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compte plus de 400 auteurs. Nous vous invitons
à venir la visiter.
Vous y trouverez des poètes, des nouvellistes et
romanciers, des auteurs de pièces de théâtre, hommes et
femmes, connus et inconnus, venus des cinq continents.
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Présentation
de la SÉLECTION
SEPTEMBRE
2010
n*78
fournée
préparée
par
Gertrude Millaire
|
LES AUTEURS SÉLECTIONNÉS DE SEPTEMBRE 2010
C'est la rentrée… un
nouveau rythme s’installe, et Francopolis ne fait pas exception, un vent frais apporte
de nouvelles odeurs : Laurent et Aurore parfument les alentours de leurs
commentaires alors qu' Eliette et Christian se préparent à colorer votre
automne. Bienvenue dans l’équipe.
La poésie court
dans les rues, flâne dans les campagnes et parfois s’arrête à votre porte.
Ouvrez vos volets, invitez-la à votre table et prenez le temps de savourer ce
menu quatre services à même les textes reçus de nos lecteurs :
Sébastien
Tillous, Agnès Kerboriou, Vincent Boutal et Marlena Breaster.
Merci à
André, Ali, Michel, Lilas, Laurent, Aurore, Philippe et Liette
qui ont participé au vote de cette Revue Septembre 2010.
Et grand merci à nos auteurs participants.
*****
Sébastien Tillous nous offre 4 textes :
Féminin survie - L’humanité toute en son froncement - Tu t’écartes- La
parole.
Pour l’ensemble de ces textes, André lui donne une tape dans le dos /Cet
auteur parce qu'il veut en dire trop en un seul poème surcharge de mots et
phrases gratuites. Dommage ! Je l'encourage à continuer d'écrire, mais il a
besoin d'être plus exigeant. Des signes cependant ne trompent pas tels que ce
tercet :
" haleine secrète d’une gorge noire
d’une nuit hors d’état de nuire
un rire aux dires des chemins "
En poésie,faire long et retenir le lecteur nécessite
un art consommé (Hugo lui-même pouvait être très lourd en ses longs poèmes...)/
et
Laurent abonde dans le
même sens : /Une
série de textes solides, au langage et au rythme
maîtrisés. En revanche, la surabondance de jeux sur
les
mots, s'ils sont rarement gratuits, peut lasser, à la longue./
Lilas ne reste pas indifférente : /Voici
un poète qui voudrait remettre debout les culs de jatte de ce début de
millénaire. Cette ambition m'est sympathique. La violence … beaucoup moins. Son
écriture en marche, riche, mais pas
encore à l'optimum de sa forme, mérite que l'auteur y revienne mais elle tirera
le meilleur profit d'une confrontation
avec les lecteurs. C'est ce qui a fait mon hésitation puis mon adhésion. /
Arrêt sur chacun des poèmes soumis.
Texte 1 - Féminin Survie
Philippe s’interroge :
/je
ne comprends pas il y a matière à texte, à
écrire … mais le texte reste obscur.
À vouloir dire … on noie l’objectif… je ne parviens pas à
entendre l’image cachée sous le concept de surmort la
violence
induite de certains mots ne porte plus dans le foisonnement le trop de
mots./ Alors que pour Lilas : /C'est
un déferlement d'anaphores impératives, une rafale de néologismes, qui, pour
être bien coulés, reconnaissons-le, donnent à force un air un peu trop factice
à certains passages :
" outrepasser le seuil
outre-tomber le deuil
à la face égorrifiée, désenfantée, décuvée des
assis sans socle (belle, cette dernière formule ! )
il faut encuver ceux qui suivent "
Un poème d'une rare violence, lucide, accusateur, une
bordée de mots-grenades :
" envoyer
les gloires en première ligne toutes peaux au dehors
sauter, avec leurs gorges
lâches
et crépir nos édifices de
leurs bouillie de marbre "
Mais une extrême violence prend le risque de glacer le
lecteur et "embétonner" l'émotion.
Limite du genre. D'autre part, tout n'a pas la même valeur : il y a
surenchère. Certes, la fin veut les moyens, mais … personnellement, j'ai du mal
avec des formules-jeux comme "enorgueillir
les orgues de combat…" Heureusement,
la belle formule finale me fait pencher du côté du oui, même si le fond de l'avant dernier vers
n'entraîne pas mon adhésion, non plus le "rôle" dévolu aux femmes et
filles et l'opposition masculin-féminin qu'elle révèle./
Juliette
lit dans la pensée de l’auteur : /je
choisirai d'autres titres aux poèmes mais " le masculin c'est la
surmort " m'a marquée en écho à " le féminin c'est la survie " (et
l’auteur a donné comme titre : (Féminin survie, au lieu de ce long titre
mentionné ci-haut.)
