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SALON DE LECTURE

 

Janvier-février 2023

 

 

 

Jean-Michel Sananès :

« quand il ne silence pas… il écrit ».

 

Dans le laboratoire du poète ou le labyrinthe partagé.

 

 

L’homme à cœur de chat.

Le 18 août 2021 sur CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

 

 

Dans le silence d'exister, te souviens-tu du premier "je t'aime" ?

L'aile grandissante étire le silence et l'horizon,

je scrute, je fouille aux frontières du premier rire,

je cherche le mot encore non advenu

d'où a jailli le premier je t'aime.

 

Est-ce toi ma mère ?

Est-ce moi dans les pincements d'un cœur à la dérive ?

 

Est-ce d'un de ces pressoirs à désespoir

où la larme épand

l'élixir de sel qui agrandit l'âme

qu'apparaît cette vérité :

seule la bonté apaise l'avenir ?

 

J'ai lu la prière de l'oiseau,

celle des yeux de l'enfant

et celle du jour qui vient.

 

J'ai parcouru les griffures de vent

où se cachait la blessure

j'ai écouté la mémoire

grain de sable après grain de sable.

 

Dans la folie d'un rire,

il me faudra emplir le vide

il me faudra y forger

des lunes et des matins

à nourrir l'avenir

ou mourir du sommeil des mondes.

 

Dans le silence d'exister,

te souviens-tu, ma mère,

du jaillissement du premier je t'aime ?

 

Texte inédit.

 

 

 

Hé Léo

Hé Léo,

ton écharpe rouge, la portes-tu encore ?

J'ai froid et faim de mémoire,

de coups de gueule et de conscience.

Hé Camus, Aragon, Jara,

pourquoi tout ce raffut au squat des disparus ?

Que faites-vous aux embuscades de mon chemin

à me remonter des odeurs de marrons chauds,

prairie aux oiseaux - Jardin du Luxembourg - 1968

Paris, Santiago du Chili, agitent encore leurs ombres,

et vous, que faites-vous toujours debout

dans la brume et le ressac des coups de blues ?

Quand une douleur de jours blessés emballe l’espoir,

Camus et Neruda me tiennent par la main.

Avais-je besoin d'une mère,

d'un père pour me montrer le chemin ?

Si l'horizon est parfois si noir, parfois si clair,

et le chemin si précis,

c'est que vos mots me sont boussole

dans vos indestructibles permanences.

En fantôme, je hante le lit de vos mémoires

Camus, Aragon, Jara

 

Il est bien tard Léo,

Pépé et ton écharpe rouge

parfois me parlent,

le sais-tu ?

 

J'ai froid et faim de la mémoire des espérances,

des coups de gueule et des consciences,

je n'oublie rien,

à tant vous aimer

j'en ai sûrement grandi,

le savez-vous ?

 

Texte inédit.

 

 

Avant de me rencontrer

Avant de me rencontrer,

je ne savais rien de moi,

rien de nous.

Depuis,

quand grince le silence,

je me fréquente,

je nous écoute,

je scrute les mille moi

qui s’agitent, m’agitent,

m'empêchent de dormir,

de réfléchir,

disent que la vie est belle,

se contredisent

et affirment que rien n'est beau.

Avant,

je ne savais pas que j'étais une foule de moi

enfermée dans une caboche emplie de rêves

de peurs et de mystères.

Depuis,

il m'a fallu regarder en moi,

y voir mon moi "Épicurien"

affirmer que "Tout Fou",

mon moi qui parle de la nature du verbe,

de l'épaisseur du rire et du poids du chagrin,

est aussi inutile que "Philosophe", cet autre moi

qui d'ailleurs trop souvent ne tourne pas rond

à force de chercher le sens

ou de contourner les contre-sens !

Jamais loin d'eux,

"Justicier", encore un moi, insupportable,

veut enfermer la vérité,

définir le beau et le laid,

séparer le bon du mauvais

et nourrir la controverse.

Fort heureusement,

parmi tous ces moi,

"Timide", le plus discret d’entre nous,

celui qui habite au plus profond de moi

loin du brouhaha et des autres,

quand il ne silence pas

ou ne dénonce pas le tapage de tous les moi de surface

qui se nourrissent d’apparences,

lui, écrit.

Avec moi, il modère le moi "Premier cri"  

et son ami, le moi "Enthousiasme",

ces moi qui ne réfléchissent pas

et fréquentent la bande à "Ne dis rien et parle de tout".

Comme moi, ce moi "Timide"

voudrait se réfugier sur une feuille morte

et visiter les royaumes du vent

en se gaussant du moi "Pessimiste"

que l’automne et la télévision

rendent morose.

