Claude Luezior, Golgotha.
Editions Librairie-Galerie Racine, Paris,
2020
(*)

Dessin de l’auteur
«
Alors, ils le crucifièrent au lieu nommé Calvaire, en hébreu,
Golgotha.»
« On n’est pas sérieux quant en a
dix-sept ans...» disait un
certain Arthur Rimbaud.
Écrit précisément à l'âge de dix-sept ans,
« Golgotha », tout au contraire, semble être une sorte
de passerelle confirmant l'éblouissement de l’adolescence face à la
Croix. Les ressentis de Claude Luezior vont à l’essentiel. Ils sont les
fruits d’une sorte d’épuration au-delà de la connaissance.
Ce recueil composé à l’aube de sa jeunesse
porte l’empreinte d'une maturité déjà profonde. Et d'une foi qui se
veut libre, provocante, déroutante, bousculant les canons habituels.
Celle qui va justement aux sources initiales, à l’écart de la
dogmatique, le mystère de ce souffle ne pouvant exister qu’en portant
les ailes de la liberté.
« Les lances des gardes se firent plumes
d’archanges. »
Nourri des textes sacrés du Nouveau
Testament, « Golgotha » est le fruit d’une suite
d’observations, d’interrogations, de réflexions dont l’extrême brièveté
ne fait que confirmer la limpidité clairvoyante. Claude Luezior se
révèle être ici un authentique poète mystique.
« Confusément / Nous eûmes / Faim /
D’éternité »
Le chemin de la Passion est une source
majeure d’interrogations où les clés et interprétations sont multiples.
Le jeune Luezior est certes un homme de foi mais il est avant tout un
poète délicat, un orfèvre jouant sur l’épure ciselée des textes
fondamentaux, lesquels sont puissamment métamorphosés par son
calame.
« Trop humaines, nos boues se dressèrent
et s’ouvrirent comme fleur. »
Avec « Golgotha » nous
sommes au cœur d’une très belle analyse du comportement humain sous ses
facettes les plus variées. Textes justes, denses, incisifs mais
explicites. tout en demeurant lucides. Nous percevons entre ces lignes
un petit côté incrédule à la Saint Thomas, avec ce besoin de voir pour
croire et de vouloir poser un doigt sur les stigmates. Sans doute une
belle manière de se libérer en soignant ses propres
blessures.
D’ailleurs est-ce un hasard si l’auteur de la
préface est un jésuite ?
Claude Luezior développe des images nouvelles
autour du « Golgotha ». L’ouvrage engendre une sorte
de mirage, une vision surréelle où se mêlent écritures et prophéties.
« La blessure s’ouvrit comme une
lèvre / à la recherche d’une autre lèvre. »
Avant de vous laisser face à vos propres
impressions de ce « Golgotha », je soulignerai que les
sobres illustrations graphiques, qui sont de l’auteur, sont appropriées
à la forme des poèmes, lesquels sont souvent semblables à des haïkus et
dont nous apprécions le dépouillement.
Et l'auteur de conclure :
« Sa chair redevint chair
Son sang
Fut le nôtre
Et notre chant éclata
Beau comme le chant de l’Homme. »
©Michel Bénard
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Les dessins qui illustrent ce recueil sont
de l’auteur lui-même. Il se confesse :
« Le dessin, intimement lié aux mots du
poète, est également tiré de
gangues inconscientes. Mine de plomb et encre de plume ne font qu’un.
Humblement, mais dans une même lumière ». (4ème de couverture)
Voir
aussi la note de lecture à ce recueil par Sonia Elvireanu à cette même
rubrique
(septembre-octobre
2020).
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