Le Salon de lecture

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Pierre Cadieu

quelques haïkus inédits

                                                 


Avions cloués au sol
dans le ciel
un mariage d’oiseaux.

    *
        
Senteurs du jardin
thym, trèfle, rose, lavande
laquelle choisir ?

    *

Près du bain d’oiseaux
petits attendent leur tour
gros passent avant.

    *

Trop chaud, trop trop chaud
c’est un vrai bain de vapeur
on sue et on ressue !

    *

Dans la nuit d'été
comme des miettes d'étoiles
mille mouches à feu.



Plus aucune feuille
à travers les branches, on voit
ça et là, les nids.

    *

Imprévisible
cet été des indiens
sors les mocassins !

    *

Dur sentier d’automne
craquements d’herbe glacée
sous mes pieds gelés.   

    *

M’exauceras-tu
immuable statue
au cœur de pierre ?

    *

Menaces terroristes
guerres, massacres, tortures
harcèlements à l’école.


Flocon de neige
amas de cristaux transparents
d’où naît la blancheur.

     *

Pur cadeau du froid
bord en bord de la rivière
un pont de glace.

     *

Valse des flocons
oups! sur le bout de mon nez
y’en a un qui fond.

     *

Personne n’approche
sous peine d’être poursuivi
gare ! nid d’hirondelles.

     *

Pas mis mon chapeau
n’attache plus mon manteau
j’hâte le printemps !


quelques poèmes

  BONHEURS

D’abord un arbre
Et l’eau
Puis les vents
Et la lumière qui coule du ciel
Bonheur

Quelques billots
Des lanières d’écorce
Un radeau qui glisse
Sur les fossés gonflés d’eau
Bonheur

La barre rouge du jour
Un petit matin vaporeux
La route qui s’ouvre
Et toi qui m’attends
Bonheur

Ton sourire lilas
Sous la lune rousse
Qui dit peut-être
Et oui à l’équinoxe
Bonheur, bonheur

Trop longtemps interdit
L’espoir éclate au grand jour
Tout redevient possible
Même un peu de répit
Bonheur

De longs voyages intérieurs
En bonne compagnie
Entre les fleurs
De tout coeur
Bonheur

L’été a donné son miel
L’automne ses couleurs
L’hiver son silence
Et déjà le printemps recommence
Bonheur, bonheur
Bonheur
Pourquoi pas
Quelques petits bonheurs
Qui scintillent
Dans la nuit du malheur !

*********


ATTENTE

Dans la maison vide, ma mémoire déboule,
Nos rêves, nos souvenirs sous la table roulent.
Murs, plafonds et fenêtres crient ton absence,
Tes anciens gestes, tes mots collent au silence.
Les jours se suivent et sont pareils,
Une très haute clôture entoure le soleil
Et bloque la lumière est, nord, ouest et sud,
Quartier général de la solitude.

   Et la longueur de ton absence,
   Ce n'est plus l'jour ou la semaine,
   C'est maintenant comme une immense
   Rivière gelée qui coule à peine.

Le temps passe et repasse, il traîne, s'égrène.
La vieille ardoise se remplit de poèmes,
C'est toujours la même longue lettre que j't'écris,
Sans adresse va nulle part. Une lettre ci-gît.
Toi encore toi, partout c'est toi un peu.
Là-bas, dans quelque montagne, massif bleu,
Dans la lueur du soir, c'est toi, immense,  
Couchée, le bras indolent sur la hanche.

   Mais la longueur de ton absence,
   Ce n'est plus l'jour ou la semaine,
   C'est maintenant comme une immense
   Rivière gelée qui coule à peine.

À un oiseau, j'annonce  nos fiançailles.
J'ai dressé‚ la table de nos épousailles.
Ce jour, nous boirons un vin sauvage, déjà
Chanterons tout haut, c’que nous rêvions tout bas.

   Mais la longueur de ton absence,
   Ce n'est plus l'jour ou la semaine,
   C'est maintenant comme une immense
   Rivière gelée qui coule à peine.


