Choix de poèmes
Adem Xheladini
Adem Xheladini
(Macédoine) a étudié dans
la branche Langue et Littérature françaises de la Faculté de Philologie,
à l'Université de Prishtina où il a également
effectué des études de troisième cycle. Il écrit en prose, poésie,
théâtre, critique littéraire et journalisme. Il a également réalisé
plusieurs films documentaires.
Rien que moi!
Dans le bateau de la mémoire,
Flotte au loin,
Le désir endormi dans le berceau,
À la flamme de la bougie,
Dans le temps,
Chevauché par les rêves,
À travers le long chemin,
Là,
Où le tic-tac de la nostalgie,
Compte le moment attendu,
Sur la fenêtre des années,
Couverte de brume,
Ici,
Rien que moi…
Et devant la lueur des bougies,
Enveloppé,
Dans les braises du feu,
Se consument
Les rêves,
Restés,
Dans le tiroir!
Alma Zenellari
Alma
Zenellari est née dans
la ville de Kuçova. Lauréate de plusieurs prix
littéraires en Albanie et à l'étranger. Elle a reçu le titre
d’Ambassadrice de la Paix en 2017. Sa plus haute distinction est le prix
VEXHI BUHARAJA, ainsi que le prix Poète de l'année 2022. Elle est
diplômée du Département de psychologie du développement et scolaire de
Tirana.
Je suis une femme
d'avril
Tu as patienté
et tu m'as attendue
Chaque jour
Pendant des
mois,
En toute
saison.
(Toutes les attentes
sont associées
à mon nom.)
Tu chantais la
chanson des perce-neige
J’ai
interprété cette chanson
Ta prière
enflamme les lèvres
Ne pars pas,
ne t'échappe pas
Tu m'admirais
au-delà des mots
Pourtant, je
suis une femme du mois d'avril
Je ne reviens
qu’avec les fleurs...
Pourtant, je
suis une femme du mois d'avril
Je reviens
avec les hirondelles
Avec leur bec,
je tisse la mélodie du matin.
J’arrive pour
célébrer l'arrivée du printemps...
(Sous la
chemise du printemps,
les violettes
sortent leur tête.)
Tu m'as aimé
au-delà des mots
Tu as patienté
une éternité...
Désormais, je
sais que dans ton âme.
Il n’y a pas
d’autre hirondelle.
Azem Zogaj
Azem
Zugaj (Kosovo), né à Turjakë
en 1951. Il est diplômé de l’Université de Prishtina
où il a poursuivi ses études de troisième cycle. Il a travaillé comme
journaliste pour la Télévision Nationale.
Les rivières de
Babylone
Même si je ne
te revois jamais
le chant des
fleuves de Babylone
s’entendra à
nouveau
le soldat aura
dans le cœur
plus de feu et
de flamme
que le feu et
la flamme
Même si je ne
te revois jamais
chacun sera
différent
sauf deux yeux
et quelques
souvenirs ravivés
chacun sera
différent
les rivières
de Babylone ne seront jamais
à sec
Et l'espoir ne
fanera jamais dans le cœur
du soldat.
Begzat Baliu
Begzat Baliu
(Kosovo) est
professeur d'université, albanologue,
publiciste, écrivain et éditeur. Il a été chercheur scientifique à
l'Institut albanais de Prishtina (1996-2005)
puis professeur régulier à la Faculté d'éducation de l'Université de Prishtina. Conférencier lors de plusieurs
conférences scientifiques nationales, régionales et internationales.
Auteur de nombreux ouvrages académiques dans les domaines de la
linguistique, de la littérature, de l'histoire, de la culture et du
journalisme. Organisateur et coordinateur de nombreuses conférences
internationales dans les institutions universitaires et scientifiques de Prishtina, Prizren, Skopje, Tirana, Korça, Shkodra, Varsovie, il participe à de
nombreuses conférences organisées par d'autres centres
internationaux. Membre de l'Association Internationale des Écrivains
et Critiques
Célébration de
Noël dans la cathédrale « Mère Teresa » à Prishtina
La fête de
Noël a atterri à Prishtina
Entre le froid
et la brume noire, comme
les contes de
fées de nos grands-parents
La cathédrale
"Mère Teresa"
est
agenouillée, détruite par la culpabilité
La reine Teuta oubliée de l'Europe,
attend dans le
premier fauteuil
Elle est
silencieuse comme surgie
des peintures
naïves d'Amanda Wite.
