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Archives : Vue de Francophonie

 


  Janvier-Février 2020

 

Poètes pour Haïti

dix ans après

(*)

 

Jeune enfant haïtien, dessin de Farah Willem, janvier 2010

(reproduit sur la couverture du livre)

 

 

Ma terre

Ils sont venus du monde entier

Voir la mort en direct sur ma terre saccagée.

Ils ont filmé l’angoisse,

Ils ont montré l’effroi,

Ils ont décrit l’horreur

Et la souffrance et l’indicible…

 

Puis, ils sont partis,

Nous laissant seuls avec la mort,

Et la douleur et l’innommable.

 

Ma terre n’est rien d’autre

Qu’un corps nu, qui n’ébranle

Que l’instant d’un regard

Et de la trajectoire d’une larme.

 

 Yves Patrick Augustin

Montréal, Québec

 

12 janvier 2010

pour Sara

Cette date-là

Nous ne l’oublierons jamais.

Ce jour-là la terre a tremblé

Tremblé, tremblé, tremblé

dans les entrailles du pays d’Haïti.

Ce jour-là le malheur est tombé sur nous.

Oh ! Oh !...

Nous avons crié, nous avons pleuré

Depuis notre départ de Guinée

La souffrance ne nous a jamais quittés.

La terre a tremblé

Les enfants ont couru

Leurs parents aussi

Partout, partout…

Les enfants sont morts

Leurs parents aussi

Partout, partout.

Ceux qui sont restés vivants

pourront danser la cabinda     .

Oh ! Oh !...

La terre a tremblé

Les écoles sont écrasées,

les hôpitaux sont écrasés

Le palais est renversé

La cathédrale s’est effondrée.

Toutes les maisons sont détruites.

On n’a pas trouvé Sara

Dans les décombres de l’hôtel Montana


Li mouri.

Litani lèmò mèt komanse

Nou prale apèl vivan.

Demen lè soley la leve

Ti zwazo nan bwa ape chante ankò

Ap ganyen bèl misik

Ap ganyen bèl koze

Nou prale chante

Nou prale danse lavi

Peyi dayiti paka mouri.

 

Sa maman ne la reverra plus jamais

Elle est morte.

 

 

Le mur sculpté de Félix Rollin (Paris, face au Centre Wallonie-Bruxelles, 46, rue Quincampoix).

Photographie : Dana Shishmanian, mars 2010.

 

 

La litanie des morts peut commencer

Nous allons faire l’appel des vivants.

Demain quand le soleil se lèvera

Les petits oiseaux chanteront encore dans les bois

Il y aura de belles musiques

Il y aura de belles paroles

Nous chanterons, nous danserons la vie

Le pays d’Haïti ne peut pas mourir.

 

Lélio Brun

Lélio alias Katifrè

Barbazan, 20-01-2010

 

Douze Janvier

Nous sommes indivisibles

L’encre et le jour

Les rivières et les mots

Le voyage et les soupirs

Des blessures exposées aux rangs des trottoirs

Des ruelles qui s’avancent sur le va et vient des larmes

Et des visages qui se levaient oubliés sans fragment

On rassemblait des cris pour sauver des noms

On rassemblait nos forces pour essuyer nos âmes

Parce que la terre 

Contrariée de ces haillons

Dansa le ci-git

Des entrailles en fumée

Comment trépasser hors de son sang ?

Comment vivre loin de son corps ?

Comment freiner ses yeux

Qui marchent plein de dépouille ?

Mais le ciel aux oiseaux Tam-Tam

Pour acclamer le jour

Se faisait Nuage de poussière

Pour accueillir le deuil

De magnitude l’horizon tombait

D’amplitude le sang arrosait les murs

De fréquence en fréquence

Des cadavres bourgeonnaient

Pour apprendre aux chiens à compter

Et les désirs mouillés de l’instant

S’appuyaient sur la fin

Sans aucune prophétie

A présent si nos cœurs s’ouvrent

Malgré les plaies

Cassons les marges pour redéfinir l’espoir

Parce qu’Haïti est dans nos veines

Une circulation parfaite

 

Anderson Dovilas  

 janvier 2011

 

