Souvenirs
d'Asilah
une
autre ballade...à 45 km au sud de tanger

Asilah, vue extérieure des remparts
Il est des instants magiques que notre esprit captive jalousement
et pour toujours pour en faire un feu de bois qui illumine nos
instants de tristesse.
Je me souviendrai toujours du regard de mon oncle, pêcheur
de son métier, lorsque je l'accompagnais sur sa grande
barque à moteur. Il devenait plein de vie…plein de
tendresse, communiquant, comme une fièvre contagieuse,
son amour de la mer.
Je me rappelle de ce jour d'été comme si c'était
encore hier. On avait laissé filer les filins à
moins d'un mile au large d'Asilah, juste au dessus du banc de
corail. la pêche s'annonçait bonne et on avait déjà
en une heure à peine remonté plusieurs gros pagres.
Le soleil qui se couchait sur une mer d'huile était magnifique.
La barque ne bougeait que par nos mouvements silencieux de va
et vient d'un bord à l'autre pour remonter ou laisser glisser
un filin. Mon oncle était myope et portait des lunettes
à monture d'écaille avec de gros verres. Je regardais
le disque flamboyant d'un rouge vif descendre majestueusement
vers l'eau.
- "c'est merveilleux" dis-je.
Mon oncle suivi mon regard sans rien dire
-"tu le vois au moins" ajoutai-je bêtement pour
m'assurer qu'il était en mesure de saisir la beauté
de l'instant.
il se mit à rire. Je me souviendrai toujours de ce rire
qui lui sortait du fond de l'âme parfumée de varech.
- je sais que je suis myope…mais pas aveugle au point de
ne pas voir ce beau soleil!
Et il repartit à rire de plus belle
- sacré khalid répéta-t-il plusieurs fois…
je le regardais rire en riant moi même, et je ne sais pas
pourquoi j'eus cette pensée ou amour et peur se mêlaient
de manière étrange. Tu ne dois pas mourir me dis-je!
Non pas encore nous avons encore tant besoin de toi…
il est mort cette même année à l'âge
de soixante deux ans.
Khalid Benslimane
Asilah, vue des remparts
vue
de l'intérieur des remparts
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