Des
politiciens sans foi en Dieu
sont sur le
point d’arriver
Des soldats
maudissent Dieu à chaque fois qu'ils donnent des ordres
Des voisins
musulmans qui fêtent
Saint-Georges
le 6 mai!
Il fait nuit
et le brouillard dense de Prishtina recouvre la
cathédrale !
Elle se
déplace lentement à gauche
et à droite,
yeux ouverts vers le Christ
Il fait froid
et dans l'obscurité du brouillard
La cathédrale
"Mère Teresa" glisse verticalement dans l'obscurité
Une lumière,
seulement une lumière apparaît
au début du
siècle dernier
Des voix
inarticulées viennent de l'extérieur
Des voix
entrent par la porte, par la fenêtre,
par le porche
du clocher
Ce qui se
passe
Reine, femme,
reine ou diseuse de bonne aventure
Qui es-tu?
La reine Teuta se fige
comme dans un
tableau naïf
et on ne peut
pas la déplacer.
Même les
cloches, les carillons de la cloche
ne sonnent pas
d’en haut, mais montent
des
profondeurs de la terre
Les voix
s’amplifient mais restent inarticulées
La femme hurle
à l’arrière
de la Grande
Porte
Les grandes
fenêtres de la Cathédrale
sont ouvertes
Il fait encore
sombre et brumeux dehors
-noir absolu-
Les voix
mixtes sont de plus en plus nombreuses
L'obscurité
les rend plus effrayantes
qu'elles ne le
sont
La reine Teuta revient du Christ Roi
La foule prie : Allah! Allah! Allah!
Priez, Votre
Majesté, priez,
ce sont aussi
des croyants en Dieu !
Le Christ-Roi
tend les mains très haut
mais sa voix
ne s’élève pas
et n'est pas
entendue
Des centaines
de personnes :
hommes,
femmes, enfants, entrent
avec des
torches allumées à la main
Ils entrent
par les grandes portes,
par les
fenêtres, par le porche
Paix ! Paix !
Paix !
Réconciliation
! Réconciliation !
Réconciliation
!
Ils
s'approchent de la femme brisée,
du Christ-Roi
L'espace d'un
instant, le Dôme
de la
Cathédrale s'ouvre
simultanément
avec le ciel
La cloche ne
cesse de sonner
Tout le monde
lève la main et voit les âmes
de Skanderbeg
et de Mère Teresa s'envoler.
La cloche sonne
sans cesse
Les citoyens
lèvent les mains
ou font le
signe de la croix
Ils tombent à
genoux et prient
comme dans une
mosquée
La reine Teuta s'adresse au Christ :
que se
passe-t-il, Votre Majesté
Au lieu de
torches, les citoyens tiennent
des livres de
prières
(Elle
s'approche de chacun d'eux
et les
regarde, surprise)
Christ : ils
n'ont pas la Bible, le Coran,
la Torah !
Au lieu de
cela, ils ont le livre
« Les Serpents
de sang » d'Adem Demaçi
et «Le
Prophète» de Khalil Gibran.
Grand Christ,
où es-tu ?
Mon Dieu, qui
es-tu ?
Prishtina, les 24 et 25 décembre 2015
Bilall Maliqi
Bilall Maliqi (Presheva, Serbie) est né en 1969
dans le village d'Elez Bali, municipalité de Presheva. Il est diplômé de l'École de graphisme et
de journalisme. Il écrit de la poésie et de la prose pour enfants et
adultes, de la critique littéraire et du journalisme. Il est l'auteur de
40 œuvres littéraires différentes. Il est membre du LSHK, président honoraire
de l’Association des écrivains Feniks (Kosovo
oriental), président d'Atunis Lugina. Lauréat de nombreux prix littéraires. Il est
présenté dans diverses anthologies et revues. Il vit et travaille à Preshevë.
