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peinture de Léa

Présentation
de la SÉLECTION


mai 2008

n*56
 

par

Juliette Clochelune



Présentation de la revue de mai 2008 par Juliette Clochelune.

La Francophonie est en deuil depuis le 17 avril 2008. Dans le ciel luira désormais une étoile noire, Aimé Césaire, dont le souffle irriguera d’autres souffles, plus jeunes, moins connus, que nous souhaitons vous présenter.

Cette édition de mai est riche de 5 auteurs venus d’horizons différents, Belgique, Afrique, Pologne, et Haïti ... 5 auteurs, 8 poèmes et 1 nouvelle sont au menu du jour...

Arnaud Delcorte
poète trentenaire de Belgique, s’installe confortablement en notre salon en nous offrant une suite de 5 poèmes indivisibles...

Chaque hôte de francopolis a dit oui à ces « beaux, légers textes qui nous font parcourir la verticalité de leur silence. On y sent une force intérieure due à la richesse du vocabulaire et à la musicalité des vers. » Ali
« Ses recherches de mots inhabituels, ces construction de phrases où le lecteur cherche sa voie. Chacun des textes interroge la mise en place du texte et le choix de mise en page. » Philippe
« On se laisse prendre au jeu. Vocabulaire recherché. Il y a une certaine originalité, une recherche de la forme. J'aime ces poèmes qui forment un tout. » Cécile
« Sur fond d’îles chaudes, galerie de portraits, avec  le regard poète d’un homme qui aime les hommes : drague, drogue, érotisme … et un certain talent. » Lilas
« Quelle débauche de couleurs ! Quel dépaysement ! » Michel
« Une poésie d’ailleurs avec des noms d’ailleurs ... de quoi élargir ma vision! » Gert

Le parfum d’ailleurs, les couleurs et la richesse du style, son originalité ont été remarqué par chacun.
Cependant certains se sont interrogés sur le pourquoi de cet ensemble indivisible, parfois ont même commenté chaque texte.
Gert nous dit : « Suite indivisible.... dommage ! On prend tout ou rejette tout... Je ne vois pas en quoi ces poèmes sont indivisibles. On ne me laisse pas le choix. »
Philippe rajoute « à moins d'un effet de lecture voulu, je trouve le choix un peu envahissant en surface il y aurait à gagner de la place en regroupant, et solidifiant les images plutôt qu'en les fracassant en mot unique par ligne, j'aimerais comprendre ce choix. »
Kelig a choisi de dire oui à l’ensemble tout en préférant commenter chacun, parfois avec des hésitations nous dit sa préférence pour Jamal : « On peut imaginer, les images-mots correspondent, ça y est, on voyage, on arrive presque à voir bouger Jamal dans ce portrait. »
Lilas a apprécié les 4 premiers poèmes de la suite reste cependant en refus face au dernier « Non… sauf si vous me démontrez que la capacité d’évocation de ce texte compense sa brièveté. »
Mais elle pioche des images dans les quatre premiers poèmes tout en soulignant :
 « les vents receleurs", les "coruscations(…) de tes iris liquides"("électives" … en rajoute un peu trop ? non ? …et  il se retrouve avec les "fulminations") , le "zeste strié des lèvres acides", et les correspondances des "archipels volatils »
Kelig également se heurte à ce terme « électives » : « corusctation électives » : « électives », de trop peut-être ? Sinon, ça coule. »
Gert de même est dérangée par certaines « descriptions  un peu trop recherchées dans le texte 1 » dont ces « corsucations électives » : « Sur les coruscations électives de tes iris liquides . Je glisse
Lobotomisé par un minuscule cachet rond
Tu me trouves mignon »


***

Viviane Lamarlère
 
« arrière grand-mère Cheyenne de Chicotoumi, née en terre Africaine » s’installe au piano du salon en nous offrant une harmonie de 3 poèmes tout en fluidité dans « une écriture maîtrisée qui coule toute seule. Une certaine paisibilité s'en dégage. Il y a du rythme, une musique. Ecriture qui s'interroge aussi. » Cécile

