D'une langue à l'autre...
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Archives : D'une langue à L'autre

 

Automne 2024

 

 

Trois poètes italiens contemporains

Présentés et traduits par Giuliano Ladolfi :

 

Angelo Lacchini

Carla Cuppini

Claudia Maria Franchina

 

*** 

Angelo Lacchini

 

Angelo Lacchini (Castelleone, Cr, 1946), poète et critique littéraire, est l’auteur d’essais et de recueils de poésie, dont Chiaroscuri (Ladolfi, 2024).

 

Sulle tracce di una sperduta verità

càpito al cospetto della maestà del logos,

principio che rimanda

perennemente a un altro prima.

La tensione al divenire

vive nelle metafore del poeta,

narciso che si specchia

nei postulati del suo simulacro.

Questo dialettico legame

si profila in uno smorto arcobaleno

dopo qualche ora di tempesta:

una mezza aureola di colori verso oriente

e l’altra mezza,

semicerchio ancorato sotto terra.

Il logos è la metà che luce

e si decompone nella trasparenza della sera,

ma lascia rime sparse ovunque

in pozzanghere vivide eppur fangose.

La realtà è l’altra metà dell’iride

che s’allaccia nel buio fondo,

soltanto una scoria morta,

vana per ogni rima con la parola vita.

 

Sur les traces d’une vérité perdue

j’arrive devant la majesté du logos,

principe renvoyant

toujours à un autre avant.

La tension au devenir

vit dans les métaphores du poète,

narcisse qui se reflète

dans les postulats de son simulacre.

Ce lien dialectique

se profile dans un arc-en-ciel défraîchi

après quelques heures de tempête:

une demi-auréole de couleurs vers l’est

et l’autre moitié,

demi-cercle ancré sous terre.

Le logos est la moitié de la lumière

et se décompose dans la transparence du soir,

mais il laisse des rimes dispersées partout

dans des flaques vives cependant boueuses.

La réalité est l’autre moitié de l’iris

qui se noue dans l’obscurité profonde,

seulement une scorie morte,

vaine pour chaque rime avec le mot vie.

 

Il male di vivere nell’universo declinato

si è incarnato in quella donna afgana

che solleva il figlio

sulla cinta dell’aeroporto di Kabul.

Oltre il muro qualcuno prenda il suo bambino,

la madre implora perché la ferocia del dolore

non spinga l’amore a ribellarsi.

 

In quello strazio che s’impone all’apertura del tigì

nell’ora della cena,

risuona l’assenso rassegnato del padre Abramo,

il grido delle madri straziate dall’ordine d’Erode,

lo stabat mater di Maria.

 

Solo per un momento l’afgana cede,

non per requie al peso delle braccia,

ma per incidere nella carne del bambino

un segno di riconoscimento,

qualora l’imprevedibile conceda

ai due di ritrovarsi.

 

Nel rivolo di sangue che arrossa l’avambraccio

si coagula tutto il male

che in ogni forma e in ogni tempo

s’annida nell’umanità offesa.

 

Le mal de vivre dans l’univers en déclin

s’est incarné en cette femme afghane

qui soulève son fils

sur la ceinture de l’aéroport de Kaboul.

Au-delà du mur quelqu’un prend son enfant,

la mère supplie que la férocité de la douleur

ne pousse pas l’amour à la rébellion.

 

Dans ce déchirement qui s’impose à l’ouverture des infos

à l’heure du dîner,

résonne l’assentiment résigné du père Abraham,

le cri des mères déchirées par l’ordre d’Hérode,

Le stabat mater de Marie.

 

Juste un moment, l’afghane cède,

pas pour se soumettre au poids des bras,

mais pour graver dans la chair de l’enfant

un signalement

si l’imprévisible accorde

à tous les deux de se retrouver.

 

Dans le ruisseau de sang qui rougit l’avant-bras

se coagule tout le mal

qui sous toutes les formes et à tous les temps

se cache dans l’humanité offensée.

 

Abbaglia ma non acceca

questo sole settembrino;

sostando dietro un cirro solitario

irradia barbagli come raggi d’ostensorio.

Nell’ipnotica percezione

colgo parvenze d’un oltre

che si sparpaglia informe,

non conosce la secante dell’orizzonte

o il diaframma di luci lentamente moribonde.

Nel fremito del miraggio

urgono sogni mai sognati,

muse inquietanti che non rendono ombra

e cetre che le corde hanno silenti.

 

Quel cirro è fulcro del divenire che non diviene,

lì bruciano le scorie di ciò

che non potrà mai essere.

Sono fremiti di larve,

incupiti nella pupa

che di Caino è messaggera,

e sono ali di farfalle

che tentano il volo

per liberare l’eredità d’Abele.

 

Éblouit mais n’aveugle pas

ce soleil de septembre;

se tenant derrière un cirrus solitaire,

rayonne des éclats éblouissants comme les rayons de l’ostensoir.

Dans la perception hypnotique

je prends des apparences d’un au-delà

qui se répand sans forme,

ne connaît pas la sécante de l’horizon

ou le diaphragme de lumières lentement mourantes.

Dans le frisson du mirage

se bousculent des rêves jamais rêvés,

muses inquiétantes qui ne font pas d’ombre

et lyres aux cordes silencieuses.