Vœu
Je veux entrer
Dans les fragments
De ton silence
Je te fais une demeure
Pour quelques temps
Long
Long
jusqu'au
désir flétri
Se mouiller
de ta fluidité
Et le
ressusciter de la mort
ressusciter de la mort
Comme le Phénix de ses cendres.
je veux embrasser
Regarder de plus près
Et de loin
Comme un
corps
un
corps
que les vents bercent
pendant les saisons humides
Congelé
Laisse-moi entrer
Lentement
Dans ton corps chaud
De nymphe
Te mouiller
Te
mouiller
Dans la rivière tranquille
D'amour.
Demir Reshiti
Demir Reshiti
(Kosovo), né le 24 juin 1963 dans le village de Bresanë, municipalité de Sharri
(Dragash, Kosovo). Il écrit de la poésie, de la
prose et des articles de journaux. Il a publié 11 livres et participe à
de nombreuses manifestations littéraires organisées au Kosovo, en
Albanie, en Macédoine.
Amour Différent
Quand j'aime
je deviens fou
Et en moi
l'amour devient fou,
Les cris se
brisent en éclats cachés
je suis tout,
pleurs et rires,
Je vois
comment les sentiments s’anéantissent
Devant la loi
de la raison
Comment le
Soleil me rend
quand la Lune
meurt ?
Étourdis
l'amour
Moi, je
deviens fou
À genoux,
j'attends l’arrivée
des victoires,
Pourquoi
êtes-vous surpris ?
L'amour me
vient différemment
Je deviens fou
quand j'aime
Oui, l’amour
me rend fou.
Dhimitër Pojanaku
Dhimitër Pojanaku
(Albanie) est né à
Pogradec, en Albanie, le 28 août 1956. Il a publié plusieurs volumes de
poésie, La pluie lit ma tristesse, Du matin et un peu de nuit,
Les diables dansent la polka, Les rivières rentrent chez elles,
Martha. Il est lauréat du prix La plume d’Argent en Albanie et de
nombreux prix et distinctions internationaux. Ses poèmes sont traduits
dans plusieurs langues.
Martha
J'ai vu Martha
sept fois aujourd'hui.
Au baptême de Naumildi,
Telle une
flamme sortant des icônes,
Elle était
parée d'une robe rouge et jaune.
Du jeune Gjokë,
Situé là où se
trouvaient les fonds baptismaux,
Quelques
larmes
Ont perlé sur
sa cape grise et noire,
Même le prêtre
s’est tu
À la grille
des tombes,
Je l'ai vue.
De ses doigts,
elle a enlevé lentement
le lait blanc
des joues roses.
Quelques
morceaux de terre humide.
J'ai vu sa
silhouette à deux reprises
alors qu’elle
se promenait dans le bazar.
Une fois, elle
regardait de fines porcelaines chinoises comme des paysages de l'âme.
La fois
suivante, elle essayait un sac
de randonnée
Il m’a semblé
Que les
sangles bordaient la peau
comme deux
bretelles de chemise.
Je l'ai vue
terminer la journée aussi facilement,
Comme les
rideaux d'une fenêtre.
La septième
fois, je l'ai vue aller
au cocktail,
Perchée sur de
hauts talons
dans
l'indifférence de l’adolescence.
J'ai vu Martha
sept fois aujourd'hui,
Marta ne m'a
pas vu.
Quand ses yeux
se sont tournés vers moi,
Des vapeurs de
joie recouvraient les miroirs
Faruk Tasholli
est
né en 1958. Il est diplômé à la Faculté de
Philologie, Département de Littérature et de Langue albanaise à Prishtina, où il a également suivi des études de
troisième cycle. Parallèlement à ses études, il était
journaliste depuis 1980 et, pendant plusieurs années, rédacteur en
chef de la rubrique culturelle du journal étudiant Bota
e re à Prishtina. À partir de 1988, il
a rejoint la rédaction du programme culturel de Radio Prishtina,
où il a travaillé jusqu'au 5 juillet 1990, jour où les forces de police
serbes ont fermé la radio et la télévision de Prishtina
en langue albanaise. Il vit actuellement à Aix-la-Chapelle, en
Allemagne.
