Ce qu'on y voit, ce que cela nous inspire, aux quatre coins du monde francophone.

ACCUEIL

Archives : Vues de Francophonie

Été 2025

 

 

Ziad Medoukh : Poèmes d’espoir à Gaza la dévastée.

« La poésie devient pour moi le creuset d'un feu inextinguible »

*

Présentation et choix de textes par Dana Shishmanian.

(*)

Une image contenant texte, capture d’écran, personne, faire de la randonnée

Le contenu généré par l’IA peut être incorrect.

 

 

Dédicaces

Ces poèmes écrits par un Palestinien francophone de Gaza entre octobre 2023 et novembre 2024, sous les bombes, en pleine agression terrible, et en pleins déplacements, sont dédiés à tous les Palestiniens partout dans le monde, et en particulier aux Palestiniens de la bande de Gaza, qui malgré cette offensive horrible, le blocus, l’enfermement, la souffrance au quotidien, la famine, l’horreur absolue, résistent, existent, persistent et tiennent bon, mais surtout gardent espoir avec une volonté remarquable et une patience extraordinaire dans leur région dévastée, et attendent toujours une mais dans la justice.

Ainsi qu’à tous les solidaires de la cause palestinienne comme cause de justice, en particulier les solidaires francophones de bonne volonté.

Ziad Medoukh

 

 

Ni désespoir, ni haine. Seulement espoir.

Extraits.

 

Le titre de ce groupage est celui du poème numéroté 30, qui finit ainsi :

Ces haineux, emportés par leur fureur, oublient que

Chaque goutte de sang versé est une semence de paix.

Le peuple palestinien à l’âme noble ne cédera jamais

Le peuple palestinien est condamné à l’espoir.

 

1. La beauté de Gaza l'agressée est victoire

Ton regard calme résilience

La bonté de ton âme fierté

Tes beaux yeux volonté de fer

Ton sourire timide résistance

Ton optimisme victoire

Ta souffrance mobilisation

Tu éclaires le monde par ta belle âme

Ta patience exemplaire est une force.

Ton visage innocent espoir

Ton courage face à la barbarie est un modèle

Ton rêve simple est une réponse à leur haine

Ton deuil permanent dans la fierté

Ta détermination contre cette détresse est la vie

Toi, la voix des innocents.

Tu es une vraie Joconde même au milieu des décombres.

Tu es confiante en dépit de cette horreur absolue

Tes terribles épreuves, tes pensées chaleureuses

Ta douleur est révolution

Ton immense chagrin colère légitime

Ta beauté enfantine est plus grande que notre malheur

La bonté de ton âme est le symbole de la liberté.

Dans tes grands yeux je vois la Palestine

Tu reconstruiras ta maison, ton quartier dévasté et ta ville natale.

L'avenir est pour toi et pour tous les jeunes de Gaza.

 

7. L’éducation à Gaza sous les bombes est résistance

À Gaza la détruite, on cherche les livres

Avant tout dans les décombres

À Gaza la dévastée, on récupère en premier lieu les manuels scolaires

L'éducation a une place prépondérante

Elle montre la détermination de tout un peuple opprimé.

C'est un combat contre l'occupation, la colonisation et l'apartheid

L'éducation est sacrée en Palestine.

Une lumière dans les ténèbres

Un synonyme de libération.

Une lueur d'espoir malgré les atrocités infligées

Une lutte permanente pour la justice et pour la démocratie.

Récupérer un livre dans une maison détruite par les bombardements est un défi

Apprendre à côté des ruines d'un quartier dévasté une victoire.

Enseigner à des enfants traumatisés un devoir

Éduquer une génération en pleine agression une mission sacrée

Poursuivre les cours dans des écoles visées par l’occupation

Et des tentes déchirées

Un acte d'espoir.

Car cet enfer génocidaire assassine

Également le droit à l'éducation des enfants

(…)

L'éducation est résistance. (…).

 

 

8. Je ne quitterai jamais Gaza la rasée

Je ne vais pas bien

Je suis très fatigué

Je suis angoissé

Je suis épuisé

Je suis malade

Cela fait plus d'un an

Depuis le début de ce carnage

Que de souffrance et de malheurs

Trop c'est trop

Que cela cesse

Je n'en peux plus

Ainsi confia Ziad à ses amis proches

Qui demandaient de ses nouvelles.

