http://www.francopolis.net/images/vuestitle.jpg

Ce qu'on y voit, ce que cela nous inspire,
aux quatre coins du monde.

ACCUEIL


Archives : Vue de Francophonie

 


Mars-Avril 2021

 

Claude Luezior, Clames (poèmes à dire) 

(Éditions Tituli, 2017, 82 p., 19 €)

 

Note de lecture de Laurent Bayart

 

 

 

Ce livre de Claude Luezior est une manière de retour aux sources de la littérature et de la poésie car l’écrivain fribourgeois nous rappelle dans son Avant-dire (et non pas Avant-lire !) que la poésie est avant tout orale. Oralité au bord du feu, héritage des bardes et chamans.

Ainsi, a-t-il intitulé fort judicieusement Clames ce livre qui se lit à voix haute et dont les mots sont destinés à être mis en espace, petits lutins syntaxiques s’affranchissant du douillet couffin blanc de leurs feuillets. C’est aussi une manière originale d’aller à la rencontre d’un auteur atypique dont l’imaginaire poétique magistral nous invite à une farandole d’images et de paysages somptueux. Ici, les mots virevoltent et savourent cette liberté aérienne, faite de sonorités et de vibrations de partage : « …les clamer, dans leur nudité naturelle, leurs assonances, leur boléro ». On se délecte à les entendre croustiller, pâte craquante dans notre bouche pour leur offrir le précieux réceptacle de conques d’oreilles en quête de luminosité acoustique et d’une écoute habitée.

  Comme pour ses précédents ouvrages, l’orpailleur du verbe nous entraîne dans une gourmandise syntaxique en jouant sur les touches du clavier. Il en ressort une musicalité harmonieuse et ludique car l’écriture est aussi un jeu… d’orfèvre : « Quand le oui/ n’est plus non/ et que le oui a un nom… » Baladin et saltimbanque de l’oralité retrouvée, le poète titille sa muse qui s’amuse et s’acoquine de son coquin de troubadour maniant l’humour, tel un jeu tout en finesse et sensualité : « N’en déplaise/ à tes aréoles/qui m’affolent… » Ritournelle chaleureuse de vers qui pourraient très bien prendre la forme de chansons ? Écriture parfois à la Maurice Carême avec une poésie qui peut se dire dans tous les sens. Je vous l’avais confié, Luezior slame et surtout clame bien haut : la poésie est de retour et ne mâche… pas ses mots ! Derrière sa moustache épicurienne et sa pipe de sage bienheureux, Luezior fulmine devant les tabloïdes de la barbarie qui parsèment son jardin de ronces et de chardons en chevaux de frise : « Et poignardent/ et décapitent/ l’autre/ le frère/ même/ le leur/ le vôtre. »

Les mots dits ont souvent la force du brûlot lorsqu’ils n’hésitent pas à sortir du nid calfeutré de leurs pages blanches pour étreindre nos âmes et parler à nos cœurs. Clamer son innocence coupable de mots si élégamment dits… Le poète avoue mais ne se dédit pas. Voilà qui est bien dit !

©Laurent Bayart

 

Pour Claude Luezior, voir la notice et le rappel de ses présences à Francopolis dans notre précédent numéro, où il est accueilli avec un groupage de poèmes inédits (janvier-février 2021).

Pour Laurent Bayart, écrivain et éditeur, voir son portrait littéraire sur le site Orizons ainsi que son blog : http://www.laurent-bayart.fr/ où l’on peut aussi faire connaissance avec ses dernières parutions.

 

 

 

 

 

Vue de francophonie: Claude Luezior

recherche Dana Shishmanian

pour Francopolis, mars-avril 2021

 

 

Créé le 1 mars 2002