Hurlement des femmes violées
Nous, les
violées de la dernière guerre
Ne sommes pas
des femmes qui changèrent
de lit,
Pour un
morceau de honte gravé
sur le front.
La pierre de
notre amour pèse si lourd
Tant qu’il ne
bouge pas dans le cœur. Oui
Il fut brisé
en morceaux quand débarquèrent
les terribles
Meurtriers devant nos pieds –Attachées –
Quelqu'un fut
tué avant la traversée
de la rivière
Quelqu'un avec
un enfant serré
contre sa
poitrine
Ressentir
parmi les malheurs –
La dernière
caresse
De nous, ô,
nous, ô
Comment la
balle ne nous a-t-elle pas touchées ?
Nous nous
tuâmes en esprit et là,
Là, nous
gardons la mort
la bouche
fermée comme une coupe.
Nous les
femmes violées lors de la dernière guerre
Ne demandons
rien de plus que l'amour.
Nous seules,
savons ce qu'est le malheur
de l'âme
plantée de blessures
et maintenant,
elle nous
manque.
Il suffit de
venir dans notre dos
juste un index
et un meurtre
comme le chœur
triste nous blesse.
Si vous voulez
apercevoir un instant
la Liberté
En tant
qu’édifice,
Venez mettre
l’oreille dans ses fondations,
Là, où furent
murés nos cris
Comme le corps
de Rozafa.
Ibrahim Berisha
Ibrahim Berisha (Kosovo) a étudié la philosophie et la sociologie à
la Faculté de philosophie de Prishtina. Il a
complété ses études de maîtrise à la Faculté des sciences politiques de
Zagreb et à la Faculté de droit de Prishtina.
Docteur en sociologie des communications. De 1978 à 1999, il a travaillé
comme journaliste et rédacteur en chef dans les quotidiens Rilindja et Bujku.
Fondateur du Centre d'information du Kosovo (1990) et son dirigeant
(1991-1993).
Enfer stupide
C'est la fin,
nous étions une montagne
fragmentée
Sans le vouloir, ma chère
Nous étions un secteur à
l’écart
Et nous étions des astres
séparés
Au travers, ma chérie
Nous étions une rivière
divisée
Voilà, c'est lamentable
Franchement, à quoi nous
ressemblerions.
Kalosh Çeliku
Kalosh Çeliku
(Macédoine), né le 13 février 1951 dans le village de Cërvicë
à Kërçovë, Macédoine du Nord. Il a terminé ses
études primaires dans sa ville natale. Lycée normal à Shkup.
Il a étudié la langue et la littérature albanaises à l'Université de Prishtina (Kosovo).
Çeliku
écrit de la poésie et de la prose pour enfants et adultes et a publié
plus de cinquante livres. Çeliku est lauréat de
plusieurs prix de concours littéraires de poèmes, de contes et de pièces
de théâtre. Parallèlement, il reçoit des prix littéraires aux États-Unis,
Macédoine du Nord au Kosovo, en Albanie et en Grèce. Sa création
littéraire a été traduite en plusieurs langues : macédonien, allemand,
turc, bulgare, roumain, grec, etc.
Mon seigneur
bien-aimé, prends tout
Mon cher
Seigneur, prends tout :
Les champs.
Les prés. Les montagnes
de mon père!
Les livres
aussi. Les peintures. Les photos.
Les nuits et
jours qui vivent
dans la
bibliothèque.
Et Moi comme
Poète « ennemi ». Rebelle
Mais pas
l'eau-de-vie de raisin. LE VIN
Des femmes
fidèles. La Poésie. L’Albanie!
La richesse
qu'il peut obtenir aujourd'hui
Seulement la
rivière de Zajazi. L’Enfance.
Cette fois-là,
je dansais dans la cour
Nu. Poète sans
culotte, sous les saules :
il nous
accompagne jusqu'à la Patrie,
De ses tendres
caresses,
La raison, est
qu’aujourd'hui,
tu n'as pas
non plus la foi,
Tant que vous
punissez l’Albanie
par l’enfer ?
Et avec le
Ciel. Fleurs,
Mariage
esclave !
