Le Salon de lecture

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DOMINIQUE ZINENBERG


Jazz infini


Jazz in New Orleans, photomontage par Jeanne Gerval ARouff, 1987


De cette vie,
empreintes, souffle, sarment
on aurait
l'allégeance des forêts.

Dans la nuit de Van Gogh,
semelles bleues,
un saxo frémit
faines essaimant
les chemins de poussière.

Frères de frênes,
Noirs dans le bleu incertain,
Jazz et transes
Des pas, des voix, un souffle
clair,
zigzag des pensées
comme
racines dans les fourrés
des rêves.

Jazz à l'orée des bois
montant,
fièvres
et piano - cloison d'odeurs –
les fûts ombreux,
rauque la voix
de la nuit
cymbale comme
totem d'ébène.

***

Danse tournesol
les pavés luisent et jazzent dans
la nuit jaune.

Ombre-poussières
Fumant dans la ville
les gris s'irisent et martèlent
percussions et saxo
réverbère clignotant
la pluie
et goutte de misère.

Le square dans son secret de sable
les passants, silhouettes de cyprès
les pas, le blues
une voix cigarettes, strass et rouge fatigués.

Masse indécise de l'église
le sanglot de la contrebasse
jusqu'aux gargouilles
odeur mouillée des pierres.

Je
à haute voix
comme prisonnière de la nuit,
trompette de néant.


***

Quand s'abandonnent
nuit obsidienne,
les notes claires ... éclats de verre
dans les prunelles
et mains de fièvre.

Lutte sans frein des clarinettes et des saxos
C'est un halo,
nuit obsidienne,
et obsession.

Quand se délassent les voix qu'éraillent
les douleurs,
Ce sont des flaques de reflets noirs
ô contrebasse!

Dans l'entrelacs du lamento
nuit obsidienne,
les blues anciens
ne sont que braises
et faux d'antiennes.


***

Fougueuse nuit

de jazz étale    voix trouée de deuil,
volutes en rythme -lamento - dans l'air de cendres
Rougeoiements et cymbales

ce que l'on sentirait de fièvre,
robe lamée de l'impro.

Hier, comme un jadis,
danse offerte.

Fugueuse nuit,
Rauque alchimie         poivre-sueur

notes acidulées
du piano.

Un jardin, une cave,
la mer émergeant des percussions.


***

Nuits arabesques
le saxo

le rythme, une aventure et
thème lent, lancinant
revient comme
effluves ou fantôme.

Solo

ça fuse et creuse
corps disloqué en voyage
dans l'invisible partition
comme un devin en transes
fugue que rien ne lasse
clarté de cendres – cigarettes –
dénuement du souffle
le sarment des veines ... cinéraire au jardin

J'ai remercié, applaudi
coulée d'ambre dans les verres
cernes agrandis
stances et fusion
ça chair de poule.

J'ai remercié, applaudi
râle de trompette    humaine blessure
ça tangue et
comme sans bagage
devenue ombre.

J'ai remercié, applaudi
les notes denses ont stagné
dans un marais au fusain
silhouettes en suspens
du quartet

(inédit, 2011)



DOMINIQUE ZINENBERG


Je suis née en novembre 1953 à Paris. Il faudrait ne dire que cela et se débrouiller avec le reste, comme on peut, en un pêle-mêle réjouissant ou mélancolique, qui drainerait les études (de Lettres!), les lectures (comme si rien d'autre n'existait plus depuis la première à sept ans Lili et ses chèvres dans la bibliothèque rose à la dernière en date le 25 février 2014, c'était hier ! Ce qu'il advint du sauvage blanc de François Garde que j'ai lu presque toute la journée et que j'ai fini à minuit passé ne pouvant en fait rien faire d'autre), les chagrins, humiliations, refus, terreurs aussi bien que les voyages, la cuisine, la musique et la peinture, l'amitié et l'amour, la politique, les lectures sur les camps, la shoah, les soucis, les deuils, les catastrophes et révolutions, luttes et loisirs, rêves et paysages et le ciel et la nage, chaudron temporel dans lequel nous baignons, fluide amniotique qui nous constitue pour le meilleur et pour le pire et avec cela enseignante dans divers collèges depuis belle lurette: passionnée, découragée, fatiguée, infatigable, écœurée, joyeuse, désespérée, enthousiaste, inventive parfois, engluée parfois, n'y croyant plus, y croyant encore, faisant et défaisant comme une autre Pénélope cours et contrôles et corrigeant, corrigeant sans fin les bégaiements de la langue, les erreurs, les approximations, annotant, gratifiant, m'exclamant et me disant combien surréaliste reste d'enseigner et écrivant depuis l'âge de 7 ans (tiens donc!) jusqu'à aujourd'hui avec ardeur, douleur, irrégularité, nécessité (le monde disparaissant là encore comme le temps) : poèmes, nouvelles, journaux intimes, réflexions, critiques, contes.

Tout s'est tissé ensemble, serré, inextricable avec un fonds de douleur et une pincée d'humour, une palette émotive ample, une inquiétante propension à la solitude et à l'angoisse, un goût pour les mots, la rêverie, la beauté des paysages, des langues, des visages, des voix, des robes ou des bijoux, des mets élaborés avec amour, odeurs, saveurs, regards des gens et des bêtes, la grâce d'un geste, d'un sourire ou d'un poème.

Lire, écrire certes, mais publier ? Je n'ai commencé à le faire que depuis peu et de façon limitée : une fois dans la revue Friches pour des poèmes (n° 107) et deux autres fois pour des textes critiques, une fois chez Arpa (n° 105), une fois dans la revue L'arbre à paroles (n°153), ou encore dans le recueil Poètes pour Haïti (L’Harmattan 2011).

Et me voilà avec vous depuis janvier 2014 pour des haïkus, des poèmes sur Fukushima et pour quelques textes critiques.
Une nouvelle aventure que je vis avec émerveillement…

Oui Dominique a rejoint l'équipe Francopolis et nous sommes heureux de la recevoir dans notre équipe.


Salon de lecture
Francopolis mars 2014
présentée par Dana Shishmanian




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Créé le 1 mars 2002