Vos textes publiés ici après soumission au comité de lecture de francopolis.



 

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illustration par Anselm Kiefer
 
 

Présentation
de la SÉLECTION

janvier
2010

n*72

fournée
préparée

par

Julieta
Guerreiro




Sélection en trois partitions.

L’être au monde.
  janvier 2010


Choisir un regard, s’investir de la parole de l’autre et la rendre.

Etre en mouvement, être au monde, traversée, être plus qu’un avec toi, poème !, comme si placé

au dessus de moi, tu pensais mon espace.


[LA LETTRE
On ne guette pas les lettres ainsi – mais la lettre.
Un lambeau de chiffon autour d’un ruban de colle.
Dedans - un mot.
Et le bonheur – c’est tout.
M.T. 11 août 1923]

Cet extrait est tiré des Carnets de Marina Tsvetaeva.

Les lettres comme tangible, l’ordre du possible palpable, un son, un mot, une composition que chacun peut s’approprier. Ce qu’il y a dans la LETTRE, c’est ce qui fait ce que l’on peut voir (le mot), ce que l’on peut entendre (le son). Un lambeau de chiffon comme l’âme autour d’un ruban de colle (le corps/le monde) et dedans l’indicible, ce qui est au-delà de nos sens, ce qui unit les contraires : La LETTRE.

Un chant secret en amont des mots? C’est en tout cas ce que j’imagine de la poésie.

C’est ainsi que j’ai choisi de vous présenter cette sélection de janvier 2010 rendue par le comité de lecture de Francopolis : Lecture - échos – mouvements.



La Conscience de soi.

Patrick Duquoc a une manière très sensuelle d'approcher la douleur, la souffrance, le manque, devenus chairs palpables, corps qui crient.
Dans Ego te absolvo, j’ai retrouvé un même souffle, je dirais, une même conscience de la douleur que celle à l’œuvre chez Tarkos.

Mouvement solaire, L’homme dedans.

Et lui fait face, le lunaire d’une poésie, le lyrisme d’ Héloise Cerboneschi .

Nervures inouïes de la conscience des origines, temps et époques transfigurés, le monde à l’œuvre dedans soi.


L’Etre au Monde.

Ariel convoque la Mémoire dans Ewigkeit dont voici un extrait :

[…Tout d'abord, il a dessiné un point en forme de goutte.
Il a dit " c'est une pierre qui tombe ..."

Il a retrempé le pinceau dans les deux récipients sur sa droite,
a tracé une ligne horizontale sous le point.
Il a dit " c'est mille ans "

puis une verticale plus longue avec un petit retour à son pied.
Il a dit " c'est une liane qui descend vers le sol "

Il dessinait l'idéogramme de l'éternité.]

Des paysages et des lieux, des peintures, une musique, des objets posés-là, lissés d’habitudes, autant de ponts vers soi. Il y a dans la poétique d’Ariel la résonnance du regard différant qu’aborde Georges Didi-Hubermann à propos de l'Objet d’Art/soi.


Communier.

Ecne Ecnelis , elle, propose une relecture du Monde, un autre angle, celui d’un monde transcendé par les rêves et cet autre "toi",  regard correspondant, ce double

Communier.


Dedans-un mot [Marina Tsvetaeva].

Guillaume Balzarini nous entraîne dans une conversation entre dedans/dehors, soi/le monde avec la parole comme liant, la parole comme spectre où s’œuvre une iconographie de la présence/absence.

Il offre le Dire à la naissance : dans l’intervalle, dans le souffle des mots, une respiration basse, la polyphonie du sens.

Merci à ces cinq auteurs pour leur confiance, pour m’avoir pour certains laissée choisir les textes présentés ici, première sélection de l’année 2010.