Tu dois quitter Gaza

Tu dois protéger ta famille

Tu risques ta vie

Dans ce carnage que subit Gaza

Et les bombardements intensifs

Jour et nuit

Il ne te reste rien

Ta maison est détruite

Beaucoup de tes proches assassinés

Tu ne trouves ni nourriture ni médicaments

Pas d'avenir dans cette ville morte

Viens en Europe

Conseillaient ces personnes solidaires.

Et Gaza ?

Je vais laisser Gaza pour qui ?

(…)

Oui, je suis traumatisé, bouleversé et la frayeur est grande

Mais sachez que ma vie est ici

Je suius libre, je ne veux pas être esclave

Ni chiffre parmi les chiffres des victimes.

Je suis géant comme l’olivier

Planté dans ma terre comme mes racines

Ici ma terre, ici ma Palestine

Oui, j’adore Gaza même détruite

Mon âme, mon cœur et mon sang chantent Gaza

Cette ville magnifique est pour moi le jasmin du monde !

(…)

 

11. Les restes de Gaza : tentes déchirées et larmes sur les vestiges

(…) Les enfants aux pieds nus

Devant la file d'attente de la charité,

Attendent quelques litres d'eau, ou un carton et du bois

Pour allumer le feu d'un très maigre repas

Du nylon pour protéger autant que possible l'intimité

Des familles entassées dans des tentes déchirées.

« Que nous réserve la nuit, maman »

Ainsi, demande la petite fille de cinq ans

Le voisin déplacé répond de la tente d'en face :

« Tout le monde dort la nuit

Sauf la ville des tentes

Avec l'interdiction de rêver

Déjà la sieste est volée cet après-midi »

Ici, tous les habitants se taisent

Jour et nuit.

Une année longue déjà

Des mois se répètent

Des jours douloureux

Qui effacent les souvenirs,

Et une population terrifiée.

Une larme de désespoir coule

D'un œil qui gémit

Et une paupière regrette le passé florissant

De sa ville

Qui après tout ce sang

Est débordante de fantômes

En même temps qu'étouffée par les soldats et les espoirs illusoires !

Gaza, l'amie de la mer

Craint pour ses tentes les vagues

Et les attaques de la marine noire

Gaza la glorieuse

A donné à la Palestine dignité et lumière

Gaza, la ville des pierres rebelles

Transforme l'obscurité de la nuit en aube !

Gaza la ville mille fois millénaire

Capable de remplir son cœur brisé de patience

Nous pleurons de toute notre âme

Les outrages que l'on te fait subir

Toi la princesse des cités

Tous les citoyens de cœur et de justice dans le monde

Sont bouleversés par ton douloureux destin

Avec toi, Gaza nous balaierons

Les nuages de l'angoisse

Et même si le monde entier devait nous abandonner

Tu resteras à nous, Gaza!

 

13. Peut-on rêver avec la poésie dans Gaza sous la peur ?

(…) Je suis la justice qui ne pourra être étouffée indéfiniment, et j'ai un rêve.

Je suis l'humanité préservée dans l'adversité et le combat, et j'ai un rêve.

Avec force et foi j'annonce ce rêve.

Ce rêve beau de fierté et d'espérance

D'une parole haute, avec respect, j'exprime ce rêve.

De ma terre tolérante de patience et de fraternité, je révèle ce rêve.

Sur la colline des oliviers, je le proclame.

Sur les feuilles du printemps, avec le sang qui rougit nos visages, j'écris ce rêve.

Alors que le monde en cage est muselé, sourd et muet, je dévoile mon rêve.

Avec les mots qui traduisent l'espoir qui traverse les murs,

Avec ma poésie, cette arme de paix, je crie mon rêve.

Elle veut affirmer la primauté et l'universalité de l'humain

Elle est une force sans pareille

Elle se moque des frontières

Ils ne peuvent la bâillonner et l'obliger à se résigner

Car oui, ma poésie raconte ce rêve.

Pour la paix inéluctable, je dis mon rêve

Même si l'ignoble est toujours au bout de l'injustice, je dis mon rêve

Même si l'actualité est brûlante, la violence extrême, je dis mon rêve

De ma prison à ciel ouvert, je parle de mon rêve

Avec l'intensité des mots magnifiés par le combat, voilà mon rêve.

