HUMEUR
Paris en pointillé
(suite, 6)
par J. Fleuret
Je me souviens de ses rues, ses
monuments, squares et impasses, ses lieux où vécurent des hommes et des
femmes connus dans l’histoire, je me souviens…
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Je me souviens de la tombe de Jim Morrison, au cimetière
du père-Lachaise.
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Chanteur et co-fondateur du
groupe mythique The Doors, Jim Morrison était aussi un poète émérite,
parfois comparé à Arthur Rimbaud en tant que poète maudit. Le succès lui
montera à la tête et il fit l’objet de nombreux déboires. Arrêté plusieurs
fois, l’homme était un consommateur régulier d’alcool et de drogues, il se
vantait, à propos de l’acide, d’en avoir pris 200 fois. On le retrouve
décédé, le 3 juillet 1971 dans la baignoire de l’appartement parisien.
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Incarnation du « sex, drug’s
& rock’n’roll », les circonstances de sa mort restent
particulièrement floues. On le considère tantôt suicidaire et s’étant
injecté une dose pure d’héroïne dans un bar, duquel on l’aurait transporté
comateux ou mort vers son appartement ; tantôt décédé d’une crise cardiaque
qui le guettait depuis un moment. L’enquête bâclée, volontairement ou non
car mettant potentiellement en cause le fils d’un notable français, Jean De
Breteuil -dealer des stars à l’époque-, on n’en dira pas plus sur les
circonstances de sa mort.
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Je me souviens du 1, rue
Danton dans le VIe arrondissement,
le premier immeuble
en béton armé à Paris.
C’est entre 1889 et 1892
qu’un tournant se dessine, avec une série d’innovations techniques, dont
celles utilisées pour l’édification de l’Église
Saint-Jean de Montmartre (1894).
Mais c’est surtout le brevet déposé en 1892 par l’ingénieur François
Hennebique qui révolutionna l’utilisation de ce matériau, et fit du
français l’un des inventeurs de la construction en béton armé. Son premier
immeuble, est aujourd’hui encore visible au 1, rue Danton.
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Je me
souviens de Paul Claudel, le
converti du 2e pilier à N-D de Paris.
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Paul Claudel
(1868-1955) se convertit à 18 ans, aux vêpres de Noël 1886, alors qu’il se
tenait à côté de la statue de la Vierge du Pilier. J’étais moi-même
debout dans la foule, près du second pilier à l’entrée du chœur à droite du
côté de la sacristie. J’avais eu tout à coup le
sentiment déchirant de l’innocence, l’éternelle enfance de Dieu, une
révélation ineffable. Toute sa vie en fut changée.

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Je me
souviens de la place du Caire dans
le IIe arrondissement.
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L’histoire de cet immeuble
remonte au 23 juillet 1798 et à l’entrée de Bonaparte au Caire : c’est ce
moment de l’histoire qui a valu à la place son nom, et aux autres rues
alentour : rue d’Aboukir, rue
d’Alexandrie, rue du Nil…On parle parfois de Petite
Égypte pour évoquer ce quartier du Sentier qui a été le
lieu de la Cour des miracles. L’immeuble date de 1828, il est considéré
comme un témoignage de l’architecture « Retour d’Égypte ».
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Je me souviens du n°
1 du quai aux Fleurs où vécut le
philosophe Wladimir Jankélévitch de
1938 à sa mort en 1985, à 82 ans.
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Nourri de culture
grecque, judéo-chrétienne et russe, il a développé dans ses œuvres une
pensée qui a déconcerté par la diversité de ses images et aussi par le côté
insaisissable des thèmes abordés. Héritier de Bergson et des
existentialistes, il a tenté de définir une morale fondée sur l’altruisme.
À ses yeux, la philosophie a pour vocation de penser le « presque
rien », c’est-à-dire l’impensable, ce qui se situe aux limites de ce
que la conscience peut saisir. Au-delà de ces limites, il n’y a plus de
discours possible.
Ses réflexions métaphysiques,
éthiques, esthétiques se font surtout attentives au problème existentiel
de la durée et de l’instant. Citons parmi son œuvre : L’ironie ou
la bonne Conscience ; La Mort ; Philosophie première ; Le
pur et l’impur.
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Dans ce dernier
ouvrage, il explique que pour l’homme, il n’est pas possible d’être pur,
tant qu’on cherche à l’être. Les saints eux-mêmes, dit Jankélévitch, ne
sont jamais totalement purs. Au fond de chaque âme, il y a un "presque
rien" qui n’est jamais innocent. Cette quête est toujours un mélange
d’arrière-pensées, de calcul d’intérêts, aussi discret soit-il. Il s’est
également intéressé à la musique en écrivant des biographies de musiciens
comme Ravel et Debussy.
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Je me souviens du 7 rue des grands-Augustins. C’est
dans le grenier de l’hôtel Savoie, situé au 5-7 de
la rue des Grands-Augustins dans le 6e arrondissement de
Paris, que Pablo Picasso a peint notamment Guernica. Une discrète plaque commémorative rappelle qu’ici a
vécu et créé pendant 20 ans, le plus grand artiste du XXe siècle, Picasso.
Là, aux derniers étages de cet hôtel particulier, sont nés ses chefs-d’œuvre
des années sombres de guerre, dont Guernica, peint en 1936, année de son
installation dans l’Atelier et du début de la Guerre d’Espagne.
Aujourd’hui, différents projets sont à l’étude de rénovation et de mise en
valeur du lieu.
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Je me souviens du 51 de la rue de Montmorency où est
située la plus vieille maison de Paris datant de 1407, maison construite
par Nicolas Flamel pour accueillir les pauvres. Sa devise était : Ora et labora (prier et travailler)
À la fin du XVe siècle, on commença
à écrire, faussement, que Flamel, libraire-juré de l'Université, [ était un alchimiste qui détenait le
secret de la pierre philosophale,
permettant de changer les métaux en or. Cette maison a fait l'objet de
nouvelles restaurations en juin 2007.
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Je me souviens de la rue des
Jardins Saint-Paul où sur un côté de cette rue, un terrain vague
utilisé en espace sportif est bordé sur toute sa longueur d’un haut mur
flanqué de deux tours. D’une hauteur de 6 m et d’une épaisseur de 2 m
environ. Il s’agit ici du plus grand vestige de l’enceinte de Philippe
Auguste, enceinte commencée en 1190, il y a plus de huit siècles !
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©J. Fleuret – septembre-octobre
2018
1ère partie :
novembre 2017
2ème partie : décembre 2017
3ème partie : janvier-février 2018
4ème partie : mars-avril 2018
5ème partie : mai-juin 2018
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