Vous y trouverez des poètes, des nouvellistes et
romanciers, des auteurs de pièces de théatre, hommes et
femmes, connus et inconnus, venus des cinq continents. Vous pouvez,
vous aussi, en faire partie en nous proposant un texte.
Présentation de la fournée de
février 2009
Comme il est difficile, chers lecteurs, de
vous présenter ce numéro de février ! Certes, un
invincible printemps frémit déjà sous la peau
délicate des bourgeons… Mais, précisément, comment
ne pas penser aux poètes récemment disparus dont il ne
nous reste plus que les mots de musique ou de révolte ? REMI
ARNAUD est de ceux-là, et il a fallu aller chercher dans ses
propres mots le courage d'écrire pour lui rendre hommage et
celui de relire ses poèmes pour vous en donner à
redécouvrir la chair de vie et la musique sensible.
tu poses sur la table le
pain
le vin paisible
la rose choisie au petit
jour avec les prunes bleues
sur les mains coule l'eau de
la source
chacun prend sa place pour
la célébration
il n'y a pas encore
d'étoiles dans la nuit
les amis nous quittent
parlant d'abeilles et de clairières
nous les guidons au bord de
l'eau avec nos lampes calmes
les jours s'éloignent
comme la barque du voyage
l'eau du soir garde les
visages
comme la rivière ils
ne vieilliront pas
in
Une vie plus nombreuse, Rémi Arnaud
"A bientôt donc"…
Rémi…
* Rémi
nous parle :
* Ses
amis poètes, Frédéric Lattarsa, Stephan Bonnet,
Nicolas Treiber, Laurent P-C et Laurent Augier lui parlent
:
*****
Un début d'année trop gris
nous a momentanément privés de la collaboration de
certains membres de Francopolis, en dépit de leur désir
toujours vif de participation. Mais -serait-ce un effet de l'approche
de la Saint-Valentin ?- le temps a fait son œuvre,
atténué le gris.
Nous avons aujourd'hui le
plaisir de vous présenter cinq auteurs, nouveaux venus chez
nous, voire dans le monde de l'édition, dont le genre, le style
et les enjeux sont très différents :
Laurent CHAINEUX, Vincent
DEYVEAUX, Mathieu BLOND, André CHENET, et Vincent BOUTAL.
Leur originalité a
retenu notre attention. Prenez votre temps pour une bonne
découverte et n'oubliez pas de leur faire part de vos
impressions de lecture.
Vous pourrez ensuite
retrouver, au Salon de lecture, André
Filosa, fidèle, qui vous offre quelques-uns de ses
poèmes, et glaner quelque autre plaisir au fil de nos diverses
rubriques.
*****
Un sourire pour cette aube du
printemps ? Un sourire pour la vie ? Voici ! :
"fraise et chocolat
le goût du premier baiser
ça ne fond jamais"
Clochelune
*******
Notre premier auteur, VINCENT DEYVEAUX, un nouveau venu parmi nous,
nous écrit de Russie où il travaille actuellement dans le
milieu cinématographique. Il a été largement
apprécié par Jean Marc, Liette, Cécile et Ali et
les commentaires ne manquent par pour souligner l'originalité de
ses poèmes. Il nous donne à lire : Sauna, Le
Contre-Coup, Goya-Kim, La cuisine, Le résultat…
Du premier poème, Sauna, Liette a "aimé
les évocations : "on frappe une peau de bouquin", "le
téléphone écrit le son"… On voit, me semble-il, la musique qui s'écrit
et se rythme en nous amenant des images originales. J'aime ce texte, on
pourrait en faire une chanson "
Pour Le contre-coup, elle commente ces extraits:
- "les doigts interrogent
la seconde suivante
oublient les mains
les murs deviennent remarquables"
et
"le scaphandre réapparut
dans un lieu hostile
je me suis raccroché, naïf
à une lettre
et j'ai remonté à la surface sale"
"le style est elliptique et plein de
glissement : plusieurs tiroirs en ce poème; on dirait une
chanson, puis un poème, puis une prose poétique digne de
l'Oulipo et des" cadavres exquis"
il y a un certain surréalisme et des images très
intéressantes : c'est original!"
Ali , dans le même esprit, commente de façon
générale :" …oui, j’aime lire et
relire Sauna,Le Contre-coup, Goya-Kim,ils sont bien ancrés dans
ce rythme anodin enrichi d’images surréelles bizarroïdes,
non dénuées de sens, tramées à partir des
choses des objets et des êtres qui nous entourent." et
cite :
"L'H aspiré retourne à l'air
Une guitare entoure un feu
L'acide longe l'annulaire
Des gens remuent dans les cheveux"
Le second, Le contrecoup
La cuisine, Le Résultat : deux beaux courts actes,
arrachés d'un tout inachevé ! On dirait par la
disposition des vers qu'il s'agit de deux petites scènes
à double ou à triple voix."
