Le Salon de lecture

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ROLANDE BERGERON

poète québécoise, présentée par Éliette Vialle


GUERRIÈRE


Je guerroie armée de mots
Je les tire à la fronde
Je les lance au javelot
Je fais flèche de toute lettre

Je suis fort habile à l’arc
Et comme Jeanne d’Arc
Je peux monter
Sur mes grands chevaux

Tremblez fauteurs de guerre !
Le feu nucléaire m’est asservi
Et les missiles grammaticaux
Font partie de mon arsenal

Tremblez, ogres et vautours
Je vais lancer contre vous
Les feux de mes consonnes
Et les balles de mes voyelles

Vos jours sont comptés
Car secondée par Jupiter
Je lancerai contre vous
La puissance de la foudre

Les éclairs de mon verbe
Vous foudroieront
Et mes mots rouleront
Comme tonnerre !

Sous l’égide d’Athéna
J’avance casquée
Et pleine d’audace
Je guerroie armée de mots !


AU DÉTOUR D’UNE DUNE

Je me souviens
Il y a de cela mille ans
C’était dans une autre vie

Nous avancions lentement
Toi et moi
Grisés par l’air chaud du désert

Nos pieds foulaient le sable roux
Y laissant de petits trous
Minuscules traces de notre passage

C’était bien avant
Saint-Exupéry
Et son Petit Prince

Deux nomades amoureux
Brûlés de soleil
Sachant l’oasis au détour

Une cavalcade endiablée
Déchira soudain la paix
De ce soir enchanté

Un bras puissant m’enleva
Un autre bras t’attrapa
D’une lame luisante te transperça

Pendant longtemps
Je me languis de toi
Esclave de ton assassin…

Puis un jour je t’ai rejoint
Là où tu m’attendais…
Tes bras se refermèrent sur moi.

Et nous nous retrouvâmes
Au détour d’une dune
Où l’air était si doux

Et le soleil couchant si beau !...



JE ME SOUVIENS


Je me souviens
Il fera doux
Ce sera comme en août

Les marguerites sous les branches
Arboreront leurs collerettes blanches
L’arbre près de la véranda
Revêtira sa robe lilas

Je me souviens de tout cela
Je nous revois encore
Blonds seront les blés de te temps-là
Et oubliée l’ombre des miradors

L’astre du jour à son zénith
Jouera sur ta peau brune
Moi, je t’arroserai d’eau bénite
Pendant que je mangerai des prunes

Je me souviens
Il fera grésil
Ce sera comme en avril

Une pluie fraîche délavera l’hiver
Un vent frisquet chassera les nues
Moi, pour te réchauffer
Je te couvrirai de ma peau nue

Je me souviens de tout cela
Je nous revois ce jour-là...
Nos cœurs seront en joie
Et nos âmes se riront des lois
Un air doux venu d’on ne sait où
Et une brise marine enivrée d’embruns
Nous déroberont aux importuns
Nous préserveront des regards jaloux

Je me souviens
Ce sera comme en juillet
Et bleus les bleuets…



LA FOLLE


En équilibre précaire  sur la piste glacée
Vacillant sous le souffle du vent
Mains s’agrippant aux fibres du cœur
La folle flotte affolée   aimantée 

Ses bras épousent les rafales blanches
Ailes déployées flottant dans le vent
La poudrerie gonfle ses voiles
Hérisse sa crinière en serpentins scintillants

Vers quel mirage vole-t-elle ?
Quel poison s’est infiltré en elle
Qui la fait courir  souffle coupé
Telle une Walkyrie nordique  ?

L’aiguille du cœur aux cents coups
Oscillant sur la Rose des Vents
Scande un staccato syncopé



Contrepoint aux furies déchaînées


Ses tympans    peau de tambour
Résonnent sous les coups du vent
Tandis que sa  prunelle   agrandie
Conserve l’effigie de quelque Orphée

Qui tire les rênes de cet attelage
Femelle folle et cœur en folie ?
Quel diable   en quel enfer
Préside  à ce ballet  démentiel ?

Étourdie   tétanisée sous le gel
Insensible aux aiguillons du mistral
Elle avance toujours   enchantée
Silhouette  s’amenuisant à  mesure...

Bientôt   elle n’est plus qu’une ombre
Se fondant  s’effaçant dans le blizzard  
Le staccato du cœur lentement décroît
La folle apaisée   avalée   bue   dissoute...




La Dame et son Fantôme


Mélancolique et ardente
La dame du château
Hante le chemin de rotonde
En quête de son fantôme

Un doux zéphyr la frôle…

Un vin doux et des fleurs
Attendent au boudoir
Dans l’alcôve du château
La venue du cher fantôme

L’amour rôde…

La dame du château
Scrute la nuit, anxieuse
Ses seins se soulèvent
Palpitants d’espoir

Oh! le voilà !

Il se détache déjà de l’ombre
Il naît de la nuit chaque soir
Fruit de la lune et des étoiles
Il accourt vers elle, tremblant

Doux baisers…

Un archet glisse lentement
Sur les cordes d’un violon fané
Il joue un air suranné
Pour la dame et son fantôme

Les amants s’enlacent
Se boivent et se baisent
Au son du violon fané
Oublieux du temps qui passe

Puis un son lugubre
Troue la nuit
Rappelant le fantôme
Avant la naissance de l’aube

La dame regagne son boudoir
Le vin aigri et les fleurs fanées
Dans l’alcôve du château
Sans son fantôme

Comme chaque soir…



LAMENTO


D’une fenêtre monte des arpèges
Je déambule  silencieux
Entre des sillons boueux
Et des rivières de neige

J’aimerais disparaître
Me dissoudre en musique
Devenir amnésique
Pour simplement renaître

Renaître blanc comme neige
Et écrire une nouvelle partition
Une partition sans omissions
Et apprendre un nouveau solfège

Dame Lune, toi qui  de là-haut
Me regardes, dis-moi…
Que faire de moi ?
La boue me colle à la peau…

Je me prostitue et je tue
Pour amasser des montagnes d’or
Et chaque soir quand je m’endors
 Je lutte et je me débats contre des statues

Ces statues ont visages d’enfants
D’enfants et de femmes…
Elles hurlent, ces femmes,
Et ils crient, ces enfants…

Dame Lune, aide-moi !
Fais-moi musique
Fais-moi amnésique
Sors-moi de moi !

Et lentement, l’homme boueux
Fond comme neige…
D’une fenêtre monte des arpèges
Et un fantôme est enfin  heureux…

© Rolande B.



Rolande Bergeron :
Née à La Baie au Saguenay, réside à Montréal depuis 30 ans.

En 1978, début d’études universitaires à Chicoutimi en théâtre et littérature,
puis maîtrise en littérature à l’UQUAM en 1984…
Son écriture poétique a trouvé un public sur Facebook et un roman est actuellement en quête d’éditeur.
À quarante ans, reprise des études. Certificat théâtre et maîtrise en littérature. 
Parallèlement, fondation d’une troupe de théâtre amateur,
écriture de dramatiques dont j’assurai la mise en scène. 
Appréciation intéressante des médias locaux.
Puis la poésie et l’écriture d’un roman, roman qui reste inédit,
tout en travaillant comme rédactrice pour assurer la retraite.



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Sa poésie sous le nom de plume :  Violine

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POÈMES : Rolande Bergeron


Salon de lecture
Francopolis avril 2013
présentée par Éliette Vialle





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Créé le 1 mars 2002