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Archives : Vue de Francophonie

 

Janvier-février 2022

 

 

 

Gustave Flaubert à Sfax (Tunisie).

 

Compte rendu du colloque international

« Gustave Flaubert et le monde arabe »

 

Par Arselène Ben Farhat

 

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Mme Hager El Hila, Mme Gisèle Séginger, Mme Hédia Khadhar, M. Arselène Ben Farhat, M. Mustapha Trabelsi et M. Chokri Rhibi

 

Le colloque international « Gustave Flaubert et le monde arabe » sous la direction d’Arselène Ben Farhat et Mustapha Trabelsi est organisé les 2, 3 et 4 décembre 2021 par "le Laboratoire de Recherche Interdisciplinaire en Discours, Art, Musique et Economie" (LARIDIAME - LR18ES23) de l’Université de Sfax (Tunisie) à l’occasion du bicentenaire de la naissance de Flaubert. Il a réuni 28 participants tunisiens, français, marocains et japonais à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax. Les trois journées se sont déroulées dans une ambiance à la fois studieuse et amicale. Chaque communication a donné lieu à un débat riche et intense et a permis d’explorer des zones encore peu étudiées dans les œuvres de Flaubert. Un grand merci aux deux grands spécialistes de l’auteur de Madame Bovary, Yvan Leclerc et Gisèle Seginger qui ne se sont pas limités à encadrer le colloque en présentant deux magnifiques conférences, mais qui ont également suivi avec attention et rigueur toutes les communications, les ont discutées, critiquées, rectifiées et complétées.

Dans sa conférence inaugurale, Yvan Leclerc a défini l’Orient flaubertien. Il est, selon lui, une réalité géographique et une représentation construite par la création littéraire et artistique. Il est également une fascinante altérité qui permet à plusieurs écrivains occidentaux de prendre conscience de leur identité. Yvan Leclerc montre que Flaubert va progressivement se libérer de l’idéalisation et de l’exotisme qu’incarne l’Orient à son époque. En fait, l’auteur n’est pas attiré uniquement, comme les romantiques, par l’Orient sensuel, voluptueux ou archaïque, décadent, mais également par l’Orient appréhendé comme une réalité complexe et opaque et c’est le voyage accompli en 1849-1850 qui a permis à Flaubert d’explorer cette réalité, d’éduquer sa perception et d’adapter son regard à la diversité et à la multiculturalité de cet univers oriental. L’ailleurs oriental va le hanter pendant plusieurs années et contaminer ses œuvres. Même après la publication Salammbô, il exprime son désir d’écrire « un livre sur l’Orient moderne, sur l’Orient en habit noir » d’après le témoignage des Goncourt : « Flaubert est assis sur son divan […] Il nous confie le grand désir qu’il a eu, désir auquel il n’a pas renoncé, d’écrire un livre sur l’Orient moderne, sur l’Orient en habit noir. » (Journal, 29 mars 1862).

Gisèle Séginger confirme cette analyse d’Yvan Leclerc dans une conférence, intitulée « Flaubert et le monde arabe : un regard ethnologique ? ». Elle consacre la première partie de son intervention au contexte culturel, scientifique et ethnologique et aux enquêtes menées par les savants de l’époque. Gisèle Séginger signale que la vision du monde oriental de Flaubert est en fait influencée par l’énorme travail de son compagnon de voyage en Égypte, Maxime Du Camp qui est parti en Orient dans le cadre d’une mission comme historien et ethnologue et qui a rapporté les premiers clichés photographiques d’Égypte. Pour Gisèle Séginger, l’Orient de Flaubert, sous l’influence de Du Camp, s’écarte des représentations exotiques qu’on trouve chez les romantiques comme Chateaubriand, Lamartine ou Hugo et s’éloigne constamment des clichés et des stéréotypes.  L’auteur est attiré par la beauté ainsi que par la laideur et la monstruosité. Dans son récit de voyage en Égypte et son carnet de voyage à Carthage, il accorde une place importante aux éléments archaïques ainsi qu’à l’altérité. L’Orient flaubertien est en fait lié à une quête permanente de la diversité et des différences et à une vision anticoloniale.