Cécile, souligne cette originalité dans les quatre
derniers poèmes. : "Oui à cet
auteur sauf pour Sauna que je trouve moins original que les autres
(j’aime moins ce qui s’écrit en rimes, mais c’est personnel).
Par contre oui pour Le contre-coup et Goya-Kim :, belle recherche avec
des images qui frappent, un ton que je trouve juste, et surtout la fin
est vraiment belle. « au coin de l’œil, des plis / retiennent les
jours où on a souri ».. Nous ne sommes pas dans la
banalité, il y a vraiment une recherche.
La cuisine et Le Résultat…: forme sympathique, à lire de
tous côtés. Et il y a toujours à côté
de ce qui paraît anodin, quelque chose qui va plus loin."
Un bémol toutefois : cette originalité, dans certains
poèmes, peut faire obstacle à la compréhension.
C'est ainsi que Liette a trouvé Goya-KLM trop obscur, et n'a pas
apprécié La Cuisine ni Le Résultat : " même si je sens l'originalité, je ne
vois pas de fond, je "n'accroche pas" : trop original pour moi! Je sens
trop de procédés stylistiques : bref... ça ne
passe pas !"
Et Kélig, lui, avoue que "malgré
quelques passages qui [lui]ont plu, quelques vers plutôt, pour
[lui] c'est non, [il n'a] pas suffisamment "accroché" à
cette écriture trop absconse selon [lui]."
*******
LAURENT CHAINEUX, alias LORAN, encore un nouveau venu chez Francopolis,
est notre deuxième auteur retenu. Il exerce un métier
difficile et sympathique dont sa biographie nous fait partager un
éprouvant moment. ( lien vers sa bio ici sinon supprimer la
phrase précédente) Il nous offre deux poèmes : Fariboles et Trop d'elle, pas assez de racines.
Cécile a noté dans les deux "Un certain souffle"… "toujours ce souffle".
Pour elle, "l’écriture se tient bien" et
elle "apprécie les prises en main de
certain mots : dégravite, smoke, s’emparfume…"
Ali jette un regard favorable sur "ce
léger soliloque empreint d'amour, de souffrance et de
liberté".
Liette, comme Jean-Marc, donne un "oui global" et
précise : " J'aime
énormément ces proses poétiques avec "dis quand
reviendras-tu?" On dirait barbara qui s'échappe des souvenirs,
on sent un enfermement, une frontière trop mince entre dedans et
dehors, des mots qui sonnent et vont s'enfiler les uns avec les autres
dans un style dansant un grand galop poétique du dedans qui me
plaît infiniment..."
…et Kel, reconnaît qu'il y a "certains
passages prometteurs", même s'il ne va pas jusqu'au "oui.
" Regarde mes grands arbres
d'ordinaire irrévérencieux se plier jusqu'à terre
à l'annonce de sa venue...
J'attends ce chaos sublime d'un temps qui se voulait perdu dans l'oeil
de jade de mes chats abyssins.
C'est demain que ton fantôme prend corps et que le mien exulte
aux vétustes caveaux...
Je me berce aux muets murmures de nos doigts enchevêtrés
enfin, depuis tant de lustres…",
"Mais quelle heure est elle ? Quel
temps fait il ? La nature est belle et j'aime être entouré
comme un enfant placard enfin libre. Je troque ma liberté
psychotique, sur la pointe des pieds, le regard facétieux et
l'âme désinvolte qui de nouveau se
désélectrise et s'épuise de l'Autre..."
*******
Notre troisième auteur n’est pas un inconnu pour
certains lecteurs. En effet, ils connaissent peut-être
déjà le site de MATHIEU BLOND, AXOLOATL, auquel il confie
à la fois ses poèmes et ses Libellules. La lecture de
celles-ci, permet de mieux comprendre en profondeur ces textes dont les
enjeux ne touchent pas seulement à la poésie. Vous
pourrez lire une introduction à ce recueil en perpétuel
remaniement. Notre équipe, à l’exception de JML qui a
trouvé les "procédés
vraiment trop faciles", a réservé un bon
accueil au poème Promise
et et aux extraits
de LA PRIERE, recueil en cours de parution.
Cécile s’exclame dès le premier texte : "un grand oui ! j’aime beaucoup cette langue qui se
bouscule, cette syntaxe heurtée", et, devant les
extraits de LA PRIERE :" un grand oui aussi !
j’aime vraiment beaucoup, suis emballée ! j’aime vraiment cette
langue, ce travail de la langue et ces petites strophes qui
transportent."