Quand tous les moi parlent en même temps,

que la cohue se fait clameur,

m'éreinter à leur dire "cause toujours"

n'y fait jamais rien,

ils font la forte voix !

Leur chef, celui qui se prend pour le roi,

celui qui dit "nous" quand il parle,

celui qui m'invective,

hurle si fort que je me dois de lui répondre.

Il me contraint à faire l'oiseau,

à saisir les paroles en l’air,

les mots en trop, les points sur les i,

à lui jeter à la figure

les sourires en coin et les non-dits,

pendant qu'un autre moi,

un gros excentrique qui se prend pour un autre,

lui, se demande si je me mérite.

Tout cela, bien sûr,

dans le brouhaha révolté de mes mille ego

qui se refusent à être égaux !

Mais,

si j'aime ma multitude

et le désordre complexe

où le moi "Justice" cherche son chemin,

les moi suprémacistes m'inquiètent.

Alors,

je me fâche avec eux,

je me fâche avec nous

je me fâche avec le monde entier !

Je convoque le silence,

je ferme les yeux, les oreilles,

je ne les écoute plus.

je m'enfuis pour ne plus les entendre,

et me fais croire que je rêve.

Je laisse glisser des nuages

dans les yeux de mon chat,

j'endors la clameur, l’ennui et la révolte

de tous ces moi et émois

qui font gronder les voix du jour,

celle des ancêtres, des petites choses, de la rue,

jusqu'à la déraison.

 

Je rejoins le moi "Timide"

qui écrit son poème,

je me demande où est la sagesse,

et nous rentrons dans mon miroir,

le lieu préféré des moi "Parle à voix basse",

qui ne pensent qu'au chocolat

ou qui ne pensent à rien.

 

Texte sur Facebook.

Signé : JMS, Tout Fou, Moi et les autres

 

 

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Le Cheval Bleu (sur sa page Facebook…)

 

Parfois le passé me manque

Parfois le passé me manque

pas seulement toi ma mère

mais aussi ce morceau de soleil pâle

qui, en oblique, traversait la cour

pour apporter un tesson de joie dans la cuisine

le nid de l'hirondelle

et les odeurs d’enfance

le sourire du marchand de bonbon

et cette douleur au ventre

quand je pense à ce chat sans maître

que j'éloignais, ignorant sa faim.

Mère étais-je déjà humain

à me bâtir mon nid

dans l'ignorance de l’autre ?

Que faire de cette douleur

que le regret ne répare pas ?

Mère où est ce soleil primordial

qui enveloppait nos joies en bordure de plage ?

Le passé me manque

est-ce le mal de l’âge ?

 

Publié le 7 novembre 2022 par CHEVAL FOU

(Jean-Michel Sananès)

 

Viendras-tu ?

À l'allaitement du jour de vieilles vérités brûlaient,

frère, où étais-tu quand la nuit nous enfantait ?

J'ai pardonné aux étoiles d'être né,

frère, que puis-je faire d'autre que vivre

et partager le ciel, le miel et l'avenir avec toi ?

J'ai vu l'enfant trembler aux prises de bec du silence

quand la question raisonne sans trouver de réponse,

frère, le sais-tu, sur terre nous sommes frères.

L'atome ne dort jamais dans ces tombes

où la vie oublie le mouvement.

Fais courir ta pensée,

ouvre le verbe aimer,

je t'attends.

À l'amnésie du projet

le vertige du jour est une équation

sur la maigreur du verbe,

frère, je t'attends pour ouvrir le rêve.

Sur la pudeur étiolée des utopies compassées

il n'y pas de bombes, de mots et de blasphèmes assez puissants

pour conjurer les crimes contre l'amour.

Frère, m'aideras-tu ?

Demain se construit aujourd'hui

avec des mains et des cœurs de nains,

j'ai des fleurs et de l'encens,

des graines de rires d'enfants à venir,

des poudres sacrificielles à éradiquer les terreurs.

Regarde-les jouer avec la bombe,

avec la mort…

Et l'avenir

mon frère, le vois-tu ?

Sommes-nous seuls devant la boule de cristal

où le futur perd son souffle ?

Frère, j'ai peur,

à la parade des vertus

les jeux du stade arment la négation de la grandeur.

Rimbaud, la vérité,

le bon sens et la culture

meurent aux autodafés du Net,

les dieux ferment boutique,

le dark vend ses évangiles.

Frère, m'aideras-tu ?

Le monde est à refaire.