Mon rêve est lucide et clair.

Mon rêve a été bâti avec patience et humilité.

Mon rêve est l'ultime espoir face aux bourreaux.

Mon rêve renversera les montagnes et traversera le fleuve des années.

Mon rêve dénoncera le comportement ignoble de l'occupant.

Mon rêve dépassera le sentiment d'impuissance.

Mon rêve pressent les premières fraîcheurs annonciatrices de notre liberté.

Mon rêve à la différence de mes geôliers et leurs complices est d'humanité

Mon rêve est écrit par les ultimes larmes de nos cœurs.

Mon rêve s'inscrit dans la pensée universelle.

Mon rêve brille comme une paume laborieuse.

Mon rêve pour remplir de joie le coeur des opprimés.

Mon rêve est beau comme l'odeur généreuse du café de nos mères

Et le thé vert, fleuri et délicieux de nos grand-mères.

Ce rêve qui se fait assassiner tous les jours, sans décence !

Mon rêve se heurte au refus même pour un droit élémentaire

Mais il est impossible à briser.

On ne peut le faire taire

Car c'est le rêve juste de chaque enfant palestinien.

Mon rêve pour la paix ensemence les cœurs.

Mon rêve résiste comme notre branche d'olivier, symbole de cette paix

Que l’occupant veut déraciner, étouffer et anéantir.

Mon rêve maintient la flamme de la vie et ne cache pas ses espérances.

(…)

Que la lumière de la paix brille sur notre pays,

Que justice soit faite,

Que nos enfants grandissent dans la paix !

Alors, oui, je rêve d’écrire le poème de la victoire

Mais surtout je rêve

De pouvoir témoigner de la vie et non de la mort !

 

16. Une année d’enfer à Gaza

(…) Une année terrible s'achève

Une autre dramatique commence

Une année qui s'est écoulée

Dans une tragédie sans fin

Une année d'horreur sans trêve

Un triste anniversaire

Des vies ont été perdues

Perdues également les maisons et leur chaleur

Et les rires disparus, remplacés par des larmes.

Gaza la belle ville méditerranéenne

Écrasée par un an de chaos sanglant :

La ville pacifique vit un génocide sans fin.

Une trop longue année de crimes répétés

De violence extrême,

De destructions impitoyables

Une blessure indélébile

La ville innocente devient un champ de ruines

Une folie meurtrière

Des pertes irréparables

Une armée sans foi ni loi

Un horizon bien sombre

L'enfer génocidaire

Le carnage inimaginable des Palestiniens

Une vie est en suspens depuis un an

Dans l'enfer de Gaza

La souffrance est constante, perpétuelle

Renforcée par la pénurie extrême

Et un blocus implacable

Et le monde sourd

Des dirigeants assoupis et indifférents

À la souffrance infinie.

Une violence inouïe

Un déchaînement de folie destructrice

Et un engrenage de violence meurtrière

La mort est suspendue sur les têtes

Selon le bon vouloir

D'une armée sanguinaire.

Gaza avec son courage inimaginable

Attend un miracle

Elle rêve d'une paix

Même si elle est d'argile

Même si elle est fragile

Une paix universelle

Qui soit rempart contre le massacre

Des civils innocents.

Jamais la vie ne fut autant inaccessible

Autant désirée dans la cité dévastée

La ville terrifiée essaie d'échapper à cette mort programmée

D'effacer les larmes des yeux des mères

Elle sort avec ses belles olives

Une mélodie orientale.

La ville martyre lance un appel à l'humanité entière

Pour qu’elle dise haut et fort

Que la justice et la vie sont assassinées en Palestine

Mais qu’en vain on essaiera d’anéantir Gaza

L’anéantissement de Gaza est impossible

 

17. Les enfants de Gaza, des chiffres et une mort rapide

(…) Terrifiés face au vacarme de la violence

Privés de leurs écoles et de leurs loisirs,

De nourriture, de bonheur et de compassion.

Souvent ils sont paniqués et traumatisés.

Les missiles les rattrapent même dans leurs tentes

Et leurs centres d'accueil.

