Actu : MARS 2016 - D'une langue
à
l'autre...
Poèmes de Luis Raul Calvo,
Traduction en français :
Denis Emorine et Flavia Cosma
Une Question d’Amour
à ma mère
Il y a tant de
forte émotion, tant de fardeau accumulé
que traverse le désir dans ces heures sanguinaires
de la ville ruinée, que je reviens vers toi maman
pour me cacher sous tes jupes blanches
et me protéger de la lumière funeste que trouble la raison
et les sensés.
Je reviens parce que j’ai envie, pour chercher refuge dans tes douces
mains d’automne, comme en ces vieux jours
quand d’autre émotions auront traversé mes veines
et que ton
amour sauvait tout, comme toujours.
Ce long chemin jusqu’à l’école, l’arôme du pain
chaud, jaillissant du fond de l’antique
boulangerie, les voyages tant désirés dans l’automobile
Auburn,
avec papa et Liliane, dans ces nuits chaudes
d’été et les murs de la rue Pujol qui gardent pour
toujours
ta saveur éternelle de mère.
Cuestiones de Amor
a mi madre
Hay tanto escalofrío, tanto agobio acumulado
que atraviesa el deseo en estas cruentas horas
de ciudad derrotada, que vuelvo a vos mamá
para esconderme entre tus blancas faldas
y protegerme de la luz aciaga que nubla la razón
y los sentidos.
Vuelvo porque sí, a buscar refugio en tus
dulces manos de otoño, como en esos viejos días
cuando otro escalofrío corría por mis venas y tu
amor como siempre todo redimía.
Aquel largo camino hacia la escuela, el olor a pan
caliente brotando de los fondos de la antigua
panadería, los viajes deseados en el Auburn, con
papá y Liliana, en esas calurosas noches de
verano y las paredes de Pujol que guardan por
siempre tu eterno sabor a madre.
(Extrait du recueil inédit Silla vacía y otros
poemas)
**
Le cinquième
hommage
Le cinquième hommage recomposa
mes os dans les tiens
Elle a renversé le sang jaune
de ta délicate structure
dans dix pièces de monnaie destinées
a un cadeau mortuaire.
Pour cela tu as changé les forêts
aquatiques, en formes insipides
d’archanges écroulés,
les fleuves perdus de la foudre
en détonations vastes de glace,
les misérables cuisines matrimoniales
en une langue de vipère.
Le désir se transforme en une bouche
étrangère, en rides d’ indiens sioux
quand ils dansent vertigineux dans la lumière
des ventriloques, en la mendiante transpirant
abritée dans les broussailles
d’Abasto.
Aujourd’hui nous n’écoutons pas la liturgie
des fugitifs croyants enfoncés
dans leur credo, la croyance est un banc de sable mouvant
difficile de la palper, dans cette pluie inespérée
de décembre.
Fragile, tout comme l’oubli.
La quinta
pleitesía
La quinta
pleitesía recompuso
mis huesos en los tuyos
trastocó la sangre amarilla
de tu fina espesura
en diez pesos destinados
a un regalo mortuorio.
Por eso trocaste las selvas
acuáticas, en insípidas formas
de arcángeles caídos
los ríos perdidos del relámpago
en las vastas detonaciones del hielo
las miserables cocinas de casamiento
en una lengua de víbora.
El deseo se transforma en una boca
extranjera, en las arrugas de los sioux
cuando danzan raudamente en la luz
de los ventrílocuos, en la sudorosa
pordiosera guarecida en los matorrales
del Abasto.
Hoy no escucharemos la liturgia
de los prófugos creyentes ensimismados
con su credo, la fe es una arena movediza
difícil de palpar, en esta inesperada
lluvia de diciembre.
Frágil, como el olvido.
***
Les années
d’enfance
Allegro,
obscurité, déclarations miaulées
Les bouches assoiffées boivent le thé maté
dans des pots de chambre.
Grandir, cette lune injurieuse qui corrompt les
fibres du chevalier.
Aimer ou ne pas aimer, la langue de Goya fait reculer
les infidèles.
(les corridors du quartier représentent
l’incarnation de la réserve).
Eclats, des enfants orphelins, diffamation de la sentinelle.
Les poupées de porcelaine n’ont jamais utilisé
Les maquillages.
Nous voyageons agenouillés dans les viscères de l’homme
avec notre armure inversée dans les années d’enfance.
Años de
infancia
Alegro,
obscuridad, declaración del maullido.
Las bocas sedientas toman mate en bacinillas.
Crecer, esa luna de cerdo que corrompe los
filamentos del potrero.
Amar o no amar, la lengua de Goya cohíbe a
los infieles.
(Los zaguanes de barrio representan
la encarnación de lo vedado).
Esquirlas, orfandad, difamación del centinela.
las muñecas de porcelana nunca usaron
colorete.
Viajamos arrodillados en el riñón del aguatero
con la coraza invertida en los años de infancia.
(Extraits de Calles asiáticas, 1996)
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Transmutation
Nous ne
calmons pas la passion dans l’eau des fruits
ni dans les vers triangulaires de César Vallejo.
Ils nous ont entraînés dans un extrême
vulnérable,
dans la suspicion.
La nourriture détruit les viscères du poème
mais le centre tisse et tisse encore la sagesse,
même si les femmes folles du déluge se parent en
été.
Transmutación
No
aquietaremos la pasión en las aguas frutales
ni en los versos triangulares de César Vallejo.
Nos han arrastrado a un extremo vulnerable, a la
sospecha.
El cebo destroza las vísceras del poema
pero el centro teje y teje la cordura
aunque las locas del diluvio se aseen en verano.