********


IMMORTELLE BABEL

Une rivière de chars coule vers Babel, Babel, Babel
Ils viennent et vont nulle part
Toute est une joke, une vraie farce à Babel
Les humoristes sont partout. Le père, le fils, le sans esprit
La médecine à toute vitesse remplace la médecine à deux vitesses
La médiocrité est érigée en système et enchâssée dans la Constitution
Dorénavant, seul les poteaux de téléphone pourront garder la tête haute
À Babel, à Babel, à Babel

Le produit national brut remplace la religion
Les fidèles consommateurs vont au Centre d’achat
Tous les dimanches exercer leur pouvoir d’achat
Au cœur de l’industriel, célébrer l’artificiel et le superficiel
In Money we trust, il faut consommer à n’importe quel prix
Sous peine d’être exclus et d’attendre son panier de Noël
À Babel, à Babel, à Babel

Tout est à vendre : sexe, vérités et mensonges
Le puritanisme engendre la pornographie
Le MacDo-sex  remplace l’éclat de ton rire
Enfermée dans son isoloir, dans son tiroir
Une danseuse en pièces détachées
Traite le désespoir à la queue leu leu
À Babel, à Babel, à Babel

À l’ombre de l’immense tour
Dans les champs à perte de vue
S’alignent les rangs de bungalows
Ternes et tous pareils
L’illusoire et le réel s’y confondent
Où qu’on aille, c’est toujours Babel
Inlassablement, toutes les routes mènent
À Babel, à Babel, à Babel

Soir et matin on reprend le chemin de
Babel, Babel,  Babel
Où l’on  fabrique des bébelles prêtes-à-jeter
Où l’on fabrique sa mort en série
Les oiseaux ne volent plus
Et les gros poissons prennent l’avion
À chaque jour, on parle de nouvelles langues
On change aussi le sens des mots à Babel
Technologies, manipulations génétiques
Encore de nouveaux mots pour la bonne vieille cupidité humaine
À Babel, à Babel, à Babel

La Russie c’est ici
C’est partout maintenant la Russie
Un mur de fer recouvre la terre
Ce qui est vrai est faux,
Ce qui est faux est vrai
À Babel, à Babel,  à Babel
D’immenses crevasses s’ouvrent
À Babel, à Babel, à Babel  la tour s’élève
Toujours s’élève
Certains ont déjà atteint le ciel à Babel
Triste ciel virtuel où les idoles de néons changent au gré du Marché
À Pékin, à New-York, à Dubaï !




Né dans les Laurentides, au Québec, Pierre Cadieu a mené une vie d’écrivain, de journaliste et d’éditeur en parallèle d’une carrière en informatique de gestion et en enseignement.
En quête d'un verbe québécois, Pierre Cadieu a côtoyé, sur scène et dans la vie, Claude Gauvreau, Gérald Godin, Gilbert Langevin, Plume Latraverse, Guy Mauffette et Pierre Morency. Avant tout poète de l’oralité, il a participé à de nombreux spectacles de poésie dont l’historique Nuit de la poésie 1970, le 20ième Festival international de poésie de Trois-Rivières en 2004 et la scène SlamOutaouais qu’il dirige depuis 2007.
Membre titulaire de l’UNEQ, union des écrivaines et écrivains québécois
Un peu plus sur L'île, L'infocentre littéraire des écrivains québécois

Il a publié une douzaine de livres, de recueils de poésie, d’ouvrages didactiques et d’essais dont :
Clopec (éditions du Cri, 1969), (
premier recueil salué par la critique. « Cette poésie rauque, tordue, morcelée, remontée sur ses arêtes, possède déjà un pouvoir incantatoire » écrivait alors le poète Michel Beaulieu dans Livres et auteurs québécois.
La Campagne du Parti Poétik (éditions Neigeuses, 1970),
Entre voyeur et voyant (Parti pris, 1979),

Pluies (Université libre, 1996),
La musique des mots (Université libre, 2005),
Itinérances (Cornac, 2009)
et Slam poésie du Québec (Vents d’Ouest, 2010) la première anthologie québécoise de slam .
(
Une trentaine de fichiers MP3 téléchargeables de slameurs de ce livre vous permettront de mieux vous initier à ce nouvel art déclamatoire où il ne s'agit pas seulement de lire un poème, mais bien de le communiquer avec émotion ou de le scander avec conviction.)

Depuis 1963, plusieurs de ses textes ont paru dans des revues au Québec et en France.
Vous pouvez aussi lire son poème Enfance sur le site :Le poète officiel du Parlement


Textes  : Pierre Cadieu

sa présentation sur Francopolis

visiter sa page  -  sur le site AAAO

quelques haïkus page infini.net

Salon de lecture
Francopolis septembre 2010
recherche Gertrude Millaire

Créé le 1 mars 2002

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