 

Ce cirrus est le cœur du devenir qui ne devient pas,

Là brûlent les scories de ce

qui ne pourra jamais être.

Elles sont des frissons de larves,

devenues sombres dans la chrysalide

qui est la messagère de Caïn,

et elles sont des ailes de papillons

qui tentent de voler

pour libérer l’héritage d’Abel.

 

Carla Cuppini

 

Carla Cuppini a été chercheuse à l’Institut de Physiologie Générale de l’Université d’Urbino. Elle a publié le recueil de poèmes L’Anima forse (Ladolfi, 2024).

 

Che dire?

        Fuori dal Corpo, di cui era prigioniera,

anche così, per alcuni, è stata l’Anima

                 per secoli…

Se davvero così fosse,

allora io la immagino,

in questa antica conoscenza,

                 come una nuvola rosa.

 

Que dire ?

     Hors du Corps, dont elle était prisonnière,

ainsi même, pour certains, a été l’Âme

           pendant des siècles...

Si c’était vraiment le cas,

alors je la vois,

dans cette ancienne connaissance,

           comme un nuage rose.

 

L’Anima,

come un soffione

si spoglia

        al vento

        dei suoi frutti,

così anch’Essa,

ad una brezza leggera,

si spoglia…

 

L’Âme,

comme un soufflard

se déshabille

        au vent

        de ses fruits,

de même Elle aussi,

à une légère brise,

se déshabille...

 

…e lei non pensa che,

pure l’Anima sua

        innamorata,

forse può esistere solo con tutti loro

che suonano e vibrano insieme…

                         …encefalo compreso:

il più implicato, poiché l’Anima

                     forse da esso è sprigionata!

 

...et elle ne pense pas que

même son Âme,

        amoureuse,

peut-être n’existerait-elle qu’avec tous ceux

qui résonnent et vibrent ensemble...

                   ...encéphale y compris:

le plus impliqué, car l’Âme

                     peut-être de lui s’est-elle libérée !

 

Claudia Maria Franchina

 

Claudia Maria Franchina est diplômée en philosophie à l’Université de Milan et en philologie et lettres modernes et comparées à l’Université du Piémont oriental. Elle a publié Il gioco uno a cinque del tamburo (Ladolfi, 2024).

 

Qui, nel mattino dove brilla

il denso avorio d’un profumo

come gheriglio, poi d’osmanto –

 

è per te, mia ragione iniqua

l’amaro travaglio del miele

che il bene più sacro addolora

 

mentre il budello del bosco si apre.

 

Ici, dans le matin où brille

l’ivoire épais d’un parfum

comme un noyau, puis comme d’osmanthus

 

c’est pour toi, ma raison injuste

le dur labeur du miel

que le plus sacré des biens afflige

 

alors que s’ouvre le boyau de la forêt.

 

 

Sei anfora che tiene la sorgente

di Venere incorrotta la più vera,

di quella fede accesa e di quel sacro

vello di beltà fitta e sconosciuta.

Conosci appena il gioco, quanto vale

perché il sangue gorgoglia per un filo.

Hai tolto dal tuo dio una seta lisa

e il peso è sette grammi di rovescio –

pallottola nel capo della vita.

 

Tu es l’amphore qui tient la source

de Vénus intacte la plus vraie,

de cette foi allumée et de ce sacré

toison de beauté dense et inconnue.

Tu connais à peine le jeu, combien il vaut

parce que le sang bouillonne pour un fil.

Tu as pris de ton dieu une soie lisse

et le poids est de sept grammes à l’envers –

petite boule dans la tête de la vie.

 

A D.

 

C’era vino

sul pavimento e quella sedia vuota

per l’ombra che svaniva lentamente.

 

Un giorno tu dicesti che la vita

è posta dello scambio, premio e usura.

Nulla era, nulla intorno – a tutta scheggia

l’aria infida nella gola

che vibrò un’ora sola per contare

tutti i modi in cui morire: «...ubriaco,

abbandonarsi al gelo di un torrente.

Questo – ridevi – sembra divertente».

Nessuno ti credette. Ti trovarono

il dieci agosto in una casa vuota.

Un raggio illividiva insieme all’iride.

 

C’era vino

sul pavimento inorridito al gioco

che volse in un inganno la partita.

 

À D.

 

Y avait du vin

sur le sol et cette chaise vide

pour l’ombre qui lentement s’estompait.

 

Un jour tu as dit que la vie

est courrier de l’échange, prix et usure.

Rien n’était, rien autour – à toute écharde

le vent sournois dans la gorge

qui vibra une heure seulement pour compter

toutes les façons de mourir : « ...ivre,

se laisser aller au froid d’un ruisseau.

Cela – tu riais – semble amusant».

Personne ne t’a cru. On t’as trouvé

le 10 août dans une maison vide.

Un rayon se fanait, livide, avec l’iris.

 

Y avait du vin

sur le sol horrifié par le jeu

qui transforma la partie en tromperie.

 

***

Giuliano Ladolfi, poète, essayiste et éditeur, est bien connu de nos lecteurs, par ses poèmes en version bilingue et par ses traductions (voir à cette rubrique même) ; il a publié un essai sur la poésie contemporaine au numéro de novembre-décembre 2022.

 


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