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Dans notre Salon de lecture, honneur ce mois-ci à Triplex Nomine.

  
"Bleu sous la peau"
Laurence de Sainte-Maréville

Présentation des textes
de la SÉLECTION
DE
JUIN 2005

n*27

Par  Cécile Guivarch



Francopolis : sélection de juin 2005



Juin. Les valises se préparent. Les regards se posent déjà sur d'autres espaces et comme pour fêter l'été, neuf auteurs vous emmènent en voyage, dont six rejoignent pour la première fois notre bibliothèque. Un voyage au cœur des questionnements, des états d'âme avec des textes, pour la plupart, s'intéressant aux questions existentielles et la quête de l'homme dans l'espace.

Pourquoi, m'interrogeant, les vagues

me renvoient-elles mes questions ?

Pablo Neruda, le livre des questions



Daniel Brochard ouvre la marche avec À l'éternité. Depuis ses fenêtres, il pose un regard sur le monde, « les alentours de la gare sont déserts » et dans l'« éternité de nuit et de douceur », il nous entraîne en forêt ou à des kilomètres sur le trottoir, « il fait jour de l'autre côté de la terre », si ce n'est déjà le retour, « les manifestations de l'inconscient » De la description du monde, aux questions complexes sur la raison d'être dans le monde et dans le temps : «Tout ne se résume-t-il pas à connaître les choses ?»
« Un texte d'observation, d'errance, je dirais même une photographie de lieux. On se tient là silencieusement… et on entre dans cet univers » (Gertrude Millaire)
« Une écriture simple et prenante » (Jean-Marc La Frenière)
« De très belles choses dans ce poème en plusieurs notes, en plusieurs paysages, comme des fenêtres qui se font écho, des nuages changeant et reviennent vers un point de rêve, de vie... » (Juliette Schweisguth)

Le deuxième texte de Daniel Brochard, Poésie, porte réflexion. Il nous fait entrer dans un monologue qui comme le souligne Yves Heurté est « une vue angoissée sur une vie angoissante et tout y passe : mélancolie, amour, tristesse, peur, puis encore les trains. »

On peut en sortir « démuni », en « tapis de lambeaux » ou en « bouquet de roses au parfum de lavande ».

« Texte très étrange, comme écrit d'un trait, comme un rêve hypnotique, une réalité qui nous encercle, comme un fou d'univers, une écriture un peu folle qui court et tourne en rond pour dire la folie de l'humain... » (Juliette Schweisguth)
« Quelle force ! Même si bien entendu c'est très pessimiste » (Hélène Soris)

Avec Sous la tempête, Daniel Brochard laisse aller les mots de la vie vers la mort, comme un fleuve. Avec « lucidité » comme le remarque Hélène Soris qui est sensible à ces mots :

Ma vie m'a échappé un matin telle une larme fantomatique […].
Je lui ai donné le chat qui miaule
- pour qu'elle me ressemble et m'adore. […]
Alors elle est partie

« J'aime ce mouvement de la vie et de la mort, ces fusions d'univers, cette vie qui va, cherche son continent... où la mort serait comme une naissance, une autre terre... ». (Juliette Schweisguth)

***

En réponse à Daniel Brochard, nous avons le plaisir d'accueillir deux textes d'Emeric de Monteynard, extraits des recueils Dans ce tremblé des dires et Toucher les doigts du sourcier, parus aux éditions Eclats d'encre. Un premier poème Faille dans lequel, sous l'économie des mots se cachent des choses profondes, à moins que ce soit « l'horizon qui traverse ». La chute retient l'attention, atteint comme une flèche, si ce n'est « mon corps en dérive ». Pourtant Hélène Soris confie : « j'aime bien cette note d'espoir ».

Avec La houle, on reconnaît le style propre à Emeric de Monteynard et comme le dit Hélène Soris :
« Cet auteur utilise les blancs parce qu'il nous questionne ou nous invite dans sa recherche » ou encore : « La poésie aide-t-elle à se remettre en question et se reconstruire ? ».
Et Yves Heurté ajoute : « Il semble que Rimbaud soit passé par là en bateau ivre, comme "la houle est passée par là, qu'on mêle au silence"


***

Au commencement… Il y avait le feu, l'air, la terre et l'eau.
Puis, il y eut le poète.

Tels sont les premiers mots de Christine Doucet dans un premier texte. Une belle entrée en matière, n'est-ce pas ?

