Hélène
Révay sélection décembre 2012
elle se présente
à vous
T
1. (amour)
L’amour s’effiloche
sous les mains du
repentir
quand elles jouent
à produire
Cette musique qui,
aussitôt née
enserre sa propre gorge
Asphyxie en forme de A
vers anonymes
et chansons vieillies
Des siècles,
millénaires
passés
à retenir ne
serait-ce
qu’un souffle
Alors, s’écarter
du monde,
fuir la ville,
ses millions d’yeux,
haleine de vieux rapace
Partir à la mer
Et puis ce baiser pris
et redonné...
Alors, à la
passion
des jours bénis,
conserver
les dernières
lueurs
Car à
présent ça fuit,
devant et derrière
Et sur le parvis
calciné
de nos adorations,
brusquement,
le ciel abdique
|
T 2. (la
route)
J’emprunte
la route qui
rend fou l’horizon
celle qui crève les cieux
Qui renie la terre
qui sculpte les dieux
Je cherche le lieu
qui effraie le vide
L’instant qui s’épanouit
la paume qui se ferme
Dans mon souffle qui s’élance
sur ces chevaux fougueux
Comme un hymne à l’absence
comme le rire des heureux
|
T
3. (silence)
Du
silence
écouter
depuis
la promenade,
feutrés,
les
gémissements,
cargaison
de
mystères.
Mais
pour que le cri,
arraché
au
poumon
ait
ta beauté,
il
faudrait
à
la larme qui
tranche,
une
joue menteuse.
Car
dans la faille
qui
s’épanouit
au
fur et à
mesure
que
grossit le ciel,
sous son regard,
nous trébuchons
|
T 4. (marche)
Où
marcher
ailleurs que dans ce Monde-Aquarelle
Parlement du soleil
où naissent en hâte les amours
Où marcher ailleurs que dans cette ville
accoudée à la frayeur
quand jaillissent ces boyaux de Lune
qui s’évident près du toit
et que, de nouveau, il arrive ...
Où marcher ailleurs qu’au bord des ossuaires
à l’ombre des gardiens
qui raccommodent les fleurs du soupir,
époussètent les manteaux d’argiles
Où marcher ailleurs que dans ses traces
où la voix devient l’interdit
et où le cœur,
époumoné,
rend à la tendresse
son baiser, pétrifié
|
T
5. (sans passé)
I.
Je n’ai pas de
passé
pas de reproches
pas d’inquiétudes
Si le sort m’a
blâmé
si je l’ai
blâmé
et me suis vu dans tant
d’autres
Si j’ai perçu
l’horizon dans son regard,
ce n’était pas
moi,
ce n’était que
mon ombre
Si j’ai perdu le sens
sans jamais le retrouver
mais ai continué,
ai appris
à
aimer
Ce n’était que
mon ombre,
l’ombre de mon cœur
ou son fantôme
ce n’était pas
moi
qui t’attendait sur la
digue
C’était le
silence
au rendez vous
seulement
le silence
Et plus ça fuit,
que tout
empire
alors
tout semble aller,
vers de plus en plus
de vérité
Et déjà,
c’est le fantôme qui surgit
Hébété
et stupide
II.
Je n’ai pas
été à Rome ni à Florence
je n’y ai pas
été
C’est mon ange qui y
était
Quand je vois la nuit
et qu’elle
pénètre,
avoisine l’urgence
Je désire
à l’horizon rendre
la verticale pour mieux
atteindre le ciel
Peut-être ne plus
avoir à vivre
l’instant d’une
illusion,
où, à
peine offert,
le souvenir
s’élargit
Qui ne laisse
nulle place
à l’oubli
confortant
III.
Parce qu’on nous a
pourri les dents
à force de nous
en donner
de tout ça
et qu’il n’y a pas de
gratuité
Qu’on a erré
près des aires d’autoroutes
suspendu dans
l’histoire,
la nôtre
ou nul ne pourra jamais
dire
s’il a
été,
ne serait-ce qu’un temps
Avec les
dernières armes
et les folles ambitions
Juste l’ombre qui me
tient compagnie
elle m’a
épousé et par elle je suis venu
au monde
et y retournerai
immanquablement.
IV.
Oui, sans doute, il y a
le calme
après la
tempête
Sans doute il y a ton
corps
dans le silence
de la chambre
Peut-être il y a
la vie
qui s’épanouit
sur le coin de la fenêtre
sûrement il y a
l’envol
quand la nuit
pénètre
Souvenirs adorables et
détestés
qu’elle s’imagine
pouvoir mourir
dans le creux de son
histoire
d’une humanité
pitoyable
passée à
ramper
à attendre,
attendre
quoi au fait ?
L’immanquable salut qui
ne devrait
pas tarder
Parce que le ciel a des
cases manquantes
et que ça se
dérobe
Et que tout semble fuir
vers de plus en plus
de
ténèbres
Encore quelques secondes
je vais me
réveiller
|
|