Patrick Duquoc Dit Pant, Héloïse Cerboneschi, Escnelis, Ariel, Guillaume Balzarini


Premier mouvement

Patrick Duquoc Dit Pant écrit de lui [Né le 5 janvier 1968 en une zone précaire. L'écriture comme outil, l'écriture comme envie, l'écriture comme survie. Travailler sur soi, c'est pour moi travailler sur/avec les mots. Étant d'un naturel étranger et au cœur garni de cendres, je mélange, je tisse, je trame, je compose, je décompose ce que je touche, et je le reconstruis face à face avec mon regard sur l'œuvre. Tout est lié à la respiration, au souffle, tout ce qui trouble l'âme doit toucher l'aube qui est en chacun de nous.]

Kelig ne s’y est pas trompé quand il aborde les cinq textes présentés ici.
«J’aime souvent me laisser entraîner par l’écriture de cet auteur. L’écriture – selon ma lecture – est souvent sensuelle (comme guidée par elle) chemine chemine et semble s’ensemencer, s’aimer, semée de phrases vers trouvailles, en chair et en images.»

D’emblée se pose ici encore ‘la sensualité’’, au sens strict du terme, lato sensu, tout ce qui est ramené aux sens – au [naturel étranger et au cœur garni de cendres], Patrick Duquoc Dit Pant oppose une déconstruction de la perception (mots/constructions grammaticales/ponctuation] comme refus de ce monde (de sa présence immédiate/sensible au monde).

Philippe ajoute :
«Oui pour l’ensemble...Belle expérience d’écriture d’essais de transformations, de partis pris , besoin pour moi de nettoyer encore...J’aurai aimé une suite de textes plutôt que des éléments … aux tonalités très différentes.»

Oui, besoin de (se) nettoyer pour en guérir sans doute.

[Sur une peau d’ombre] - texte1

Ali écrit :
« Délirant monologue ! Une cascade de mots où les sens partent en éclats - on dirait un passage d'une scène de théâtre ! J'en retiens surtout cette belle phrase. [J'ai des souvenirs gris qui se posent comme des mains sur une peau d'ombre] »
et Lilas de rajouter
«J'ai aimé ce chant crépusculaire d'un cœur "toujours à l'ombre" qui cherche des lueurs dans les délices d'un souvenir tout en contrastes; Là, sur le fond gris du monde et du cœur, domine une lumière faite d'échanges et de désirs mutuels. Une lumière tellement intense qu'elle a pu réduire en cendres les montagnes qui séparent : "celles de mon cœur ou d'entre nous étaient des monts d'or et de cendres, pas de charbon par là-bas, non, des cendres c'est autre chose. Ce sont des restes de lumières." Bien sûr, la vie a entassé de " vrais monts de cendres, de cette poussière qui ne se souvient plus".
[
La solitude est une pluie…] disait Nietzsche. Pour d'autres, elle est poussière d'oubli.
Le style de l'auteur, lui, est vivant et plutôt maîtrisé pour évoquer un ressenti assez complexe. Et il sait chanter, de ce chant qui sauve de l'oubli
.
Liette nous intime à poursuivre la lecture, alors continuons :
«Une scansion, un rythme se sentent [j'ai des souvenirs gris d'une lumière] [j'ai des souvenirs gris qui se posent entre mes mains] les mots se répètent et donnent une tendresse au poème, on est enveloppé, on a envie de continuer à dérouler ces souvenirs gris... et cette peau d'ombre...»

[Ego te absolvo] - texte2
Briser les sortilèges.

Serge écrit de ce long texte
«Un texte torride savamment bredouillé comme si l’inconscient s’exprimait en direct du cœur de la chair.»
Liette, elle, en échos s’exclame
«quelque chose se dit, une douleur qui nous happe ! C’est dur d'y rentrer, on se cogne au procédé rythmique mais en même temps il nous prend, ne me laisse pas indifférente, mal à mon aise même, mais il m'appelle... »
Lilas conclut
«Comment vivre encore, dans l'élan du corps, avant le (grand) départ… Et le cri de la révolte donne un style poignant dans lequel le jeu de mots efficace trouve sa place : "je matisse avant de pourrir seul" … (mais attention aux excès de jeu qui peuvent tuer la poésie »