 

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La séance de synthèse du colloque : M. Yvan Leclerc, Mme Gisèle Séginger, M. Mustapha Trabelsi et M. Arselène Ben Farhat

 

Ces deux conférences d’Yvan Leclerc et de Gisèle Séginger ont ouvert la séance de la matinée et celle de l’après-midi de la première journée du colloque. Elles ont souligné l’importance et l’impact des deux voyages de Flaubert en Orient (1849-1851) et en Tunisie (1858). Atsuko Ogane s’est intéressée au second périple. Elle analyse l’influence exercée par le séjour de Flaubert à Carthage sur la création de Salammbô. Pour atteindre cet objectif, elle étudie, dans une enquête génétique rigoureuse, les glissements et les transformations subis par les fragments textuels en passant du carnet de voyage aux scénarios et des scénarios au roman. Pour confirmer son hypothèse de lecture, Atsuko Ogane a centré son étude sur le second chapitre de Salammbô « À Sicca ». Pour elle, le carnet n°10 est un précieux réservoir d’impressions et de notations visuelles, auditives et olfactives. Il condense des images, des choses vues ou ressenties et capture des vestiges d’une civilisation disparue. Tous ces éléments deviennent dans le roman les cadres des scènes et des actions et sont donc investis d’une dimension thématique, structurale et symbolique  .

Ahlème Charfeddine partage le même point de vue en s’intéressant au carnet n°10, mais en usant d’une approche comparative et non génétique. Elle confronte le voyage de Flaubert en Tunisie avec celui de Guy de Maupassant et constate que ce dernier s’est rendu en Tunisie en tant que reporter pour rendre compte des insurrections de Bou-Amama ; puis il est revenu en tant que simple voyageur qui cherche « la chaleur d'Afrique pour soigner un dérèglement nerveux qu'il attribue aux brouillards du Nord. »  (Yvan Leclerc, « Journal d’un article sur Flaubert et Maupassant voyageurs en Tunisie » dans Tunis, Carthage, l’Orient sous le regard de l’Occident du temps des Lumières à la jeunesse de Flaubert, sous la direction Éric Wauters, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 1999, p. 126) Par contre, Flaubert a voulu explorer, en Tunisie, les lieux où vont se dérouler les événements de son roman Salammbô. Moulay Youssef Soussou soutient la même opinion. Pour lui, il ne s’agit pas de considérer le voyage de Flaubert à Carthage, comme un élément biographique, mais comme un document dans lequel nous pouvons découvrir la genèse de son roman. La position d’Elyssa Rébai est plus nuancée. Selon elle, le voyage de Flaubert a nourri à la fois l’œuvre et la vision du monde de l’écrivain. Il lui a permis d’être tolérant et ouvert sur l’Autre et de se démarquer de l’idéologie ethnocentrique.

Toutefois, plusieurs chercheurs ont adopté une autre attitude. Ils croient que le carnet de voyage ne doit pas être cloîtrés à l’ombre de Salammbô. Il peut être étudié en lui-même et pour lui-même. Il condense les expériences vécues par Flaubert et recueille au fil des jours ses impressions prises sur le vif et ses découvertes de la vie quotidienne des Tunisiens : « un enfant et un homme battent le linge avec leurs pieds, coutume arabe, cela fait un rythme » (Gustave Flaubert, Carnet de voyage à Carthage, texte établi par Claire-Marie Delavoye, Publications de l’Université de Rouen, 1999, p. 61). Toutes les scènes évoquées se limitent au seul instant de la vision. Hédia Khadhar nous a permis, dans sa conférence, de suivre pas à pas le voyage de Gustave Flaubert en Tunisie. Elle a présenté les événements historiques et les hommes politiques de l’époque et s’est référé à différents documents : des photographies, des toiles de peinture, des images des monuments historiques, des villes et des régions où est allé Flaubert. Tout en visualisant les étapes de voyages de Flaubert, Hédia Khadhar montre que le carnet comporte une critique virulente du régime politique et de l’aristocratie tunisienne de l’époque. C’est ce qu’a affirmé également Ola Boukadi. D’après son étude, Flaubert va essentiellement dénoncer, dans le carnet de voyage, le fanatisme religieux et le racisme. Une telle critique émane, d’après Hager El Hila, de l’opposition de deux visions de Carthage dans le carnet n°10 : Carthage, une cité historique grandiose, avec des monuments, des statues et des mosaïques immenses et Carthage telle qu’elle apparait au romancier au milieu du XIXème siècle, totalement dénuée de grandeur, offrant une vision décevante des Arabes.

Cependant Kamel Hamdi ne partage pas ce point de vue de Hajer El Hila. Il signale que Flaubert présente une image plutôt originale de l’Arabe. Il est décrit comme un être drôle et fourbe, adroit et cynique, mais foncièrement gai. Une telle figure paradoxale incarne l’altérité et le grotesque. Elle permet à Flaubert de dénoncer l’ethnocentrisme grâce au burlesque et à la bouffonnerie qui vont être érigés en esthétique dans Bouvard et Pécuchet.