 

Publié le 12 octobre 2022 par CHEVAL FOU

(Jean-Michel Sananès)

 

 

J'exigerai

À voix basse, je fredonne des rêves.

Un jour, je flinguerai les attentes inutiles,

je bâtirai les mots de l’espérance.

Comme le ciment dont on fait les maisons,

chaque pierre de vie y aura son nom

gravé en majuscules.

Du pardon à la tendresse,

ce sera un lexique nouveau.

D'un regard renaissant,

sans concessions ni renoncements,

debout et à voix haute,

j'exigerai la vie.

 

Publié le 1er septembre 2022 par CHEVAL FOU

(Jean-Michel Sananès)

 

 

Danser avec la mort

Blues blue,

j'ai du vert-de-gris dans ma mémoire,

de l'alcool et des cris dans mes vers,

des pieds posés sur le swing d'une phrase,

des syncopes de litanie qui cherchent leur rythme,

j'ai mis des verres dans mon poème,

un vinyle sur la platine.

Blues blue,

au soir de ce vieil été,

je suis aussi noir que la poudre est blanche,

j'ai des mots emplis de vers,

je ne suis rien d'autre qu'un trop vécu et ses espoirs

qui aux rétrospectives du jour à l'heure du "Summertime",

se joue l'unique version de sa romance.

Blues blue,

j'ai du gris et l'absence dans de vieux horizons,

une bouche sans dents,

du blues et de la nuit en avenir,

un rire et de l'enfance à enfoncer l’éternité,

de l'humour à en apprivoiser la mise en boîte.

Blues blue,

je me rappelle Janis

avant qu'un jour, une nuit,

avant que mes enfants d'au-delà ne soient qu’insectes,

avant qu'avec toi l'Incertain, si tu m’attends,

j'aille danser avec la mort,

encore j'écoute Gershwin.

Blues blue,

au long tempo d’un cœur

qui sous ma peau fait ses rifs

et ignore l’heure du couac

quand l’horizon est bas,

je blues, je tangue,

et encore je crois en la valse des mots,

à la main tendue plus vaste que la solitude,

aux promesses et aux rires de l’enfant fraternel,

à mes rêves plus grands que ce rivage.

Blues blue,

je suis aussi noir que noir quand on attend l’espoir

et que l'ange d'utopie se barre sur l'aile d'un missile,

mes derniers blues me remontent l’hiver,

et si encore je meurs de trop en vivre,

encore j’habiterai

bien plus particulièrement

le verbe aimer.

Blues blue,

je partirai en habitant mes mots,

au fond de moi Gershwin, un "Summertime",

et les voix de Satchmo et de Janis.

 

Publié le 16 août 2022 par CHEVAL FOU

(Jean-Michel Sananès)

 

 

L’oiseau-myosotis.

5 juin 2021 sur CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

 

Je voudrais être cet oiseau

Je voudrais être cet oiseau planant

loin de la lourdeur des temps,

ce goéland qui venant d'une mer

aux vents hostiles

pénètre le paysage,

le mesurant comme l'enfant

qui sonde la question.

Que doit-il voir en son maître :

l'homme, le savoir, la bienveillance,

sa propre taille ou son insignifiance ?

Je voudrais regarder la terre

comme le migrant et sa tribu

cherchant un rivage de bon accueil.

Scruter le monde avec un œil de pierre

qui du haut de sa mémoire,

se souvient de la naissance de l'univers,

du combat du feu, de l'air, de l'eau,

dans le bruissement de cette vie première

émiettée en familles de vivants

et à jamais mariée

à un devoir de vivre enseignant

le "tu meurs je vis", ses frayeurs d'auroch,

et l'apprentissage des violences faites à l'autre

pour manger, garder la terre, survivre

avec ses abattoirs, ses dieux et leurs armées.

Je voudrais être la mémoire du jour

posée sur l'infini, contemplant le plus grand que grand

dans l'intégralité de sa dimension cosmique

et les profondeurs d'une nuit effrayante

encore résonne le tumulte du Big-Bang

me demandant : Est-ce cela la vie ?

Je voudrais être une conscience galactique

scrutant la myriade des disparitions,

des naissances, et des mondes jamais advenus.

Être l'enfant à jamais attendu,

né d'une mémoire des millénaires

qui sonde un horizon multiple

et perçoit l'âme des paysages.

Être l'enfant

qui se sait unique et seul

dans un tissu de cellules

fait d'arbres, de terre, d'animaux.

Être celui qui se demande :

Es-tu là pour aimer la vie, la détruire,

la boire du regard de l'animal

qui en a fait sa maison,

la convoiter comme l'homme 

qui se l'approprie ?

