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Cyril Malard, sélection juin 2013

il se présente à vous


  Les héros

Héros discrets, héros illustres,
Depuis peu ou depuis des lustres,
Ils ont bien commis des erreurs
De première ou de dernière heure.
Même les héros

Parfois sont zéro.

Il a mis ses ailes d’Icare,
Soudain, il est retombé car
En les scellant avec la cire,
Il ne pouvait pas réussir.
Même les héros

Parfois sont zéro.

Nul ne peut affirmer qu’Hercule
Etait un homme ridicule,
Mais par rapport aux dieux entiers,
Il n’en était que la moitié.
Même les héros

Parfois sont zéro.

Fils de Dieu, ce bon vieux Jésus
Ne laissa personne déçu.
Mais il ne faut pas trop s’y fier
Car il en est mort crucifié.
Même les héros

Parfois sont zéro.

Que Superman ou que Batman
Tombe sur une nymphomane,
On verrait que malgré leur corps,
Ils ne battent pas de record.
Même les héros

Parfois sont zéro.

Les inventeurs, les grands génies,
Dans leurs longues nuits d’insomnie,
Ont trouvé les commodités
D’exterminer l’humanité.
Même les héros

Parfois sont zéro.

Malgré d’immenses découvertes
Qui ont changé les cartes, certes,
Navigateurs, explorateurs,
De génocides, sont auteurs.
Même les héros

Parfois sont zéro.

Quand on se bat pour la patrie,
Que les femmes sont attendries,
A-t-on le droit –drôle d’idée–
D’y aller sans y décéder ?
Même les héros

Parfois sont zéro.

Sauveurs de vie du quotidien,
Grands protecteurs, anges-gardiens,
Quand viendra le moment suprême,
Ne se sauveront pas eux-mêmes.
Même les héros

Parfois sont zéro.

L’enterrement en grande pompe
Peut chavirer si on se trompe
De mort, de curé ou de messe
Et qu’on la transforme en kermesse.
Même les héros

Parfois sont zéro.

**


Le Petit Prince

Je marchai d’un pas nonchalant,
D’un pas tranquille, d’un pas lent
Sur une route de province.
Qu’importait la destination,
Je n’avais pas la prétention
De faire une arrivée de prince.

En arrivant discrètement
Dans un coin tout à fait charmant,
J’ai dit : « Me voilà à bon port ! »
En un rien de temps, les gendarmes
Etaient là, sur les lieux du drame
Car je n’ai pas de passeport.

J’ai couru pour fuir les képis
Et j’ai croisé quelques hippies
Aimant les fleurs au bout des tiges.
Je leur ai dit : « Emmenez-moi,
vous allez chez les chamois,
Je ne souffre d’aucun vertige. »

Ils m’ont accueilli puis ils m’ont
Emmené sur le plus haut mont,
A l’ abri de toute police.
Sur le long chemin du sommet,
Ils partageaient le calumet.
C’était pour eux, comme un calice.

Les longues randonnées pédestres
Dans les jolis décors alpestres
Etaient un bonheur quotidien.
J’ai abandonné les galères
Pour être libre comme l’air,
Avoir une vie sans gardien.

Un jour, la chance m’a souri,
Une somptueuse prairie
S’étendait là, sur la colline.
J’ai souhaité m’y installer,
Des gens m’ont dit de m’en aller
En m’envoyant des chevrotines.

J’ai couru plus loin que les balles
Et loin des agressions verbales.
Quand, débonnaire, un musicien
M’a dit : « L’ami, faut ralentir. »
Puis il chanta une satire
A l’ encontre des patriciens.

Quand le miracle s’est produit,
La musique nous a conduits
A l’autre bout de l’univers.
Là où les étoiles clignotent
Au même rythme que les notes
Sur des couplets de jolis vers.

Sur cette route interstellaire,
Proche de l’étoile polaire,
Le paysage était trop beau.
Mon palpitant était en joie,
Haut dans le ciel, loin des bourgeois
Réduits à l’état de nabots.

Cependant que nous avancions,
Que nous étions en perdition,
Est apparue une comète
Arpentée par un petit blond
Qui était triste comm’ du plomb,
Un peu mouillé sur les pommettes.

Ses yeux embués se fermèrent
Et il dit d’une voix amère :
« J’ai perdu mon ami renard,
Je n’ai plus qu’un petit mouton
Dont un humain m’a fait le don.
J’ai trouvé ce geste assez rare. »

Nous sommes partis tous les trois
Dans un monde bien moins étroit.
Ni police, ni autochtone,
N’était là pour nous assaillir.
Nous avons pu laisser jaillir
Les jolis airs que l’on chantonne.


***

Sonnet à un couple

Un couple d’amoureux s’endort au coin d’un feu,
Serrés, emmitouflés dans une couverture.
Tout en lui racontant de belles aventures,
Il passe tendrement la main dans ses cheveux.

Attentive à ses mots, elle aime sa voix douce.
Bercée, pelotonnée au creux de sa poitrine,
Elle entend chaudement son cœur qui tambourine.
Il dépose un baiser sur sa jolie frimousse.

Et dehors, c’est l’hiver qui souffle sa froideur
Dans un vent si glacial qu’il frappe en profondeur.
Sur les têtes fanées, le ciel s’est assombri.

Dans un bidon rouillé, quelques flammes crépitent,
Illuminant leurs yeux de brillantes pépites.
Il est chaud dans le froid, l’amour des sans-abris. 

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Créé le 1 mars 2002

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