dans un petit bassin d’eau claire.
Les femmes et les enfants d’abord,
puis les hommes, après avoir suspendu aux branches du pommier des petits
miroirs achetés quelques sous à la foire, se rasaient en riant.
Les poules couraient ça et là ; les chats paressaient sur le timon de
la charrette, alanguis par le soleil d’été.
Ces images de gaieté sont dans mes
souvenirs comme des fragments de lumière éclairant la grisaille du passé.
C’était notre famille, notre vie
d’autrefois.
Puis en chœur, nous partions pour la
messe…. le chemin suivait les flancs de la montagne sur plusieurs kilomètres,
à travers sous-bois ou prairies que coupaient de temps à autre un ruisselet
dévalant la pente jusqu’au fond du val.
Rapidement les hommes distançaient
les femmes qui qu’occupaient des plus petits, les enfants se regroupaient
selon leurs âges et leur capacité à marcher.
Arrivés à l’église, les femmes en
retrouvaient d’autres pour bavarder, les hommes s’engouffraient au café
d’où ils sortaient de temps en temps pour prendre un air de messe grâce à
une petite porte latérale qui leur permettait des allers retours discrets
pendant l’office…. Les femmes et les enfants étaient là, sur les bancs
attribués aux familles, et, par leur dévotion et l’éclat de leurs voix
pures couvraient et faisaient oublier l’attitude « mécréante »de
leurs compagnons…Le dimanche était un jour de relâchement bienheureux dans
le rude quotidien des paysans.
Ensuite femmes et enfants rentraient
après avoir acheté le pain blanc du repas et, commençaient alors, l’attente
des hommes qui rentreraient gais, chantant et inconscients de l’heure qui
avait poussé les aiguilles de l’horloge vers l’après dîner !!
La Mère, ma grand-mère
- vitupérerait, mais le « Père » - mon grand-père, lui
intimerait le silence. Le chef de famille c’était lui !!!
Alors avec le couteau, il signait le pain et
en distribuait à chacun.
Le repas commençait, servi par les
femmes…nous les enfants, mangions à part, les grands s’occupant des plus
petits.
C’était un moment de grande liberté
et de gaieté, loin des adultes, c’étaient mes vacances !!
II
Mais ce dimanche-là, après le café,
le père sortit et lança un appel. La famille était
rassemblée dans une courette à l’extérieur de la maison que limitaient le four à pain et un mur de pierres
grises qui la protégeait du vent,
une treille l’ombrageait l’été, et
des fuchsias en pot apportaient, ça et là, des notes de couleur.
D’énormes blocs volcaniques grossiers
étaient disposés de part et d’autre, servant de bancs aux femmes quand
elles voulaient coudre ou tricoter.
Le père se jugea sur l’un d’eux et
s’en servit de tribune d’où il nous héla.
Les mères rassemblèrent leurs petits
en les faisant taire.
Le moment était solennel, le silence
s’était établi, tous les visages étaient levés vers l’orateur, les regards
étaient curieux, interrogateurs, certains même montraient une certaine
inquiétude…j’étais blottie contre ma mère…
-
« Je vous
ai tous réunis ce dimanche », commença le Père…
C’était un homme petit, sec et
autoritaire. Nul n’osait lui tenir tête. Ses paroles étaient nettes et
claquaient comme des coups de fouet…il était question de ma jeune tante, la
benjamine de leurs douze enfants… elle était comme une grande sœur pour
moi…Je n’écoutais pas vraiment… mais le ton se durcit, et je sursautais…
-
« Jamais ma
fille n’épousera un protestant, jamais ! » hurla mon grand-père…
Il y eut une plainte étouffée, et ma
jeune tante s’enfuit…
Elle alla se réfugier au fond du four
à pain… Et on entendait ses sanglots de désespoir.
Tout le monde baissait les yeux ou la
tête, seule, la Mère, ma grand-mère, le regard fou, tenait son poing serré
contre sa bouche pour ne pas hurler.
