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Lisette Giroux sélection février 2013 

elle se présente à vous

Tristesse
 
La grisaille se traîne les pieds
Les trottoirs suintent
Un monceau de nuages
Menace le ciel
 
 
Un banc de parc écoute les confidences
De l’homme mélancolique
Il pleut des larmes
Dans les rides des feuilles mortes
La pluie charrie ses rêves dans les caniveaux

**


Spirale
 
 
Elle voyage dans ses nerfs
coeur amolli
veines lavées
 
se répand sur la rétine
de son oeil bleui
le sang d’une étoile
 
dans ses os frileux
le noroît danse
une dernière fois
 
agonise sous ses ongles
le murmure d’anciennes
caresses
 
s’infiltre entre les
écailles du silence
son dernier souffle


***


" Où sont tes mains et les mains des caresses
où sont tes yeux les quatre volontés du jour
Toi tout à perdre tu n’es plus là
Pour éblouir la mémoire des nuits. "
Paul Éluard


 Absence
 
 
Rêveries laineuses
Silence de mémoire
Le jour se dépose
Au-dessus Montréal
L’aurore tire ses rideaux
De mousseline rose
 
Mains de désirs
Lignes brisées
Ton corps absent
Chair brûlante
Caresses lunaires
 
 
Mes doigts gouttent de désirs
Je nage dans un océan de miel
Derrière l’oeil
Le goût de toi
 
Roulements de vagues soupirs
Mêlés aux prières des oiseaux
Aux couleurs de la ville


****


ABANDON
 
 
Une pluie fine s’égoutte sur les trottoirs en larmes
Je cherche où m’habiter dans le trouble de la vie
Je veux boire au torrent de mes rêves
Mais ils s’écoulent dans le chaos du vent
 
 
Dans ma tête un train déraille
L’incessant tintamarre martèle mon quotidien
Cueillir la vie en petits paquets de survie
De persistance
Seule sur la route poussiéreuse à pousser
Des soupirs
 
 
J’attends
L’attente
L’attente de l’absolu
Souffrance de l’attente
Gestation de la folie
Marcher sur terre qui roule
Qui roule de misère et de peine
Je suis fleur
Dentelle
Fragile
Privée de soi
Je ne connais rien d’autre de moi
 
 
La mort cloche dans ma tête
Égrènements de notes funèbres
Asphyxie de fleur
Oripeaux de dentelle
La pluie flagelle les roses
Cette nuit ailleurs il fait soleil
Dans ma tête ici
De l’autre côté du jour
Des pensées tubulaires s’empêtrent
 
 
Combien de battements du coeur
Me reste-t-il avant que la mort ne
S’assoit sur mes lourdes paupières
Anesthésie du corps
Ma conscience dérive en ivresse
Chute
 
La mort navigue maintenant
Malgré mon opiniâtreté
Dans mes veines gonflées
D’eau noire
Je meurs
Noyée à petites gouttes
D’alcool


*****


Escalier
 
 
Mon enfance ombrage ma vieillesse
Froids souvenirs
Je rêvais d’une mémoire de lacs bleus
De montagnes vertes
Parfums de conifères
 
Enfance de poupées mortes
Souvenirs suaires
Troués de solitude
Odeur de lait caillé 
 
Indicible brûlure couchée
Entre les rides de mon front
Jadis si lisse, si lisse 
 
Dans mes bras
Un lourd chagrin
Bercé jusqu’au vertige.


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Créé le 1 mars 2002

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