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Patricia Laranco
, sélection octobre 2014

   elle se présente à vous.

    Les cinq textes sont retenus...

* commentaires sur l'ensemble de ses textes par le Comité.

Dominique Zinenberg : j'ai apprécié chacun des textes. Le traitement est parfois lapidaire (texte un) et ne manque pas de cruauté; mais le poète sait être au besoin lyrique. J'aime moins quand ça devient grandiloquent
Karim Cornali  : Oui pour les 5 textes. Une écriture vivifiante, audacieuse, précise, que j’aime à relire. Belle découverte.
Dana : Oui sans réserves à tous les textes. Un poète mature qui habite son univers et possède sa voix propre

      1. Clandestinité
Le corbeau s’est manifesté
mandibule broyant
les airs

son cri
son cri masticateur
a tordu l’écho caverneux.
Invisible oiseau détonant
il a propagé son cri
dur
annonciateur de mouvements
telluriques et intestins.

Il réveillait
l’autochtonie,
il écorchait
l’ouate
du temps
la mollesse du ciel de lait
et sa volonté
de silence.

Quoique invisible, il ramenait
les crachats d’encre de la nuit
première où naquit
l’effraction,
la violence
de ce qui naît.
Claudiques, clandestinité
je tourne mes regards partout
nulle part je ne te surprends
en dehors du cri
qui lapide.
2007


*
Commentaires sur ce texte : Clandestinité

Dominique : Oui…. J'ai aimé en particulier : " « il écorchait / l'ouate/du temps »
Karim : Oui
Gertrude : Oui pour la recherche d’images mais je ne sais trop où il va
Michel : Pas vraiment adepte de ce genre de poésie… Je garde le Oui
Dana: Ou
i. De très belles images, surprenantes et fortes :
« il écorchait / l’ouate / du temps »


**
Texte 2 : Entre la peau et l'étendue

Entre la peau et l'étendue,
une coque
qu'on ne voit pas;
une cosse
de solitude
comme une aura
de froid cristal...

comme un tampon
de vide nu
et quelquefois
étincelant;
un capiton de
manque cru
signant
notre fragilité,
révélant
la précarité
de nos os et de notre chair

* Commentaires sur ce texte :

Dominique : Oui
Karim Cornali : Oui
Gert : Oui… poème court, style différent, j’aime moins le titre mais j’aime :
« une cosse de solitude
comme une aura
de froid cristal...
»
Michel : Petit Oui.
Eu du mal à entrer dans ce genre de poésie
Dana: Oui. Je retiens surtout
: « une cosse / de solitude / comme une aura / de froid cris »

*** .
Texte 3  Je viens

Je viens
de la grande misère
celle qui n’a ni pieds ni mains
celle qui transporte ses plaies
*
Sur les chemins parcimonieux
goutte la neige comme un pus
coulant depuis quelque bubon
neige à la couleur de mollard
*
Je viens
d’un royaume ancien
où claquent entrechoquées des dents
j’ai traversé des plis de sol
et des forêts où la pluie
lactée entretenait le rêve
*
J’ai marché en crabe partout j’ai plongé dans chaque miroir
j’ai patiné sur des glacis
qui ne voulaient pas s’entrouvrir
grattant mes croûtes de sang dur
sur des monticules de sel
je me suis sentie plus ridée
que la vieille peau de Gaïa
*
moi qui empire avec le temps
qui viens des anciennes marées
et des cautères de magma
je vous dirais juste ceci
*
l’attente est douce et veloutée
à la lisière du trottoir
face au monde qui n’est
rien
qu’un immense battemen
t
d'ailes

* Commentaires sur ce texte :

Dominique : Oui
Karim : Oui
Gert : Oui… j’aime la fin.
« face au monde qui n’est
rien
qu’un immense battement
d’ailes
»
Michel : J’aime ! Surtout ces passages :
« J’ai marché en crabe partout/ j’ai plongé dans chaque miroir
j’ai patiné sur des glacis/ qui ne voulaient pas s’entrouvrir
»
Dana :Oui. Très poignant. Et toujours la surprise des images qui vous prennent aux tripes :
« Sur les chemins parcimonieux / goutte la neige comme un pus ». Un autoportrait en eau-forte « face au monde qui n’est / rien / qu’un immense battement / d’ailes ».

****
Texte 4 Je voyagerai plus loin

Je voyagerai plus loin que moi,
que demain,
plus loin que la nuit qui enserre mes tempes
avec la violence d’un étau de fer
plus loin que les grands papillons incandescents
qui se heurtent aux parois de cristal du cosmos
plus loin que l’aube au frémissement reptilien

Je tâcherai de me dissoudre dans le vent,
dans la tempête des couleurs échevelées,
dans l’écheveau des réalités chevauchées
par d’autres tronçons, d’autres portions
de réel

Je m’annulerai et renaîtrai dans le cri
du corbeau qui déchire juste avant le jour
le lisse tissu du silence sanctifié

Oui, j’irai
là où me portera
le présent
qui s’incurve vers l’horizon de l’avenir
avec l’oxygène pur des mots pour tout toit,
le pétillement du doute
pour seul bagage !

Commentaires sur ce texte :

Dominique : Oui…
J'ai aimé en particulier :
« le pétillement du doute/pour seul bagage...»
Karim : Oui
Gert : Oui…
mon préféré et la fin est magnifique.
« le présent
qui s’incurve vers l’horizon de l’avenir
avec l’oxygène pur des mots pour tout toit,
le pétillement du doute
pour seul bagage !
»

Michel : Oui.
Superbe poème. J’aime :
« Je voyagerai plus loin que moi,/ que demain,
plus loin que la nuit qui enserre mes tempes/
avec la violence d’un étau de fer
»

Dana : Oui. Dans cette « profession de foi » en mode épitaphe intitulée de manière si approprié
Je voyagerai plus loin, j’ai surtout aimé :

        « Je m’annulerai et renaîtrai dans le cri
          du corbeau qui déchire juste avant le jour

             le lisse tissu du silence sanctifié
»


*****
Texte 5. Envol

Les oiseaux prennent leur envol
pour au-delà de la nuée

ce sont de grands vautours puissants
qui enfourchent le saint soleil;
ce sont des rangs de migrateurs
qui se hissent haut dessus le vent
dans la majesté des courants
où ils sont
des croix irisées.

Ils cherchent
un grand pays nu
où le silence étincelant
les appellerait à
dormir,
emmitouflés dans les grumeaux
de ses champs de neige et d'oubli.

Ils cherchent
un pays de repos
où âme et vol
se dilueraient
en pure bouillie de photons,
pure purée d'apesanteur
et où ils fermeraient les yeux
sur cette blonde symétrie
qui dédouble, en sa profondeur
le lisse glacis d'illusion,

de l'autre côté
du miroir.

Commentaires sur ce texte :

Dominique : Oui
Karim Cornali : Oui
Gert : Oui…
un peu trop de détail au début…
« pour au-delà de la nuée » ce "pour", brise le rythme
Ainsi que le "saint" attaché au soleil… un saint soleil ?

Michel : Oui.
Assez descriptif
Dana: Oui. Mon coup de cœur de cette auteure. De ce poème eschatologique bâti sur la métaphore des «grands vautours puissants / qui enfourchent le saint soleil », je ne peux m’empêcher de citer :
« Ils cherchent
un grand pays nu
où le silence étincelant
les appellerait à
dormir,
emmitouflés dans les grumeaux
de ses champs de neige et d'oubli.
»


        ***  

        Auteur suivant :  Marie-Jeanne Heusbourg

Créé le 1 mars 2002

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