" surmourir, surpasser
outrepasser, outre-tomber "
j'aime ces rythmes, cette force nouvelle donnée aux mots, les regonfler pour
faire passer ce message.
" surmourir au-delà des ventres " : wouach
surmourir pour sur-être : parfois peut-être est-ce un peu trop corsé, un peu
trop forcé dans le langage, on avait compris mais il y a quelque chose qui
claque, qui dit et respire de l'être et du rythme,
une poésie pas tiède, pleine de force.
" le coeur givré " mais chaud, vivant ce coeur
on en redemande/
Alors que Laurent se sent un peu partagé : /J’étais
très partagé sur ce texte. D’un côté, toutes les qualités de l’auteur sont
présentes, à savoir une grande habileté avec les mots, une versification
rythmée et sans faille, une certaine âpreté de la révolte… d’un autre côté, les
deux premiers vers du texte me paraissent un peu trop évidents, voire faciles,
et laissent craindre une plongée dans la didactique… ce que le reste du texte
confirme, en alignant certains clichés, certes revisités avec assez de bonheur,
mais qui au final laissent une impression de facilité et de manque
d’originalité… Toutefois, j’aime beaucoup les néologismes, notamment :
" outrepasser le seuil
outre-tomber le deuil
à la face égorrifiée, désenfantée, décuvée
des assis sans socle
il faut encuver ceux qui suivent
tonneaux par tonneaux et
les autres devant "
et Aurore se
soucie du lecteur : /un
texte très complexe dans sa manipulation de mots, la mélodie n'est pas assez
fluide pour que l'on arrive à s'y plonger facilement. Le lecteur peut trouver
cela trop « lourd » pour y
comprendre quelque chose./
Texte 2 - L’humanité toute en son froncement
Aurore n’acquiesce
pas vraiment : /Poème
pas assez abouti selon moi. Les mots jouent mais pas assez de cohérence pour y
parvenir./ Et écho tout à l’opposé pour Laurent :
/Un
grand OUI pour ce texte, extrêmement violent dans sa construction : le
langage est dur, les allitérations et assonances sauvages et toujours bien
placées. Les images restent souvent obscures mais l’émotion qu’elles confèrent
est évidente, et fort bien rendue. Je crois aussi déceler des bribes d’un certain
humour noir ici, si le terme est approprié.
" un lourd viol que cette lessive de
tous nos gestes
fière bétonneuse qui désormais se serre
sans délai ni doute démontable un ciment
de nos vices en poudre d’ego dedans et bien
cuit "
Dans le choc des images tirées de la banalité du
quotidien et de l’horreur que l’auteur décrit ; et cela ne gâche
rien !
Même son de cloche pour Liette : / " un
large soleil enroué " mais qui a de la voix qui est " ce cratère
l'éveil incandescent "
" fais monter aux fièvres brunes, aux auras
aux "sera", "pourra", "gravats"
et grabataires empoudrés dans les tubes "
j'adore ce souffle, cette énergie
une poésie à dire
" aux éviers nos orgueils " ... quelle lessive ! Merci pour ce souffle, ce vent qui nous prend./
Alors que Lilas nuance : /
Un
poème du même feu que le précédent.
L'écriture mime la violence d'une guerre, la folle
densité de moments où l'être sait qu'il peut
être broyé, écriture de même tellement dense
que le lecteur, assailli, a du
mal à suivre et à tout saisir. J'ai aimé la force, la
grande richesse et l'évidence des images stridentes, comme celle de ce soleil "qui crisse comme une meule à crans d'arènes ", avec tous les sens
et connotations de ce dernier mot. J'ai moins aimé les 2 derniers vers dont l'image
finale peu évidente me semble affaiblir les vers précédents./ Et Philippe cherche l'entrée : / là
il me manque un début je suis précipité sans retour, comme si j’entrais par
effraction dans un compartiment d’un train qui roule très vite, texte morceau,
bout, une écaille de quelque chose de plus grand./
***
Texte 3 - Tu t’écartes
Lilas compare : / Comparé aux précédents, ce poème est une
récréation ! Il est vrai qu'il ne concerne que les deux protagonistes, qu'il a
un petit air de " déjà entendu " et une chute un peu trop facile ! / Et entrée
plus facile pour Philippe : / j’aime assez le début puis il enfonce ses mots à
l’angle des coins, il faut la ligne ajoutant comme un commentaire avec jeux
d’orthographes. fanatique…
non ! pardon… phonétique./ Mais point de vue différent de Liette : /ce n'est pas mon préféré, il a moins de force et
parfois le procédé de jeu de mots est trop surfait.