« Depuis le XVIe siècle nous
sommes catholiques et le resteront… Jamais… Jamais ma fille n’épousera un
protestant !!! »
Tout le monde se taisait, changés en
statue, le regard morne. Seuls les sanglots de ma tante, là-bas au fond du
four à pain, nous parvenaient déchirant le silence, lacérant nos cœurs.
Le Père descendit de son rocher, le
regard dur et rentra sans un mot dans la maison. La mère restait figée,
hébétée… Ma tante pleurait toujours dans l’obscurité du four.
Nul n’alla la retrouver pour passer
un bras consolateur autour de son cou.
Les enfants saisis par la dimension
tragique de l’instant, ne songeaient plus à gambader… Chacun hésitait à
bouger, puis progressivement les uns s’éloignèrent des autres, pour aller
s’asseoir, méditatifs chacun dans un coin, mais encore proches comme si
tous étaient liés par un fil invisible : le lien familial, une sorte
de toile d’araignée où, au centre, était le Père, et la
« parole » du Père.
L’après-midi se passa ainsi dans le
silence… non loin les uns des autres, nul n’osa ou ne put parler.
Ma tante, sortie de son refuge,
s’était effondrée sur un billot de bois, le visage défait, les mains
crispées sur sa robe des dimanches, cette jolie robe fleurie que j’avais
choisie avec elle à la foire.
Plus de rires, plus de joyeuses
interpellations, même les enfants craignaient de jouer comme à l’ordinaire.
Finie la légèreté, la gaité de mes
vacances.
Je m’étais approchée de ma tante,
mais elle ne me voyait pas.
Une sourde colère m’envahit, au nom
de quel principe, que je jugeais, du haut de mes dix ans, totalement
absurde et dépassé, le Père avait-il brisé notre insouciance dominicale,
notre innocence d’enfants ?
Mais je me sentis coupable de ses
pensées rebelles et je restais assise silencieuse, m’amusant à tracer des
signes sur le sable et les effacer ensuite d’un coup de pied rageur.
Ma jeune tante avançait en âge, et
n’était toujours pas mariée ; il y avait peu de prétendants à
l’entour, tous les hommes partaient tenter leur chance à la ville où ils
fondaient une famille.
Mais ma tante avait rencontré Joseph,
de la ferme des Contamines, un ancien camarade d’école, fils unique vivant
avec sa vieille mère dans une grande ferme ; c’était un bon parti.
Mais il était protestant…Cependant, dans notre village divisé depuis des
siècles par cet antagonisme religieux, les mariages mixtes étaient
habituels et ne posaient pas de problème ; la règle était que les
enfants prissent la religion de la mère.
Enfin ce fût l’heure d’abreuver les
bêtes, de nourrir poules et cochons. Ce qui se fit dans le silence que même
les animaux n’osèrent briser.
La soirée se poursuivit ainsi :
chacun muet, enfermé dans son chagrin ou sa colère, nous errions comme des
fantômes dans cette ferme auparavant si bruyante de vie…
III
Le lendemain, la vie reprit comme à
l’habitude. L‘été, dans une ferme, il y a peu de loisirs.
Si les adultes avaient commenté entre
eux l’événement, je n’en sus rien. Rien en apparence n’avait changé,
étais-je la seule à ressentir cette atmosphère pesante ?
Une sourde colère couvait en moi
…
Comme tous les matins de la semaine,
j’allais jouer avec Jeannot à la ferme Hubert.
Ferme la plus proche de la nôtre.
Elle avait été construite entre les deux montagnes ; j’aimais la paix
qui l’environnait, la maison d’habitation était située à l’arrière de la
ferme, entourée d’un jardinet et du cimetière familial, car les Hubert
étaient protestants.
Depuis que nous avions été capables
de marcher et de parler, nous étions devenus, Jeannot et moi, des camarades
de jeu.
Au fil des années et de nos communes
lectures, notre complicité se renforçait, et le jardin et le cimetière
étaient notre univers.