[Les mains dans la brume] - texte 3

Ali dit d’emblée Oui à «cette douce rêverie, ces belles et romantiques promesses ! » suivit de Lilas qui nous écrit « mmmmmoui …  pour garder la fin superbe 
[C’est féroce la nuit]
[c'est carmin c'est la chair le si beau fruit] et [Ruissellement l’eau coule toujours quand elle se connaît de l’amour d’une fleur d’un parfum tout t’inonde et mes mains qui sortent de l’ombre]…
Mais j'ai parfois été gênée par les jeux sur les mots …(ou les erreurs d'orthographe ? mais je ne crois pas, vu les indices)  : ex : le dessert / le désert . C'est un procédé intéressant seulement s'il ne devient pas trop envahissant. Si tel est le cas, l'on risque alors de changer la tonalité, voire le genre, du poème.»

Et (je l’écris avec sourire) ce texte joue sur le glissement du rythme comme un cœur qui palpiterait de plus en plus fort, de plus en plus vite ; il souffle l’espoir (ces ‘et’ et ces futurs qu’un enfant utiliserait lorsque on lui demande ‘et
que feras-tu quand tu seras grand ?), de voix lente à rapide.

**[Les enfants de faïence] - texte 4

«Petit supplice de Tantale» Ali.
« Oui... difficile à suivre parfois sans ponctuation et on sent bien ce français d’ailleurs. Même à la lecture, on entend cet accent à trancher au couteau (on dit ici, elle casse le français... moi, ça me fascine) le texte exprime cette fragilité des enfants de faïence... cette dépendance nous donne des frissons.» nous confie Gert
Liette est sensible «au rythme qui la prend.» Elle nous dit : «Je sens comme de l'écriture automatique, comme les surréalistes, et quelque chose ici se dit, ces images me parlent [ces matins qui tournoient et mes bras sans toi] [la nuit elle me dévore j'en reprends j'en reprends pas] J'aime ce manège où l'on sent la caresse et la douleur.»
Et Serge de conclure « Joli titre et cette Lou qui fait penser à Apollinaire lui écrivant du front.»

[Deux couleurs des océans] - texte 5

Gert entame par «toujours ce rythme... aussi vif, plus réussi que les précédents», Ali pose en échos «poème au rythme harmonieux sans fracas de syntaxe» tandis que Serge y voit un  « beau travail sur les mots avec un coté circulaire qui reproduit le cycle de la marée océanique »
Et je laisse Lilas clore la lecture par sa fort belle interprétation : «belle façon de formuler la clé, bien connue des rêveurs et des poètes, de ses dérives verbales : [je passe d’un mot sur un autre chemin…] Moins riche et plus "facile" que les précédents »

***

Héloïse Cerboneschi ne dira pas.
 Il faut creuser la Mémoire. Elle nous le dit ainsi : [J'écris, j'aime par dessus tout la poésie et Paris et j'habite entre Bastille et Marais. Pour le reste, je suis très secrète].

Lilas, elle dira : « Dans l'écriture de cet auteur, l'émotion le dispute à une certaine recherche, voire "préciosité" [Et j'ose ma main comme une amphore/Dedans la pluie d'un ciel rare] pour dire les horreurs d'une guerre. Celle-ci fut-elle vécue la première ou la seconde mondiale, ou une antérieure, les indices ne manquent pas) , ou est-elle fantasmée ?  Peu importe, puisque l'on tue quelque part.  Ou encore s'agit-il de la métaphore d'une guerre intime ? D'une guerre à deux, extrapolée à 700 000 morts et aux entrailles fumantes des chevaux ? l'auteur(e) ne se cacherait-elle (ou il) pas  sous  le masque sanglant de cette victime de 22 ans et 2 mois ? Toutes les hypothèses sont permises puisque, de son propre aveu, l'auteur ouvre plusieurs serrures, mais à demi seulement, ainsi qu'il le souligne avec insistance dans le dernier poème proposé. : [Écritures/Serrures]
" J’écris (lente) ...
M’inclinant vers l’enfui vers hier(1)

De vagues subterfuges
Larmes/asphalte/morts/chevaux  (2)
Les mots sont serrures
Ouvertes/fermées(3)