" tu
fous le camp
tu te fous le quand
maintenant "
J'ai du mal avec cette fin.
Je sens plus un slam qu'un poème comme dans les deux
précédents... à dire à
voix haute eux aussi mais je sentais le poème plus
habité, là je le sens plus
creux... je ne sais, il me plait, mais pas assez, pas comme les
autres, alors ce sera sans moi pour celui-ci. / Laurent apprécie : / Oui pour cette série de vers brefs et violents,
aussi bien ciselés que dans les autres textes. Là encore, il n’y a pas
d’ambiguïté possible dans le propos…/
Appréciation bien différente d’Aurore : / très difficile de rentrer dans ces jeux de mots
compliqués ! /
***
Texte 4 - La parole
Texte apprécié d'Aurore : / texte
court, plus fluide. Une
lecture à haute voix
est intéressante à faire ! / Et appréciation aussi de Laurent : / J’aime
la brièveté de ce texte ; ses images, si elles manquent parfois d’un peu
d’originalité, sont bien amenées et peignent un tableau qui interpelle. Une
conclusion très réussie, en tout cas, à cette série talentueuse./ Alors que Liette se fait plus pointilleuse : / "le
grincement de son teint d'or " " d'une nuit hors d'état de nuire "
: jeux de mots trop entendus. Il y a quelque chose "la parole n'émane que du feu - d'un courant non de
pensée mais d'air - au coeur du silence rythmé."
J'aime ce début mais pas "son teint d'or". Il y a une braise, une flamme noire, oui, mais parfois trop de choses ou images
surfaites mais cependant je sens quelque chose.
Cette " haleine secrète d'une gorge noire " " un rire aux dires des
chemins "
Un ensemble se crée "une seule voix pour un seul monde - un souffle de
braise entre les dents du diable" oui à cette fin....
allez, oui à cette parole qui se dit, s'écrit, s'enflamme
j'y sens une tendresse et une détresse, une
certaine maîtrise aussi et une couleur. Les deux premiers
poèmes avaient comme une autre force, quelque chose de non
maîtrisé et violent et tendre pourtant qui me parlaient
d'avantage mais je dis oui ici./ Et Lilas aussi donne son accord : / oui,
pour
ce poème qui complète bien les précédents par cette perception personnelle de
la parole. Je n'entends pas " le grincement de son teint d'or ", mais
les autres images, la posent - inconsciemment ? – aux antipodes de "la
Parole" par son origine, sa nature, son essence. /
Alors que Philippe penche vers la réécriture : / pas
simple la formulation… j’ai envie de réécrire… inévitable.
- du feu émane la parole… ou est-ce la
parole qui prend feu – /
***
Agnès Kerboriou, une Nouvelle
La canne épée de Pépé
Philippe : / sans
avis …ni oui ni non… à l’épée du pépé.../
alors que Lilas acquiesce : / Le
jeu de sonorités du titre donne le ton d'un récit teinté d'humour,
d'esprit de comptine, d'enfance… Cela contraste avec la gravité du thème et
contribue à l'intérêt d'une nouvelle ;
par ailleurs originalement présentée, en "pavé", mais très digeste cependant, grâce au ton, au
rythme, à la vivacité des dialogues, à l'humour noir habilement distillé, à la
variété des regards et du style.
Notons enfin qu'elle est délibérément plus proche de la
pièce de théâtre que de la nouvelle, vu l'importance donnée aux dialogues et le
rythme très enlevé. Une plaisante réussite ! /
Liette hésite… / je
n'accroche pas tant que ça car "la canne épée de Pépé" un peu faciles
ces jeux de mots mais en même temps il y a quelque chose de tonique dans ce
dialogue...
