Vos textes publiés ici après soumission au comité de poésie de francopolis.


 

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Une infographie
de Laurence de Sainte Maréville

Présentation de la sélection de Janvier 2004

par 

Isabelle Servant

 

 

Notre Livre de l'hiver vous propose des textes des membres de Francopolis 

Stéphane Méliade est ce mois-ci dans le Salon de Lecture.

 

 

Bonjour, chers lecteurs de Francopolis,

C’est à notre tour de vous souhaiter une belle, lumineuse et riche nouvelle année 2004, en actions et en rires, en souffle et en intensité, en sérénité et en mouvement, tout ce qui peut faire du monde tel qu’il est un monde un peu plus droit, sans haine et sans mensonge.

L’édition de Francopolis de ce mois, illustrée par Laurence de Sainte Maréville, est particulièrement variée : poèmes, prose, lettre, théâtre, prose poétiques, des hommes et des femmes, des auteurs qui nous viennent de plusieurs régions de la Francophonie et parmi eux, huit nouveaux auteurs sur nos pages parmi les dix que nous vous présentons.

Nous espérons très sincèrement que la lecture de ces textes vous aidera à franchir le large pont entre l’ancien et le nouveau, entre la rive et l’autre rive

Passager je traverse inversé
sur le pont de lumière
emporté par le fleuve
dans le corps de sa nuit
mes rames
les rayons lumineux
jusqu'à l'autre rive
(Kostas Nassikas)

***

Au commencement c’était le Blanc et le Noir. Ainsi je me trouvais face à face avec cette page qui de plus en plus commençait à perdre sa blancheur en raison de cette écriture noire. Je me disais toujours que même l’écriture s’imprègne des couleurs. Pourtant les couleurs sont aussi des mots. 

Hassan Abmohdi débute ainsi notre sélection de textes poétiques par Blanc et Noir, retours intérieurs croisés entre l’amour et le pouvoir des mots et des couleurs. Ce jeune auteur écrit pour la première fois sur notre site, bienvenue…

Le jeu des couleurs... le mélange des couleurs...vivre en couleur, vivre avec les couleurs...la lumière, la sentir... mais comment l'écrire, le dire, le dessiner...et surtout quand ces couleurs prennent des accents de rencontre... ! (G.Millaire)

 

***

Pierre Autin-Grenier, auteur incisif de récits et de recueils de nouvelles (Je ne suis pas un héros, Toute une vie bien ratée etc…), est un vrai champion de l’absurde, de la description sans pitié des engrenages du monde. Ce mois-ci, il nous confie deux de ses brefs regards perçants et kafkaïens : Chef de File et Collation.

 [il]se jeta de but en blanc sur la femme du patron. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, l’ayant mise en charpie, il la dévora tout entière sous nos yeux, n’en laissant guère plus, une fois repu, qu’un morceau de cuir chevelu et un sac en croco. 

Une jolie charge, dans ce monde d'orthodoxie forcenée, de fidélité féroce, de sanctions démesurées ! nous dit sur ces textes Yves.Heurté

***

 

Nouvelle auteure, comme le précédent, Valérie Bezard nous donne à lire sa prose poétique particulière, toujours frôlant les limites de l’imaginaire et du quotidien décrit : Un extra terrestre dans ma vie décrit l’entrée d’un curieux personnage :

À chaque instant, j’ignore dans quel univers il a décidé de séjourner. C'est quand il n’est pas vraiment là qu’il parle le plus, pour masquer son absence. Telle une étoile éteinte depuis des millions d’années qui continue de diffuser sa lumière.