Et quand ils voient que le monde officiel trahit l'humanité

Ils assèchent leurs larmes avec des larmes.

Les ennemis de la lumière étranglent leur vie

Déjà entre parenthèses.

Eux qui vivent des lots d'atrocités depuis leur naissance

Ils ne connaissent que le déplacement forcé et

L'insécurité dans une région agressée jour et nuit.

Tout est tragique dans cette ville martyre.

À Gaza, trente secondes vous séparent de la mort.

Et quelquefois, en une fraction de secondes,

Vous pourrez être enterré sans un linceul.

Dans cette ville abandonnée,

La nuit disperse les âmes.

La peur échoue à franchir les plus petites barrières

L'arbre des rêves roses est allongé sur le sol, immobile.

Les enfants, au lieu de compter les étoiles,

Comptent leurs défunts.

Et au lieu de respirer la mer bleue de la ville,

Ils inhalent les décombres des rues détruites.

L'espoir devient luxe pour ces anges

L'avenir sombre

La vie une courte durée

Et les souvenirs tombent devant la porte toujours

Ouverte de la tente abîmée.

Une question innocente :

Qu'est-ce que ces enfants de Gaza vont manger aujourd'hui ?

Légumes introuvables où les bombes sont en abondance.

 

23. Ma plume, force et résistance

(…) J'ai choisi de m'exprimer en vers.

Chacune de mes lignes porte l’espérance !

J'exprime avec pudeur et sans haine le vécu d'un peuple,

Un cri légitime contre l'injustice.

Mes mots se perdent parfois dans les méandres de l'absurde.

Ils errent entre les chimères de la vie.

Ils plongent dans l'effroi et l'incertitude,

Mais ils échappent facilement aux fantômes de la nuit !

Ce sont des mots de lumière qui folâtrent et palpitent

Pour la joie, le rire et l'avenir.

Ma poésie est une poésie qui bouscule les âmes.

Ma plume est une plume lourde de la souffrance de mon peuple.

Je compose mes poèmes de Gaza ma prison :

Gaza est l'âme libre du poète.

Gaza est le sourire brûlant des innocents.

Gaza est l'étoile magique de l'espoir

Qui trouve dans la poésie l'échappatoire

Nécessaire à sa survie !

Avec cette inquiétude, étrangeté du printemps de notre vie

Et la fragilité du sourire de notre existence,

J'écris mes poèmes, car

C'est dans la poésie que respirent les belles âmes,

C'est dans l'espoir que se glisse leur grandeur.

Ma poésie cherche des solutions de paix et prône l'amour.

C'est une poésie de l'espoir inébranlable et serein,

Une poésie qui nourrit l'âme et fait vibrer le cœur !

Une poésie pour donner un message de quiétude

Qui montre que la vie jaillissante emporte le voile du deuil,

Une poésie qui dit qu'il y aura une fin victorieuse pour les opprimés,

Que le soleil de la paix brillera

Et que la lumière de la justice éclatera !

Mes mots écrits sans rancune et sans violence,

Avec leur force et leur profondeur,

Apaisent ma colère contre la laideur.

J'ai refusé le désespoir.

Ma plume est déchirée

Mais elle distille la vérité.

Je partage ma poésie avec les braves solidaires tourmentés

Qui se battent pour nos droits

Eux, notre soutien face à ce désastre.

La poésie devient pour moi le creuset d'un feu inextinguible,

Une façon de panser la blessure.

Je veux redonner parole à la justice

Car le bruit de l'injustice est insoutenable.

Ma poésie, avec son élan d'espoir si puissant, résiste !

Ma poésie, avec foi et abnégation, persiste !

Ma poésie aux couleurs pacifistes dénonce l'oppression !

Ma poésie rallume l'espoir au creux d'une aube rougissante !

Ils ne savent pas, les ennemis de la vie

Ils ne savent pas que, s'ils peuvent enlever la vie,

S’ils peuvent brûler les corps,

Jamais, ils ne tairont les cris de ma plume,

Ma poésie est une poésie que personne ne t’enlèvera, ô ma Palestine !

Une poésie qui continue à cultiver cet espoir irréductible.

 

 

  26. Inscris ! Cette terre est palestinienne

Inscris ! Cette terre est palestinienne

Inscris ! Le sourire en Palestine est lutte,

C'est notre arme pacifique !

