Andreea Maria
Lemnaru,
sélection juin 2015
elle se présente
à vous.
Deux textes ont été retenus
1. FOSSILE
Jadis
l’ombre marchait dans la forêt de pierres
Les gouttes de
rosée sentaient l'ancolie et la mort guettait l’enfant au seuil
du monde
De sa bouche naissaient
des yeux aveugles, ses mains portaient un flambeau éteint
et son pas
résonnait dans le ciel et sur la terre
Que de dieux avaient
péri avec l’arbre de feu
Que de bêtes qui
chantaient dans la plaine endormie
Leur voix s’est
noyée au fond des flots et les fontaines asséchées
pleurent un lit de feuilles
Jadis l’ombre cachait dans
son miroir de pierres
Le reflet de tous les
âges
De toutes les aurores
toutes les nuits et des vies sans visage
Des mémoires dont
le souvenir n’est plus
Et des pluies
antédiluviennes
L'enfant avait
épousé les bêtes
Et l'homme son dernier
horizon
Adam s'abreuvait au puits
des chimères
Avec les rois d'Avallon
Que peut le fils des
enfers face aux foudres
Lui faut-il croire que
l'abime est un prophète ?
Penser que demain n'est
déjà plus ?
Hisser les voiles de la
défaite ?
Rêver au faste de la
guerre et aux paradis déchus ?
Point de sursis au
crépuscule
La langue maternelle s'est
tue
**
2. Le
sang noir
Tout
ce qui a été nommé a été lié
Et tout ce qui a
été lié doit être délié
L'homme posera alors de
ses yeux d'homme - de ses yeux divisés
Un regard inhumain sur le
monde
Un regard anonyme et
apostat
Silence de la raison
raisonnante devant la dernière vision
Tout ce qui a
été nommé a été détruit
Et tout ce qui a
été détruit doit être enfanté
Un cantique sera alors
jeté au visage des logiciens
Leurs yeux s'ouvriront
pour la première fois
Car la bouche de feu parle
une langue apocryphe
Que seules des oreilles
sacrilèges sauront entendre
Que seules les femmes qui
préfèrent le porphyre des volcans aux rubis rutilants
Et les chiens errants -
ces héros orphelins - aux bâtards de race enrubannés
**
Textes commentés
par le Comité
***
Auteur suivant : Maël Gentgen
|