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 Emeric Vauchel, sélection mars 2011

il se présente à vous

  Catatonie en pluie mineure

Les mots comme des pierres
Et dans ma bouche des ruches mortes
À la plume de mes stylos
Gouttent des araignées
Et la lumière, mante muette
Tire avec ses mandibules
Un sale film sans fin
Qui fait trembler mon souffle
Et trouble mon repos

 

C’est la nécessité qui me pousse
À passer la main de l’âme
À la flamme du Malin
Lorsque je l’ai regardé
C’est toi que j’y ai vu sourire
Un peu par pitié, un peu par mépris
Et beaucoup par habitude

 

Je descends un peu le long de la feuille
Et de sa ligne rouge
Et je sais qu’au bout, tout au bout,
Il faut regarder le vide
Pour passer à l’autre face
Affronter
Ton sourire de feuille pliée
Les doigts de l’âme sur la bordure
Prête à taillader

 

Pour l’amour de tout l’amour du monde,
Épargne-moi le pas de trop
Brûle-moi avant que je n’écrive
Tout ce que je ne pourrai plus brûler
Car il me faut bien nourrir
Ces brasiers qui grandissent
Comme des enfants difformes
Et qui aiment pourtant
Comme l’air aime le vent.

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