Le Salon de lecture

Des textes des membres de l'équipe ou invités
surgis aux hasard de nos rencontres


Angèle Paoli - Damien Gabriels - Emmanuel Rastouil... et plus

ACCUEIL  -  SALON DE LECTURE  -  FRANCO-SEMAILLES  -  CRÉAPHONIE

APHORISMES & BILLETS HUMOUR -
CONTES & CHANSONS  -  LANGUE EN WEB  -  UNE VIE, UN POÈTE

LECTURES CHRONIQUES  -  VUES DE FRANCOPHONIE  -  GUEULE DE MOTS  & LES PIEDS DE MOTS

SUIVRE UN AUTEUR -
PUBLICATIONS SPÉCIALES  -  LIENS &TROUVAILLES  - ANNONCES

LISTES DES AUTEURS PUBLIÉS & COMMENTAIRES  -  LES FRANCOPOLISTESPOÈMES DU FORUM


LUC ANDRÉ - REY

Poèmes inédits pour Francopolis




assis
il n’attend rien

assis au bord du monde
le monde à ses côtés qui gigote des pieds

assis
ils n’attendent rien

et passe
où ils sourient

et passe sans se presser le vieux fou du village
assis au bord des yeux où le vaste du monde

et le monde et l’enfant se lèvent et l’accompagnent

où on ne peut rien
le monde
attendre
rien que le vivre



les poètes


ils forgent
à l'aube
toujours à l'aube
dans le feu que les yeux ne peuvent qu'aveuglés

ils forgent
la peau sueur et le cœur animal
ils forgent à grands coups d'âme les lames de nos rêves
 
les saurons-nous brandir ?
déchirer l'irréel où nous rêvons
dormants
cette aube qui nous est chair avant nos yeux perdus
 
les saurons, dressés, dans l'éclat du soleil ?


3.    le voyant

le voyant ne voit pas l’invisible
il voit l’invisible tel que ne le voyons pas
l’invisible sans frontières
 
les choses, des contours  ben non

les choses un dedans les choses un dehors            ben non

le monde un dedans le monde un dehors                ben non

son corps un dedans son corps un dehors              ben non

ce monde, un autre monde   ben non

ce monde, le reflet, d’un autre, qui est parfait         ben non
 
alors
quand il tente, le dire, ce qu’il voit
qu’en pouvons-nous comprendre




tellement peu d’épaisseur
et pourtant
c’est là
et seulement là

qu’il se peut l’épaisseur
que n’osons pas
nos cœurs
tellement peu d’épaisseur
on ne le voit pas
pourtant

où si peu d’épaisseur
tellement
qu’on ne voit pas

tellement peu d’épaisseur, où il parle
on se tait
tellement peu d’épaisseur

tellement peu d’épaisseur on a peur pour lui


5.    l’errant

écrire
ceux qui osent
 l'errance
sans majuscules
 
point final         tous ces lieux
                        fermés
l'aimer étouffe
 
alors
il pousse un cri
                    l'errant
brise les murs
 
et quelque soit la brèche
il s'y engouffre
s'y perd
 
hasard
avant les choses    décors    où nous mourrons
 
tu le croises    un errant
tu n'oses le regarder

mais il n'est pas errant
 
simplement    cessé    de croire
les regards
 
et quels que soient les lieux où aveugle il avance
quelles que soient les folies où il accueille la sienne
où il bouleverse la nôtre
 
sais-tu
si près de toi
 
son visage
un sourire
 
son visage
une larme

où il sait et le tait la folie où tu vis n'y laisse que l'innocence où tu le crois
errant




démesure
elle voulait
ce que jamais personne

 
              donner
donner donner

 
les sommets
                  se donner
                  les prendre

les surprendre

se surprendre
aimer
 

elle voulait
désirait

 

que des mains
mains des lèvres
ses lèvres
tout de son corps

        en retournent

            la peau

 
                       qu’elle puisse couvrir

 
                 le monde
                 tout entier

          celui
          à ses côtés
 

à ses côtés
dedans

 



1

les mots   au bord des yeux 

à peine vus     perdus
demeurent
demeurent demeurent 

les mots au bord des yeux les yeux au bord du monde

 

2 

les mots au bord des yeux les yeux au bord du monde 

on se tait     on ne peut
                    que se taire

disparaître

 

3

on se surprend silence les yeux au bord des yeux
 

le dedans
de dedans

 il n’est plus de dedans les yeux au bord des yeux

 

4

les yeux au bord des yeux
aveuglés


libérés
libérés du besoin d’un bord pour les yeux

 
 

5

les yeux au bord des yeux les yeux au bord du monde on ne sait plus aveugles que le monde sans bord
 

sans bord où s’arrêter sans bord où s’agripper

 

6

alors
alors alors

les yeux au bord du monde le monde au bord des yeux

 
une larme
le monde 

où plus rien n’est le monde
 


 



 ©Fabian Di Maria

Luc André-Rey est un poète de rue, un passeur à travers le monde, en marge du monde, hors du monde, dedans dehors soi-même, indiscernable, anonyme. Il laisse tomber les mots de ses poches, ne pensant même pas qu’ils puissent être signes de reconnaissance pour des promeneurs autres.

Se définit-il ? Oui, comme un autre…

« Il ne vit pas l'écriture comme une fin en soi (ni rien d'autre d'ailleurs.) Il n'a pas l'ambition de ‘laisser une œuvre’ (il n'a en fait aucune ambition.). Il va les mots comme quelques équations mathématiques, comme ses pas un désert, comme ses pas nos cités; l'ivresse où la seule chose où nous sommes vivants : ce qui est dans l'instant. »
 

Et en guise de biographie ? Un autre poème…

il sourit

l’est content

qu’importe ce qui arrive autour de lui sourit

car là

où il sourit

il n’arrive plus rien le monde est ce qu’il est

il sourit


Ses « fragments » :

la rue, la vérité, le vent, maelstrÖm éditions, Bruxelles, 2009.
plasmaphérèses - maelstrÖm éditions, Bruxelles, 2012
qui a connu la rue - Arbres à paroles, Maison de la Poésie d’Amay, 2012
fragments 2 - Arbres à paroles, Maison de la Poésie d’Amay, 2012

A voir aussi :

Bords de monde, de Martine Cornil, album de photos et poèmes sous la direction de Luc-André Rey, maelstrÖm éditions, Bruxelles, 2012
Plusieurs sites web (poésie, mathématiques, fractales).
Site consacré à l'auteur argentin Antonio Porchia
Le site progressif de ses « 10 OOO poèmes » 

 


Poèmes : Luc André -Rey
( poèmes inédits )

Image : Graffiti de Da Cruz, rue de l’Ourcq, Paris
(photographie par Dana Shishmanian)



Salon de lecture
Francopolis décembre 2012
recherche Dana Shishmanian




Créé le 1 mars 2002

A visionner avec Internet Explorer