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Christian Fancomprez alias XMatinaux

A celui qui ne peut plus écrire...
                                      

Câline

Mon enfant ma petite soeur
celle que je n'ai pas su aimer


O ma Séléné imaginaire
j'ai voulu te façonner à mon signe de lune
et sous ta carapace de corne
je t'ai infusé ces blancs ruisselets
où s'égare Ophélie

O ma future orpheline
cygne aux ailes rétractées
câline sous la glace
habitée quand tu veux de la grâce
de la danseuse
mais amoureuse obstinée rétive sauvageonne
parce que déjà blessée
comme le rauque musicien des mots
haineux
qui sait si bien aimer les danseuses
et dont je t'ai infligé l'emblème

O ma sensitive
ma petite juive
rescapée déjà de quels charniers
en nous
et future échappée à quelle autre débâcle
princesse trop tôt découronnée
trop fêtée
des mages malhabiles
que tu as entrevus à tes pieds
venus de la nuit des temps
à l'orient du siècle
et qui un à un vont te tourner le dos
comme les ombres de la lanterne magique

O ma Salomé
herbe frêle et coupante
tu poursuivras tyrannique de plus cruelles offrandes
et tu saigneras sous le reflet de ton propre couteau

O mon héritière
tu me pardonneras peut-être
ce venin dans tes veines
ce chemin souffreteux de rocailles
cette éjection brutale dans l'espace
si je te fiance aux anges musiciens
si tu es promise
à l'orbe bleu
de la beauté.




O ma Madone


O ma Madone réincarnée
Vénus toute écumante encore
Des rythmes lourds des tropiques
Ne m'abandonne pas
Ne me laisse pas chavirer
A la dérive des nuages
Dans les trous de l'azur fou
Ne me laisse pas confier mon corps
A la glaise et au roc
Épié du vol mauve des corbeaux
Ramène-moi enserre-moi
Dans les jardins de ton corps
Dans les lianes de tes bras
Redonne-moi le goût des fraises de ta bouche
Fais-moi boire l'alcool brûlant
De ton visage
Gober comme une groseille
Le lobe de ton oreille
Et cascader comme une truite
Dans le torrent de ton échine
Et pétrir avec ardeur
La bonne pâte de tes fesses
Comme le brave boulanger tu sais
Quand sa chatte est revenue
Et je veux manger goulûment
Toutes les mangues de ton sexe
Glisser comme un nageur
Dans ces anfractuosités
Luisantes d'algues
Où s'insinue la mer nourricière
Rouler dans tes buissons épineux
Y respirer tous tes parfums acidulés
Et même boire ton sang pour me revivifier
Et toi tu dresseras patiemment le mât
Et je t'emmènerai lentement
Vers les rives mancenilliers
Du regret et de la jalousie
Où fleurent bon la menthe et les embruns
Où nos regards d'enfants se sont croisés
O ma Madone devenue femme.





Au fil

Au fil de l'Isle
Aux plis de l'eau
Le temps défile
En trémolo
Fuite en aval
Devers les plages
Du lieu natal
Berceau de l'âge
Alignement
De mots futiles
Embarquement
Vers l'unique île
Où mon désir
Têtu se love
Pour mieux moisir
En cette alcôve
Et la mort lente
Passe en riant
Pure et violente
Sous le courant





Art poétique


Le temps n'est plus des pleurs et des aveux rimés
Il faut fondre le moi dans la pulpe des mots
Les choses sont de marbre et sourdes à nos maux
Impassibles moulons des orbes bien limés

Apollon, divin chantre aux flambeaux allumés
N'inspire qu'une soif indicible du beau
Et réveille les chants des antiques tombeaux
Jamais ne périront ces spectres enfumés.

Évitons les soupirs et les mièvres je t'aime
Freinés par le vulgaire à tous vents comme emblème
Adorons à genoux l'harmonieuse froideur

Idéale des Dieux d'où l'âme s'est enfuie
Mais l'oracle du vrai huile les profondeurs
Et le rêve vivant descend comme la pluie.





Pater Noster


Notre père qui êtes au fond de ses yeux,
Donnez-nous aujourd'hui notre part de vertige.
Si des doutes noirs planent sur l'azur, qu'y puis-je ?
Qu'y puis-je si ses yeux sont plus bleus que vos cieux ?

Et si ses cheveux fins m'enivrent comme un vin
Où flottent des parfums vaporeux dans la brise
Plus que le vin de messe ou l'encens des églises
Qu'y puis-je si sa voix chante un hymne divin ?

Sa bouche est un abime infiniment troublant
O ténébreux et gracieuse eucharistie
Seigneur, puis-je y puiser maintenant l'hostie
Et nous communierons sur l'autel en tremblant


  Textes 

Christian Fancomprez

Photos

Éliette Vialle


Salon de lecture
Francopolis mai 2011
recherche Éliette Vialle

Créé le 1 mars 2002

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