Les protestants gardent leurs défunts
près d’eux, les tombes sont marquées par une simple bordure de ciment, pas
de croix, ni de monuments, par de fleurs flétries oubliées depuis des mois
par les familles.
C’est une autre appréhension de la
vie et de la mort, plus douce, moins tragique.
Tout était paisible, seul le doux
bourdonnement des mouches faisait vibrer l’air chaud de l’été. Tour à tour,
ces tombes à peine délimitées, devenaient châteaux, maisons, tipis indiens
au gré de notre imaginaire.
Heureux morts qui demeuraient près de
leurs familles et participaient aux jeux de leurs petits enfants !
Peut-être avais- je senti, malgré mon
jeune âge que la scène de la veille marquait un tournant dans ma vie, car
je restais immobile, les yeux clos, à écouter le silence, à le savourer. Ce
silence inimitable de mes montagnes ardéchoises, un silence rempli de
bruits imperceptibles à qui ne les écoute pas…
En rentrant à la maison, pour le
repas de midi, je vis la famille rassemblée sur le perron autour du Père.
Une sourde angoisse m’assaillit ;
je n’étais pourtant pas en retard, mais j’avais dû commettre une faute pour
être ainsi accueillie.
Je vis le visage fermé de ma mère,
celui dur de mon grand-père.
Il prit la parole :
« A
partir d’aujourd’hui Alicia, tu n’iras plus jouer avec Jean Hubert… »
Après un silence, il ajouta : « qu’une nouvelle mésalliance ne se
fasse pas dans la famille… Tu m’as entendu Alicia ? Je ne veux plus que tu ailles avec les
Parpaillots ! »
Je restai hébétée, le visage levé
vers lui, un coup de cravache m’aurait moins surprise et moins fait
souffrir.
Mais il tourna le dos, ma mère ne me
prit pas par la main et tout le monde rentra dans la grande salle.
IV
Ce dernier incident mis fin
pour moi à la saison de l’enfance, à l’insouciance qui avait caractérisé ma
vie. Je jetais un œil sombre et critique sur ces adultes cruels qui au nom
d’un même Dieu s’infligeraient les uns aux autres de telles
souffrances !
Je restais donc seule, abandonnée à
moi-même.
Mes autres cousins et cousines
étaient soit trop jeunes, soit trop âgés pour partager mes jeux.
En moi s’élevait, de plus en plus
puissant, un vent de révolte.
Il y avait chez nous une bible que
personne n’ouvrait, car sa lecture était celle des protestants, donc nous
était interdite ; je la pris, la recouvris du papier bleu de mes
livres d’école, et chaque jour je l’emportais pour la lire en cachette les
après diner pendant que j’allais garder les vaches
Ce me fut d’autant plus facile que de
nouveaux événements arrivèrent, dont je fus complice.
C’était avec ma jeune tante que je
conduisais les vaches à la pâture.
Chaque jour une nouvelle prairie, et,
tout en surveillant le paisible troupeau, que gardait, avec plus de
vigilance que nous, notre chien berger, nous avions l’habitude de lire, ou
de tricoter, tout en bavardant.
Ce jour -là, je sortis donc ma bible
et en commençais la lecture, un sifflement joyeux retentit ; je vis ma
tante se lever et se diriger vers un petit bois de pins avoisinant.
Comme elle tardait à revenir, je
m’inquiétais, me levai à mon tour et en avançant vers le bois de pins,
j’entendis des gémissements et des sanglots. Je me précipitais…et j’aperçus
alors ma jeune tante, le visage enfoui dans les bras de Joseph de la ferme
des Contamines.
Ils sursautèrent tous les deux à mon
arrivée. Ma tante tourna vers moi un visage bouffi par les pleurs… je
compris alors que tout dépendait de moi…
-
« Ti-mimi,
(c’était le surnom que je lui avais donné étant enfant), ne crains rien, je
ne dirais rien, je m’occupe des bêtes… reviens seulement quand il sera
l’heure…
Et je m’en allai à grandes enjambées…
Bien plus tard, elle me rejoignit et
vint m’embrasser.