Je ne mens pas toujours"
Sa souffrance, [oiseau migrateur], se pose ainsi d'un subterfuge à l'autre. Pour mieux être supportée -ou parce qu'elle naît de la nature même d'un monde insupportable ? Les évocations sont efficaces, ambiguës comme ces pronoms de seconde personne (tu, ton, te) qui semblent désigner tantôt une autre personne, tantôt le locuteur du poème :
Enfin bref...
[Etrange comme ma tempe s’est penchée
Vers ton arme
Quelle attirance !
]
 ………………………
[Sang ! J’ai bien dit Sang !
Un train pour moi toute seule
D’autres sont passés bondés
Etrange
Enfin bref…
Il te suffit de fléchir l’index]   

Pour écrire ? ou (et ?) pour ne plus montrer du doigt sa souffrance ? - qui est d'abord celle d'un monde sans secours.
[là où l’Enfant noyait une cathédrale
Je me suis vue morte et suis tombée  
EmPoignant d’une main (lente)
Fermée/ouverte
L’infinie ténuité d’une branche absente] »

[Fiction] - texte 1

Les sens sont à l’œuvre, lecture traversée de Serge : «Oui ! Avec de jolis vers comme :
[Le fleuve a ourlé en faubourgs / L’eau racle aux flancs des madones ; d’Ali «Un oui pour ce chagrin qui embaume le texte [C'est ainsi /La lune pleure ses souillures /Et son dard malséant /Crève un soleil dispersé que soutient également Gert «des mots d’ailleurs... donnent à ce texte une ouverture... un paysage nouveau et de beau contraste… [Mon âme est polaire/Et je rampe au désert
Liette conclut par « [de quelle morte garderas-tu le parfum ?] oui rien que pour ce final qui touche une corde sensible en moi
J 'ai parfois du mal avec certains termes comme [ennui subtropical] mais quelque chose de palpable se dit ici. C'est rentré, c'est une certaine finesse, un certain parfum, un vent froid qui me prend... [mon âme est polaire] oui... touchée !»

Ame lunaire, oui

.[La chambre en désordre] texte 2
Crescendo.

Ici, Michel donne le ton: «Texte fortement marqué de douleurs intériorisées.»
André va plus loin, dedans-soi : «Oui, cette intense quête amoureuse je la fais mienne. Le rythme, comme celui d'un cheminement douloureux, tient en éveille les sens. Des passages de toute beauté tel que
:[Il fallait voir les bagages éventrés
De ceux qui revenaient
Par les rues aux arcades singulières
Et entendre les cris des femmes
Consolidant les ponts
Là où le fleuve écorchait sans relâche
Les flancs mous des poupées de la nuit
]
et cette reconstruction finale, faite de certitude, qui laisse loin derrière la misère et les maux.
Et Liette : « [la ville dormissante]/ [des manteaux longs pour éteindre le froid]
[à force de marcher j'étais maigre, j'avais perdu mes détails] : oui j'adore...!!!!!
Je suis sans mots, sans voix, je pioche des expressions, des trouvailles, j'aime, un grand oui, un grand merci ! Je bondis dans ce poème, me love... [ma peau a reconnu ta peau. / l'espace s'est solidifié] : exactement ça... merci »

[Comment écrire de la main gauche] - texte 3
Un charnier, c’est quelque chose d’intime.
Le « gauche » reste dans l’icônerie populaire, le mal, qui porte malheur. Mais porter c’est avoir reçu ou avoir pris. Qui donne ici ?

Michel le dit, ce texte «est d’une violence bien décrite, construite. D’une grande force. A publier!» ; Gert appuie encore «bien imagée... le film se déroule sous nos yeux dans toute son horreur.»
Liette répond à cette question ici « [avec les deux mains peut-être il aurait tenu une heure de plus (...) il s'est juste allongé pour dormir un éclat d'obus]. Merci... les morts ne parlent pas, je me tais, les mots ici disent ce mort, ces morts... mémoire »
En résonance, André dit : «Oui, on "s'y croirait." C'est atroce, déchirant. La fin perpétue en un raccourci saisissant la mémoire de la Grande Boucherie.»

