Suis TA route !
« La LIBERTÉ est le pouvoir de rejeter TOUT
ce qui empêche l’épanouissement. » Telle est LA leçon de mon Jubilé
d’artiste : 1972-2022.
Au diable coups bas ! Que coule reconnaissance
à LA VIE ! « Quand un homme a peur, la colère n’est pas
loin ! » dit le philosophe. Au diable – de même – la
colère ! Suis TA route !
Elle est UNIQUE. À chacun la sienne !
Qu’elle plaise – OU PAS !
Ton ‘devoir sacré’ est d’accomplir ce pour quoi tu as été
créée ! Tu en as ‘le moyen’. Trouve-le !
Laisse passer la caravane ! Consciente
des ‘aboiements.’ Qu’ils ne t’assourdissent pas ! Qu’ils ne te
rognent pas les ailes ! Aussi ‘petite’ ton œuvre – reconnue ou
pas : l’ACCOMPLIR est ‘ton DEVOIR SACRÉ !
Trouver « LE » moyen :
Chaque ‘petite feuille’ compte !
SOIS PATIENTE ! Écris TA feuille.
Laisse s’épanouir l’ARBRE !
Il grandira à ‘son rythme’.
Avant tout : SOIS PRÉSENTE !
Dans la moindre fibre de ton ÊTRE.
CONSCIENTE de la moindre pensée qui te traverse. TU N’ES PAS CETTE
PENSÉE. Elle ne peut ‘rien’ contre toi. TU ES.
Qu’on te rogne les ailes, les mains, les pieds…
Qu’on te ligote ou te bâillonne… TROUVE TON SENTIER !
VIVANTE !
(dans Le Mauricien du 13 octobre 2022, cf. page
reproduite ci-dessus)
***
Apologie du haïku
(extraits des notes de l’autrice à ses « 90 Haïku…
de Floréal »,
représentant la 3ème section de son livre Dans les
interstices, éditions du Totem, 2022)
1972… DES CAPTURES D’ÉPIPHANIES
EN NOIR ET BLANC
Ce genre littéraire japonais, le haïku, imposé à la fin
du XVIIe siècle, je ne l’aurai pas toujours pratiqué. Court poème – calligraphié en japonais sur une seule ligne
verticale – composé dans sa forme classique en Occident de trois vers de
dix-sept syllabes, au rythme de 5-7-5, et écrit principalement sur trois
lignes.
Éprise suis-je, toutefois, de son
expression du merveilleux de l’ordinaire, dans la simplicité et la
concision extrêmes – la quintessence même - d’images et de sensations
vives ; et davantage par
la révélation de l’éternel au long de l’éphémère. L’immuable et le
fugitif dans le même souffle.
‘Poème-vie’, et non de mots. La ‘capture de l’instant présent’ -
spécificité du haïku – est, d’autant plus, en parfaite cohérence avec ma
philosophie de vie. (…)
L’esprit du bouddhisme zen est à l’origine même du haïku –
dès le XVIe siècle, en vérité.
Grâce aux moines.
(p. 102)
1980… UN SOIR DE PLEINE
LUNE : LE HAÏKU - LE KOAN DU ZEN
Sous l’emprise de la Nature, je reviens, aimantée, à la
montagne du Pouce par nuit de pleine lune. Tels ces moines japonais, en quête d’un Maître dans la
nature, sinon de la Nature comme maître. Capture et haïku cliqueront ensemble, dans l’expérience – à
800 mètres d’altitude :
Le Pouce par pleine lune –
pèlerin vide en montée
le temps à l’arrêt (22 novembre 1980)
Capture nommée Koan.
Triple sollicitude de l’Univers.
Le koan du Zen, dont la fonction est
destinée à faire sauter tout concept chez le destinataire. Ainsi parle mon Guide spirituel des années 1970 : « Le rôle du koan
c’est justement de couper les liens que nous faisons dans notre tête, ces
liens qui créent un ego… en l'air quand on trace des formes dans la nuit
avec le bout d'une sandale allumée… »
(p. 104)
D’UNE PHILOSOPHIE DE VIE À LA MÉDITATION EN
CONTINU : VIVRE ET ÉCRIRE EN UN
Dès lors,
écriture poétique et philosophie de vie dans l’instant suivront le même
souffle - en pratique régulière - quelle que soit la couleur de
l’heure.