"ma
doué" ça me semble breton alors oui à un air de Bretagne, un dialogue
amusant, le commissaire et tout donc allez oui à cet air de
Bretagne ! / De même que Laurent : / Petit
oui pour cette nouvelle assez vivante et spirituelle, qui se laisse lire
agréablement malgré une chute attendue. /
Aurore,
y sent le burlesque : / c'est
une nouvelle concise, avec des phrases rythmées. Un exercice de style que ces
phrases courtes, sans détails, qui se basent surtout sur les dialogues. Une
petite pièce de théâtre burlesque... la chute est assez intéressante aussi, une
enquête policière basée sur un fait divers. (?) / Et l'accord d’André : / Oui, pour la drôlerie de la situation et la verve
juvénile des dialogues. /
***
Vincent Boutal nous donne
deux textes :
Texte 1 - La terre s’est
tue - Texte 2 – La terre est nue.
Laurent commente
l’ensemble : /Oui
aux deux textes qui me semblent de toute manière indissociables. J’aime l’atmosphère
« païenne » qui en ressort, la mise en avant des éléments érotiques
mais aussi obscurs et périlleux de cette étrange et sensuelle communion avec la
terre nourricière ;
" la terre est nue ce matin
et moi je me frotte sur elle
vieux chien secoué par des tics complaisants
la terre mue ce matin
le bras plongé dans ses peaux mortes "
On
pense à d’anciens rites de fertilité/fécondité, lorsque la célébration de la
vie et de la chair côtoie la conscience de la décrépitude et de la mort. Très
réussi ! / Et Philippe reste sur sa faim : /
je reste sur ma faim pour ses deux textes courts. J’en redemande d’autres….
pour un vrai oui… plus large. /
Texte 1 - La terre s'est tue
André donne son accord
mais propose une réécriture que vous trouverez sur la page du texte. / J'aime
l'innocence qui s'en dégage, je ressens une fragilité qui m'émeut bien que la
forme laisse à désirer. Il manque encore de précision, de cohérence
grammaticale. Les enchaînements des vers entre eux laissent souvent à désirer.
Cet auteur devrait découper ses poèmes en strophes et non se laisser porter par
la continuité./ Accord aussi d’Aurore : / des
mots sensuels, bien suggestifs. La nature fait écho avec le ballet amoureux des
êtres humains. Une connotation onirique. /
Liette est émue : “ Je
reste interdit à l'orée des songes "
et sans voix devant ce magnifique poème "La terre s'est tue" mais
elle continue à nous ouvrir ses lèvres... Touchée... Merci
Lilas aime bien aussi : « Rythme,
choix des mètres, reprises et anaphores, soulignent bien l'attente fervente,
l'étonnement, la sensualité profonde et essentielle – comment dire ?- originelle de cette union bouleversante. Peut-être
faudrait-il introduire l'image des silences, de la durée, de la plénitude, de ces instants magiques, en jouant sur les blancs, la mise en page ? Michel
n’apprécie que ce texte : / OUI.
Sans hésitation. Beau texte. J’aime particulièrement :
" Elle brise l'écho songeur
D'un mouvement de hanches
Et l'arbre et la branche et la feuille se souviennent de son nom. "
***
Texte 2 - La terre est nue
Lilas va dans le même sens que le précédent : / Dans
ce poème, suite du précédent, la ferveur le cède à une sorte de jubilation
intime juvénile très communicative.
Liette, cite quelques
passages : /
" la
terre est nue ce matin "
" la terre mue "
" la terre et moi allons nous marier "
Je ne peux que répéter en écho ces mots, cette émotion qui me tient... juste
être peau à l'écoute... juste oui... juste merci pour ce rêve, cette douceur
" je respire ses faiblesses " oui... / Mais Aurore semble
déçue : / moins
bien que le premier, peut-être trop court ? Je suis moins sensible à ces mots
poétiques. / Et André refuse
pour un grain dans l’engrenage et
suggère une réécriture : /
" vieux chien secoué par des tics complaisants "
dommage, ce vers assassine le poème... Sans cela j'aurais dit oui. Les 3
derniers vers m'enchantent, c'est l'enfance de l'art retrouvée sans effort.
"vieux chien secoué de tics" aurait simplement suffi. Ou comme suit :
la terre est nue ce matin
et moi je me frotte sur
elle
la terre mue ce matin
le bras plongé dans ses
peaux mortes
je respire ses faiblesses
la terre et moi allons
nous marier
rêve d'enfance
j'accroche des ballons aux
grilles du portail
***
Marlena Breaster nous donne 5
poèmes :
des traînées de lumière - mais elle ne voit pas l'attente -
puis ce tour inattendu que la rue prend - et cet autre retour - même rue
André
commente cet auteur dans l’ensemble : / Cet
auteur possède une vive perception et beaucoup de sensibilité. Encore faudrait-il qu'il
retravaille la forme et ne s'entête pas à compliquer alors qu'il pourrait faire
simple, sans les complications d'une versification qui finit par s'écrouler et
fatiguer le lecteur. De même qu’Aurore : / L'auteur
propose un univers sombre par moments, mais cela manque un peu encore de
travail pour avoir envie par endroits de poursuivre une lecture plus
poussée.