[Enfin bref] - texte 4
[Sang, j’ai bien dit sang !] L’Etre de naissance.

Kelig, sans dire de [Comment écrire de la main gauche], le texte précédent, lui rend pourtant ici hommage.  [Enfin bref…] , une suite réflexive ? «Oui au texte 4, pour le sujet extrêmement difficile à évoquer. Je ne me prononce pas sur les autres, qui sont très bien écrits, certes, mais qui ne me touchent pas vraiment (trop bien écrits, peut-être ? Ce que j’aime avec la main gauche, j’aime justement sa maladresse…)»
Ali dit Oui « pour cette oralité des mots, témoin d'un quotidien cruel.» et Gert appuie «oui...  bref tout est là... et j’ai particulièrement accroché sur ces jeux de mots : sans, cent et sang qui tracent bien les contours de ce texte. [Etrange comme ma tempe s’est penchée/Vers ton arme].»
Pour Serge «c’est souvent comme cela qu’on conclut le récit d’une vie, d’une douleur, d’un drame…etc. Beau texte bien rythmé !» et André de conclure «Quel talent ! Pas d'artifice, un style direct et ce refrain obsédant qui décrit l'indicible :
[Sang ! J'ai bien dit Sang !]

[Ecritures/serrures] - texte 5
Pluralité.

Texte fort, Serge nous donne sa lecture «Cela me fait penser aux parois et murs de Guillevic beaucoup de recherches dans la construction, les assonances [Au halo rauque des réverbères].» tandis que pour Gert, [Ecritures/Serrures] est un «texte un peu plus fermé-ouvert comme ces serrures (Ouvertes/fermées) et ces mains (Fermées/ouvertes)... mais quelques strophes originales :[Par-delà les lèvres neigeuses
Qu’un cri unique décroise les fleuves
Ma souffrance est oiseau migrateur
D’avoir goûté la pulpe de l’arbre
Liette dit prenant appui sur ce vers : « [qu'un cri unique décroise les fleuves] merci pour ce style, cette parole d'"arbre glabre" arbre qui croît et les maux se muent en mots, les maux fleurissent entre les barbelés... »
André lui, nous ramène un peu à ce que dit Héloïse Cerboneschi dans sa présentation, ou plutôt à ce qu’elle ne nous dira pas.«Les textes de cet auteur forment une suite dans un même recueil. Elle écrit fortement, sachant ce qu'elle veut dire et montrer. Rythmes et visions s'articulent formidablement :
[J'écris « arbre glabre »
Et nul ne comprend, sinon moi
J'attends que les yeux se ferment
Par-delà les lèvres neigeuses
Qu'un cri unique décroise les fleuves
Ma souffrance est oiseau migrateur
D'avoir goûté la pulpe de l'arbre] »
Et il rajoute : «Voici un auteur que je publierais sans hésiter une seconde.»

***

Deuxième mouvement.

Ariel, L’esprit de l’air mais pas seulement.
Il nous convoque ainsi ["ceci n'est pas une bio"
L'écriture,
c'est ce petit morceau de papier,
que je glisse parfois
dans ma chaussette,
car je n'ai pas toujours de poche
d'où le sortir
sous mes
zieux
zéblouis
là,
las,
et las,
(trois fois et las, s'il vous plait),
je le relis,
dans l'autre sens,
caché,
le papier est si fin,
qu'on ne le relie jamais assez,
qu'on ne cache jamais assez de sens
entre les plis].