Quelques échos sur ces trois notes singulières qui nous ont été partagées dont la dernière Il n’y aura plus de bruit vers la mer  a eu la préférence

1. La bête usée des mauvais jours
« Oui une belle métaphore et le rythme est fluide. » Gert

2. Nos chemins de sel et de cendres
« Oui pour l’originalité du style et des images : (la chair des orages).
Le rythme tient la cadence, bien que  l’expression “pardon de pain” soit quelque peu discordant » Gert
Ali au contraire goûte à cette belle image
« ombres vives
enfin
se donneront un pardon de pain »
Ainsi que Kelig qui cueille quelques pétales
« Du temps perdu à déchirer la fleur
un jour ne restera, desséchée,
que la tige
entre nos mains fanées
et le silence, une dernière fois,
nous offrira son nom. »
« La seconde partie me touche moins » mais il retient :
« un pardon de pain » « chemins de sel et de cendres »

3. Il n’y aura plus de bruit en marchant vers la mer
« Oui même si le début manque de conviction... la suite coule en toute simplicité sur le sentier du randonneur. » Gert
Oui, je trouve ici de  la poésie : « Nous laisserons le vent caresser nos visages de sa buée de sel qui annonce les vagues. » Michel
« Je ne trouve pas évidents à lire, cette écriture, ces poèmes. Ils me donnent du fil à retordre. j’ai hésité » nous dit Kelig qui préfère la troisième vague : « On entendra plus que les petites vagues sur la grève, le chant du coquillage, c'est bien ça ? Celui-ci est sans doute celui que je préfère, qui me touche le plus... Le thème n'y est pas pour rien. Sauf ici, j'aime (personnellement) moins l'évocation :
« en regardant couler leurs desseins de sable
une barque attendant la prochaine mariée »
Quand Lilas a semblé au contraire très attentive à cette évocation puisqu’elle a justement puisé cet extrait... Ecoutons-là : «  J’ai été touchée par ces poèmes inséparables, par le cheminement de leur évocation. J’ai aimé :
-  cette "bête usée des mauvais jours",  que rendent bien vivante et présente ces "combats bleus sur le flanc" et ces "pattes velues",
-  "ces chemins de sel et de cendres" de la vie,  ce tard venu  "pardon de pain" (belle image qui allie la chaleur et simplicité à la profondeur mystique d’une communion)  et encore ce "savoir trop simple".  Pauvres humains qui n’acceptent pas leurs limites …
enfin, surtout, le dernier poème, aux images à la fois simples et d’une inépuisable richesse.
L’auteur y accumule les signes d’apaisement, de tranquilles bonheurs, simples : le bouquet, l’oiseau, le nuage, le oui, le vent, le chaume doux… Mais cette promenade n’est-elle pas aussi la dernière, vers l’ultime voyage  qu’annonce, dès le cinquième vers, le mot traversée, puis, plus loin, ce "grand oiseau veillant", cette eau d’un bleu "si vert qu’on dirait une dague",  et pour finir cette superbe image. du manège du Temps, où cohabitent l’enfant, la mariée, les "desseins de sable " de l’homme, qui ne connaît rien et  qu’attend,  in fine, la barque du Passeur ? … »

« Ce sera comme sur les photos passées
quelques couples au loin
voix en fumée au fond de l’épuisette
et des enfants qui jouent dans un coin
en regardant couler leurs desseins de sable   
une barque attendant la prochaine mariée   
et nous,
le pied glissant sur les algues tiédies
les yeux un peu brûlés de rien
connaître et de nous sentir bien.
 Mais ne pas oublier la promesse du vent, celle de de la mer, celle de la paix.
Il n’y aura plus de bruit en marchant vers la mer »


