Vos textes publiés ici
après soumission au comité de poésie de francopolis.

ACCUEIL  SALON DE LECTURE  -  FRANCO-SEMAILLES  -  CRÉAPHONIE  -  UNE VIE, UN POÈTE

APHORISMES & BILLETS HUMOUR  -  CONTES & CHANSONS LANGUE EN WEB  -   

 LECTURES CHRONIQUES  -  VUES DE FRANCOPHONIE  -  GUEULE DE MOTS  & LES PIEDS DE MOTS  -

 SUIVRE UN AUTEUR  -  PUBLICATIONS SPÉCIALES  - LIENS &TROUVAILLES  -  ANNONCES

 LISTES DES AUTEURS PUBLIÉS & COMMENTAIRES  -  LES FRANCOPOLIS POÈMES DU FORUM  -

 

Mattia Scarpulla, sélection décembre 2012 

il se présente à vous


T. 1 Bar Insomnia

                                    Cluj-Napoca, 28 avril 2012


chiudi gli occhi. la femme arrache mon corps par sa voix du temps

elle dit : chaque mot a sa place de sang, creuse l’orgueil la revanche. chaque mot n’oublie pas, extirpe la langue par une seule unique trace. je suis la trace avec mes doigts arrachant les masques

chiudi gli occhi. des ombres traversent ma chair, la mer rouge des désirs, la rébellion de la chair à la parole

apri gli occhi. cette arrogance, les yeux immenses savent les os enfoncés dans la table la bière modelant la soif de

                    le mot dicte

                         comme pierre

je trace en épelant le

                      tout déjà dit

               apri gli occhi. seul l’orgueil reste


T. 2 Romania    

Cluj-Napoca, 18 mai 2012


un autre instant de solitude éveillée. corps relâchés sur les canapés dans la pénombre. la pluie coupe du monde en excuse. L’acte humide sur la vitre comme le lait comme la chair caille. les bras gesticulent des corps en polémique noirsblancs en exil

on nous dit réveillez-vous. on nous dit habillez-vous. prenez-vous la liberté au-delà de ce corps gonflé prêt à exploser comme une identité étrangère

les corps sur le canapé sont désormais un rêve. dans la chambre de l'étranger deux siècles de solitude

paroles des autres sur ma peau creusée. le temps face à l'ordinateur gifle déchaîné dans les entrailles de l'histoire qui n’aura pas le pardon

le déracinement danse dans le mot qui se révèle dans la solitude.




T. 3 - 3 heures du matin


Cluj-Napoca, 20 mai 2012



3 heures du matin et je suis soif et je suis la recherche d’eau et je suis enfin en fuite réveillé

       les escaliers brûlants je descends vite et la femme de l'accueil raconte toujours et encore la même histoire sur un corps qui explose sur une place sculptée sur mon front   

mes pieds brûlent encore et je finis l'eau et j’en redemande et je suis en fuite réveillé

     la solitude du miroir de l'écrire et je suis          l'attention extrême sur mes mains et

l'attention extrême de la femme sur ses mains et    

la femme brûle et raconte que je cours et je brûle et la femme me court après avec toutes ses mains pleines de bouteilles de siècles de mots



T. 4  la tête dans le sentiment


Cluj-Napoca, 3 juillet 2012 
   

la tête dans le sentiment les pieds réveillent en sueur
la tête dans le sentiment les pieds s’aèrent engourdis
l’œil dans le sentiment les pieds s’aèrent en
l’œil par le sentiment les mains se tendent comme air
l’œil par l’air les mains attrapent calmement en

la mer pétillante son corps défie le calme du mouvement
le corps en cri pétillant comme la mer s’asperge transparente
le corps en cri est la mer le mouvement le reflet
le corps dans le cri la mer résonne les écumes

le corps dans le cri la mer transpire la recherche

le corps a chaque muscle calmement en mouvement
la mer a chaque muscle calmement en cri
le mouvement a les muscles et les os en lutte dans le vent
le reflet hallucine mêle les os les muscles résiste le mouvement de la tête dans le sentiment





T.5  que ton corps explose


Sighişoara, fin mai 2012 


que ton corps explose

que tu te souviennes de l’explosion

et que je veuille oublier avant de savoir encore

 

je me réveille encore

l'âge n'a pas effacé

peux-tu vivre sans mémoire ?

 

que la lettre soit le corps

que toute ta lettre trace des aventures inouïes

que toute ta lettre soit une géographie éternelle

mais que le corps explose avant et après la lettre

et encore ta caresse

 

à l’instant je me rappelle réveillé effrayé par le souvenir de l’amour

je cours loin de la lettre

peux-tu vivre sans mémoire ?

 

que ton corps explose

que la lettre ait dix ans encore

que la lettre ait dix enfants

que la lettre arrête d’arracher cette peau fatiguée 

que la lettre arrête d’arracher la distance entre ton mon corps

que mon corps explose avant de lire la lettre

 

que la lettre explose

avant et après que le corps s’arrache la mémoire

que le corps s’arrache le corps

et que la lettre se taise

et que la lettre taise toute cette résistance au sentiment

 

je me rappelle trop

les souvenirs reviennent comme au marché

pourrions-nous vivre sans aimer encore ?

comme une cacophonie de questions d’une dernière vente adolescente

il faut s’aimer prends-moi vite soit du vent d’amour de salive puis vas dans ta chambre

 

que ton corps explose

que je me réveille encore

que l'âge ait effacé

parce que si tu m’aimes alors ton corps ne doit pas exploser encore si loin

 

si je me lève la lettre est lue

si la lettre parle alors je crie

si je crie alors tu existes

comme une lettre âgée

alors le monde est immense

que je ne veuille pas de cet amour

que ta mort n’existe que pour les autres

que la décortication ne m’arrache plus de cris de possession

 

si je cours comme tu le traces dans ma peau alors je viens t’enterrer

 

alors que le corps explose

écho d’une mémoire qui s’efface

je te jure     et que ta mort soit un rêve encore

que la mémoire explose et que je dorme

 

comme une lettre âgée comme une mémoire rabougrie je reviens au sommeil

 

et tu te rappelles encore?

 



+ commentaires sur l'ensemble des textes de Mattia Scarpulla

Présentation du prochain participant :  Adrien Grandamy

Créé le 1 mars 2002

A visionner avec Internet Explorer