Philippe dit Oui aux deux textes présentés « pour la tentative qui ne me pâlit pas entièrement sur l’expérience tenté du langage qui n’est pas exhalée jusqu’au bout ... juste tenté. L’écriture doit être le lieu d'expérimentations ... sa lecture d’entrée avec sa souplesse pour décrypter [où est notre peur de nous] ...
Bonne question que tenté à l’écrire donne réponse à celui courageux à celui qui se bande les yeux et ouvre sans savoir le complexe du présent
Et comme tous [Je suis né d’une étincelle]
et Lilas de dire «C'est une douloureuse méditation sur le Temps et sur l'absurdité de ce "grand déni" que le vent oppose à tout espoir de (sur)vie humaine.  La belle écriture de l'auteur est à la hauteur des plus beaux chants sur ce thème immémorial : 
[La tête blottie dans la doline des herbes sages
on regardait entre échines et dômes aréolés de pierres
s’étioler des mers oubliées, des os parmi les ossements,
toutes colères absoutes par le bleuissement des champs d’avoine
.…
Ce qu’on a ramassé, ces poussières au sol,
savait-on ces morceaux de l’étoile, cette lumineuse inconscience,
avant que le vivant ne réalise à la fois le vivre et le vécu ?] »

Montrare, non loin de la racine –mens (penser) et  Fero (porter) Lux (lumière/connaissance), voilà où se situerait la poésie de Ariel, quelque part vers les jardins de Bomarzo et [gl' heroici furori ]de Giordano Bruno.

[Sangres compartidos] - texte 1

Serge entame «Encore un texte intéressant avec une dernière strophe et ses membranes ossifiées du dire de toute beauté.»
Kelig, lui écrit : «J’aime les images créées en compagnie de ce voyage. Me parle à l'imaginaire.
[Nous marchions sur des eaux-fortes qui couvraient nos voix.
Nous allions, genoux à rebrousse-vallée
traversant les chants de pierres
et les rivières d’yeuses qui nous fixaient de leurs troncs noircis.]
Un texte riche, où on peut s’attarder, qu’on peut relire et redécouvrir.»
Et Liette d’entonner «[l'Ajibe du savoir] [où les eaux courent protéger leurs clartés]
On voyage ici, les eaux courent, les eaux-fortes et ces [temps anciens] [aux portes des cellules les membranes ossifiées du dire]... le cyprès, l'arroyo... oui je pars... même si j'entends surtout ce temps ossifié...ces barbelés [leur nom est signé du même sang que les arcs], toujours une mémoire qui se dit !»
Pour Gert, il est dommage que ce texte soit si court mais lui plaisent cette invitation «à voir comme à travers une vitre buée, [et les rivières d’yeuses qui nous fixaient de leurs troncs noircis.] et cette fin qui donne réflexion [où est notre peur de nous …]. »
Ali conclut en écrivant «on voit et on touche le relief de ces images bien abouties, un travail de xylographe!»


[Hors Champs] - texte 2

Gert dit oui à ce «long texte d’une poésie plus descriptive, une réflexion mais certains passages me fascinent :
 [Avance-t-on, dans une action de vivre, et c’est un pas vers le terme.
Se met-on à l’arrêt de la paix imposée,
va-t-on jusqu’à tendre sa joue à la terre, dont le rien vibre sous la main,
ouvre-t-on des yeux les portes pâles du jour,
et c’est une naissance.]
et pour Kelig, «c’est long et profond, on s’y attarde.» André lui, souhaitait que ne soit publié son commentaire qu’en son entier, ce que je fais ici : «Bien des beauté contenues et un savant questionnement me demandent de dire oui. Mais la construction de l'ensemble laisse à désirer, des amalgames de vocables plombent le tout. Et pourtant... la fin foudroie !»
«Il y aurait beaucoup à dire alors je vais faire l’inverse en résumant d’un mot : superbe.» nous dit Serge.

***

Ecnelis
Ecriture et peinture abstraite et sensible, entre abstraction lyrique, surréalisme et figuration libre.

Nathalie MAGNIAS-KIEFFER, née le 29 Septembre 1964 à Rueil-Malmaison (Hauts de Seine) dit "Ecnelis" se nourrit avidement de beauté, de joie et de rires, d'aventures intérieures et de mystères. Ses oeuvres, qui ont évoluées depuis l'aquarelle, le pastel, en passant par l'acrylique, jusqu'aux techniques mixtes, évoquent un monde singulier, parfois violent, voire cruel, mais toujours onirique, original et varié, qui -selon l'humeur- vous poignarde directement l'âme ou l'enveloppe d'un baume de douceur pétillante.
La représentation de la féminité dans ses œuvres signifie pour elle, la vie, la beauté, la nature et le commencement de tout.
Depuis l'enfance, elle peint et écrit comme elle respire, et se passionne pour l'Art qui devient son cordon ombilical avec le monde ; un "miroir silencieux et radieux"...