Les immeubles n’ont plus de chapeaux

Les immeubles n’ont plus de chapeaux
L’aura d’un tsunami
Reconstruit ses rêves de poussières

L’espoir erre tel un chien en mal de viande
Qui n’arrête pas sa poursuite au milieu de deux blocs fendus
Le drapeau n’a plus de place pour les gouttes de nuit
Bleu et noir de sang
Le vide est à l’ envers

La cinétique d’une terre
Voulant s’enfuir d’elle-même
En oubliant trois arcs-en-ciel
Trempés dans le crépuscule

Une demoiselle sans visage
Fait concurrence aux libellules
Pour le handicap d’une pluie

son ventre plein de jours
reconstruit notre devenir

 

Fabian Charles

Port-au-Prince

 

Port-au-Prince, je te prends dans mes bras

Port-au-Prince, je te prends dans mes bras

Avec tes infortunes, tes amas de fatras

Ton lourd fardeau est le mien

T’embrasser, je creuse en diagonale, le chemin

Tes blessures purulentes gangrènent mon corps

Dans tes rues, les chiens errants ne circulent plus

Derrière les cortèges funèbres, les chiens domestiques

Ne courent plus, les lumières sont éteintes

Dans les cœurs, comme aux réverbères

Personne ne pleure

Les morts ensevelis les morts en catimini, à la pelleteuse

Dans cette immense amertume, il y a de la lumière jusque dans les ténèbres

Aux cent fleurs du mois de Janvier, j’enlève mon chapeau

Aux sans-abris, sans fortune, je donne mon manteau

Aux disparus de tes entrailles, je prie sur les sépultures anonymes

Aux femmes violées au petit matin, ma compassion est sans bornes

 

Maguet Delva

 

 

Villes

Toutes les villes ont leurs histoires de sang

de sel frais

de carnavals aux fûts des arcs-en-ciel

toutes les villes ont leurs histoires d’hommes libres

des mots à dire sous la fumée des cigares

des femmes de paille consolatrices des douleurs

des victoires remémorées au salon du souvenir

des hommes en guerre sans fin dans leurs misères

et des remords quelque part dans le cœur

toutes les villes ont leurs rues d’enfants inanimés

des blessures noyées dans le fond des nuits

des amis disparus à l’orée des étoiles résignées

des fiancés trahis jusqu’à l’humiliation suprême

 

toutes les villes ont leurs histoires d’amour

d’heures libres aux yeux de l’arc-en-ciel

de femmes blessées dans leur silence

de filles catégoriques dans leur orgasme

de mains immaculées jusqu’aux bords de l’ivresse

de pauses certaines au gel de l’infidèle

de jeunes mariés qui n’aiment plus les confettis

toutes les villes ont leurs histoires d’orgues mures

des souvenirs qui ne puissent chavirer la mer

de fleurs qui se taisent à chaque angoisse verticale

de matins heureux qui saluent le bonheur

de tranquilles assassins aux gestes mendicitaires

de murmures trop voilés qui indiquent le chemin du désespoir

 

toutes les villes ont leurs histoires de révolution

l’enchantement des grands gestes utiles

l’égarement dans la foulée de dix mille vies

les grâces de l’arc-en-ciel dans les chaînes de l’espoir

l’illusion de la géographie qui s’ouvre aux étoiles

la liberté dans les mots qui chassent les solitudes

le sourire triste quand il ne faut pas pleurer

toutes les villes ont leurs histoires de sang

de globules frais

dans la nudité des anneaux

le corps du révolutionnaire englouti

dans les forges

 

toutes les villes ont leurs histoires de paix

la belle paix que l’on souhaite à chaque fenaison

la saison des amours et des cigales Ô filles

le désarroi des semeurs et des diseurs de bonne aventure

la longue marche des grévistes aux carrefours des histoires

la faiblesse des vaincus habités par mille regrets

les visages qui se lèvent à l’effondrement de la première victime

toutes les villes ont leurs histoires de deuil

deuils et mélancolie dans les limbes de la terre

d’hommes bouleversés vers les mélasses du quotidien

de mains mouillées aux ancrages des paquebots

de marins et de marchands d’opium aux racines de l’oubli

de navires pleins de filles amoureuses qui rêvent de paradis sur terre

deuils de pluie glacée aux sept plaies de l’Égypte

ô lait blanchissant mon âme contre tout fruit défendu

 