Et pour cet ensemble, Laurent
dit : / Là
encore, les 5 textes paraissent indissociables tant ils se suivent et se
complètent, il est donc difficile de les juger individuellement… J’aurais voté
OUI, pour l’ensemble, car malgré les critiques que je peux exprimer plus bas,
une voix se dégage ; il y a une cohérence dans l’ensemble. Ceci dit, il me
semble que le tout gagnerait à être un peu plus travaillé, pour supprimer les
vers inutiles et renforcer son impact. Mais s’il faut une approche plus détaillée… vous la trouverez dans le regard de chaque texte. Lilas donne son accord pour
l’ensemble : / pour
l'ensemble de ces poèmes indissociables. Ces vers nous
forcent à suivre leur cheminement entre
noir et lumière, ville et mer, ville et
ville, l'enfermement, le labyrinthe, en
mimant, flux et reflux, les
chemins vers la mer et le vertige des vagues ou d'une mer perdue, d'une attente
ou d'une absence qui fausse le regard. Obliques d'une attente toute tendue vers un espoir vain ? Obliques d'une
folie naissante ? (J'ai pensé à Virginia Woolf.) La poésie de ces vers est encore plus sensible lors de
la mise en voix qui met en évidence tout
un chant, enveloppant, animé de reprises, de rappels, ponctué de questions, de
thèmes en répons. / Et Michel
refuse : / Cet
auteur est trop alambiqué ! Ce n’est pas clair. C’est non… / mais Philippe
ne semble pas de cet avis : / oui… offrir à nos lectures un texte
pas simple de
choisir dans un texte … quelle forme pour bien tenir ensemble :
texte - ville –
rue - paysages à l’angle du regard… où s’emmêlent nos vagues larmes -nuit –
souvenirs. Besoin d’un travail de concentration,
évaporation … réduction savoureuse ? / Alors que Liette y trouve son coup de cœur pour cet auteur.
texte
1 - des traînées
de lumière
André
refuse ce texte: /Que de détours inutiles, il aurait fallu être plus concis./ Bien qu' Aurore
apprécie : / De
jolies images, le texte le plus intéressant car il peut nous
« parler » d'une manière simple et efficace. Balbutiements poétiques
à mieux travailler. C'est très novateur et prometteur./
Laurent n’ose se prononcer : « JE NE ME
PRONONCE PAS
Une
belle invocation/recherche de la mer au cœur d’une ville, malgré quelques vers
assez « plats ». La répétition
" dans une autre rue
- dans la même rue -
sur cette façade qui me dévisage
et s'efface
éblouie
au bout de la rue
de l'autre rue
- de la même rue –"
crée
toutefois une impression de longueur sur un texte pourtant court – peut-être
est-ce l’effet désiré ? Les deux occurrences me paraissent cependant un
peu trop rapprochées pour mettre en place l’ambiance d’errance recherchée, le
cas échéant. /
Liette lance son cri du cœur : /
" des
traînées de lumière
descendent avec nous
et ce silence noir devant moi ?
où est la mer
(...)
une tache de lumière me suit hésite et se dérobe
(...)
