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Emeric Vauchel, sélection mars 2011

il se présente à vous


  Torpeur


Depuis des mois elle n’avait plus entendu battre son cœur. Prisonnière d’une plaine des avalanches où plus une pierre ne roulait, où plus un terrain ne glissait, où plus une neige ne cédait. Elle sentait son cœur figé, tracé à grands traits comme une sombre et silencieuse citadelle sur le cadastre de l’éternité, avec ses belles bornes et ses querelles de voisinage et son petit perron bien balayé où elle se tenait, de la poussière dans les mains et du crêpe noire sur les yeux, certaine de se perdre au fil du temps qui passe, bourrée de remords, pétrie de regrets, cuisante de défaites. Inutile gardienne d’une frontière morte dans un monde bien partagé entre elle, seule, et ceux qui vont par deux.

Elle en oubliait de faire le tour de sa citadelle, sinon elle l’aurait vu, son mystérieux désert du nord à elle, bien à elle ; rien qu’à elle.

Sinon elle aurait dépassé ses bornes et s’y serait enfoncée, quittant sa plaine des avalanches à la rencontre d’un mythe qui existait peut-être, loin au nord. Faisant toujours un pas de plus, sur les arrêtes des rocs croulants, sur la boue des pentes traîtres, dans ces neiges jusqu’aux hanches où tout au fond pointaient encore des pierres. Sinon elle n’aurait pas renoncé, elle aurait jeté cette crêpe noire qui la pestiférait, secoué cette poussière qui grisait ses cheveux, craché le goût d’amertume dans sa bouche, jeté ses débris d’âme damnée au vent furieux du nord.

Et dans le miroir d’un mirage lointain, elle aurait vu quelque chose.

Peut-être pas la preuve qu’il existait. Mais au moins la preuve qu’elle n’avait rien à voir, absolument rien, avec celle qu’elle croyait être devenue, sur le perron de son cadastre.


 

         *         Texte commenté par le Comité Francopolis et commentaires sur l'ensemble de ses textes mars 2011



                         --------- >     Cousu de fils blancs

                           

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Créé le 1 mars 2002

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