Une citadelle d'espérance au milieu

De l'enfer de Gaza !

Une leçon d'abnégation et d'humilité,

Une brise qui effleure les mers.

Une pluie rare à la saison d'un pénible été.

Que la paix et la sérénité soient sur cette terre occupée, mais bénie et mille fois millénaire

Chargée d'histoire et de vie,

Une terre qui nous chérit par sa beauté et sa douceur

L'amour inconditionnel de la terre est devoir,

Autant qu'au cœur de la Palestine est doctrine !

Avec mon sourire permanent, je défie l'occupant et son appétence,

En semant l'espérance.

Un espoir poétique, un espoir épanoui,

Qui réchauffe notre vie, et brille sur la liberté

Pour dépasser nos chagrins.

Acquérir la victoire, vaincre l'oppression,

Créer l'intensité d'une lutte,

Illuminer cette terre de renaissance et de résistance.

Une terre jalonnée d'épreuves, mais une terre fertile.

Si le sourire était une maladie incurable, je dessinerais un oiseau et je l'enverrais dans les nuages.

Mon sourire est mis en valeur face à l'injustice,

Une lueur d'espoir dans la nuit de nos rêves,

Qui sourit et caresse l'herbe de cette terre innocente.

C'est une pierre dans nos cœurs

Je dévoue mon sourire à ma patrie,

À mon peuple, injustement abandonné,

Qui se bat contre le silence et la douleur.

Le sourire en Palestine est plus qu'un amour,

C'est un acte de résistance !

Ici notre Terre ; ici notre Palestine,

Jamais nous ne partirons ;

Ici notre maison ; ici notre vie.

Et nous n'abandonnerons jamais notre sourire !

 

31. La nuit à Gaza, rêves oubliés et cauchemars présents

La nuit de Gaza sous les bombes

Une nuit de cauchemars répétés

La ville est plongée dans le noir tous les soirs

Le bruit des bombes domine

L'horreur qui n'en finit pas,

Qui anéantit chaque jour davantage la ville.

Les étoiles remplacées par les drones

La lune cède sa place aux avions militaires

Les couleurs d'un arc-en-ciel absentes

Même la lueur de l'aube arrive tardivement.

Les horreurs succèdent aux horreurs

Les oiseaux n'arrivent pas à déployer leurs ailes.

La nuit, le son des obus sème

Peur et terreur

La nuit, ni les cœurs ni les esprits ne dorment,

Les yeux et les paupières ne se ferment pas

Nous comptons les minutes jusqu'au matin.

La ville meurtrie n'a plus l'indispensable

Nécessaire au maintien de la vie

Elle n'est que famine organisée et destructions systématiques

La ville rêve d'une nuit calme

En vain

Avec cet univers fracassé par la guerre.

Gaza est le phénix majestueux qui, enraciné partout

Sortira des décombres

Dissipera l'obscurité extrême

Et la tristesse cachée

Il lui ramènera ses belles nuits

Cette ville impressionne le monde

Son courage et sa sérénité une prouesse.

Elle a réussi à transformer l'aliénation en une patrie temporaire

Et transférer le rêve en bataille

Elle voit dans chaque mur une fenêtre sur l'horizon lointain

Son sourire même petit réveille les cœurs endormis

Une vraie étoile qui scintille dans sa grande nuit

Une lumière qui illumine le chemin de la liberté

Avec l'espoir que l'aurore vienne

Les Palestiniens ont un tel réservoir de vie

Espoir constant d'un soleil levant

À travers leur audace, la vie renaîtra des ruines.

La liberté n'est pas seulement un droit volé,

C'est une idée née de la douleur.

C'est le cœur de la Palestine qui ne cesse de battre

Gaza s'accroche à la vie comme la racine s'accroche au sol.