Lan Qyqalla
Lan
Qyqalla (Kosovo),
diplômé de la Faculté de philologie, branche de
la langue et de la littérature albanaises à Prishtinë.
Il a une thèse de doctorat enregistré à QSA à Tirana. Il est membre
d’Académie albanaise-américaine des sciences et des arts à New York. Il a
publié les livres : Lacrima Cuvantului (Loti i fjalës)
poesi, Bukuresht, 2016, LORA, poesi,
2017 Prishtinë, Pashaportul
uburii, poesi, Bukuresht, 2018, Lora, mon amour, A L'ombre des
muses, Paris, L’Harmattan 2019.
Le musée du poète
Le Poète,
Remplit les mots avec des
couleurs
qui évoquent
la prairie
évoque des souvenirs avec
des cartes déchirées
On ne peut pas croire aux
merveilles
des Fées de la Montagne...
Offre de l'affection au
monde !
Le Poète
cuisine sur la table, la
poésie
Les vers se renforcent au
château d'Arberie
Le Poète,
tempête solaire, apporte
en cuisine
chaque vers tamisé avec
amour
le feu de la parole brûle
le rôti.
L’univers dont tu ignores
tout
Est gravé avec précision
dans le cristal...
Dans la harpe poétique,
les mots sont tassés
Le Poète,
rêve de la Reine,
illuminée par la torche.
Dans la caverne, on
découvre des diamants gravés.
Meri Bo
Meri Bo (Besa Lami Bofja), née
à Laç (Albanie), où elle a grandi et suivi une
formation de violoniste et de flûtiste dans l'enseignement général. Elle
vit depuis de nombreuses années à Athènes (Grèce). Auteur de deux
recueils de poésie : Un des poèmes, Secrets de l’âme.
L'alchimie de l'amour !
Celui qui voit l'obscurité n'est pas
en quête de lumière
l'amour s’abrite dans la lumière,
et l'amour est le sang de l'éternité.
Au moment où l'âme, tremble dans le noir,
bat des ailes et entame le pèlerinage,
illumine les étoiles dans le ciel nocturne.
Demande-moi si je t'aime vraiment ?
Les étoiles brillantes n’ont pas parlé,
Ni moi, ni les yeux aveugles de la nuit
ne parlaient,
l'amour restait muet.
Une vie heureuse n'est pas celle-là,
qui n'est remplie que de soleil,
le soleil, au-delà de la lumière,
te brûle aussi,
au nom du combat avec la nuit.
L'arbre se distingue par les fruits,
par les feuilles,
non par les racines
Ainsi, les fruits de l'amour ont pris racine
dans mon cœur,
tout comme les étoiles au cœur du ciel.
Il n'y a pas de fin, car tu es le prélude
Passion, enflamme les étoiles
dans mon âme.
Avec ce regard-étoile
Ce jour-là, tu as lié mon cœur,
Par l'alchimie de l'amour !
Nikollë Loka
Nikolle Loka (Albanie), né à Sang de Mirdita, le 25 mars 1960, vit et travaille
actuellement à Tirana. Invité à des émissions de télévision et de radio
consacrées à la littérature, il est éditeur et critique de plusieurs
œuvres littéraires, principalement en poésie. Lauréat de plusieurs prix
littéraires dans le pays et à l'étranger.
Auteur de neuf volumes poétiques en albanais et de trois volumes
poétiques en italien (dont deux avec co-auteurs). Outre l’albanais, ses
poèmes ont été publiés en italien, anglais, français, allemand, roumain
et suédois.
Je t’apportai un
arc-en-ciel
Je t’enverrai
un arc-en-ciel
et une
demi-lune.
J’ai touillé
Les sept
couleurs
en sept toiles
d'automne,
je peins la
pluie en suspension
la pousse vers
toi
et la pluie
devient brise,
parfum de mon
rêve.
Je t’enverrai
un arc-en-ciel
et un
demi-soleil.
j'ai mélangé
sept couleurs,
en sept toiles
d'hiver,
et j'ai
suspendu la neige,
pour qu’elle
ne tombe pas sur ton front,
en voyant
ton regard
déchu
dans les
flaques de pluie.
