DIDJEKO
Le
Coupé-décalé, l'art poétique de Didjeko
Danse
papillon noir
Danse
devant mes yeux
Tes
ailes de métal
Ont
voilé le soleil
Etoile
pâle
Ils
sont passés par ici
oisifs
ratiboisifs
au couperet
de certain matin
frimas
pinçant
les toxiques
ont perdu nos traces
et pataugent-croupissent
dans la bouse fumeuse
d’expressions
langagières
conceptualo-banalo-répétitives
en
guise de poésie
s’interrogeant
devant l’ici & maintenant
quelque
part
comme
des poules ayant découvert un coucou
2500
ans après Lao-Tseu, ils n’ont que faire du non-faire
25 ans
après Zao, izonpa capté la puissance de la
répétition
et
quand viendra la guerre
ils ne
seront point cadavérés
car
ils le sont déjà
cadavérés
et cadavéridiques dans l’âme
voire
jusqu’à la corne
reproduisant
des
écrits ternes-patterns dégorgeant de formules
ternes
& mornes
répétées
à l’envi
mais
la frontière du langage n’est pas la non-vie
non
la vie
n’est pas un consommé de petits nuages gris clair
se détachant
sur un horizon gris-foncé
tapissé
d’électro minimaliste
de cocktails
frais
plumés
de mix pointus
allant-décortiquant
des pistaches-concepts
sur
fond de chant de cigales
la vie
qu’on nous a prise
parfois
nous voulons la reprendre
mais
au fond
c’est
pour mieux la renvoyer dans ces gueules
hurlantes
de
mort qui ne dit pas son nom
car au
fond
la vie
qu’on nous a prise
n’était
pas celle que vous croyez
Barracudas
méfiez-vous
de l’eau qui dort
Il n’y
a pas eu de premier pirate
il n’y
en aura pas de dernier
Passe
un oiseau noir
au cap
d’Antipolis
Pas
moyen d’y couper
Les
déca-ailes
|
Coupé-décalé
Coupé-décalés est le
nom que j'ai donné à mes collages de textes. Ils sont le
fruit d'une
pratique d'écriture sous contraintes que j'expérimente
depuis début 2005.
Cette
pratique est avant tout un travail de réappropriation de
la langue, de
recyclage des discours véhiculés
par les média de
masse, de détournement, de récupération car
C' t'avec du vieux qu'on fait du
neuf
comme dit le duc d'Elbeuf...
Elle est
apparentée à toutes les pratiques qui
participent du glanage
Le
matériau, accumulé au fil du temps, ne contient pas
d'images, mais
uniquement des portions d'écrit.
J'ai dû monter sur un escabeau pour prendre
cette photo, après avoir étalé les coupures sur
deux mètres carrés environ. Il
n'y a jamais trop de coupures
Origines
Le
vocable coupé-décalé
est emprunté au français
de Côte d'Ivoire.
• Couper : arnaquer, entourlouper.
• Décaler : s'enfuir, prendre la poudre d'escampette.
Le coupé-décalé désigne initialement une
danse et une musique de danse
Ivoiriennes.
Processus

Je procède en deux temps autonomes :
• Je coupe
des fragments de textes dans des périodiques aussi divers que
variés et je les
accumule dans une boîte, la décaleuse.
• Lorsqu'il me vient le temps, je pioche dans la boîte et compose
des textes
par assemblage : je décale
les coupures, la sagacité en
ligne de mire.
Les
coupures ont leur vie propre. Deux mètres
carrés tiennent aisément dans un sachet plastique
standard...
Une boîte en
carton assez large mais pas trop haute est plus pratique pour
farfouiller
dedans.
Si on laisse la décaleuse inutilisée durant une semaine,
les coupures
se tassent pour ne plus former qu'une fine couche de quelques
centimètres
d'épaisseur. Une coupure piochée puis rejetée
revient sous les doigts malgré
les mélanges au bout de quelques semaines.
J'ai aussi constaté que des coupures
effectuées le même jour, sur la même page, restaient
côte à côte au bout de
plusieurs années d'utilisation, de changement de boîte et
de mélanges
successifs.

Après
composition, je colle le résultat
essentiellement des feuilles A4, quelquefois A3.
J'écris des
textes d'une ou
plusieurs pages.
Je n'expose pas d'originaux, je présente uniquement des dérivés.
Réalisés à partir de numérisations remises
en pages.
tiré de la page coupé-décalé
|
Didjeko,
par le biais de cette technique du coupé-décalé
qu'il a mis au point à ses
risques et périls, nous invite à penser
différemment, à nous remettre en
question avant de reprendre bon pied, bon oeil. Il nous tend la
clé des
champs qu'il a fiévreusement façonnée pour que
nous nous évadions en joyeuse
compagnie vers les terres promises de la poésie.
.../...Dans
l'une des trois préfaces rédigées par les auteurs
de "Ralentir
Travaux" ( 1930 ), après André Breton et René
Char, Paul Éluard tente une
définition possible de la poésie telle qu'elle
s'appliquait depuis la
découverte alors récente de l'écriture automatique
: "L'idée que l'on
peut se faire de la poésie ne se limite pas forcément
à celle-ci" et
plus loin il préconise : "Il faut effacer le reflet de la
personnalité
pour que l'inspiration bondisse à tout jamais du miroir"
pour conclure
par la très fameuse et audacieuse sentence : "Le poète
est celui qui
inspire bien plus que celui qui est inspiré". André
Chenet (Extrait
de la préface à "Les secrets du vin" _ 2008)
|
Poèmes
et Montage : Didjeko
recherche André Chenet
Salon de lecture
Francopolis janvier 2013
|
Créé
le
1 mars 2002
A
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