Venu à moi un
soir de pleine lune, ce genre sera manière continue, dans l’immédiateté
d’une sensation vécue, instantané arraché au temps, en guise de ‘parole
juste’. Vivre et écrire en un : méditation en continu. Ascèse
quotidienne, de pas en pas, les cinq sens ouverts, être prête à
accueillir l’Illimité, l’Énergie par excellence, l’Éternel.
(p. 109)
ÉCHAPPER À LA DUALITÉ, À LA CONFUSION QUI SÉPARE
DE LA RÉALITÉ – L’APPRENTISSAGE
Du haïku japonais, par le biais de la traduction de
grands maîtres en langue française – me frappe davantage la puissance de
son verbe poétique à saisir la vérité de l'instant dans toute sa
vibration. Atomes d’Éveil. Seul
l’instant est vie. Il vibre. Libère. Annihile la peur qu’engendre le
temps. Être dans l’expérience sauve de la dualité ; rétablit
l’unité. Préserve de la confusion qui sépare de la réalité. Une condition
primordiale pour développer l’esprit d’Éveil, essentiel au haïku:
Aucun détail n’est futile
à l’enfant en soi
- émerveillé de
‘l’habituel ordinaire - le cœur en liesse de l’ivresse de vivre. Cadeau
reçu par chacun à la naissance : le don de l’émerveillement. Une porte vers l’Éveil. Vision
parfois fugitive, mais à notre portée - à tout moment : Trace 2018 : Éloge de
l’émerveillement - en 9 pas : versets 20-21.
Chaque atome d’éveil
entretient l’état de ravissement,
le sentiment de gratitude.
Le cœur s’ouvre.
Comment maîtriser ce genre
poétique ? Quel apprentissage apprivoiser ? Alors que Bashô,
poète- fondateur du genre, qui a fondé sa propre école et transmis de
cette technique d’écriture ce qu’il a appris dans un monastère zen,
prévient par ailleurs :
« En matière de haïkaï,
il est des choses qui ne se peuvent enseigner. Il faut les pénétrer par
soi-même. » Ou encore : « Les formes sont faites
pour que l'on s'en écarte. Et pour s'en écarter, il n'est point de
recette toute faite. » (d’après Le
haïku : le temps d’un instant – Dominique Chipot.)
Demeure un sine
qua non :
S’en tenir à l’expérience de vie –
à ce qui est à saisir dans
l'expérience de l'Unité.
Se fier aux sens pour percevoir le réel –
au-delà de l'intellect.
Se plier à une triple règle :
(a) la vigilance aux aguets, s’ouvrir au monde
environnant - en contact continu avec la réalité ;
(b) dans
l’instant, saisir et transcrire l’essentiel en poésie - le plus
simplement possible – l’extraordinaire de l’ordinaire
éphémère ;
(c) saisir
l’émotion vécue grâce aux cinq sens – ouverts en permanence.
Entreprise exigeante. Au point où certains lecteurs de
haïku n’y décèlent pas toujours la profondeur chez les plus grands
maîtres japonais. Des intellectuels – faute de connaissance de l’esprit
du Zen - n’y auront-ils pas trouvé que des jeux de mots - de surcroît
sans grand intérêt ?
Me plier pour un temps, à cette
forme classique, misant sur la difficulté pour engendrer une certaine
créativité, privilégier, cependant – quel que soit le moment – l’instant
à la forme. Plutôt émouvoir plus que d’être toujours fidèle à la
métrique. Tout en demeurant greffée sur le cosmos – le contenu de mes
tercets ne répond pas toujours au traditionnel. La porte ouverte à ‘la
liste de commissions’ ; à la forme dite « libre » ;
ou encore « avant-gardiste ».