Liette insiste sur le "procédé
encore original d'une écriture à ellipse. Les mots
apparaissent,
disparaissent, et c'est au lecteur de renouer le fil qui se
dévide en tout sens mais sur un fond et un champ poétique
que l'on suit"... Elle apprécie aussi "l'originalité qui se déploie dans ces
tercets qui déroulent un peu le premier poème et nous
montrent le jeu stylistique de l'auteur. Tout cela se suit et on en
mangerait bien d'autres! plein de qualités ici..".
Ali aime, de promise, " les mots en parfaite
imbrication pour dire joyeusement l’amer du fond", et, de LA PRIERE, il
ressent "entre les lignes l’ironie folle de ces courts poèmes
qui persistent à conjuguer l’inconjugable ".
Kel , s'il n'a pas retenu Promise, a apprécié de LA
PRIERE "souvent de belles images,
fécondes, sensuelles, à l'envers de décors. Une
brise fraîche semble souffler à l'intérieur de ces
petites strophailles"
"Ancien lavoir.
Les libellules
me fièvre claire
Les jeunes filles
de rire prune.
Noces de vent."
*******
"Honte au penseur qui se mutile
Et s'en va chanteur inutile
Par la porte de la Cité"
V.Hugo
Le quatrième auteur, ANDRE CHENET, était
déjà connu de certains d'entre nous, au travers de ses
publications sur divers sites web et sur son blog
"détourné" : DANGER POESIE où voisinent Tristan Cabral,
Mahmoud Darwich, André Laude, Birago Diop, Jean Revol…pour ne
citer qu'eux.
Il nous donne à lire aujourd'hui 6 poèmes : Encre du cri , Souviens-toi,
Je n'ai que l'épervier …, Il y a l'école buissonnière …,
Rendre les armes, et Anonymat.
Si Cécile et Liette lui ont fait un accueil
réservé, lui reprochant "un manque
'originalité" (sauf textes 3 et 6) qui donne "une impression de
déjà lu", Ali,
Jean- Marc et Kelig disent "Oui" à tous les textes :
Ali aime ces "textes au charme
multiple, pétris dans l'élan d'une voix passionnée
rebelle et guerrière, criant inlassablement fort l'intacte
révolte du poète et son amour absolu de la liberté
et du bien-être."
et Kélig : "j' aime l'esprit
de ces poèmes, la révolte intérieure qu'on y sent
sourdre. Paroles sans ambages, sans trafic, ancrées dans la
réalité présente, plus un "quelque chose" de
poésie. Une poésie -que je trouve- pleine de ressources,
profondément « engagée ». M'a beaucoup plu de
lire ces poèmes."
" Rédiger la nuit
des tracts somptueux de désir
écriture ivre d’évidences
livrer à la pierre bannie
la parole éclair
qui blesse
et soulève
des vies entières
sur ses frontières de sable gris
labourées d’aubes violettes"
*******
Le dernier auteur retenu est VINCENT BOUTAL qui nous a fait
découvrir un double talent de poète et de nouvelliste
avec sa nouvelle poétique "94",
chaleureusement accueillie. Il a déjà été
publié sur d'autres sites ou blogs, notamment sur Ecrits-Vains.
Kel apprécie beaucoup la forme choisie par l'auteur : "Oui ! Entre
nouvelle et poème, l'auteur n'a
pas choisi. Qu'importe, et même tant mieux ! Il a à dire,
il a à écrire, et il a bien raison de s'y être
lancé. De sombres éclairs jalonnent cette
logorrhée écrite à l'« encre du cri ».
A l'image de nos temps nouveaux en déliquescence qui partent
à vau-l'eau, hélas, quelque
part… Je relis ses derniers mots :
Et demain
Lune éventrée aux poteaux EDF
Pantelante montre molle
Mélangée aux oxydes de carbone
Du sein dégueulant un lait tourné
Fiévreux
Pareille à ce siècle que la rage étourdit "
Cécile, de même : "Un grand oui
pour ce texte dont j’ai apprécié la tenue ! il montre de
manière intéressante une certaine sauvagerie sociale.
J’apprécie aussi la structure du texte, vraiment très
intéressante, il y a du rythme."
JMLsouligne : "
Extrêmement
intéressant. Beaucoup de souffle."
Liette : "oui : original,
diversité des styles, extraits fleuves mais ça se lit
bien et l'on aimerait même le suivre encore et tout lire !
"
… et Ali, même s'il n'a pas trouvé là
son style préféré - car "A
l’exception des passages poétiques et de quelques paragraphes,
l’histoire [lui] semble anodine et mal cousue !" -accorde tout de
même "un petit oui" !