Je voudrais être un enfant posé

sur cette facette de l'Éternité

pour qui

aimer n'est en rien un projet

mais un état,

et caresser le vent, la terre, l'eau,

et y croiser son âme.

Combien de temps

la montagne a-t-elle attendu

avant qu'un homme ne chante

"Que la montagne est belle"

et qu'il la nomme par son nom ?

 

Publié le 29 mai 2022 par CHEVAL FOU

(Jean-Michel Sananès)

 

 

Voyageur

Se mesurer au vol d'une alouette que le chasseur arrête

S'interroger sur ce que la mort a pris au ciel

Ressentir l'absence d'un éclat de vie

Se demander ce qu'il restera de nous quand le vent nous emportera.

 

Remonter le fil de la parole, des je t'aime laissés sur la route

Regarder les vieux sentiers emplis de noms d'écoliers

Les amis des dix-sept ans et les rires dans la chaleur de l'été

Se demander ce que du voyage de l'alouette et du nôtre il restera.

 

Espérer laisser une trace est-ce une ambition prétentieuse ?

Ne serons-nous qu'une pensée

Une envie d'être déconnectée d'un corps

Une ombre ou une larme qui ne veut pas sécher

Une valise d'amour de doutes et de mémoires

Qu'il faudra oublier sur le bord du chemin ?

 

Voyageur

Voyageur sur ce chemin d'étoiles qui côtoie l'incalculable

Je navigue dans le lexique de l'indispensable

Parmi les mots d'enfant et les griffes d'un chat

Dans la nécessité d'aimer, de ne blesser personne

J'écris sans savoir ce que le vent gardera

Quand, mêlé au cri des étoiles, l'ailleurs m'engloutira.

 

Publié le 8 août 2021 par CHEVAL FOU

(Jean-Michel Sananès)

 

 

À Arthur et à l'amitié

L'amitié, c'est l'ami dix fois perdu, dix fois retrouvé,

et les temps égarés venus renaître

l'espace d'un instant.

L'amitié, c'est ce sourire étonné

qui regarde nos vingt ans,

c'est se rappeler les minutes arrêtées

aux terrasses du "Félix"

à regarder les mêmes filles.

L'amitié, c'est savoir les heures

des vains ans égrenés sous un uniforme,

c'est te revoir, potier à La Turbie,

et revoir mon carton à dessins

empli d'espoirs froissés.

L'amitié, c'est avoir laissé tourner l'été

l'automne, et la roue,

et nous revoir au temps des mots de l'immense,

toujours prêts à agrafer des utopies à nos discussions,

c'est encore retrouver, dans de vieux disques,

l'odeur de soixante-huit et l'envie de refaire le monde.

L'amitié, c'est toi mon ami

revenu d'un bout du monde,

portant sur ton dos des décennies épuisées,

c'est toi, revenu pour me dire

que les regrets et l'amitié

ne meurent jamais.

 

Publié le 21 mai 2022 par CHEVAL FOU

(Jean-Michel Sananès)

 

 

Le sais-Tu ?

Où que j'aille, j'écrirai,

du Nord de mes inconstances au Sud de mes regrets,

de l'Est de mes désirs aux ailleurs du temps et de la mémoire.

Qu'y a-t-il plus loin que l'Ouest,

plus loin que le crépuscule des aimants ?

M'as-Tu connu ?

Et moi qui ne sais rien, je Te demanderai :

Dis-moi qui je suis

car je ne sais plus d'où je viens.

 

As-Tu un autre corps que celui qu'enferme ma question ?

As-tu une autre voix que celle de l'énigme ?

As-Tu une réponse à m'offrir ?

Je T'ai cherché partout, j'ai scruté le futur et le passé,

traversé le cristal, regardé en moi sans jamais Te trouver.

Je n'ai croisé que l'attente des enfants et la peur des vieillards.

Encore et encore, je Te demanderai :

Pourquoi n'es-Tu pas venu ?

 

Moi, l'athée qui tutoyais l'infini, traquant Dieu et la beauté,

de mes mains percées, comme un cœur oublié,

j'agripperai le vent, les heures et ma peur.

Dans le chevauchement des jours, j'irai,

sans savoir où, sans savoir quand.

Dans la traversée des diagonales,

je chercherai un nom qui aille à Ton pas.

 

Où que j'aille, moi, l'athée qui Te tutoyais,

je m'écrirai sur la page blanche de Tes silences,

je nous écrirai,

le sais-Tu ?

 

Je cherche une aile qui sache le lointain,

une branche sur l'arbre aux oiseaux,

une feuille, un rire, un regard

où suspendre cette musique qui parle de l'enfance.