*****
La consigne
Le drap de
l’inculpé frotte les briques.
On s’imagine des choses dans l’ignorance.
Casser les chaînes pour nous approcher de la lumière.
La consigne est de s’immerger, de gifler, de secouer
les ciments du bordel.
L’image une fois disparue, nous sommes restés
sans souvenirs.
Le réel frappe les visages
abrutis.
Nous sommes marginaux dans le regard satanique
des autres.
Un lieu de rencontre, la liberté
est une forêt sans mémoire.
L’obscurité de l’aveugle nous condamne au crématoire.
(celle-ci est une autre consigne)
Nous retournons dans l’utérus de l’enfer
Pour ne pas supporter la mutation de l’âme.
La Consigna
El
paño del reo frota los ladrillos.
Uno imagina desde la ignorancia.
Romper las cadenas para acercarse a la luz.
Bucear, patear y sacudir los cimientos
del burdel es la consigna.
Perdida la imagen nos hemos quedado sin recuerdos.
Lo real golpea en la resaca de los
rostros.
Somos marginales en la mirada satánica de los otros.
Un punto de encuentro, la libertad
es un bosque sin memoria.
La nebulosa del ciego nos condena al crematorio.
(Esta es otra consigna)
Volvemos al útero del infierno
para no soportar la mutación del alma.
******
Expropriation
Les plumes de sel dans la caverne du chevalier.
Les os volent en éclats dans la boîte postale.
Nous devons tenir compte de la constatation du dégât
pour témoigner dans le jugement du loup.
Nous tous avons été chair quelquefois
chair échouée dans le lavabo des mouches.
La nourrice cache ses enfants
Dans le purgatoire du rhumatisme.
Les stigmates sont nés du premier baiser ombilical.
Nous avons cédé le pas aux abeilles
ésotériques.
Parties à moitié, purifiées par le choléra
nous exproprions la faim de l’ultime intruse.
Expropiación
Plumas de
sal en la cueva del jinete.
Los huesos se astillan en la casilla de correo.
Hay que tener constancia de la pérdida
para atestiguar en el juzgado del lobo.
Todos fuimos carne alguna vez
carne atascada en el lavatorio de las moscas.
La nodriza esconde a su cría
en el purgatorio del reuma.
Los estigmas nacen del primer beso umbilical.
Hemos dejado paso a las abejas exotéricas.
Partidos al medio, purificados por el cólera
expropiamos el hambre de la última intrusa.
***
Luis Raul Calvo
Présentation
Luis Raul Calvo
Poète
et essayiste, auteur et compositeur de musique, licencié en
psychologie, Luis Raúl Calvo est né à Buenos
Aires, Argentine, en l955, où il réside toujours.
Il dirige la revue
culturelle Génération Ouverte
(Lettres-Art-Éducation), fondée en 1988, qui a
été déclarée d’intérêt
culturel pour la ville de Buenos Aires en l’année 2000. Il
collabore à diverses publications du pays et de
l’étranger. Ses poèmes ont été traduits en
anglais (par Flavia Cosma et Carmen Vasco), en français (par
Duilio Ferraro), en portugais (par Antonio Miranda et Lourdes
Sarmento), en roumain (par Flavia Cosma) et en italien (par Antonio
Alibert et Gladys Sica).
Il fait partie de
l’Inventaire de Poètes en Langue Espagnole-deuxième
moitié du XXème siècle, travail de recherche
réalisé conjointement par l’Université Autonome de
Madrid avec l’Association Prometeo de Poésie, d’Espagne. Il a
été inclus dans le Bref Dictionnaire Biographique
d’Auteurs Argentins-dès 1940- réalisé par Silvana
Castro et Pedro Organbide, Éd.Atril, 1999.
Membre fondateur du
groupe de poètes franco-argentin « Traversées
Poétiques ».
Bibliographie :
- Temps
douloureusement résigné (Édition
Génération Ouverte, 1989);
- L’Annonce de la
sage-femme (Édition le Courrier Latin, 1992);
- Rues Asiatiques
(Édition Plus Ultra, 1996);
- Bas fonds de
l’âme (Édition Génération Ouverte, 2002);
- Beauté nomade
(Édition Génération Ouverte, 2007);
- Nimic pentru aici,
nimic pentru dincolo, Anthologie Poétique, en langue roumaine
(Édition Gens Latine, Roumaine, 2009) ;
- Rien par ici, rien
par là, Anthologie poétique, en espagnol (Édition
Génération Ouverte, 2009) ;
- Profane
Uncertainties (Profane Incertitude), Anthologie poétique, en
anglais (Édition Cervena Barva Press, Etats-Unis, 2010);
- Brève
Anthologie (Édition L’Harmattan, Paris, France, 2012) ;
- A Outra
Obscuridade (La Otra Oscuridad), Antologíe Poética
en português (Sarau das Letras Editora Ltda. Brazilia, 2013) ;
- Viaţa reală şi alte
poeme (Edition Amanda Verlag, Roumanie 2015, édition bilingue
roumaine/albanais).
En 2010 son premier CD est apparu sous le nom ¿Cuál
es la verdad de lo vivido?
**
Flavia
Cosma, canadienne d'origiene roumaine, est une personnalité
artistique d’envergure internationale, à multiples facettes :
poétesse, traductrice, productrice, réalisatrice et
scénariste, elle sillonne le monde et publie en plusieurs
langues (voir sa présentation et sa bibliographie sur sa page
d’auteure sur le site des Editions du Cygne
)
Elle est par ailleurs bien présente à
Francopolis :
***
recherche Dana
Shishmanian
avril 2016
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Créé le
1 mars 2002
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