(pp. 110-111)
FRUITS D’UN PETIT JARDIN
BIENVENU - FACE À L’INATTENDU, S’OUVRIR À LA VIE
Regagnant le salon, un trèfle me saisit : jeu
d’ombre et de lumière. ‘Herbe sauvage’ pour certains - elle file aux
côtés d’une plante d’appartement très prisée, communément appelée « oreille d’éléphant ». À une
heure des plus déstabilisantes, ‘l’instant’ déclenche l’allégresse. Clin
d’œil de la Nature, ce trèfle se fait symbole de la relation d’Amour entre les trois Personnes
de La Sainte Trinité : le Père, le Fils, et le St. Esprit, selon ma
croyance de chrétienne.
35.
L’ombre du trèfle –
cœurs unis au ras du sol
l’un en trois
Le clavier demeuré fidèle à la poursuite de ma
partition-participation à la Création, je note ce moment haïku. ‘Atome
privilégié’, cultivant l’émerveillement de l’instant ; l’accueil du
monde ; l’acceptation de ce que je ne peux changer. Et, par rapport
à mon lieu de vie : La vie m’y a placée - Utiliser tous les éléments
de mon existence pour y trouver - par toutes saisons - ma joie de vivre.
La règle :
me
vider de moi-même –
ouverte à la vie.
(p. 113)
DU CHARME DE LA VIE ORDINAIRE : CONNAISSANCE -
JOIE - S’OUVRIR À LA VÉRITÉ
Les jours enfermés – sens en éveil,
envers et contre chutes et rechutes – amènent à apprécier davantage le
charme de ‘la vie ordinaire’. Parfois exprimée telle quelle. Comme le
suggère Shiki, un des grands maîtres du haïku. Qui forgea le mot à la
dernière décennie du XIXe siècle. (…)
Habité
de sa vie propre, aucun objet n’est trivial.
Dans
l’expérience, aucune vérité inutile.
(pp. 114-115)
Élargir la capacité à être avec ce
qui arrive ; que ça plaise ou pas.
Les
instants se suivent – à chacun sa vérité – l’accepter telle quelle.
« C’est ainsi, » dirait le
Maître zen.
Faut-il livrer ces lignes révélant
une expérience autobiographique - qui relève du plus profond de
l’intime ?
Le haïku, dès l’origine, se partage.
(p. 116)
© Jeanne Gerval ARouff

Dans la
maison-atelier de Jeanne Gerval ARouff…
(Floréal, Maurice)
***
Pourquoi ce livre ?
(Mot de présentation de la part
de l’autrice, lors du lancement de son livre
Pour Malcolm de Chazal,
l’essentiel monolithe,
dans
le cadre de la 3ème
édition de la Soirée Malcolm de Chazal organisée par
la Fondation Malcolm de Chazal en collaboration avec le Ministère des Arts et du
Patrimoine Culturel, le 16 novembre 2022, pour commémorer le 120e
anniversaire de naissance de Malcolm de Chazal)
Pour que nos
arrière-petits-enfants s’en souviennent… ou le sachent.
Ce
« Mage-mutant » de notre île-point.
Pour célébrer les 120 ans
de Malcolm de Chazal !
Né en 1902 à Vacoas – île
Maurice – le peintre-poète-philosophe Malcolm de Chazal aurait eu
aujourd’hui 120 ans.
Il se savait acteur d’une
mission.
Qu’il se devait d’accomplir dans son « île-fée » –
île-point soit-elle.
Et, revenu de ses études à
Bryn Athin aux
États-Unis, il ne la quitta plus jamais. Sa terre.
Qu’elle soit à 1000
lieues, cette « île-point », des méridiennes européennes.
Sa terre, il y
tenait : UN avec – au confluent des cultures de l’Orient et de
l’Occident.
Mal à l’aise dans la
société bourgeoise de l’île d’alors, celui qui écrit : « Je
suis l’homme né pour lier l’homme, l’univers et Dieu », vivra à
jamais dans la lumière îlienne mauricienne, son
« île-magique », 20o57o Sud, dans l’océan Indien.
Sa peinture – à nulle
autre pareille – surgit d’un fond noir – signifiant la nuit de
l’Inconscient.
La source de toutes les
couleurs, selon lui.
Par ailleurs, il se dit
« peindre comme les enfants ».
La peinture de Malcolm de
Chazal – au cachet unique – en tant que peinture moderne mauricienne, est
– toutefois – un art ouvert à l’universel.
©Jeanne
Gerval ARouff
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