Était-ce une comptine ?

 

Moi, l'athée qui tutoyais l'Impossible

sur l'aride chemin des consciences,

je cherche une route qui soit mienne,

une griffure de miroir qui nous assemble.

 

Peut-être me rencontrerai-je,

un soir, dans un bar à oubli,

ou une nuit, dans les fumigènes de l'espoir.

 

Écoute, écoute,

est-ce un bruit de guerre, un cri ?

Une frayeur ou des voix d’enfants ?

Le souffle d'une migration d'âmes ?

Le sais-Tu ?

 

Déjà, j'ai mal de froid

comme le corps des mots quand la vie s'en va,

quand le sens s'égare.

 

Demain je reviendrai,

le matin avant l'éveil de la ville,

je reviendrai dans le sommeil des savoirs.

Demain, des hommes, en restera-t-il ?

Le sais-tu ?

                   

Moi, l'athée qui tutoyais Dieu,

je reviendrai Te demander :

Dis-moi pourquoi je suis venu

moi qui partirai,

inconsolable,

sans avoir sauvé le monde.

 

Publié le 4 mars 2022 par CHEVAL FOU

(Jean-Michel Sananès)

 

 

J'irai loin

J’irai loin,

mais jamais assez loin

dans la prison des mots

dans les scléroses de l’âge

Aux confins de ma peau

je voyage sans bagages

mais je traîne mes boulets,

des rires endommagés

un coin de moi dans la poche

un sourire qui dérive

et un éclat de givre

Quand je n’arrive plus à me suivre

J’assois le silence et je stagne

 

J’irai loin,

mais jamais assez loin

dans les mers sans sillages

dans l’enfance sans visage

jamais assez loin

pour aller ailleurs

d’où j’étais, à où je suis

D’où je viens, à où je vais

J’égrène les absences

Un myosotis vrille le présent

Je ne suis jamais où je m’attends

Où es-tu quand je ne suis pas là ?

 

Publié le 11 décembre 2022 par CHEVAL FOU

(Jean-Michel Sananès)

 

 

 

Photo reproduite de la page du dernier Festival du livre de Nice (3-5 juin 2022)

 

Né en Algérie, Jean-Michel Sananès a traversé la guerre dont il tirera un roman, Le Vieil Homme disait. L’exil et la fragilité imprégneront désormais sa perception et son écriture. Disquaire au temps des vinyles, sa vie croisera la décennie 70, ses utopies et ses musiques dont il tirera un roman, Sucre Amer.

Convaincu que les mots sont vides lorsqu’ils ne sont pas en accord avec les actes, sa vie s'implique activement dans un combat pour l’humanisme. Son écriture et sa poésie ne se nourrissent pas de joliesses, elles sont imprégnées de ses ressentis, de cris, de tendresse et d'espoirs collectés au cours d'une vie riche en événements.

Il en nourrira 8 romans, 2 essais, une trentaine de recueils de poésie, quelques recueils d'aphorismes qu'il puise dans les pensées de Maxime son chat, ainsi qu'une dizaine de livres jeunesse.

 

Son site : http://chevalfou.over-blog.net/

Sa bibliographie : http://chevalfou.over-blog.net/bibliographie-jms

Sa page Facebook : https://www.facebook.com/jeanmichel.sananes

Sa maison d’éditions : https://www.babelio.com/editeur/27416/Chemins-de-Plume

Son dernier recueil de poèmes : De chair et d'âme. Suivi de : De mémoire et d'infini. Éditions Chemins de plume, décembre 2021 (170 p.) 

 

De chair et d'âme - De mémoire et d'infini par Sananes

 

Sa présence à Francopolis :

-      Lire, en guise d’entretien avec Jean-Marc La Frenière, son texte-confession : Pourquoi j’écris ? – à la rubrique Francosemailles de mars 2006.

-      Retrouver quelques-uns de ses textes poétiques : coups de cœur d’Éliette Vialle (septembre 2014,  octobre 2015, septembre-octobre 2018), un poème en musique et deux poèmes-boules de Noël (au numéro de novembre-décembre 2022).

 

 

Écouter quelques poèmes sur youtube :

"Le petit soldat", (version 2) poème de Jean-Michel Sananès, musique et chant Franck Berthoux :

https://www.youtube.com/watch?v=zHohBU68LPw

 

 

 

 

"Le petit soldat", (version 2) poème de Jean-Michel Sananès. Musique et chant Franck Berthoux

 

 

 

 

 

Jean-Michel Sananès

Francopolis janvier-février 2023

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