Il est toutefois remarquable que plusieurs conférenciers aient opté pour une méthodologie différente. Ils ont ainsi choisi comme objet d’analyse non pas le carnet de voyage à Carthage, mais Salammbô – même si ce carnet est l’avant-texte, le lieu du jaillissement de la parole de l’écrivain et de la naissance du roman. Mustapha Trabelsi justifie un tel choix en signalant que Flaubert est constamment hanté par la quête du style parfait. Les difficultés que rencontre l’écrivain pour trouver les mots justes et pour satisfaire ses exigences formelles sont multiples : « Il faut une volonté surhumaine pour écrire et je ne suis qu’un homme », affirme-t-il dans une lettre à Louise Colet (3 avril 1852). Mais le romancier ne renonce pas à son projet littéraire. Il écrit, réécrit à plusieurs reprises les mêmes phrases et les mêmes paragraphes et ne les valide qu’après les avoir soumis à l’épreuve du "gueuloir". Pour soutenir ce point de vue, Mustapha Trabelsi analyse l’ouverture de Salammbô en se fondant l’approche stylistique. Selon lui, l’auteur arrive à fixer un mirage et à ressusciter Carthage, son décor, son atmosphère et ses habitants en usant de la description picturale fondée sur une double forme de progression : des paragraphes de plus en plus longs et une succession de plans descriptifs de plus en plus proches (Mégara, Faubourgs de Carthage, les soldats d’Hamilcar, les capitaines et le commun des soldats, les jardins, le palais). Mustapha Trabelsi signale que Flaubert choisit de morceler la description en fonction des personnages. Leur présence dans un lieu permet de présenter ce lieu et c’est parce qu’ils sont dispersés que l’espace semble éclaté. Mustapha Trabelsi mène ainsi une analyse micro-textuelle en s’intéressant aux figures de style, au rythme, aux échos phoniques, aux réseaux isotopiques, etc. Le style est à la fois l’objet et le moyen de la création littéraire : « Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c'est un livre sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style » écrit Flaubert à Louise Colet 16 janvier 1852.

En employant la même démarche stylistique, Raoudha Allouche s’est intéressée à un fait de style particulier : les parenthèses. Selon elle, elles se présentent sous une forme disséminée chez Flaubert mais elles ne sont ni un hors sujet, ni un développement accessoire que les lecteurs peuvent négliger. Elles remplissent diverses fonctions : elles expriment d’une part des prises de position variées et introduisent d’autre part un commentaire méta-discursif offrant du coup à l’écrivain la possibilité de se dédoubler, d’être à la fois utilisateur et observateur de la langue. Raoudha Allouche définit ainsi clairement le potentiel herméneutique dont se chargent ces énoncés décrochés.

Les approches mises en œuvre par Soumaya Zroud et Sanda Mestouri sont différentes. Soumaya Zroud a montré que la quête de soi se fait à travers l’altérité barbare chez Flaubert dans Salammbô. Par contre, Sanda Mestouri considère le sacré comme l’élément fondamental dans la vision flaubertienne du monde carthaginois. Selon Mestouri, Carthage n’est pas, dans Salammbô, un simple espace où se déroule l’action, c’est un actant qui agit et subit les événements. Cette cité est également investie d’une dimension symbolique. Elle est un personnage féminin, une prostituée sacrée qui incarne, pour les Romains, l’altérité. C’est pourquoi ils vont la détruire.

Toutefois, le colloque n’a pas pour but l’étude du point de vue de Flaubert envers le monde arabe, mais également le point de vue des Arabes envers l’auteur de Madame Bovary. Ainsi, plusieurs chercheurs se sont intéressés à la place qu’il occupe aujourd’hui dans les pays du Moyen-Orient et du Maghreb. Il est l’auteur préféré des Arabes d’après Nesrine Amor. Pour vérifier une telle hypothèse, Arselène Ben Farhat s’est référé aux neufs manuels de français utilisés dans les collèges et lycées en Tunisie. Son but est double : mesurer l’importance de Flaubert dans ces manuels et montrer comment les textes flaubertiens sont lus, analysés et interprétés et comment ils sont exploités dans les diverses activités qu’implique l’enseignement du français. Arselène Ben Farhat s’est demandé s’ils sont choisis parce qu’ils enrichissent les lecteurs et affinent leur goût ou parce qu’ils constituent de bons supports à des leçons de langue et de production écrite.

