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JAMILA ABITAR

" C’est ici et maintenant que se joue le verbe…"





Poèmes de Jamila Abitar

Chemin d’errance

J’ai poussé la poésie à ses petits bouts de bonheur
la nuit où j’ai porté la voix du poème
sur mon dos.

J’ai entendu dans ton sommeil
tes hurlements quand le soleil s’est élevé
sur les crêtes du corps disparu.

Je sais le paysan qui soigne la terre
et les couleurs vives qui m'ont nourrie.
J'ai embrassé le soleil
et j'ai surpris        debout        les blés
faisant l'amour…

Mes battements du cœur
suspendus à ton horloge
ont écouté ta voix.

Parle-moi de cette colline lointaine
qui ne dirait pas son nom !

Ma mémoire morte nourrit les feuillages
et nous            cendres,
avons vu la danse du cygne…
j'ai osé suspendre, entre deux lacs,
sur le chemin de l’errance,
l’aveugle discours.

Ce que j’ai peine à raconter.
Ce que l’émotion la plus forte,
à provoqué en moi.
Note singulière noyée dans le chagrin.

C’est ici et maintenant que se joue le verbe,
dans une ultime déraison, je touche son nom.

D'où je viens,
la brise du matin est une évidence.

La musique est noble et atteint des hauteurs
que seule l’ivresse ou la langue peuvent approcher.

S'élargissent les mots, les pleurs et la censure.
Aurions-nous tort de croire au seul pouvoir des mots ?

 

La nudité des mots

La nudité des mots, c’est écrire ce que l’on n’ose dire.
C’est rendre pudiques les mots et bavardes les lettres.

C’est le dessein d’un corps insoumis.
L’incandescence du geste et ses larmes laissées au sol.

J’ai trouvé dans la parole incarnée le visage de l’éternité.
J’ai vibré au pied du penseur et j’ai  joui de la plus pure raison.

En cet instant, j’ai senti mon cœur battre l’éternité.

Mes genoux ont tremblé, mes poumons ont gonflé
et j’ai pris plaisir à mourir dans une vie qui n’en était pas une.

J’ai pleuré ma cendre et son souvenir
et j’ose encore verser mes larmes dans le verbe nu
pour porter l’ombre et la lumière dans la naissance des mots.

 

Safi

J’ai vu Safi
Dérivée des mystères de l’océan

Au bout d’une ruelle,
Elle a fait naître dans mon cœur
Une pluie d’or
Que j’offre à chaque passant.

Je me rappelle
la lune couverte de mille joyaux,
le visage de Samarcande,
la caresse venue de l’infini.

J’étais au bord du Nil,
là où la lumière est miroir,
lueur déportée,
palpitations d’une vie fragile,
intense de vives émotions.

Si de près ou de loin,
je sens le souffle de l'arbre
alors, je me saurai vivante.


©Jamila Abitar
(inédits)

Chant du Matin

Je veux seulement entendre
ton cœur battre
de son plus beau poème
et le protéger dans le secret
de la nuit.

Où est ton corps transparent,
ta plénitude dans le chant du matin ?

La poésie, si difficile à recevoir,
me donne pour un temps,
le cosmos en héritage.

La marche décalée de siècle en siècle ;
et toutes les nuits tombées dans l’arrosoir de mes jours



[Ma ville rouge]

Je voudrais retrouver ma ville rouge, sa verdure,
ses champs d’empreintes de sang partagé.
 
Je voudrais me cacher derrière la Koutoubia
et sentir Jamaa El Fna veiller sur Marrakech.
 
A mon sommeil défendu, c’est le néant accompli.
 
Aussi loin que ma mémoire disparaît
le rêve d’un poème réussi.
 
Aussi loin que mes rêves réussis,
la splendeur d’une vie sans histoires.
 
Un souffle parmi le souffle,
un être dans le tout être.
 
J’aime le temps des calèches,
l’élégance des chevaux dans la terre rouge.
 
Je regarde les ombres du matin
reposer sur les remparts quand midi sonne.
 
Je quitte le bus pour toucher ma terre.
Oui, de ce temps-là, je suis une rescapée.
 
©Jamila Abitar
(extraits du recueil À Marrakech, derrière la Koutoubia)

Photos : ©Jamila Abitar


****


Née à Marrakech en 1969, Jamila Abitar a fait ses études en France. Licenciée en droit, elle a travaillé dans des services administratifs universitaires, à l’UNESCO, et travaille actuellement  pour un réseau de bibliothèques municipales.

Après de longues années d’écriture, pour «elle-même», depuis le primaire, elle partage ses textes dans les cercles amicaux, des lectures sur les campus de la fac, jusqu’à ce que sur l’incitation des amis elle décide de les montrer à un éditeur.
C’est ainsi qu’en 2001 paraît aux éditions L’Harmattan son premier recueil, L’Aube sous les dunes.
Dès lors, la poésie prend le dessus sur toutes les autres dimensions de la vie. L’écriture, la vie littéraire, orientent ses occupations. Son œuvre s’agrandit avec de nouveaux titres.
Elle participe à des lectures et des festivals de poésie en France et à l’étranger, contribue à des rencontres comme conférencière, auteure, lectrice, publie dans des revues et anthologies. Elle anime des classes d’initiation à la poésie et à l’écriture, dans des écoles et centres culturels, démontrant l’efficacité de la poésie dans l’éducation, comme par exemple au groupe scolaire Coteau de Cachan.

Recueils :
L'aube sous les dunes, Editions L’Harmattan, Paris 2000 (Poètes des cinq continents)
L'oracle des fellahs, Editions L’Harmattan, Paris 2002 (Poètes des cinq continents)
Le bleu infini, Editions L’Harmattan, Paris 2009 (Poètes des cinq continents)
A Marrakech, derrière la Koutoubia, Editions alfAbarre – 2012 (Paroles nomades)

Présences dans la Revue Francopolis
Francosemailles : Jamila Abitar, janvier 2014
Francopolis au Territoire du poème, février 2014


Jamila vient de rejoindre l'équipe de Francopolis,
nous lui souhaitons la bienvenue ! - voir plus de sa présentation dans le groupe.

Jamila Abitar
Salon de lecture Mai 2014
présentée par Dana Shishmanian


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Créé le 1 mars 2002