Philippe nous donne un retour de sa lecture «Oui à tous les textes un petit oui pour les cinquième et quatrième. Au contraire des précédents, Sonore et compter ; la danse prend goût à être lue et sonne, le verbe rythmé. Textes plus contraints par la forme traditionnelle voir classique dans les images données. Ça vient bien dans cet ensemble de texte de ces cinq auteurs.»
Michel, lui, y voit « le meilleur de la fournée. Poésie claire, accessible, évocatrice. A publier, (d’après moi) l’ensemble de ses textes »

[Marie] - texte 1
Ce texte a reçu peu de commentaires, même si l’ensemble du comité l’a choisi pour une publication dans cette sélection.

Peut, cela vient-il d’une évocation très personnelle à l’auteur,
Gert, le perçoit ainsi lorsqu’elle écrit : «oui... même si je trouve ces souvenirs au premier degré... disons que c’est limite. J’aime bien [Au regard des fenêtres dormant debout].», Lilas rajoute «Pourquoi pas ? Mais il manque quelque chose, une musique, une raison, pour enrichir cette énumération.»
André avoue avoir trouvé ce texte «très scolaire» même s’il si est laissé prendre et rajoute «le dernier quatrain m’a enchanté.»

[Songe Bleu] - texte 2

André a choisi de retenir ce texte même s’il reste critique «Le rêve qui s'y dessine alanguit mes paupières. [ensemble] est de trop dans le dernier vers du second tercet, du moins est-ce ainsi que je l'entends, puisque [nous sommes] l'exprime déjà. Plus loin : [pour que l'aventure appareille] alourdit le vers et brise les sortilèges du voyage. Et pourquoi ces tirets qui n'apportent rien au poème, bien au contraire !»
Pour Kelig, ce texte est «simple», il aime bien et rajoute «Tout ça me coule à l’intérieur à la lecture. » tandis que Serge écrit: «Je croyais tomber sur Aphrodite en voguant vers Cythère…mais tout de même ce songe plein de soleil m’a ravi.»

[Combien même] - texte 3

André est enchanté «Oui. Magnifique J'espère que ce poème tiendra sa promesse. L'amour, lui, renaît sans cesse. Cet auteur(e) est un marin qui se doute déjà des aléas et des difficultés de la route. Quel plaisir j'ai pris à me le réciter à haute voix.» Serge renchérit «Combien l’amour s’y pendrait ce texte n’en ferait pas moins mouche.»
Gert aime la simplicité de ce texte « et la fin :
[A natter une longue
Corde de chanvre
Mais l'amour
Ne s'y pendra pas

[Dans tes yeux] - texte 4

Pour Kelig, ce texte est «simple -encore- et beau !» ; Gert le rejoint à peu-près «oui... belle mélancolie». André nous invite à la lecture «Cela coule tel un lai. Je n'éprouve pas le désir de commenter afin de ne pas rompre le charme »   

***

Troisième mouvement

Guillaume Balzarini.
[Bordeaux, 30 ans, enseignant, écrire c'est d'abord du temps. et volontairement j'y consacre peu de temps. et moins j'y consacre de temps, plus je laisse reposer ce que je peux écrire. mais, peu de temps, en face à face, au clavier de l'ordi. parce que le texte - ou les textes - du moment ne me quitte jamais complètement. et puis écrire c'est aussi un temps à la fois de turbulence et d'apprentissage. une succession éprouvante de temps-turbulence et de temps apprentissage. éprouvante. en tous cas moi ça me rince.]