« Une façon assez originale de refaire le monde, l'univers, la création du poète donne à ce texte un petit air sérieux sur un bémol humoristique. » (Gertrude Millaire)
« L'auteur annonce le poème comme une post genèse de la bible, et il ne démérite pas. C'était pourtant un terrain redoutable où l'on risque à chaque tournant le pathos, la redondance, voire même le ridicule. » (Yves Heurté)
« Il me manque le risque du créateur, un funambule sur un fil, sauf si ce fil est l'horizon, parler du poète ne peut que laisser des soupçons (j'aime bien les "dernières paroles" du poètes de Daumal) » (Philippe Vallet)

« Ciel et terre s'unissent » dans le deuxième texte de Christine Doucet et c'est « la lune qui voudrait gommer le noir » dans ce poème où il est question de silence et de mort, l'auteur donne à voir de belles images et nous laisse sur des mots qui laissent des traces.
« Le texte prend des courbures de silence » (Gertrude Millaire)
« Et si le temps se tait ? Quelles promesses pourra le jour ? » (Philippe Vallet)

« Le vent a des mains
qui voudraient boire le temps »

Ouvre le troisième texte de Christine Doucet. Avec une nouvelle fois, une écriture maîtrisée, des images et des mots qui laissent pensifs. C'est aussi le sentiment de Gertrude Millaire : « Les textes sont courts, simples mais les images restent ancrées et nous habitent. »

« J'aime bien cette façon d'humaniser ; de faire vivre les éléments. » (Hélène Soris)
« Le genre "parabole", un texte qui me fascine, une sorte de méditation, d'abandon aux éléments... une présence, une conscience de l'univers ». (Gertrude Millaire)

Puis un quatrième texte qui porte, souffle en nous des rumeurs de la terre, un bruissement de silence.
"le vent tiède attend plein de la poussière des moissons" des images qui semblent légères mais qui ont tout un poids. (Gertrude Millaire)

Juliette Schweisguth conclue sur les quatre textes : « univers où les éléments foisonnent, monde de synesthésies et les contraires se retrouvent, s'emmêlent pour donner du souffle au monde, aux mots... »


***

Serge Marlot Donne le pain à l'absence, un poème où silence, mensonge, sur ombre de souvenirs portent la croix de l'amour. Avec recherche de style et d'originalité, l'auteur débrouille les peines de l'absence et finit finalement sur une note d'espoir :

A graver le signe d'espérance
La promesse d'un baiser

« Je sens bien une profonde douleur » (Gertrude Millaire)

« J'y sens un rythme, une passion, quelque chose soulève mon coeur… » (Juliette Schweisguth)

Puis Serge Marlot poursuit son voyage sur les images jusqu'à nous donner la sensation d'être en bord de mer à respirer « la saine odeur de l'iode » avec son texte Marine.

Helène Soris ne résiste pas à nous dévoiler sa sensation : « Très belles images on rêve sur la plage. Je me sens de venir coquillage »
Gertrude Millaire quant à elle est fascinée : « fascinant cette façon d'écrire, de prendre l'image des coquillages… dans sa réflexion de l'absurde »
Juliette Schweisguth adore, tout simplement : « j'adore cette marine, son rythme, ses images cette "faïence de lumière" ces coquillages ramassés à la cuiller et ce rythme ici "sont-ils mieux qui finiront las dans la laisse de la marée basse" comme si le mouvement de la mer était traduit ce poème traduit la mer, son mouvement, son chant, ses rêves le songe de la mer vit dans l'encre du poème... »

Avec Chose vue, Serge Marlot nous étonne par son jeu de sonorités et continue de nous régaler par ses images. Hélène Soris remarque : « "Flux flot flasque flottant.flagelle" qui me laisse entendre le bruit des flots
"Epouvantables épouvantails/Un nœud d'anguilles se défait"
J'aime aussi beaucoup ce passage. Evocation d'une séparation causée par la peur. »

Avec Poésie Réalité, Serge Marlot met l'accent sur les petits détails du quotidien :

L'eau goutte à goutte plonge
Dans la profondeur de l'évier
Où soupirent
Les porcelaines sales du soir

Comme le souligne Hélène Soris : « C'est un tel bonheur d'observer la vie simple, cet auteur nous le rappelle »
Il nous invite à entrer dans ce monde, c'est d'ailleurs ce que fait Yves Heurté : « je peux entrer dans cet univers enfantin bien évoqué »

Avec un regard d'enfant, il nous donne l'impression que le rêve se brise au petit matin. « Ce mélange entre réalité et rêve, cette douleur et douceur que l'on sent poindre » (Juliette Schweisguth)


***

Louise Labrecque offre Trou noir, un texte empreint de souffles où les mots mènent la cadence sur un thème difficile, la mort. « Des répétitions qui traduisent trouble et émotion et rythment le texte » selon Hélène Soris.

Et je sens frémir tout mon être
Vagues qui roulent vers moi
Et cachent ma peine
C'est la mer
Qui se démène
noire

« On y est presque… et tout devient noir. L'auteur manipule bien son émotion » commente Gertrude Millaire.

