Mai-juin
2023
Sonia Elvireanu, Poèmes inédits.
Traduction en italien par Giuliano
Ladolfi
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Pleine lune,
photo de Dana Shishmanian (11-09-2022)
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La quête
On porte en
soi la quête,
le visage
invisible de la lune,
de la mer,
l’abysse, l’infini,
comme le poète
vit la poésie, le mystère:
« je reviendrai un jour…»
je ne connais
pas sa quête,
où va-t-il,
quand reviendra-t-il ?
« un jour…»
semble
étrange, inquiétant,
je laisse
filer le mot
pour que l’inquiétude
ne m’accable pas,
ce mot induit
un état, je ne le laisse pas couver,
là où il
s’arrête, un endroit choisi ou indésirable,
la poésie va
avec lui, la lumière le suit, l’amour aussi,
éloignement
poétique, je me dis, peut-être,
l’inquiétude se glisse dans un étrange mot:
«maladif »... retiré dans son monde ...
le poète ne
parle pas, je sens
sa quête
fiévreuse, mais je ne la connais pas,
chacun voit
autrement la lumière tomber
sur «le mur noir, liquide, un noir aveuglant».
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La ricerca
Dentro di noi s’infiamma la ricerca,
l’invisibile volto della luna,
del mare, dell'abisso, dell'immenso,
poeta e poesia vivono il mistero:
«Un giorno
tornerò...».
non ne conosco la ricerca,
ma dove sta andando, e quando tornerà?
«Un giorno...»
sembra strano, preoccupante,
mi sfugge la parola
che mi acquieti l'ansia,
ma s’addensa, non voglio incancrenisca,
scelto o non scelto, al luogo dell’indugio,
sotto braccio la prende la poesia,
che precede la luce con l’amore,
distanza poetica, mi dico, forse,
l'ansia s’insinua in una voce strana:
«malaticcio»...
rinchiusa nel suo mondo...
il poeta non parla, io percepisco
la sua ricerca delirante,
ma non ne vengo a conoscenza,
ognuno vede a modo suo
la luce abbattersi davanti
sul «muro
nero, liquido,
un nero accecante».
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Le silence du pommier
Matin au
parfum de l’été…
le pommier
renverse ses branches vers ma fenêtre,
ses feuilles
ensoleillées frémissent sur le rebord
si près que je
sens leur caresse,
je l’aperçois
dès que j’ouvre les yeux,
il sourit
serein dans l’aube blanche,
veille sur moi
jusqu’au crépuscule,
il éloigne mon
insomnie pendant la nuit,
je m’endors
dans le frémissement de ses feuilles
arrosées par
les rayons de la lune,
le silence du
pommier et le ciel,
l’eau claire
où brillent
les cailloux
du poème de l’été.
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Il silenzio del melo
Mattina dal profumo dell'estate...
il melo volge i rami alla finestra,
sul davanzale fremono
le foglie cariche di sole:
sono così vicine che sento la carezza,
mi inonda la sua immagine
appena apro gli occhi,
nell'alba bianca dolce mi sorride,
fino al tramonto veglia su di me,
di notte allontana la mia insonnia,
mi addormento al fruscio delle foglie
irrorate dai raggi della luna,
il silenzio del melo ed il cielo,
l'acqua limpida dove brillano
i ciottoli del poema dell'estate.
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Matin vert
Des brouillards blanchâtres
comme des volutes de fumée
pendent aux cimes
des arbres,
leur feuillage
jaillit dans le ciel laiteux,
une brindille tendre
sur une branche de pommier,
brise sur le vert rouilllé,
le verdissement qui sera éternel,
on peut verdir à l’instant,
au milieu de l’hiver même,
« un sentiment vert en hiver
»,
le miracle de l’amour et de la poésie.
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Mattina verde
Nebbie biancastre
come ciuffi di fumo
sulle cime degli alberi volteggiano,
zampillano le foglie nel cielo color latte,
un ramoscello tenero
sopra il ramo d’un melo,
infrange sul verde arrugginito,
il rinverdireeterno,
in un attimo si può rinverdire,
nel centro dell'inverno addirittura,
"un
sentimento verde in inverno",
miracolo eterno d’amore e di poesia.
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Nuit à la pleine lune
Un oiseau s’est arrêté dans la nuit
laissant une plume grise sur ma fenêtre,
son tourment m’a réveillée:
nuit blanche, la pleine lune juste sous ma fenêtre,
ronde et brillante, le blanc d’un autre monde
dissipe l’obscurité allongée sur les toits,
aucun bruit, aucun murmure
ne trouble sa profonde lueur,
silences de gens épuisés frémissant dans l’air
sous la pleine lune, ronde et brillante
comme un pain de lumière
que partagent les vivants.
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Notte di luna piena
Si è fermato un uccello nella notte
lasciando alla finestra
la suagrigia piuma,
mi ha svegliato il suo tormento:
notte bianca,
la luna piena
proprio sotto la mia finestra,
rotonda e sfolgorante,
il bianco d’altri mondi
dai tetti dissipa l'oscurità,
nessun suono, nessun bisbiglio
disturba il suo profondo luccichio,
nell'aria fremono
silenzi di persone stanche,
sotto la luna piena, rotonda e sfolgorante
come un pane di luce
diviso tra i viventi.
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Sonia Elvireanu,
poète francophone, traductrice
et chroniqueuse, est très
souvent présente à cette même rubrique (D’une langue à l’autre)
ainsi qu’aux rubriques Francosemailles
et Vue de francophonie.
Les poèmes reproduits et traduits
ci-dessus font partie du recueil inédit Le regard... lever de soleil.
Giuliano Ladolfi,
poète, essayiste et éditeur, est connu de nos lecteurs par ses poèmes
en version bilingue et par ses traductions (voir à
cette rubrique même).
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Sonia
Elvireanu – traduction Giuliano Ladolfi
Francopolis mai-juin
2023
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Dana Shishmanian
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