Dominique Vital, sélection
mars 2015
il se présente
à vous.
Cinq textes ont été retenus
À pied d'oeuvre
Le poète s’essuie les pieds sur les rimes
bien que ne sachant pas compter sa fortune
et bien moins encore sa folle écriture.
Il se promène dans le jardin des supplices
pour se torturer les méninges en rut
et s’enfanter quelque part tout là-haut.
Ses pages noircies finissent à la blanchisserie
des amoureux de l’amour qui s’aime seule,
à l’instar des quiproquos assourdissants.
Car la vie
le touche
en plein coeur.
Il promène ses rimes comme Baudelaire ses chats,
Rimbaud ses effarés et Verlaine ses sanglots longs.
(Le calepin de l'Errant)
**
2. Ô Femme
Ô femme de toujours que je t’aime.
Tes alcools et atours me troublent l’âme
et me jettent dans tes bras, ivre de joie.
Ô femme de toujours, te déshabiller et…
de poétiques mains écoutant ton coeur,
et parcourant ton corps tel un rêve.
Ô femme de toujours te voir dormir
aussi nue qu’une rivière de baisers,
à l’écoute des enlacements furtifs.
Ô femme de toujours, je t’aime tant,
que je vibre en nous tel un nouvel amant,
à l’écoute d’un dernier voyage érotique.
Ô femme de toujours, reste de toujours,
et embrasse-moi, et embrase-moi.
(Le calepin de l'Errant)
***
3. L'impensable
Terre rouge. L'humain nettoyé de son
âme. Sentir.
Tous les possibles fusillent. À l'aveugle. L'erreur aimée.
Le bourreau est un exécutant qui croît encore en Dieu.
L'inaltérable espoir. La folie qui boit son sang noir.
Terre retournée. Sur elle même, et son droit de tuer.
Sa satisfaction d'avoir raison. Et d'en rire, d'en rire.
Il en sortira des fruits et des légumes. Non pollués.
La mémoire n'est nullement écrite dans
l'éternité.
Terre de toujours. À l'encre nullement sympathique.
Traces. Odeurs. Ivresse, voire bonheur. Rester debout.
Des ossements. Sainteté navrante. Parfum d'outre.
Terre d'encre, d'ancre. Pour finir dans les bras,
les bras de l'amour. Le deuil. L'inutile rescapé de tout espoir.
Datation rouge. Stèle illisible. Se sentir qu'humain.
(Une vie de poème)
****
4.
L'ambigüité
La vie ne tourne pas rond. Le triangle des
Bermudes tousse.
Une racine carrée arrondit les angles. Cercle vicieux.
Le soleil rit jaune. La lune repasse ses nuits blanches.
L'avenir perd la mémoire. Hier ne chante plus.
Le piano cuisine l'archet. Le violon en perd son âme.
La grosse caisse a des fuites. Le dernier des banjos
s'accorde de belles vacances dans un trou d'air.
Les instruments à vent suent des fausses notes.
Une voie ferrée cherche son Léo à la gare du
départ.
Des voix célestes pratiquent toujours le libre échange.
La lettre à Élise s'efface avec la gomme de l'oubli.
La plume grince. Le bic coule. Le stylo jette l'ancre.
Seuls les tags illustrent les murs aux rires gras.
Et pendant ce temps là, le poète pleure de vivre.
(Une vie de poème)
*****
5. Être
La vie est belle. J'aime
être. Moi, un être mortel.
Je ne puis être sans savoir ni être. Je suis moi.
Cogito ergo sum. Descartes est un positif vivant.
L'homme est un roseau pensant à la mode Pascal.
L'homme dort sous un hêtre pour penser son ombre vive.
L'être et le néant, un duo sartrien avec la force de vivre,
du même courage qu'un beau Socrate devant son apéritif,
voire s'aventurant vers un Rousseau en mal de confession.
Être et ne pas perdre ses racines. Ce soir se voir miroir.
Je suis cet inconnu en voyage d'éternité, d'amour,
en urgence de ne plus savoir que conjuguer le verbe être.
À l'est il se lève et est. Tôt l'être se
pense et s'aime.
Pourquoi si vite ? Pourquoi ouvrir les yeux, pourquoi rêver ?
Juste pour savoir que l'on est de passage, rien que de passage.
(Une vie de poème)
** Textes commentés
par le Comité
***
Auteur suivant : Claire Kalfon
|