Vos textes publiés ici après soumission au comité de poésie de francopolis.







 

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Une photographie de Laurence de Sainte Maréville

Présentation de la sélection de textes de septembre

 

Par Isabelle Servant

 

Bonjour à tous, 

l’été de notre hémisphère s’est déroulé dans la chaleur, une vraie chaleur meurtrière en Europe, plus douce à l’est qu’à l’ouest cependant, mais voici que l’Amérique francophone se tourne maintenant vers l’automne et

 

Comme une cassure, la nuit dernière
le vent a soufflé l'été du revers comme
un coup de poing en pleine poitrine 

(G. Millaire, calendrier, septembre)

 

Pour la fin de l’été, sept auteurs, quinze poèmes, des fidèles de notre site aux découvertes, mais ce mois-ci trois nouveaux auteurs nous font confiance et nous confient leurs oeuvres : Léa, notre auteur coup de cœur, Philippe Vallet, Micheline Bolland, Sarah Godfroid, Jacques Rolland, Bernard Olivier, Cathy Garcia.

 Merci à eux et à tous ceux qui patiemment nous envoient leurs textes en grand nombre et prennent le temps de nous attendre.

*

Léa nous vient de Pologne, et nous sommes vraiment heureux d’accueillir sur notre site francophone un auteur de si grand talent, pour trois de ses textes poétiques en forme de grande découverte :Témoignage, L'escalier rouge et Longue est la nuit. Une simple phrase vous dira tout, écoutez-la :

 

Mon univers est tout petit
Mon quotidien pourtant minuscule
Arrive à peine à s'y loger.
Seulement moi je suis grande

"De la belle, de la grande poésie qui me parle simplement et sans chercher
l'effet de l'espoir luttant contre la mémoire du mal .
L'histoire est privée et universelle, intemporelle et contemporaine. En plus
terriblement honnête, dite d'une voix soutenue et maîtresse d'elle-même et
de son imaginaire." (Yves Heurté)

"J'ai presque envie de me reculer tant je
me sens convoqué dans une intimité dénudée. Et pourtant, la forme est
travaillée et se tient. On assiste donc aux noces utopiques du sauvage
et du civilisé. "(Stéphane Méliade)

"...un film noir, poignant  et ces quelques mots soudain , si simples qui
soulignent en comptant le temps en larmes... et ce retour  de l'escalier de sang séché , qui en devient symbole . Je pourrais citer les trois quarts du texte . Pour moi c'est un  poète , un
vrai ! la souffrance magnifiée . ça m'a embué les yeux" (Hélène Soris)

Ces témoignages parfois presque insoutenables balancent sans cesse entre univers concentrationnaire et rêve incroyablement large, entre désespoir et espoir :

J'ai revu le soleil.. et ma terre rouge de Bessarabie
Mais dans le miroir le reflet exigeant
De ma faiblesse d'un soir
Et de ma folie d'avoir voulu
Entrer au paradis par la porte de l'enfer.

Parlent aussi avec expérience de

 l'ignoble tromperie de la solitude :

Imprégnée du blanc gris de cette foule livide,
Dans cet espace que seule définit ton absence,
Je fixe de nouveau l'escalier de sang séché.
Immensité infranchissable de mon froid délire.
Je sais que je n'atteindrai plus jamais rien.
Sinon, en représailles dans mon cerveau,
tes boucles brunes et tes yeux ambrés.
La violence de nos incompréhensions.
L'inutilité de nos remords,
Et nos incommensurables solitudes.

 

Heureux de vous faire partager ces paroles, nous en sommes encore émus…

*

Philippe Vallet , fidèle auteur, ami accompagnant, nous présente ce mois-ci des comptes, cinq parmi eux, un ensemble de réflexions très intérieures, à sa manière:

 

Fragile je suis l'incertain
le pauvre homme bref
je crains le froid
du soleil je subis l'appel
le noir et l'inconnu me provoquent
je ne peux résister.

Mon souffle étranger
laissent des notes froissées
mes signatures au dos du temps
tristes histoires rédigées dans l'ombre.

Je sonde l'inlassable de mes suppliques
l'envers du décor.

Je regarde la goutte tomber.

Son regard demeure toujours aussi personnel, comme s’il voulait, constamment,

Se reprendre devant la surface blanche et poser ses taches.