***

Léa
originaire de Pologne mais vivant sur Nîmes (d’où son tableau “Corrida” illustrant notre présentation de mai), pose sur notre table un bouquet oriental de “Femmes fleursaux saveurs des « Mille et une nuit. »
“ Merveilleux songe ! il a l'air d'un conte des mille et une nuit ! “  Ali
Un rêve des Mille et une nuit ? Je ne puis y résister.Kelig
Michel : Poésie onirique, où les odeurs et les sensations tiennent une large  place, émaillée par tant de passages sublimes comme :

« Où poussent des  femmes fleurs.
Nudité seulement voilée par leurs longues chevelures,
Elles flânent  en riant et cueillent en passant
des fruits  au goût de paradis, dont le nom même
est une offrande à leurs lèvres corail. »

Les hommes semblent très enthousiastes quand Lilas et Gert, tout en appréciant la poésie à l’exotisme rêveur restent mal à l’aise quant au fantasme  de « la femme-objet.»

« Oui pour la poésie du texte, non pour cette vision de la femme-objet. » Gert
 « Il y a un certain charme d’un exotisme rêveur dans ce poème. Toutefois l’évocation de ce fantasme probablement masculin ( cf le sultan et ces femmes soumises et langoureuses) m’agace un peu et risque de fausser mon appréciation … Une évocation classique, mais réussie dans le passage :  "Avec des mouvements … ( jusqu’à)  … à n’être plus que fleurs » Lilas


***


Lélio Brun
est un poète haïtien. La retraite lui permet  de se consacrer uniquement à la poésie et la peinture. Il décide alors de publier sous son seul prénom Lélio ses oeuvres littéraires et adopte  le pseudonyme Katifrè pour ses poèmes écrits en créole haïtien. Il nous offre trois poèmes, « aux assonances consonances et musique d'autre langue et le créole nous donnera à entendre à lire les chaudes journées des territoires conquis sous le soleil des tropiques... Et le reste des mots de nos arrière-arrière-arrière grands parents qui ont trempés leurs peaux sur des bateaux conquérants, une sorte de souvenir réminiscence salutaire. J'aime à l'entendre  (ne pourrait-il pas nous l'enregistrer ?) avec l'accent bien sûr, peuchère! »  Philippe

Malgré les avis très partagés, le oui l’emporte car comme nous dit Cécile, très enthousiaste « Oui - en plus cela fait une belle vue sur la francophonie, un bel hommage à René Depestre. Beaucoup de rythme. J'aime beaucoup le poème qui est traduit en créole. un côté naïf. »  Michel quant à lui retient surtout le poème « Trous blancs »  qui lui évoque François Villon quand Gert pense à Rutebeuf.

Voici quelques échos épars pour ces trois poèmes ...

1. Poème hommage (à René Depestre)
« Un hommage écrit avec naturel et sincérité. Poème fraternel pour un  poète picaresque, et réciproquement. Il y aurait sans doute à peaufiner, dans le poème, par-ci par- là ; mais j'aime la vitalité de son altérité. » Kelig
« Un bel hommage simple et beau qui ruisselle paisiblement vers l'oreille d'un monde en éveil! » Ali
Gert tempère avec un faible oui : « D’emblée je n’aime pas tellement les hommages (...) l’intention est bonne mais la poésie du texte... ? Mais c’est un hommage pas un texte de poésie. Il lui manque un certain envol. »

2. Trous blancs
« Oui. Pour certains accents qui me font penser à François Villon » Michel
« Le début fortement inspiré du poème de Rutebeuf (1230-1285).... lui fait ombrage... Un faible oui pour la suite qui commence à
A B C D E F…
Je rature jour après jour
Noms et adresses de ma mémoire
G H I J K L….
Et qui semble plus personnel... mais la barre est haute quand l’inspiration vient d’un ancien poème si connu. » Gert
« Entre le oui et le non. Des mots trop légers pour un thème qui pèse lourd! » Ali
Kelig « Personnellement, j'apprécie ce naturel qui dit les choses, sans plus paraître s'embarrasser d'effets de style. Un message, sur l'absence, sur les proches qui s'en vont, et le manque (trous blancs troublant, bien que j'aie déjà lu cette image autre part, connue il me semble) ressenti une fois qu'ils sont partis. »