toutes les villes ont leurs histoires d’enfants

d’enfance à la misée de l’aube aux pas incertains

de balançoires de filets grimpeurs et de jets d’eau

d’innocence dans les parcs d’attraction au creux de la joie

de songes imprévisibles au balancement des premiers gestes

de rêves apprivoisés au gazouillement des premiers mots

d’enfants plaintifs à la merci des étoiles

toutes les villes ont leurs histoires de mères

de pages trop maternelles aux vallons des plaisirs

de mères aux deux bras ouverts Ô cœurs sacrés dans la nuit

de chrysalides aveugles saignant des ailes et des paupières

de femmes aux yeux torturés d’amour et d’eau fraîche

de filles qui aiment trop jusqu'à un léger seuil de tolérance

de fiancées à peine mariées qui courent déjà après leur ombre

de mères anonymes qui refoulent la mer au péril des infidèles

histoires d’éternels passagers contre le temps

vagues d’une égale naissance

voyageurs souverains de chaque matin masqué du soleil

de chaque jour

de chaque feuille morte du bout des doigts

de chaque enfant

de chaque homme libre privilégié sans fin

à qui il eût fallu à grands pas

la haute délivrance des jours sans elles

les villes qui pleurent aux limons des vacarmes

 

Saint-John Kauss

Québec

 

 

Pardon Port-au-Prince

Depuis un balconnet de notre rue Lamarre

je regardais partir des bateaux à vapeur

qui vers l'ouest s'en allaient en larguant les amarres
chargés d'utiles biens sans ambages sans peur

j'aimais Wharf Jérémie

port ouvert sur ma vie

j'aimais Maïs Gâté

porte sur l'étranger
j'aimais Cité Soleil
tes villas sans soleil
et ta Cité de Dieu
tes églises sans Dieu

je fais un premier pas
des mots d'amour je sème
je te dis que je t'aime
je n'en démordrai pas

on en veut à ta peau
à ton altier drapeau
il nous faut étaler de gigantesques haies
une Forêt des Pins du Cap à l'Arcahaie

il nous faut alentour des enclos de dattiers
des pommiers, des manguiers, des champs de caféiers
pour que les eaux boueuses signe de décadence
envieuses de ton heur et de ta résilience
ne viennent bousiller ton propret Champ de Mars
détruire ô barbarie deux siècles de cimaise
abattre l'ilang-ilang de ton Chemin des Dalles
souiller impunément tes fières cathédrales

j'ai des prises de vue de ton palais tout blanc
tes cercles tes carrés tes grands restaurants
racontant ta gloire ton beau nom ta fierté
tes anciens quartiers et ta vieille beauté

on voit le centre-ville entrechoc de cultures
réservoir de luxe et de haute couture
haut lieu de prétention d'arrogance faux col
sanctuaire des lycées et des grandes écoles
qui vomissaient superbes des agrégés ingrats
des hâbleurs grands mangeurs comptables gros et gras
des maîtres et des profs férus de connaissance
et sans reconnaissance

des docteurs qui te crachent dessus
dont tu n'as rien reçu
des agronomes à en revendre
qui s'ingénient à tout te vendre

patrie pardonne leur
quoiqu'ils sachent ce qu'ils font
car autant que les leurs
je compte mes affronts

pays je n'ai rien fait
pour aider à changer ton misérable aspect
en ingrat je me tais
quand sur toi on se met à gloser sans respect
j'ai péché moi aussi
c'est pour cela qu'ici
ayant joui de tes dons
j'implore ton pardon

 


Jean-Robert Léonidas

Brooklyn (NY), Etats-Unis

(extrait de Parfum de Bergamote,

Les Editions du Cidihca, Montréal, 2007)

 

 

 

Vers salut

La terre saignée partout

A gonflé ses joues

Pour planter des pieux

Sous nos pieds

Sous nos symboles

“Terre, ils sont désormais ta chair”

Les mille chapelets

De notre poumon

Mutilés

Egrenés

Se livrent au flair des chiens.