-
« Tu ne
diras rien, Alicia, c’est vrai ? »
-
« Promis,
juré, m’écriai-je en levant la main droite »
Ainsi se passa l’été sous le sceau du
secret.
Je poursuivais donc chaque jour ma
lecture interdite et ma tante Marie, dite « Ti-Mimi », retrouvait
chaque jour son amour interdit ; j’étais heureuse de favoriser cette
alliance infamante, c’était ma résistance à moi.
A la ferme, les travaux d’été se
déroulaient comme à l’accoutumée, nul n’évoquait le jour funeste où toute
notre activité avait été bouleversée.
V
Un grand évènement coupait l’été,
c’était la foire au bétail du 15 Août.
Elle avait lieu dans un gros bourg
voisin ; on y allait vendre nos fromages, exposer vaches et cochons.
C’était un jour de fête qui réjouissait tout le monde.
Avec ma tante, mes cousines et
cousins, nous sortions nos jolies toilettes.
Arrivées là – bas, nous nous
promenions en toute liberté entre les étals des marchands avec quelques sous
en poche, pour acheter des friandises.
Mais, le soir venu, quand, femmes et
enfants furent rentrés avec le car, les hommes avec la bétaillère ; on
constata l’absence de ma tante.
Je dois avouer que je l’avais perdue
de vue très tôt dans la matinée, occupée que j’étais à ‘m’amuser avec
d’autres fillettes de mon âge, à visiter les portants où étaient accrochés
des vêtements, et les bancs où s’étalaient bibelots et bijoux de quatre
sous.
La Mère, lèvres serrées, rongée par
l’inquiétude, vaquait à ses tâches domestiques.
Tout le monde sentait venir le drame.
Les hommes rentrèrent très tard, un
peu ivres, en raison des nombreux canons de vin rouge offerts et reçus…
Le Père tout à coup dégrisé, appela
mes oncles et mes cousins, et les envoya quêter des informations dans les
autres fermes, surtout chez les protestants ; il alla lui-même, en
particulier, chez la mère de Joseph.
Les émissaires revinrent effrayés par
la nouvelle qu’ils allaient transmettre :
« Joseph et ma jeune tante
étaient partis ensemble quelques jours et reviendraient dûment
mariés »
Je compris qu’ils avaient ourdi tout
cela pendant le mois où ils s’étaient retrouvés quotidiennement à la
pâture.
Les bancs avaient été publiés dans
une ville voisine où Joseph avait sa famille, majeurs tous deux, ils
s’étaient légalement épousés.
Il n’y avait pas de scandale, sauf
dans notre famille où passer outre aux ordres du Père était un acte grave
de désobéissance.
Je vis le visage de la mère se
détendre, tout le monde se réjouissait de cette issue convenable sans
toutefois le montrer.
Chacun pensait qu’une fois la colère
paternelle estompée, Marie et son époux serait bien accueillis à la
maison. Mais c’était compter sans la rage religieuse du Père.
Pour lui c’était un double crime,
s’opposer à lui et entrer dans la religion haïe !!!
Certainement la désobéissance était
le pire des affronts.
Ainsi la semaine suivante, les jeunes
époux revirent à la ferme de Joseph, où des travaux avaient été entrepris
pour leur offrir un nouveau foyer.
La mère s’était installée dans une
dépendance à l’arrière, montrant ainsi à tous que sa jeune belle-fille
devenait la nouvelle maîtresse de maison.
Nous nous réjouîmes tous d’apprendre ces
détails, surtout le désir qu’avaient les deux jeunes gens de nous rendre
visite.
Mais le père ne l’entendait pas
ainsi.
Le dimanche suivant, après le repas,
le Père nous réunit à nouveau.