 

 

33. Quand l'espoir devient luxe à Gaza

Quand l'espoir devient luxe à Gaza

Et la survie fortune

Le bonheur trésor

Le sourire un passé lointain

La tristesse réalité absolue

Être heureux à Gaza est miracle

Un verre d'eau diamant

Et un médicament monnaie rare

Un morceau de pain bienfait

Une minute d'électricité richesse

Une connexion Internet même limitée chance énorme

Dormir deux heures par jour sous les bombes est avantage

Obtenir un peu de nourriture est défi

Avoir des nouvelles de sa famille exploit

Rassurer les amis réalisation

Trouver un refuge sur cette terre brûlée est rêve irréalisable

Tenir bon face à l'atrocité grâce

Et survivre au milieu de l'enfer est grande victoire

Quand la mort devient quotidien

L'enterrement banalité

La destruction massive d'une belle région réalité

La folie meurtrière loi

Le génocide répété doctrine

La punition collective principe

La catastrophe humanitaire fatalité

L'injustice système

L'impunité acte légitime

Le droit international mensonge

Et la souffrance routine

Tout est très cher à Gaza

Sauf le sang qui coule jour et nuit

Et devient le moins cher à Gaza.

 

 

 

Peinture de Mahmoud Khalili

(reproduite de la page FB Artistes palestiniens, février 2025)

 

 

(*)

Poèmes d’espoir à Gaza la dévastée.

Éditions de Rochefort (Suisse), novembre 2024 (108 p.)

À commander auprès de l’éditrice (cliquer ici).

 

« 33 poèmes d’amour pour sa ville, pour sa patrie, poèmes de rage, de colère, de larmes mais jamais de haine, 33 poèmes d’espoir inébranlable.

On ne ressort pas indemne de leur lecture.

Puisse ton combat, mon ami, avec ta plume en guise de glaive, éveiller le monde et ouvrir la fenêtre de la Palestine sur un futur bienveillant. »

 

Françoise Jaquet, Présidente du Collectif Action Palestine (Neuchâtel, Suisse)

(extrait de sa préface au recueil de Ziad Medoukh)

 

***

Professeur de français dans les universités de Gaza, chercheur, formateur pour les jeunes de Gaza, poète et écrivain d’expression française, Ziad Medoukh est l’auteur de quatorze livres parus en français. Poèmes d’espoir à Gaza la dévastée, édité en Suisse (Éditions de Rochefort, 33 poèmes, 108 p., novembre 2024) est son huitième recueil de poésie ; en mai cette année il est arrivé à 1500 exemplaires vendus. Le commander auprès de Françoise Jaquet, présidente du collectif Action Palestine à Neuchâtel en Suisse, qui signe la préface du recueil.

Ce livre de poèmes est un reportage sur le vif des horreurs commises par l’armée d’occupation israélienne à Gaza. On ressent le vécu au jour le jour du poète au milieu des désastres qui touchent les siens ; un quotidien où chaque minute de vie « normale » est une rareté ultime, sous le couperet d’une mort atroce qui peut survenir à tout moment, dans les toutes prochaines secondes. Surtout les enfants victimes de cette barbarie inouïe crèvent le cœur, à l’instar de la petite Joud tuée sous les bombes que pleure le poète. Et pourtant son œil, sa voix, sa plume sont vivants, revigorants, puissants, comme si lui, le poète-éducateur d’enfants jusque sous les bombes (dès l’amorce de la trêve hélas si brève, en janvier-février, il avait repris l’école et même les activités parascolaires avec les enfants à Gaza), était celui par qui l’espoir et la foi en l’avenir devraient nécessairement triompher : « La poésie devient pour moi le creuset d'un feu inextinguible », « Avec ma poésie, cette arme de paix, je crie mon rêve » : il est invincible car « Mon rêve s'inscrit dans la pensée universelle. »

En dépit des tragédies vécues (son frère assassiné avec sa femme et leurs cinq enfants, sa propre maison détruite), le poète témoigne de la volonté de toute une population de continuer à s'accrocher à la vie, de résister et d’exister sur ses terres, telles les racines des oliviers, et de garder espoir pour un lendemain meilleur, fait de paix et de justice.

Voir, dans ce même numéro, ses contributions (Poésie ; Témoignages) dans le groupage Libre parole à la Palestine (rubrique Gueule de mots). Suivre sa page Facebook, ainsi que la page créée sur FB par le groupe d’amis. 

(D.S.)

 

 

Ziad Medoukh

Francopolis, Été 2025

Recherche Dana Shishmanian

 

 

Accueil  ~  Comité Francopolis ~ Sites Partenaires  ~  La charte  ~  Contacts

Créé le 1er mars 2002