"J'y sens un lyrisme, une sensibilité, une
maîtrise de l'écriture. Cet imaginaire me plaît, et la construction. Je pense à Octavio Paz, à Pablo Neruda. Je vois un univers se créer "(Juliette Schweisguth)

"la sensualité  de quelqu'un amoureux de la terre de l'univers de très
belles descriptions... un texte comme un tableau  il coule . Je me laisse charmer je lis sans trop avoir envie d'en comprendre la signification.  Puis  je ressens quelqu'un qui entre en osmose avec  les éléments. D'une façon presque mystique . "(Hélène Soris)

premier compte

deuxième compte

troisième compte

quatrième compte

cinquième compte

*

 

Jacques Rolland est aussi un fidèle, et ses trois textes fins et chargés de sens, Noctambule piéton, le savoir, mon enfant, nous emmènent dans ses univers souvent urbains et nocturnes, toujours sensibles

Le savoir ou feindre de le savoir : sourd à ces battements que la vie égraine, s'arrêter sur le chemin et coller l'oreille à la terre.

"C’est très prenant, concis", dit Karl Létourneau, et Jean pierre Clémençon trouve ce fil " bon, bien épuré. "


"J'aime bien finalement ce petit poème qui prend un rythme, on a
l'impression de devenir ce noctambule, de sauter, danser dans Paris,
de rêver Paris et les échappées, les jeux de masques et d'ombre...
Quelque chose touche dans ce poème. Il est un peu maladroit dans sa
forme, pourtant je ne peux rester insensible à cette supplique (Juliette Schweisguth)

"Ecrit avec finesse, ni trop ni trop peu. Et toujours cette élégance
sous-jacente qui fait ressembler les textes de cet auteur à du cristal
de chair"(Stéphane Méliade)

*

Cathy Garcia nous présente deux de ses textes, Je bois et début de siècle, une poésie éminemment lyrique et conduite avec mouvement, largeur, enthousiasme :

Je bois à l'odeur circassienne des musiques de départ,
Au goût frais et humide du voyage,
Aux atomes de rêves dans le sang,
Je bois au désir de révolte qui bat dans les cours limpides
Et à la vérité qui chemine aveuglée de poussière !

"De belles métaphores  c'est un auteur  de révolte...  toujours le même idéal, écrit avec passion ", dit Hélène Soris


*

 

Il gît là
c'est un cheveu
Anonyme
de la racine
A la pointe
On peut
Sa taille
Sa couleur
N'aide en rien

 

Sarah Godfroid est notre plus jeune auteure, une fierté en somme, elle a déjà publié sur Francopolis sous un autre pseudonyme, et elle continue d'écrire avec talent, avec fraîcheur, avec sa finesse et sa précision, avec l'acuité de son regard, lisez ses deux textes Voyage et Semence :

"De strophe en strophe, on y passe naturellement du passé au présent puis
au futur. Tout un petit monde qu'on habite avec grand plaisir, parce
qu'on le reconnaît à la fois autre et nôtre." (Stéphane Méliade)

sa conclusion est toute de couleur

Ces pliures source de vie
je les peindrai en rouge.

*

Enfin, nos deux derniers auteurs :  Micheline Bolland avec Cadeau," un poème au rythme qui court, de belles accumulations, quelques répétitions vraiment réussies" (Isabelle Servant)

Le deuil de l'idée sauvage,
L'horizon fragile, gracile, ondulant,
Le flot dilué dans l'océan,
Le doute, toute la marée du doute qui entre en moi
Pour y établir une demeure vorace.

et Bernard Olivier, un tout nouvel auteur, à qui nous souhaitons la bienvenue, et qui entre dans notre librairie de poésie avec un texte très doux et plein de charme, Moi dans le noir.

 


Et puis ce mois-ci nous ouvrons le salon de lecture pour notre ami et membre du comité Yves Heurté, qui nous confie une (toute petite) partie de ses méditations portatives, le journal philosophique et sensible de ses pensées journalières, un moment recueilli comme toujours, et grave dans sa simplicité.

Voilà donc la moisson de notre fin d'été, merci de nous lire, de la partager, et de prendre avec nous ce dernier bateau de septembre comme un voyage avant l'hiver :

 

J'avais mis une main devant ta voix

j'étais dans ma main devant ta voix

tu venais de partout de papier et d'écran

me redire les choses qu'on sait

à l'ombre jusque dans les écumes de l'ombre

à l'aveugle jusque dans la fin des émissions

n'importe comment

 

(le sable de septembre monte aux feuilles

comme la tristesse pour racornir l'oeil

le sable de septembre sourd)

 

Mathieu Boily, le Grand Respir

 

 

Isabelle Servant, pour le comité de lecture de Francopolis.

 

 

 

 

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Tous les renseignements dans la rubrique : "Comité de poésie"

 


Créé le 1 mars 2002

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