Mourir comme des chiens

Des fleurs criblées

De balles d’abeilles

Avant l’adieu du jour

Avant les tendres baisers du soir

Les plumes ensevelies retiennent leur souffle

Ecrire aujourd’hui

Suicide de la Poésie

J’écris quand même

Pour survivre

Je lâche mes vers

Dans la grande fosse

Pour saluer ceux qui partent

Ceux qui attendent le prochain train

Ceux qui ont enterré tout souvenir.

 

Charlito Louissaint

Port-au-Prince, 13 Janvier 2010

 

 

Je suis le roseau flottant

Sauf les gouttes de rosée

Entre mes doigts

Il m’a tout prit

Sauf la lune

Qui était à ma fenêtre

Triste et solitaire

 

Je suis le roseau flottant

à la racine raide et ferme

 

Si un courant m’entraîne

Je ne crois pas que je le suivrai

Dans ce tumulte de déchirures

De cassures et d’éclaboussures.

 

Les champs retiennent les chants

sur le bas-côté

Aux concerts des hurlements

la ville dépecée devenue folle

enroulée de grosses tresses en barbelé

J’eus le souffle coupé

entrecoupé d’ailes

aux giclements du sang des innocents

jetés au coin du trottoir

Nos flots de Parole en Archipel

interrompue

exportée directement à la morgue

ne sont que lame de feu ressuscitant

envoyé pour la résurrection des fosses communes

m’embrasser des mots que je voulais dire

en ce soir du douze Janvier

où le soleil jetait ses derniers reflets

Mon jeune âge a plus vécu

plus pensé

plus souffert

que la plupart de nous vieillards officiels

officieux…?

La mort tel un faucon plane

et guette sa proie ici et ailleurs

de tout son poids

Mais nous ne laisserons jamais la chance à la mort

d’apprendre à Port-au-Prince de mourir

Elle s’affranchira de ce néant qui scrute

 

 

Thélyson Orélien

A Port-au-Prince, 15 mars 2010

 

La voyelle O...

O
odieux
eau feu
les secousses
telluriques

O
au secours
aux carrefours
le non-retour
automatique

O
aux dieux
adieu
les non-dits
ataviques

 

***

Aèdes
griots
sambas
poètes d’ici et d’ailleurs
vous tous qui apportez
vos mots d’ombre
vos mots de lumière

vos mots miroir

vos mots arc-en-ciel

pour panser, soulager et guérir

les plaies béantes de Port-au-Prince
les blessures mortelles de Jacmel
les lacérations profondes de Léogane

en peu de mots

aèdes
griots
sambas

vous qui empruntez au silence

vos chants rassurants

pour apaiser la profonde douleur d’Haïti
j’aimerais bien pouvoir me joindre à vous

 

cependant,
souffrant du mutisme

des mots ensevelis sous les décombres

je ne fais qu’en moi traduire sans répit
l’étonnement de la voyelle O...

 

Jean-Robert Paul

 

(*)

Le volume Poètes pour Haïti, paru aux éditions L’Harmattan (collection Témoignage poétique, janvier 2011, 204 p., 19 €), contient des textes rassemblés par Dana Shishmanian et Khal Torabully, dédiés au peuple haïtien et ayant pour but la collecte de dons au bénéfice des victimes du terrible tremblement de terre de janvier 2010 : un « livre humanitaire ».

La collecte de textes a été lancée parmi les poètes du monde entier, sur une idée propulsée sur le site de Patricia Laranco, et avec l’appui logistique et informatique de Luc-André Rey, qui a créé dès fin janvier 2010 un site Internet dédié pour accueillir les contributions – déjà nombreuses après dix jours seulement – et faire le lien avec les sites des organisations humanitaires: en effet, les lecteurs souhaitant recevoir le recueil étaient incités à faire un don auprès de l’organisme de leur choix.

Dès sa parution en janvier 2011 le livre a fait l’objet de nombreuses lectures dans des médiathèques, cafés littéraires, locaux associatifs et autres lieux de rencontre, suscitant partout l’enthousiasme et la solidarité.

