Le Salon de lecture

Des textes des membres de l'équipe ou invités
surgis aux hasard de nos rencontres


Angèle Paoli - Damien Gabriels - Emmanuel Rastouil... et plus

ACCUEIL  -  SALON DE LECTURE  -  FRANCO-SEMAILLES  -  CRÉAPHONIE

APHORISMES & BILLETS HUMOUR -
CONTES & CHANSONS  -  LANGUE EN WEB  -  UNE VIE, UN POÈTE

LECTURES CHRONIQUES  -  VUES DE FRANCOPHONIE  -  GUEULE DE MOTS  & LES PIEDS DE MOTS

SUIVRE UN AUTEUR -
PUBLICATIONS SPÉCIALES  -  LIENS &TROUVAILLES  - ANNONCES

LISTES DES AUTEURS PUBLIÉS & COMMENTAIRES  -  LES FRANCOPOLISTESPOÈMES DU FORUM


RICHARD TAILLEFER

Forêts qui portez tout                                         You forests who bear all

sur des tableaux de Marc Chenaye                  Painting by Marc Chenaye

Traduction anglaise de John Batey


Marc Chenaye  - La lisière (huile, 100cm x 81cm)
  


Forêt primitive                     

Elle nous conduit                      
jusqu'à ce que nous sommes                                

S'en souvient-elle                                              
de ce long silence après l'orage                            
de cet embrasement ultime                                  
entre le gel et le feu                                           
 
Des nuits anciennes                                            
avant le verbe avant les maux                               
avant même que l'homme ne prenne racine              


Primitive forest 

By which we are led
until we are

Does the forest remember
this long silence after the storm
this final blaze
between frost and fire

Those primeval nights
before the word before sin
before mankind even took root




Forêt de chair indomptable

Ici 
rien n'est tout à fait mort ni tout à fait vivant

Parfois  
Je cherche et guette
le moindre bruit du vent
Quand le ciel est noir
que la lune s'éclipse

Je songe à l'infini
de la forêt immense

Le calme est tel
qu'un chant y résonne

Un oiseau sur la branche
se pose  s'envole  puis disparaît


Forest of dauntless flesh 

Here
nothing is utterly dead nor utterly alive

Sometimes
I search and listen for
the merest sound of wind
When the sky is black
when the moon is eclipsed

I dream endless dreams
of the immensity of the forest

the calm is such
that a song rings out

a bird on a branch
alights flies off then disappears


Forêt Impénétrable

Plus je m'en approche
plus je m'en  éloigne 

Trop faibles sont mes pas
et je porte avec peine
Tout le poids solitaire du voyageur
Moi qui n'ai de souci
que de flâner d'un pas tranquille

Suivre  
le cours d'eau du ruisseau
M'enfoncer et me perdre
dans les méandres de la forêt profonde


Impenetrable forest  

The more I close in   
the more I distance myself 

My steps are too weak  
and I suffer
All the lonely weight of the traveller  
I whose only care
is to stroll with lazy tread

To follow
the course of a stream
To push deeper in and lose myself
in the labyrinth of the forest depths 
 


Forêt éphémère

Son souffle emporte tout
bien avant que la flamme
ne s'éteigne avec l'aube

Au loin
s'étend un horizon confus
de sève de cendres et de larmes

On dit
que l'absence n'est qu'une illusion
si la parole demeure 
et propage son chant 

J'attends dans la nuit
une éclaircie qui ne vient pas

Entendez-vous bramer le cerf
dans la forêt qui gronde ?


Ephemeral forest

Its breath bears all away
long before the flame
dies with the dawn

Far off
stretches a veiled horizon
of sap of ash and of tears

It is said
that absence is but an illusion
if the word remains
and spreads its song

I await in the night
a brightening which fails to come

Do you hear in the rumbling forest
the stag’s gruff call ?