Et pourtant, Juliette Schweisguth le voit d'un autre regard : « comme les couleurs rencontrées, même noires elles portent pourtant comme un phare, un soleil dans ce ventre brûlant, ne pas brûler cette vie, cet appel amoureux... »

Avec Hurlante Nova, Louise Labrecque ne craint pas les mots, ils sont comme un « fauve qui sort de sa cage ». « D'une seule histoire d'amitié qui évolue », « effondrement du moi » et « le corps coupé en morceaux » c'est une manière de « questionner le temps, prendre le temps et écrire d'autres solutions » (Philippe Vallet)


***

« Je marche, je marche depuis si longtemps. Depuis combien de temps ? »
Ainsi commence Labyrinthe, une nouvelle de Jean-Claude Renault qui nous emmène dans « un voyage dans l'imaginaire qui se termine dans un réel invivable » (Hélène Soris) Un texte vertigineux où l'on devient prisonnier de l'espace, du néant.

« D'un rideau rouge nu sur une scène où la vie vous tient ferme entre deux représentations » commente Philippe Vallet

A quoi bon soulever encore un de ces rideaux ? La première fois que je l'ai fait, j'ai cru devenir fou. Rien ! Le tissu s'est ouvert sur du vide.

Juliette Schweisguth ajoute : « très belle écriture, poétique, hypnotique et labyrinthique qui pourtant ne se perd pas en chemin »


***

Avec Gilles Bizien, Jean-Marc La Frenière pense « Ici on est vraiment dans la poésie ». Et Gertrude Millaire ajoute : « Des textes courts, légers mais lumineux ». Dans Sphère des yeux, c'est sous un fond de promesses et de caresse que Gilles Bizien « empreinte le sable, lumineux comme une émeraude ». Cet auteur travaille à rendre ses poèmes visuels et Juliette Schweisguth souligne : « je trouve ces points visuels réussis, retraçant l'écume et son silence, comme des notes, des points lumineux de silence »

Suit un poème sans titre, avec « l'acquiescement solaire » on plonge dans la rivière ou dans les racines de sang avec un cri qui « n'est plus le cri ».
Gertrude Millaire est touchée : « Une poésie bien différente, plus hermétique, intellectuelle…mais pleine de vie, d'émotion d'âme. »

ce n'est plus le cri
qui coule de cette invraisemblance bleue
                                        ce n'est plus le cri
aux innombrables coutures

Juliette Schweisguth est également émue par ce passage et révèle sa sensation : « j'aime ce tremblement du poème »

Dans le troisième texte sans titre de Gilles Bizien, on ne peut ne pas noter la recherche sur la forme, la ponctuation et la syntaxe qui caractérise le poème. Le choix des images est précis. Gertrude Millaire semble fascinée : « la force des images, les mots bien choisis et d'une intensité vive… Cet auteur est fascinant par sa qualité d'écriture, sa recherche et son travail qui nous donne l'image, la lumière en peu de mot. »


***

On est toujours de quelque part annonce Patricia Romanet. Sa prose poétique se poursuit avec la quête de soi dans l'espace et le temps, parce que « tout bouge tout le temps » et que « là haut tout est si loin » mais que « peut-on contre l'évasion de cet instant »

Philippe Vallet commente : « on est quelque part et toujours revient le sable et nos traces » et Juliette Schweisguth ajoute « il y une vraie beauté, un souffle qui parcourt la prose et l'enflamme vers le poème »

La lune est morte et on dirait que tout le ciel va naître, annonce Patricia Romanet avec son deuxième texte. Un texte « riche d'expressions et d'émotions » comme le remarque Gertrude Millaire qui ajoute : « Une très belle écriture, fluide, pleine et ronde comme une nuit pleine lune ». Un texte métaphorique où l'on ressent une certaine blessure existentielle.

Elle aurait pu réciter dans un souffle la géographie veineuse de cette terre-là, ses blessures pourpres aux sillons de larmes de boue.


***

Reprenez votre souffle avant de lire Noir de Jorge Etcheverry, poète chilien dont les œuvres ont été publiées dans son pays natal, et aussi au Mexique, aux États-Unis, à Cuba, en Espagne et au Canada, où il a élu domicile. Juliette Schweisguth aime « le rythme de ces phrases si longues comme des pointes de fuite mais qui retracent la vitesse du train »

Dans Poissons, Jorge Etcheverry déballe son jeu de métaphores « qui construisent et donnent corps et rêve à ce texte belle tenue de l'écrit j'ai un peu de mal avec ce style mais je le sens très bien travaillé, je sens qu'une écriture vibre vraiment, et un univers... » (Juliette Schweisguth)

Et avec D'en haut, du dedans, Jorge Etcheverry nous amène dans le ventre d'oiseaux métalliques, comme une invitation au voyage. Cela tombe bien, c'est bientôt l'été !


***

Mais nous n'allons pas nous quitter comme cela et avant de nous retrouver en septembre, nous vous invitons dans notre salon, pour prendre une tasse de thé avec Triplex Nomine, notre invité ce mois qui nous offre La naissance des oiseaux, suivi d'un poème pliable. Une poésie maîtrisée et rythmée, comme une découverte, comme une invitation au plaisir « ailes déployées »

*

juin 2005
Cécile Guivarch
pour le comité de Francopolis


 

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Créé le 1 mars 2002