Ça se passe au
Québec.
Il arrive parfois que la
vie
nous porte sur des routes inconnues. J’ai eu cette chance de vivre
cette expérience
le printemps passé en recevant dans mon courriel une invitation
pour
participer à un relais d’auteurs dont le but du projet
était
de ramasser des fonds pour les sans abri. Je vous partage donc ce
projet,
projet audacieux qui a été mené jusqu’au
bout
malgré les embûches trouvées dans les ruelles de
nos
vies et les passages secrets inconnus en chacun de nous.
LA NUIT DES SANS ABRI….
LA NUIT DES GUEUX
Quand les gouvernements
laissent
sans abri les plus démunis et que le tout se passe dans un pays
aux
humeurs changeantes; il est du devoir de chaque citoyen de prendre la
relève
afin que nos sans abri puissent avoir un toit la nuit quand le
thermomètre
se met en descente…rapide.
Yanni Kin oeuvrant dans ce milieu a eu l’idée originale de
ramasser
des fonds pour leur venir en aide en sollicitant la participation
d'auteurs
québécois. Une expérience enrichissante pour les
participants
et motivante tant pour les auteurs que les lecteurs.
EXPLICATION du PROJET
une course
à relais pour les auteurs.
« Les Objectifs :
1. Recueillir des fonds pour un organisme visant le soutien et la
sensibilisation de la cause des sans-abri;
2. Sensibiliser encore davantage les auteurs à ce que doivent
vivre
au quotidien les gens de la rue. Pour ce faire, chaque
étape,
chaque aspect du déroulement de cette course se voulait
être
symbolique des difficultés rencontrées quotidiennement
par
les sans-abri;
3. Permettre aux auteurs de démontrer leur implication sociale
au
même titre que les chanteurs, compositeurs, et autres artistes de
toutes
catégories;
4. Offrir une tribune de plus aux sans-abri en les impliquant
directement dans ce projet;
Procédure
:
Un auteur écrit un texte à partir d’une image qu'il
reçoit
avec cette invitation. À son tour, il envoie cette image et le
texte
qu’il a composé à deux auteurs de son choix. En recevant
l'image,
les deux auteurs s'en inspirent pour, à leur tour, composer un
texte
qu'ils transmettront eux aussi, avec l’image, à deux
collègues
de leur choix. Non pas le texte qu'ils ont reçu mais celui
qu'ils
ont eux-mêmes écrit chacun de leur côté. Et
ainsi
de suite, jusqu'à ce que nous ayons réuni une
cinquantaine
de textes.
Chaque auteur participant a une semaine pour écrire son texte
(d'une
page ou 250 mots) et le faire parvenir avec l’image à deux de
ses
collègues. Il en envoie une copie au responsable du projet (et
lui
indique le nom et les coordonnées des auteurs qu'il a
sollicités.)
Chaque mois, nous mettrons à jour la liste des participants et
la
ferons connaître aux intéressés. Il va de soi que
chacun
conserve ses droits et qu’il est pleinement responsable de son propos.
En octobre prochain, à l’occasion de la Nuit des sans-abri, le
texte
d’une cinquantaine d’auteurs sera relié dans un recueil et un
lancement
et une soirée de lecture où tous les auteurs participants
seront
invités. » Yanni Kin
|
La
course fut sans contredit un succès puisque le 7 octobre 2006 se
tenait
à Trois-Rivières lors du Festival International de la
Poésie,
le lancement de ce collectif, LA NUIT
DES GUEUX, aux
Éditions La Plume Libre.
Et j’ai eu la chance d’être là et de
rencontrer les auteurs participants, d ‘échanger et de
rencontrer
le responsable Yanni Kin qui, avec raison, semblait heureux de nous
serrer
la main.
Puisque parmi les
auteurs
participants nous retrouvons certains auteurs déjà connus
sur
le site francopolis, j’aimerais partager de courts extraits de
ces auteurs
: Guy Jean, Lysette Brochu, Paule Doyon, Angèle Lux, Jean-Marc
La
Frenière et Gertrude Millaire.
J’apprends
beaucoup des feuilles, des silences, des pierres, mais je ne comprends
pas
comment vivent les hommes. – Il y a toujours un champ sous l’abondance
de
l’hiver, une épine dans l’espoir. J-M La Frenière
**
Qui prendra ma main
que je tendrai
Afin qu’on m’aide
à me relever
Malgré ma
toux, mes souliers percés
Mon odeur aigrie de
chien mouillé Angèle
Lux
**
J’aime ma ruelle
aux
murs, aux odeurs et aux bruits familiers. C’est mon coin de terre, et
je
m’y suis fait des racines. Le jour, je bats le pavé,
quête, fouille
dans les poubelles du quartier, mais je reviens toujours nicher
ici. Lysette
Brochu
**
Bonjour MONSIEUR
Bonjour MADAME
lèvres
pincées
regards
rivés sur leurs pas
ils passent
je reste
transi
déserté
par le temps… Guy
Jean
**
Aussi secret que
leur
maison, leur visage est un mur lisse, sans sourire. Et leurs yeux sont
indifférents
au monde extérieur. Qui sont les êtres étranges qui
vivent
dans cette étrange maison… (la maison de la pauvreté).
Paule
Doyon
**
Il
est là, dans nos pas, ce marcheur solitaire, il est là,
la
main tendue face à notre indifférence, quand ce n’est pas
tout
simplement notre mépris…
Il marche dans
cette ville.
Le mouvement le garde vivant, il va où le mènent
ses pas… nulle part. Gertrude Millaire
**
Seul sans ami ni
logis
Sans autre logis
Que ma
présence fragile
Que mon corps
fatigué
Je marche dans la
ville
Comme un arbre
déraciné. Lise Careau
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_____________
par Gertrude Millaire
pour francopolis novembre 2006
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