Je t’envoie
un arc-en-ciel
accompagné de
mon autre moitié.
Avec un aimant
chaud
je traîne ton
ombre.
Tu te perds
dans le noir
de cette nuit
où l'espoir
tombe
dans un abîme,
se brûle.
Sali Bytyqi
Sali Bytyqi
(Kosovo), né le 29 mai 1962 dans le village
de Dejë à Drini. Il a
terminé ses études primaires et secondaires à Ratkoc
et Rahovec, tout en étudiant au Département de
littérature albanaise de la Faculté de philologie de l'Université de Prishtina. En 2002, il a soutenu son mémoire de
maîtrise intitulé "Fonction symbolique de la flore et de la faune
dans la poésie albanaise contemporaine (1945-2000)" et en 2009
la thèse de doctorat "L'œuvre littéraire d'Azem
Shkreli", à la même université. Il travaille
au département de littérature de l'Institut d'albanologie
de Prishtina.
Livres
publiés :
Requiem
pour chênes (poésie), Art Pena, Prishtina, 1994.
Labyrinthes
du texte littéraire (critiques et critiques), Square,
Prishtina, 2003.
In
medias res
(critiques), « Era », Prishtina, 2007.
Nous reviendrons
(À
mes amis de la prison)
Les jours
passent
Les semaines
passent aussi
Les mois
Un an s’est
écoulé
Un jour nous
reviendrons
Sur la terre
brûlée du Kosovo
Où tout nous
attend
C'est là que
se déroulera la grande réception
Combien nous
ont accompagnés,
mais pas
attendus ?
Combien nous
ont attendus,
mais que ne
nous reverrons jamais ?
Nous
reviendrons
Même si nos
maisons ne sont plus
Les chênes
prospèrent sur la colline
Même si nos
frères ne sont plus
Le vieux Drin nous réconfortera
Même si nos
enfants ne sont plus
Le Kosovo
couvert de sang se tiendra debout !
Shefqet Dibrani
Shefqet Dibrani (Kosovo) est né le
3 août 1960 dans le village de Gërdoc à Llapi (à Podujevë, Kosovo).
Il a terminé ses études primaires dans sa ville natale, le lycée, cours
de chimie-technologie à Kastriot (anciennement Obiliq), tandis que ses études de biologie-chimie ont
été complétées au lycée pédagogique Bajram Curri, à Gjakovë. En 1984,
il immigre en Suisse. En plus de sa formation professionnelle, il y
pratique le journalisme et écrit de nombreux commentaires et traités
politiques. Il publie des livres de poésie, de journalisme, de critique
et d'études littéraires. Sa poésie a été traduite en plusieurs langues et
est publiée dans plusieurs anthologies. Il a publié une quarantaine
d'ouvrages de différents genres.
Le café du matin
Tous les jours
à huit heures du matin
Il commandait
deux tasses de café
À côté de la
tasse, un peu d'amour
Il l'attendait
et elle est venue
Elle a baissé
lentement les yeux sur la tasse
Son regard a plongé
dans ses yeux
tel un baiser
Et son amour
désolé brûlait comme un silex
Elle a pris
calmement la tasse de café
dans ses mains
dorées
Elle l'a porté
à ses lèvres rouges
Et sur la
tasse de café, le rouge
a peint des
lèvres
Son regard
brillait
Surtout quand
elle a embrassé les lèvres
de la tasse
Pendant un
instant, elle a léché les lèvres
au goût de
café.
Elle a posé
soigneusement la tasse de café
sur la table
Pour adoucir
la vie, il a jeté du sucre
Elle a blanchi
le café noir de ses larmes
Mais ce moment
de silence lui donnait
un nouvel
éclat
Il lui a
demandé si elle avait bien dormi
la nuit et si
elle avait rêvé
Elle a pris la
cigarette,
Et l'allumette
à la main
Il a allumé la
fine cigarette
tandis que
s'enflammait son amour pour elle
Et les
arabesques de fumée faisaient
des volutes de
nuages
une fois
encore ses lèvres ont pigmenté
la cigarette
blanche
Qui s’est
consumée à côté d'elle
Elle fumait
des cigarettes et parlait peu
Mais son
regard réprobateur a attisé
ses sentiments
Elle a éteint
sa cigarette et en a allumé
une autre
Il a parlé
puis a écouté
C'était
nouveau. Des personnes passaient.