D’autres chercheurs ont également analysé la réception de Flaubert dans le monde arabe mais en se référant à la traduction de ses œuvres en arabe. Souhira Chabchoub Moalla a souligné le grand écart entre la version française de Salammbô et sa version arabe au niveau textuel mais également au niveau structural. Cette infidélité a été également constatée par Adel Najlaoui et Hassène Amdouni dans leur étude de la transposition de la ponctuation et de la modalisation flaubertiennes dans les textes arabes. Chokri Rhibi adopte la même approche linguistique que les deux chercheurs, mais il examine la manière dont sont traduites en arabes les comparaisons et les métaphores, certaines expressions figées, les contenus parenthétiques et certains termes en italique. Il s’est appuyé, dans son étude, sur deux traductions de Madame Bovary, l'une de Mourad Hilmi et l'autre de Mohamed Mandour.

Les différents chercheurs ont montré que les manipulations et les transformations des romans de Flaubert dévoilent une volonté des traducteurs d’adapter et même d’intégrer les textes français au contexte culturel, social, religieux et historique du monde arabe.

En conclusion, nous constatons avec fierté que notre colloque a atteint ses trois objectifs fondamentaux : saisir, en premier lieu, les différentes formes de l’inscription du Maghreb et de l’Orient dans les carnets de voyage, la correspondance et les romans de Flaubert, définir, en second lieu, les diverses modalités de la réception de Flaubert dans les pays arabes et permettre, en troisième lieu, à de jeunes chercheurs et de jeunes doctorants de participer au colloque.

L’Orient n’est pas, comme l’affirme Edward Saïd (L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, Paris, Seuil, 2003) une convention inventée par les Européens, mais bel et bien une réalité géographique, artistique, littéraire, imaginaire. Il a offert à Flaubert une précieuse occasion d’établir un dialogue avec l’Autre et avec soi. Ce colloque nous a permis de réfléchir sur la complexité des rapports de Flaubert avec le monde arabe. Nous avons eu des débats fructueux, des échanges de qualité et surtout une tentative de renouvellement des approches d’analyse littéraire.

Nous tenons à remercier tous ceux qui ont soutenu le colloque et qui  ont assisté à la séance inaugurale, les vice-présidents de l'Université de Sfax, M. Fayez Baklouti et M. Ali Baklouti,  la Doyenne de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax, Mme Najiba Chkir, la Directrice du Département de français de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax, Mme Saadia Yahia,  le Directeur du Département de français de l’Institut Supérieur de Langue de Gabès, M. Lassaad Héni, l'attachée des livres et des médiathèques de l’Ambassade de France en Tunisie, Mme Sarra Ghorbel, le Directeur de la Maison de France de Sfax et son équipe, M. Jean-François Albat, Mme Halima Ellouz et M. Amin Kacem, le Directeur de l'association Forum des Arts et Cultures de Sfax, M. Mahmoud Damak.

Nous exprimons aussi notre reconnaissance  envers M. Mustapha Trabelsi, le Directeur de notre laboratoire et le co-organisateur du colloque, et envers Mme Mouna Sassi Haj Taieb, la secrétaire du LARIDIAME, pour leur engagement, leurs efforts  et leur suivi efficace de toutes les étapes de la réalisation du colloque.

Nous remercions également Mme la Professeur Monia Mouakhar Kallel et tous les collègues et étudiants qui sont venus de Tunis, de Gabès, de Sousse, de Médenine, de Jendouba et de bien d’autres villes, qui nous ont accompagnés pendant les trois jours du colloque et qui ont participé activement aux débats.

Que tout le monde trouve ici l’expression de notre gratitude.

 

©Arselène Ben Farhat

(photos fournies et légendées par l’auteur)

 

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Les participants au colloque.

 

 

(*)

 

Le Professeur Arselène Ben Farhat, de l’Université de Sfax (Tunisie), a eu la grande bienveillance de rédiger pour notre revue le compte-rendu du Colloque international « Flaubert et le monde arabe » organisé par ses soins et ceux de M. Mustapha Trabelsi début décembre 2021. Nous le remercions vivement pour ce partage privilégié, exquis et enrichissant.

Rappelons sa contribution, également, à notre précédent numéro de septembre-octobre 2021, dans le cadre des témoignages sur les études flaubertiennes au Japon, notamment autour de la chercheuse, éditrice et poétesse Atsuko Ogane (participante « en distanciel » au colloque de Sfax).

Voir le programme du Colloque au Carnet Flaubert : Colloque international: Gustave Flaubert et le monde arabe – Flaubert (hypotheses.org).

 

Par ailleurs, il est tout à l’honneur de notre revue que les deux articles concernant Flaubert dans notre numéro de septembre-octobre 2021 (par Dominique Zinenberg et Atsuko Ogane) aient été mentionnés au Bulletin Flaubert n° 228 (novembre 2021), par le Professeur Yvan Leclerc que nous remercions.

 

D.S.

 

 

 

Arselène Ben Farhat

Vue de Francophonie, janvier-février 2021

recherche : Dana Shishmanian 

 

 

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