Forêt carnivore

Chaque nuance
amplifie le rythme

Au gré du vent
la colline immobile
se prosterne dans les muscles du temps

Ici ce n'est
qu'un chevauchement de désir
Bouches dédoublées à l'infini
sous la morsure des strates
avant le baiser des veines assassines

Un territoire de peau incandescente
dans le vacarme des forces sismiques



Carnivorous forest

Every nuance
amplifies the rhythm

At the whim of the wind
the unmoving hill
prostrates itself in the muscles of time

Here it is but
a straddling of desire
Mouths endlessly split asunder
beneath the bite of strata
before the kiss of grain bled dry 

A territory of incandescent skin
in the tumult of seismic forces




Forêt captive

Il faudrait
d'un seul regard
entrevoir la plaine
retranchée dans ses quatre coins
entre le gris du ciel 
et cette terre d'argile
qui court vers la forêt profonde
où nul homme s'invite 

Ici où là
émergent d'énormes rochers blancs
si ce n'est quelques feuillages
rouges et mauves
égarés aux pieds des grands arbres
qu'un incendie menace
comme peau de chagrin

Pourtant 
la nuit, tout près
j'entends le bruit du torrent
sur la pierre qui roule
annoncer le printemps

Captive forest

One ought
with a single glance

to glimpse the plain
huddled in its four corners
between the grey of the sky
and this earth of clay
in its dash towards the forest deep
where no man chooses to go
 
Here or there
emerge huge white rocks
unless simply a few leaves
red and mauve
strayed at the base of mighty trees
which a blaze threatens
to crumble away to nothing
 
However
in the night, so close
I hear the sound of the torrent
on the tumbling stone
announce the coming of Spring
      
 


Forêt perpétuelle

Les vapeurs de l'étang
ont la couleur du ciel 

De l'arbre en fleurs à l'arbre mort
quelle distance nous sépare

De l'arbre en fleurs à l'arbre mort
quelle distance nous sépare

La mousse colore
le printemps des pierres
alors que les feuilles mortes
recouvrent déjà tout un désert de ronces

Le fleuve est sombre
et la pluie va tomber
Ne pas sombrer au creux de la vague
que porte le vent qui se lève

Seul sur ma barque de passage
je songe
et regarde un nuage
qui s'enfuit au loin

Eternal forest

The vapours rising from the pond
are the colour of the sky

From the tree in flower to the tree in death
so great the distance which divides us

From the tree in flower to the tree in death
so great the distance which divides us

Moss tinges with colour
the springtime of the stones
whilst dead leaves
already blanket a bramble waste

The river is gloomy
and the rain will soon fall
Take care not to founder in the trough of the wave
borne on the rising wind

Passing through alone on my craft
I daydream
and watch a cloud
flee away far away




Forêt de lumière

Tu dis neige !

Un rouge soleil
recouvre la roche qui se dérobe

On distingue à peine 
un dernier nuage
dans sa quête perdu du ciel

Fleuve qui se prolonge
au travers des gorges profondes

Au loin
un chemin nous emporte
avant que le soir nous rattrape
au pied de la montagne noire

Je vais, je viens
mais sans laisser de traces



Forest of light

You said snow !

A red sun
blankets the irresolute rock

One can barely make out
a final cloud
in its quest but lost in the heavens

River which unfurls
through many deep rifts

In the distance
a track bears us away
before being caught by the evening
at the foot of the black mountain

I come and I go
with no trace left behind


Marc Chenaye, Le silence (huile, 400cm x 130cm)

**
Voir aussi "Portrait littéraire de Richard Taillefer par Patricia Laranco"



Poèmes : Richard Taillefer
(inédits en volume)

Traduction anglaise de John Batey

 &

Tableau : Marc Chenaye



Salon de lecture
Francopolis septembre 2012
recherche Dana Shismanian

-> Vous désirez envoyer un commentaire sur ces textes?
        



Accueil  ~ Comité Poésie ~ Sites Partenaires  ~  La charte    ~  Contacts

Créé le 1 mars 2002

A visionner avec Internet Explorer