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À peine se
sont-ils écrits que
je ne comprends rien, plus rien à mes poèmes. Ils ne sont plus, comme traduits d’une autre langue, qu’une suite de mots plutôt mal aboutés et cahotants qui vont leur train sans moi. Qui m’abandonne sur le quai comme un amant vulgaire à qui l’on n'a plus rien à dire. Alors, j’éprouve du chagrin. Mais le grain du chagrin ne nourrit pas mon chat. *** Approchez les micros Qu’est-ce que ça peut dire un homme écrasé ? - Qu’est-ce que tu peux dire, eh ! homme écrasé ? D’en haut, je vois la lèvre qui frémit. Elle voudrait s’ouvrir à la parole, corolle d’une fleur possible, ô poésie ! Un petit doigt se crispe. La tête oscille sur un côté et le sang qui opprime, le sang qui étouffe, le sang couleur de fruit confit vient à couler. Je crois qu’il voudrait nous parler du béton, de la loi, de la peur, de la plume qui l’écrasa. Mais il ne dit rien. Doucement la paupière s’affaisse sur le globe glacé de l’œil dont l’étincelle s’est figée en un point de départ. Et il s’en va. Sur place, il s’en va, car l’idée du voyage, au fond, lui est indifférente comme la fleur de la parole. Sur place, il s’en va. C’est-à-dire qu’il rentre en lui-même mieux que l’escargot. Béton, loi, peur ou prose, poussière ou lourde caisse, soleil ou pluie ou vent ou neige, avec ou sans chemise, comme toujours, partant, on s’enveloppe dans la soie de soi-même, dans la soie grise aux reflets mauves et d’absence de soi-même. *** Les chaleurs de l’été sous nos lourdes perruques Des fois, je crie, je crie, je crie à m’en faire éclater la parole ! C’est puéril, ça ne sert à rien, je m’en fous, c’est pour décrocher le Christ qu’ils ont laissé cloué sur sa croix au fond de mon crâne. Des fois, je vais au cinéma. Je vois des seins, je vois du sang et des vies inimaginables. Tout l’art consiste à faire le départ entre le jeu, le je et l’autre. Des fois, je me rends au bureau pour y rencontrer des esclaves, et comme un cochon je me vautre dans mon esclavage particulier. Des fois, je suis chez moi tout seul. Je peux écrire ou me branler, ou me regarder dans la glace, ou changer les meubles de place. Quatre murs demandent de l’art ! Parfois je me fais des grimaces. J’écarquille les yeux, je me tire la langue avec mes mains aux tempes comme des bois de cerf que je fais pivoter. Puis je songe à mon âge qui ne m’attend pas. Alors je me roule et je m’enve- loppe dans mes draps sales comme un linceul jusqu’à ce que la poésie demande grâce. *** Extrait d’en poudre - Si vous pensez qu’il est facile d’être un petit bourgeois propret et pondéré, employé à la Compagnie des Contraintes. Peur, lâcheté, ridicule en tout genre, avidité et haine en stock, quand on porte en soi une cage enfermant un poète à l’état sauvage qu’il faut laver, peigner, raser, auquel il faut couper les ongles, qu’il faut abreuver et nourrir, à qui il faut raconter des histoires et donner de l’amour, devant lequel il faut agiter les fantasmes comme des marionnettes - car il veut se gaver de sexe - dont il faut étouffer les cris obscènes, les gémissements perpétuels, autant de sophismes hideux (Sachant que cela fait grossir - il faut se bourrer de coton). Un poète stupide, incorrigible, qu’il faut surveiller et punir. Un poète impossible qui ruse et qui use votre santé sans arrêt secouant ses barreaux, ruinant toute concentration et force de résignation. O pensées, chemin droit, du néant au néant, Dollar, Sagesse ! - Assez, me dites-vous, assez, si vous saviez ce que le mien me fait subir ! *** L’étroit huit Il est trop petit l’infini pour l’ogre délire de mon âme. Et il ne sert à rien de dire que tout finira par le Rien. O détruire et détruire, je m’y emploie ! J’en fais mon esclavage. Et toujours mon épouvantable regard pousse au-delà des ruines. Aussi j’invente des laideurs. Béton, barbelés, grilles, enclos, lois, lèpres, épidémies. Toujours le charme s’y installe. Des lierres, des lilas, des glycines, des souvenirs, des mémoires, des poésies, s’y accrochent, s’y développent, s’y épanouissent. Alors, je sombre dans l’insulte. Mon cri traverse les étoiles. Je décrète des nouveaux mondes et mes nouveaux mondes écrasent les mondes et les mondes et les mondes à la dimension de ma chambre et des ailleurs invrai- semblables qui m’ennuient déjà ! + commentaires sur ces textes |
Créé le 1 mars 2002
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