« Ma mémoire s'effiloche
dans l'écheveau de mes souvenirs
Au fil du temps qui passe
sur les visages disparus
les sourires s'évanouissent »


3. Derrière les mornes…encore des mornes..  / Dèyè mòn gen mòn
« Ainsi passent le jour, chaque jour, la nuit, chaque nuit, et ainsi de suite, et derrière les mornes il y a toujours des mornes (petits monts sur les îles). On ne voit pas la fin, c'est ainsi. Cette comptine Créole  (m'heol (en breton ce mot qui signifie « soleil ») »
Kelig
« Faible oui. Difficile de noter une traduction... et pour employer son terme que je trouve assez morne. Aucun respect du rythme.... Dommage, je dirais oui pour le texte créole mais non pour la traduction... mieux faudrait chercher une autre traduction car celle-ci ne rend nullement service au texte.
Mornes seraient plus vivants dans sa traduction montagnes. » Gert
« J'aime ce texte pour sa sagesse au regard naïf et spontané ainsi que  pour ces  répétitions de mots au goût poétique attachant. »  Ali


***

Tout le monde est arrivé, bien assis ? Passons donc à table avec Micheline Boland de Belgique, elle nous propose au menu du jour sa nouvelle appréciée de tous,  Première fois :
« On y trouve du début à la fin  les ingrédients d'une belle nouvelle ! Un grand OUI. Merci. » Ali
« La nouvelle j'ai du mal, comme d'hab, elle fait sourire et pose l'écart du sandwiche rapide et sans frais qui coûte finalement plus cher, et le restaurant où le temps ne se compte pas en minutes de steak haché avant sa mise en poubelle mais en présence en confort, en silence en attention, en cuisine faite à la main la main au coeur, j'aime assez les deux mamies qui atterrissent qui découvrent, fenêtres embuées de nos réalités, savons nous comment se nomment nos voisin, depuis quand je ne les ai pas vu? Suis-je tout seul? » Philippe
« La nouvelle est agréable à lire. Cette histoire me fait penser à une  petite pièce de théâtre (de l'absurde) à laquelle j'avais assisté, un  dialogue à bâtons rompus entre deux veuves joyeuses qui se  retrouvent « en toute inconscience » et pour le plus grand bonheur du  spectateur. Mais je n'arrive pas à me souvenir du titre ni de  l'auteur, zut. Mémorie help me pleased !- J »  Kelig
« Je l'aurais mieux vu en billet d'humeur... Pourquoi pas ??? Ca en aurait fait un excellent ! Sinon, on se laisse bien prendre au jeu de ce récit/dialogue. Même si ça fait un peu "à la manière d'une blague" » Cécile
« OUI, pourquoi pas ?  Cette nouvelle est charmante : personnages amusants, dialogue bien écrit. (Début à améliorer peut-être) (Il faudra corriger les coings toutefoisJ) »  Lilas
« Oui le sujet est fort intéressant et écrit avec un  humour, cette nouvelle a du charme et de l’ambiance. Le début fait un peu scolaire mais le reste dans un style rapide et enjoué, belle description, on ne lit plus, on regarde. Nous sommes les autres clients du resto. Et on s’amuse. »  Gert
« J’aime le ton espiègle, farceur des deux mamies de compétition. Je  vote OUI. » Michel


***


Après cette petite dégustation, ne nous quittez pas ainsi...
Venez goûter aux quelques douceurs du Salon de lecture avec les « Blues de Kelig en écorce vive »

Poétiquement vôtre

Juliette Clochelune
et le comité de lecture de Francopolis
 
mai 2008



 

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Créé le 1 mars 2002