Gert nous dit «quel talent ! Quelle maturité d’écriture ! Un génie ce type. Superbes ces calligraphies-textes !   Poésie ? Peut-être pas... plus genre philosophique mais présenté dans un visuel artistique.»
«De mots à mots serrons nos lignes sur le front obscur des morceaux partis au gré des pages »,
poursuit Philippe, citant Guillaume Balzarini :
[Vivons à nos nuits perdues qui ne se rattrape pas
Et demain de la prochaine
Je gonfle l’édredon où je vous accueillerai
Au mot à mot de nos mains
Au mot à mot de l’haleine commune
Notre langage rincera les murs de l’abri
Nos traces ne s'oublieront pas]

Pour André, l’auteur est en ce qui le concerne «trop cérébral pour la poésie (si tant est que la poésie allie la musicalité de la langue à l'image). Je me souviens très bien avoir déjà lu ces textes sur internet. Mais je serais par trop injuste si je ne disais pas oui à 4 des strophes sur les 5 proposés, car il ne manque pas de talent, de sensibilité et surtout d'intelligence (ingéniosité).»
Ali s’enthousiasme «De sublimes paroles à l'ombre de leurs traces !»
Enfin, Liette trouve «cet auteur original... j'aime sa graphie qui apporte quelque chose donne de la profondeur, cette surface traverse le miroir des mots, du visible... c'est un corps écrit un peu... oui à l'ensemble.»

[Texte 1]
André et Gert s’accordent sur la qualité du texte.

André nous dit «Oui, excellente, très fine réflexion» et Gert y voit une «belle présentation et une belle recherche... j’aime bien... le début... qui exprime bien la puissance et le danger des mots : … ce sont des morceaux de vie qui meurent, beaucoup de morceaux. »

[Texte 2]

«Une poésie en peu de mot mais riche de son effet. Philosophie de l’absurde... peut-être mais son idée fait route... au début : [ville perdue et pleine de perdus] et la fin ... [si tu te rends à cette nuit perdue que ce soit en perdu]. » confie Gert

[Texte 3]

Pour André, l’auteur fait preuve d’«un sens aigu de l'observation (clinique) ».
Il rajoute «J'apprécie beaucoup : Avant le BA13, le plâtrier...cette masse de langage ».

Gert appuie «Oui... plus abstrait. Comme s’il y avait toujours une poussière de plâtre sur le langage.»

[Texte 4]

«Quelle intensité dans l'ironie !! Là jaillit une poésie soudaine faisant un pied de nez au monde utilitaire.» écrit André ; propos suivis une fois de plus par Gert lorsqu’elle nous dit «oui ! Ecriture originale et intelligente ! Une fin qui donne à réfléchir : [Une civilisation de sculpteur à planter.
Pour Serge ce texte est «un peu hermétique mais une fois l’écorce dégagée on atteint la sève.»

[Texte 5]

Ce texte fait écho chez André qui nous livre «ces lignes font mouche dans l'antre du loup, je leur trouve une puissance de pensée magique. Plus généralement, cet auteur est assez "dévergondé" pour ne pas m'ennuyer. S'il avait voulu m'éprouver personnellement, il ne s'y serait pas pris autrement. »
Gert voit «une uniformité dans cet ensemble et (l’auteur) revient avec cette obsession des mots déversés sans ménagement : Tous les mots enlèvent du vivre, on en suit les empreintes...»
Serge conclut en nuançant : «Pas sur que les mots enlèvent du vivre, ils peuvent tout aussi bien en rajouter. Par contre j’aime bien la suite de cette phrase.»

***


Je ne peux terminer cette présentation de janvier 2010 sans me rappeler cette citation de Paul Celan (1967) :

[Dans le livre de la cabane, le regard sur l'étoile du puits, avec/ dans le coeur, l'espoir d'un mot à venir]

Je remercie chacune et chacun, auteurs, lecteurs du comité pour ce partage.


Emmanuel Rastouil est ce mois-ci l’invité du Salon de Francopolis.
Auteur, compositeur, plasticien, il est aussi l’initiateur d’un ouvrage collectif paru le 10 décembre 2009 chez Géhess Editions ‘La petite anthologie de la jeune poésie française’.

Je vous invite à le découvrir.


Julieta et le Comité de lecture de Francopolis

janvier 2010

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Créé le 1 mars 2002