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    Thierry Foucher , sélection avril 2013

    il se présente à vous.


      À peine et presque   

À peine se sont-ils écrits que
je ne comprends rien, plus rien
à mes poèmes. Ils ne sont plus,

comme traduits d’une autre langue,
qu’une suite de mots plutôt mal
aboutés et cahotants qui vont leur

train sans moi. Qui m’abandonne
sur le quai comme un amant
vulgaire à qui l’on n'a plus rien à dire.

Alors, j’éprouve du chagrin.
Mais le grain du chagrin
ne nourrit pas mon chat.

***


Approchez les micros


Qu’est-ce que ça peut dire un homme écrasé ?
- Qu’est-ce que tu peux dire, eh ! homme écrasé ?
D’en haut, je vois la lèvre qui frémit. Elle voudrait
s’ouvrir à la parole, corolle d’une fleur possible,

ô poésie ! Un petit doigt se crispe. La tête oscille sur
un côté et le sang qui opprime, le sang qui étouffe,
le sang couleur de fruit confit vient à couler.
Je crois qu’il voudrait nous parler du béton,

de la loi, de la peur, de la plume qui l’écrasa. Mais
il ne dit rien. Doucement la paupière s’affaisse sur
le globe glacé de l’œil dont l’étincelle s’est figée
en un point de départ. Et il s’en va.

Sur place, il s’en va, car l’idée du voyage, au fond,
lui est indifférente comme la fleur de la parole. Sur place,
il s’en va. C’est-à-dire qu’il rentre en lui-même mieux
que l’escargot. Béton, loi, peur ou prose, poussière

ou lourde caisse, soleil ou pluie ou vent ou neige,
avec ou sans chemise, comme toujours, partant,
on s’enveloppe dans la soie de soi-même, dans la soie
grise aux reflets mauves et d’absence de soi-même.


***


Les chaleurs de l’été sous nos lourdes perruques

Des fois, je crie, je crie, je crie
à m’en faire éclater la parole !
C’est puéril, ça ne sert à rien,
je m’en fous, c’est pour décrocher

le Christ qu’ils ont laissé cloué sur
sa croix au fond de mon crâne.
Des fois, je vais au cinéma. Je vois
des seins, je vois du sang et des

vies inimaginables. Tout l’art consiste
à faire le départ entre le jeu, le je et
l’autre. Des fois, je me rends au
bureau pour y rencontrer des esclaves,

et comme un cochon je me vautre
dans mon esclavage particulier.
Des fois, je suis chez moi tout seul.
Je peux écrire ou me branler, ou me

regarder dans la glace, ou changer
les meubles de place. Quatre murs
demandent de l’art ! Parfois je me
fais des grimaces. J’écarquille les

yeux, je me tire la langue avec mes
mains aux tempes comme des bois
de cerf que je fais pivoter. Puis je
songe à mon âge qui ne m’attend

pas. Alors je me roule et je m’enve-
loppe dans mes draps sales comme
un linceul jusqu’à ce que la poésie
demande grâce.


***


Extrait d’en poudre

- Si vous pensez qu’il est facile
d’être un petit bourgeois propret
et pondéré, employé à la Compagnie
des Contraintes. Peur, lâcheté, ridicule

en tout genre, avidité et haine en stock,
quand on porte en soi une cage enfermant
un poète à l’état sauvage qu’il faut laver,
peigner, raser, auquel il faut couper les ongles,

qu’il faut abreuver et nourrir, à qui
il faut raconter des histoires et donner
de l’amour, devant lequel il faut agiter
les fantasmes comme des marionnettes

- car il veut se gaver de sexe - dont il faut
étouffer les cris obscènes, les gémissements
perpétuels, autant de sophismes hideux
(Sachant que cela fait grossir - il faut se

bourrer de coton). Un poète stupide,
incorrigible, qu’il faut surveiller et punir.
Un poète impossible qui ruse et qui use
votre santé sans arrêt secouant ses barreaux,

ruinant toute concentration et force
de résignation. O pensées, chemin
droit, du néant au néant,
Dollar, Sagesse !

- Assez, me dites-vous, assez, si vous
saviez ce que le mien me fait subir !


***


L’étroit huit

Il est trop petit l’infini pour l’ogre
délire de mon âme. Et il ne sert à rien
de dire que tout finira par le Rien. O
détruire et détruire, je m’y emploie !

J’en fais mon esclavage. Et toujours
mon épouvantable regard pousse
au-delà des ruines. Aussi j’invente des
laideurs. Béton, barbelés, grilles, enclos,

lois, lèpres, épidémies. Toujours le
charme s’y installe. Des lierres, des
lilas, des glycines, des souvenirs,
des mémoires, des poésies, s’y accrochent,

s’y développent, s’y épanouissent.
Alors, je sombre dans l’insulte. Mon
cri traverse les étoiles. Je décrète des
nouveaux mondes et mes nouveaux

mondes écrasent les mondes et les
mondes et les mondes à la dimension
de ma chambre et des ailleurs invrai-
semblables qui m’ennuient déjà !



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Créé le 1 mars 2002

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