Je
songe
aux pauvres hères
décrépis
Errants de rue en rue, muets en falots
Cheveux en crins, rasant les murs
Habillés de solitude et d’usure
Et des chaussures sans semelles
Avec juste l’élément du haut
Sur des pieds à l’anatomie défaite
Par des cors et des blessures
Et d’étranges anneaux d'acier aux orteils
Qui donnent à la nonchalance de leur pas
La séquelle d'un bidet fourbu aux sabots ferrés
Je
songe
aux femmes à l'âge incertain
Claudiquant leur silhouette en guenilles
Sourire oublié et les yeux taris
Chosifiées par la sauvagerie du temps
Démunies de toute forme de féminité
Souvent accompagnées de bambins
A l'habit bizarre montrant l'épaule nue
Le regard perdu dans le cynisme
Tenant de deux doigts la main
D'une vieille poupée au visage flashy
Les yeux sans cils et les cheveux arrachés
Tous
mêlés sur
du carton, en guise de couche
Ils dorment dans le capiteux remous de chaleur
Que dégage une bouche d’aération, grillagée
D'une pâtisserie ou d’une boulangerie
D'où s'échappe l'odeur du pain cuit parfumé d'anis
La fatigue leur procure l'allègre assoupissement
Qui les éloigne un moment de l'étoile éteinte
Leurs corps gisants en masses brunes entremêlées
Enjambés matin par les prieurs marchands d'oracles
Qui pressent leurs mules de caoutchouc, indifférents
Vers la mosquée, au premier chant du muezzin.
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participant : Sandrine
Davin