la lumière s'est arrêtée n'ayant plus
rien
à nous montrer
et cette nuit en face ? "
merci pour la lumière venue se loger dans mon coeur, avec la nuit et son
silence, mais la lumière, elle reste dans mon rêve, au bout du tunnel. J'aime ce rythme, comme les vagues un peu, comme un souffle qui va et vient,
ainsi la marée.../
***
TEXTE 2 - mais elle ne voit pas l'attente
Liette reste sur sa
lancée : / ce
rythme me prend comme une vague. / Laurent
apprécie : / J’apprécie
la confusion qui émane de ce texte, due à la répétition d’une poignée de
notions dans des contextes changeants. Cela rejoint-il le flux et le reflux de
la mer guettée ? / Mais Aurore se fait plus exigeante : / Poème
pas assez abouti selon moi. Les phrases n'ont pas assez de sens précis. Les
jeux de mots sont maladroits. / Et
refus catégorique d’André : / Très mal équilibré, malhabile, confus. Pourtant,
c'est un beau poème altéré par des vices de forme. /
***
Texte 3 - puis
ce tour inattendu que la rue prend
Pas très convaincant ce
poème pour André : / Oui, à la limite du
non. / Et même son de cloche pour Aurore : / trop abstrait pour que le sens du texte nous
apparaisse clairement. / De même pour Laurent : / Ce texte reprend un peu le principe du
précédent, mais avec me semble-t-il moins de bonheur ; ici, la confusion
et le flou m’ont paru un peu gratuits. Mais, encore une fois, le texte prend
une autre saveur, mêlé à ce qui précède et ce qui suit. / Et toujours ce
coup de cœur de Liette : / comme une suite, ces poèmes forment un tout, on
marche avec eux, dans leur rythme
" la pluie la neige la pluie l'absence "
rythme, saisons, voyage dans cette rue, cette lumière, cette nuit
" le dedans du présent
de toutes nos fenêtres
de toutes ses fenêtres
la ville avait tant scruté la pluie la neige le bleu l'absence
(...)
la pluie la neige la pluie l'absence scrutant la ville scrutant la pluie la
neige l'absence
fermés les cercles de flots
et des présences "
J'ouvrirai ma fenêtre, toujours pour sentir cette présence, cette attente,
bercer cette présence, cette absence, ce lien
et ce rythme, toujours ce rythme qui me porte. Merci encore. Merci./
***
Texte 4 - et cet
autre retour
Oui pour
Liette : / on
continue
" est-ce la ville
de tous ses angles
se penchant vers la mer ? "
on suit la mer, les rues, le questionnement. / Laurent
donne son appui : / Le
thème (la mélodie ?) entamé dès le premier texte semble ici s’enrichir et
se développer. J’aime les « arpèges d’allées et venues ». Une
musique s’ajoute au temps et à l’espace évoqués plus tôt. / Aurore apprécie : / Même
thématique que les autres textes, un peu redondant mais assez simple,
harmonieux. Il y a tout de même de belles images. / André acquiesce
péniblement : / OUI, avec peine. Une mise en strophe éclairerait le
cheminement de ce poème qui ne mérite pas d'être compacté par l'alignement
systématique des vers dont certains en deviennent indigestes à cause de leur
longueur. Je l'organiserais comme suit :… » (voir dans les
commentaires de la page du poème). /
***
Texte 5 -
même rue
André
refuse : / NON même remarque. Et les deux vers " descente
péninsulaire/ comme toutes les descentes " manquent d'imagination,
empêchent même d'éprouver le vertige dû à une déclinaison abrupte du sol et de
la vision./ Aurore n’est pas enchantée non plus : / C'est
un peu « moyen » comme texte. J'y suis moins sensible./ Et Laurent donne
son accord : / Une
conclusion qui reste un doute, une interrogation, et termine la série avec une
impression de résignation curieuse ? J’aime l’ensemble ; en revanche,
le néologisme/jeu de mots facile de l’avant-dernier vers :
« presque v’île rôde »
laisse une impression étrange, de « cheveu sur la
soupe » à mon humble avis, qui a tendance à briser un peu les images
conjurées plus tôt ; c’est dommage./ Mais toujours fort
apprécié par Liette qui cite : /
" je te lis en vertige êtes-vous d'ici de ces rues fuyantes de ces brisures
du temps êtes-vous d'ici ce n'est qu'une question d'inclinaison
tu te lis
dans le vertige de Ville
sans en comprendre
les angles presque v'île y rôde
dans un labyrinthe d'eau "
ville, presque v'île : ici ça glisse en ce labyrinthe d'eau, on dit oui et on
étend vil aussi
le rôdeur ou la bête de ce labyrinthe d'eau... qui empêcherait cette présence,
je ne sais... mais
j'aime tout. C'est un ensemble que cette suite de 5 poèmes. Je
lirais bien le reste s'il y en a ! Je continuerais très
volontiers cette errance. /
** Chers lecteurs, vous pouvez vous aussi commenter ces textes sur la page de chaque texte.
***
Pourquoi ne pas continuer cette errance, en passant au Salon
de lecture
où nous recevons Pierre
Cadieu,
écrivain, haïkiste, poète et slammeur québécois.
***
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les renseignements sous la rubrique : "Comité
de poésie"
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