Etrange manière, à la fois onirique et réaliste. L'écriture reste sans éclats, sans effets, et c'est justement pour cela qu'on ressent ce malaise. C'est à la fois prenant et bien écrit (Y.Heurté)

Dans une drôle de maison bleue, l’équilibre et la grâce sont au service de ce quelque chose qui est comme un rêve :

Thème original, avancée bien menée, et bien sûr le côté symbolique s'impose, mais il passe sans ostentation, sans contorsions, sans forcing spirituel du lecteur. Pire. Il le prend. Un beau texte (Y.Heurté)

j'aime beaucoup l'image de cette maison en équilibre(…) le style, l'humour, (J. Schweisguth)

il y a une sorte de tendresse coquine qui caresse la catastrophe, et une manière - à mon avis très bienvenue- de créer du sens à partir d'objets et de positions plutôt qu'à partir d'abstractions ou d'idées (S.Méliade)

Et puis, le vide ce puissant aspirateur :

 Elle courut sur les contours de la planète, absorba des visages, des sourires, des larmes, des gravats, des ruines, des gestes symphoniques, des grâces suspendues le temps d’un effluve, des parfums mélodieux, des accords mineurs, s’embrasa au coin de ruelles à la nuit tressaillante, dessina des mots, des odeurs, décrivit des échos, des couleurs, chanta les songes dispersés par le vent, sculpta des fantômes crucifiés par le néant. 

la fin est riche de sens. c'est une prose étrange, surréaliste(J.Schweisguth)

 

***

 

Bouillonnant, exigeant, cahotique, volcanique, le jeune poète québecois Maxime Catellier nous revient ce mois-ci avec un poème fleuve, d’une longueur sans précédent, d’une densité étonnante : la phrase en clé

homme tu dresses le grand nu des visières
poing d’ortie que les rougeurs lèchent arides
à la manière des poissons le soir gronde en toi
des rives les mosquées froides du sexe les écailles 

langue cahotée, éclipsée, éludée, et à la fois prolixe, foisonnante... étonnante. Langue aussi, érotiquement mâle, profondément masculine. (F.Noël)

Ici, les entrechoquemenst d'images ne me semblent pas jetés n'importe comment "pour faire poésie", il y a une recherche stylistique intéressante, qui donne un côté "contre-courant" et même "contre-coulant", c'est à dire qui prend la fluidité à rebrousse-huile et donne des sens par collision, comme en entrechoquant des silex. (S. Méliade)

j'ai la sensation d'un travail dans cette écriture, d'un cisèlement des mots, des images étonnantes, c'est long mais on lit ce poème comme un envoûtement, comme une transe,(J. Schweisguth)

 

***

Ile Eniger n’est pas non plus une inconnue sur Francopolis, et nous offre trois poèmes de doutes et de soleil. Brûlant mélange de couleurs, de sons ,d’odeurs, au service de la vie intérieure, celle qui met toujours en balance les mots, celle qui brille et s’interroge, un livre d'image... de photos...de présence, dit G. Millaire.

Un texte-être vivant, où rêve et lucidité ne sont pas antinomiques, où on peut toucher sa propre densité et son propre envol et qui possède cette sorte d'humilité classieuse qui sait faire partager l'humain.(S.Méliade)

Un poème vigoureux et vagabond, de nombreux bonheurs d'écriture avec des images surprenantes (Y.Heurté)

Montreur d¹étoiles. Phare d¹exclamation à l¹envers sur la mer, tu dérives le mot. Drôle de lampe allumée. 

Les mots... que n ' avons-nous prononcé de mots pour les cerner! :-)

mais peut-être parce qu'ils recèlent bien plus que leur apparence simple. Et ce texte aussi, sans doute, j'aime cette énumération d'impressions, cette tentative d'accrocher des lieux, une topographie, de ces mots. (F. Noël)

***

 

Grande personnalité d’écriture, grande sensibilité, Marie Falson Tacussel nous raconte des histoires étranges où il ne se passe rien. Apparemment. Et puis l’esprit vagabonde, suppute, devine, reconstruit, infère, et peu à peu se dessinent les contours tendres ou tragiques de destinées humaines

Lisez sa lettre :

Il m'a fallu relire deux fois cette lettre pour reconstituer une époque, une histoire, éclairer les zones d'ombres laissées après la première lecture. Comprendre que les roses et les jaunes étaient sans doute des chrysanthèmes…

une mention pour la qualité du récit. (F.Noël)

Pour moi, qui suis québécois, dit K. Létourneau, ce langage apparaît bien typé, un parlé de campagne très joli. Exquis, beau style familier, j'aimerais en lire tout un roman.