Plus raide que de coutume, son regard
bleu, dur et froid comme l’acier, il monta sue la grosse pierre qui servait
de banc, et prit la parole :
-
« Je ne
reviendrai pas sur l’affront que ma fille, votre sœur m’a fait… mais je
déclare solennellement aujourd’hui que Marie n’est plus ma fille… Je la répudie !
Nul ne devra plus jamais prononcer son nom devant moi…Ni la revoir
jamais !... Je la répudie ! »
Un cri étouffé l’interrompit, c’était
la Mère, qui le poing sur la bouche pour étouffer ses sanglots, s’enfuit
dans le four à pain.
Le Père descendit de son estrade et
alla s’enfermer dans l’étable.
Nous étions tous anéantis. …
Comme pour se mettre à l’unisson de
ce jour de colère et de tristesse, le ciel se chargea de nuages noirs, et
le tonnerre gronda dans le lointain.
VI.
Puis ce fût l’automne.
La rentrée des classes fit éclater le
noyau familial.
Les grands-parents se retrouvèrent
seuls à la ferme avec deux oncles célibataires.
Ma tante n’était plus là pour aider
la Mère, qui était devenue froide et silencieuse.
Les autres enfants et les petits
enfants avaient regagné leurs cadres de vie habituels.
Mais en Moi, un autre orage
grondait ; j’étudiais avec fureur l’histoire des religions et l’été
suivant, j’annonçais à ma famille ébahie, ma volonté d’abjurer les pompes
et ors de la religion catholique pour la foi plus simple de la religion
réformée.
Ce ne fut pas un nouveau coup de
tonnerre, le Père ne prit pas la parole pour m’enjoindre l’obéissance, il
ne dit rien, personne ne sembla relever ce qui paraissait un coup de tête
d’adolescente, mais, à la rentrée suivante, je fus mise en pension dans une
école religieuse très stricte où je fus traitée comme une renégate.
J’y accumulais jusqu’au bac
d‘excellents résultats, mais de mauvaises notes de conduite.
Quoique je fisse c’était toujours
mal ; cette vie m’endurcit, j’étais libre dans mes pensées et
solitaire au sein de ma famille.
Contre l’avis familial, qui
m’importait peu, je m’inscrivis en fac de Lettres à Lyon.
Ayant travaillé l’été, pour me payer
mes études et nantie d’une bourse, j’affirmais mon indépendance.
Lors des journées d’inscription, un
grand moment pour moi ; j’aperçus un de mes cousins qui me cherchait
parmi les nouveaux étudiants ; lui-même était en Sciences depuis deux
ans, il était accompagné d’un grand jeune homme que je ne connaissais pas.
-
« Alicia,
me dit-il en m’embrassant, devine un peu qui j’ai retrouvé qui s’inscrivait
avec moi… ? Jean Hubert, ton
« Jeannot »
Je poussai un cri de surprise et
dévisageais son compagnon, cherchant à retrouver dans ce visage viril, les
traits de mon camarade d’enfance.
Nous nous embrassâmes aussi émus l’un
que l’autre.
Des souvenirs longtemps refoulés,
revenaient à ma mémoire… le cimetière familial où nous jouions innocents…la
fontaine où nous nous éclaboussions d’eau claire, le matin… Puis le
grand-père… la répudiation…ma punition.
Comme tout avait changé…le Père était
mort ? La Mère l’avait suivie peu après. Ma jeune tante avait eu des
enfants, elle avait revu la famille qui ne craignait plus l’interdiction
paternelle. Je n’étais pas devenue protestante, je penchais alors vers le
Bouddhisme…
Jean, comme on l’appelait alors,
venait m’attendre à la sortie des cours, ou, à mon tour, j’allais le
rejoindre à la sortie des siens.
Nous avions retrouvé notre vieille
complicité, favorisé par le fait que nous vivions sur le même campus et
résidions dans la même cité universitaire.
Ainsi Mai 68, nous vit tous les deux,
côte à côte, le poing levé, entonnant l’Internationale…
©Éliette Vialle
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