La qualité des contributions est remarquable, surtout que parmi les auteurs, environ une centaine, il n’y a pas que des plumes de renom – tels Ernest Pepin, Alain Mabanckou, José Le Moigne, Jean-Luc Maxence, Colette Nys-Mazure, Nicole Barrière, Philippe Tancelin, Xavier Bordes, Eric Dubois, Denis Emorine, Maggy De Coster, Ali Khadaoui, Gabriel Okoundji – mais aussi des internautes qui, ayant envie d’exprimer et de nous communiquer leur ressenti, l’ont fait avec une exquise inspiration.

Le travail qui nous a réunis autour de cette œuvre de parole, pendant presque deux ans, a été une expérience unique, et je profite pour rendre encore hommage à Luc-André Rey qui nous a quittés en juillet 2015 (voir les rubriques Vue de francophonie de juin 2015, Salon de lecture et Une vie, un poète de janvier 2016) : je suis heureuse de constater que sa poésie fait son chemin auprès des lecteurs avec bonheur (voir les échos, sur le site de Babelio, à son recueil posthume palimpsestes, paru en janvier 2017 à Échappée belle édition, ainsi que la chronique de Blaise Join-Lambert dans Francopolis de mai 2017).

La commémoration des 10 ans passés depuis la catastrophe du 12 janvier 2010 est l’occasion de se demander où se trouve aujourd’hui Haïti, ce beau pays habité par un peuple bourré de talent, d’humanité et de courage, quand nous apprenons qu’une infime proportion des dons collectés après le tremblement de terre a réellement été utilisée pour reconstruire, investir, et améliorer la vie des populations.

Mes pensées se tournent en ce moment vers les gens de parole, notamment, les écrivains haïtiens, vivant au pays ou ailleurs, qui ont honoré de leur talent et des larmes de leurs cœurs ce « livre humanitaire », ainsi que les pages de notre revue (voir la sélection de textes et la présentation de mai 2012, et les présences poétiques dans cette rubrique même, Vue de francophonie, en février 2010, avril 2010, mai 2012, février 2015, mars 2017). Qu’ils gardent vive la flamme du Verbe car c’est notre seule et meilleure arme contre la bêtise, l’égoïsme, et la folie des puissants de ce monde.

C’est pourquoi j’ai pensé opportun, aujourd’hui, non seulement en guise de commémoration mais aussi et surtout comme un rappel et un appel à un nouvel élan, de reproduire ici quelques-uns des textes des jeunes poètes haïtiens, extraits de ce livre, en leur envoyant ainsi mes plus fortes pensées d’encouragement, et mes meilleurs vœux de réussite : ils le méritent grandement.

D. S.

 

Haïti, illustration de Souad Bensaid (sur la quatrième de couverture)

 

Photo @ Lia Bagutti

IN MEMORIAM 2020

Le mardi 14 janvier 2020 a eu lieu, aux galeries Monnin à Port-au-Prince en HAITI, une manifestation artistique dédiée à la commémoration des 10 ans de la catastrophe ; discours de Michèle Pierre Louis suivi de l’inauguration et la présentation par Pascale Monnin de l'installation collective IN MEMORIAM 2020 : suspension des feuilles dans le frangipanier ainsi que dans le bougainvillier dans les jardins derrière la Fokal. Rencontre avec Pascale Monnin.

« L'idée aujourd'hui, en ce 12 janvier 2020 est de créer une installation ou chaque personne peut laisser un part de lui, une pensée pour un de ses disparus... Petit à petit les feuilles se rajouteront aux feuilles et l'installation grandira.

Aujourd'hui je veux rêver que chacun et chacune est non seulement un individu mais aussi un citoyen et que la construction d'un pays se fait ensemble. La charge est trop lourde pour être portée seule.

Se rappeler, apprendre, continuer est notre lot à tous. Le temps passe, l'oubli nous guette, nous accumulons d'autres expériences. Les troubles de notre société ne laissent personne indifférent.

Nous sommes chacun et chacune une partie de quelque chose plus grand que nous.

Pour faire un arbre il faut beaucoup de feuilles, beaucoup de tiges, beaucoup de branches, d'écorces, un tronc est surtout une sève, vivante et vivace qui bouillonne et nourrit les arbres... Ces arbres qui eux-mêmes nourrissent l'air que nous respirons....

Ce que je propose c'est le partage. » Pascal Monnin

 

 

Vue de francophonie : Haïti

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