Bonafos André,
sélection octobre 2015
il se présente à
vous.
textes soumis au comité de lecture
1. L'ARAIGNÉE
L’araignée en
tombant
S’est cassé trois poignets
Et c’est bien embêtant,
Quand on est araignée
Et qu’on prétend régner
Sur son coin de grenier,
Entre le gros madrier
Et la poutre rognée.
« J’ai ma toile à tisser,
Tisser et retisser !
Les souris qui défilent
Me cassent trop de fils,
Sans compter les dégâts
De ces lourdauds de rats !
Même les étourneaux
Déchirent mes travaux !
Avec mes trois poignets
De pauvre handicapée
Je ne peux plus soigner
Mon ouvrage étoilé.
Moustique et moucheron
Cousin et papillon,
Comment vous engluer
Sur ma dentelle usée ?
Visitant le grenier,
L’hirondelle, en passant,
Dégusta sur le champ
La plaintive araignée
Qui aurait dû jeûner,
Prudente et résignée,
Au fond d’un trou cachée,
Et soigner ses poignets.
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2. Le
parapluie
Évidemment
On ne me demande pas mon avis !
Tout simplement
On me met dans un coin et on m’oublie !
Certes, s’il pleut
On vient me chercher dans mon cagibi,
Et tout heureux,
Grand ouvert, je sers de toit et d’abri.
Et la pluie chante !
Que j’aime ça ! Je suis au Paradis.
Elle m’enchante :
Je danse, je danse, je suis ravi...
Cette musique
Flic, flac, floc, flac, floc, des gouttes amies,
C’est magnifique !
Enfin j’existe, enfin je vis je vis !
Mais vient le temps
Bientôt, des ciels bleus où le soleil luit...
Pendant longtemps.
À nouveau, dans le placard, on m’oublie !
Mais c’est la joie
Car tendrement, une ombrelle jolie
S’appuie sur moi....
Et le vieux parasol alors sourit....
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5. Les pleurs
Vous me
demandez pourquoi je pleure,
Voyez, je vous souris, je suis ravi.
Ne me demandez pas, car si je pleure,
Ce n’est pas de malheur, c’est de bonheur
Je me souviens, étant enfant,
D’avoir surpris, un soir d’hiver,
Mon père qui embrassait ma mère
Et puis ma mère lui souriant.
Je me souviens, devenu grand,
D’avoir aimé une bergère
Rencontrée près d’une rivière,
Un pur bonheur d’adolescent.
Je me souviens, étant parent,
D’avoir joué comme un bon père
Et d’avoir ri avec leur mère
Au merveilleux temps des enfants
je me souviens qu’à chaque instant
De la vie et de ses mystères,
J’ai aimé être sur la Terre,
J’ai aimé être bien vivant.
Non, ne demandez pas pourquoi je pleure,
Voyez, je suis ravi, vous souris,
Ne me demandez pas, car si je pleure,
Ce n’est pas de malheur, c’est de bonheur
(En vers et pour tous - 2012 – 172)
** Textes commentés
par le Comité
*** auteur suivant : Catherine Scheers,
dite Jélamie
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