Elle a ouvert
le parapluie sans un mot
Elle l'a
embrassé, scellé ses lèvres
de son rouge à
lèvres
Du tableau,
ses joues ressortaient enflammées
Il était très
excité par son baiser,
qui l’a
sidéré.
Au bout d'un
moment, il a pris le souvenir dans ses mains
Il s’est léché
les lèvres, a siroté son café
et lui aussi
est parti...
Sibel Halimi
Sibel Halimi
est sociologue et poète. Elle est doctorante au Département de sociologie
de l’université de Prishtina.
Recoudre le temps
Maintenant, que dites-vous
?
Le nouveau-né,
Comment le baptise-t-on?
Comment l’habille-t-on ?
Où trouver les berceuses
pour son anniversaire?
De quel pays viennent les
sagas?
Dans quelle terre a t-on
enterré l’amour ?
Maintenant, que dites-vous
?
Que pouvons-nous dire à
l’homme?
Quelle est son histoire?
une promenade au bord du
vide?
une mouche sur le mur
qui tombe au hasard
Maintenant, dites moi
Comment baptiser le
nouveau-né ?
Au nom de quelle histoire?
Sylë Ahmeti
Sylë Ahmeti (Kosovo) est né en 1962 dans le village de Baraina, municipalité de Podujeva.
Il a terminé ses études de langue et littérature albanaises à l'École
pédagogique supérieure à Prishtina. Il a
commencé à écrire dès l'école primaire et secondaire. Fondateur et
directeur du Groupe Littéraire du village d'Orllan.
Il a publié continuellement dans des journaux et des magazines. Depuis
2000, il s'est engagé comme journaliste dans le journal traditionnel RILINDJA,
jusqu'à sa fermeture, puis au quotidien KOSOVA SOT, où il exerce
toujours le métier de journaliste.
L'histoire
L’Histoire
Marche dans toutes les rues
Bouge et observe
Elle suit chacun de nos pas
Elle les cache dans sa poitrine
Sous les haillons du nom
Puis elle déplie les confessions
Dans toutes les langues du monde
Se souvient de toutes les couleurs
Et des visages
Elle a les yeux perçants
Sur ses traces
Parfois elle boite
Et n'oublie jamais
L'accord avec le mot
Mais avec l'événement
Ça avance droit
Quelqu'un semble marcher lentement
Quelqu'un de trop rapide
On peut dire qu'elle boite
On peut dire que ça marche
Mais on peut dire ça...
Peut-être que l'histoire s'envole
Maîtresse de la vie et de la vérité
Le sommeil nocturne ne l'a jamais surprise
On dit qu'on l'a vu ensanglantée
Face à face avec des canons de fusil adjacents
Et au fil des épées émoussées
Elle n’a pas peur
Pas même avant les tempêtes les plus violentes
Pas même face aux blessures
On ne l'a jamais vu s'effondrer
Dans son long voyage
On l'a trouvée avec une tête de chien
Avec des dents d'ours et un corps d'homme
Avec les ailes d'une colombe et les griffes
d'un faucon
Avec une langue aussi longue qu'une épée
Elle continue de suivre et d’accompagner
Les vers des siècles
Quelque part elle guérit les vieilles blessures
Et un nouvel espace s'ouvre
Quelque part, elle éteint les incendies
Et quelque part, ça tue et ça brûle
comme la foudre
Et dans ses mémoires
Qu'elle tient sous le bras
Parfois du baume apaisant
Écrit quelques lignes
À propos des choses réelles
Parfois des mensonges
Nous la trouvons partout où nous la cherchons sur
les chemins du monde
Ça glisse et ça passe lentement
Comme un serpent sournois à travers les traces du
temps
Par temps ensoleillé et sur les routes verglacées
À travers des mares de sang
De joies et de désirs
Souvent enveloppée en noir
La grande maitresse de notre vie : l'Histoire...
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