 

et l’extrait de sa pièce de théâtre Le Pain brûlé

ah, merveilleux cynisme de la haine ordinaire, ces petites gens, ces petites histoires, ces cancans qui font vivre les petites âmes, et qui alimentent les petits principes. On ne les déteste pas ces vieilles, mais on voit dans cette courte scène l'humanité qui fait défiler son ruisseau de convenances et d'esprit de clocher, juste sous nos yeux, et ça tape juste; et l'on voit le jeu se dérouler sous nos yeux. (F. Noël)

***

mais la musique

Dit-il mais la beauté des signes

Les ravivent. Les grappes

Redisent le jeu troublant du peintre

Et du désir 

Emmanuel Hiriart est un poète du regard et des couleurs, de l’exactitude et de la recherche, de l’immédiateté et de l’universel. Sur des tableaux ou des photographies, il brosse en quelques mots très courts une vision rythmée et chuchotante du monde, quelque chose comme un trait fin de crayon : sur une nature morte de Delaporte, chaque couleur, passages

Ici on joue avec les couleurs, mais avec une interprétation personnelle qui fait sien le tableau. La couleur se fait son, mélodie accordée avec un paysage possible. A la fois animé et animiste. Donne une impression rare de justesse, dans un monde très serré où sont unis les trois éléments : végétal, animal, et minéral (Y.Heurté)

***

 

Daniel Leduc nous confie une fresque partagée en six moments très courts, la fin presque un haïku, paysages et sentiments de grands espaces et de grande intimité à la fois

Au commencement il marcha vers le sud, s’orientant grâce aux nuages et au bruissement des vents. Longtemps les marées de sable accompagnèrent ses pas ; puis il franchit des montagnes avant de se perdre dans son rêve.

Quant il se réveilla la nuit recouvrait la Terre entière, et les oiseaux qui volaient encore étaient les seuls mots vivants. 

une réflexion sur le retour des choses, ce perpétuel mouvement ,ces recommencements, cette continuité... (G. Millaire)

le paysage est présent, avec des couleurs tourterelle, bleutées et qui cherchent le soleil "Ce sont les larmes de la nuit qui a quitté le jour " et j'aime beaucoup cette phrase d'une grande tendresse "Il y a dans chaque aube tous les regards du jour" (H. Soris)

Ce poème est à citer en entier, très inspiré. Texte d'une grande valeur philosophique. Réflexion poétique riche et habile. (K. Létourneau)

***

Dans la tempête de ces nuits

livides et sans sommeil

de ma vie qui n'est plus qu'heures

sans fureur ni bruits

sans même plus de chaleur

Je te sens mon Soleil

Au cœur même de la tempête, Papemich nous écrit trois chants de vie et d’amour : Un dernier je t’aime, Il est de ces mots, Le Semeur de mots

***

Voix québecoise, Nicole Turcotte l'est aussi ! Seule, profonde et mûre, elle écrit un texte lumineux comme au fond de la nuit :

une atmosphère, une ambiance bien traduite par la suite égrenée des mots.(F.Noël)

 j'arpente la peau de la nuit

essoufflée de certitudes

je tord mes pluies

pour ne plus me revoir

dans le malheur de la tête

que tu tenais entre tes mains 

et là, on a la sensation de déboucher du tunnel d'ennui où on se croyait enfermé et qu'un petit miracle tient une lampe-tempête à l'autre bout. Et on est heureux d'avoir lu ces lignes.(S.Méliade)

***

Enfin, lecteurs, allez découvrir l’Inoubliable rideau rouge de Stéphane Méliade qui ce mois-ci , dans notre salon de lecture, vous offre à lire six poèmes en rouge

J'écris la carcasse douceur

l'enluminure à quai d'une chaloupe accroupie

le sentier coquelicot d'un souffle en bord de terre

 

Un réservoir à dieux liquides

-table d'hôte pour prières à deux pailles-

se penche sur la formule

à retrouver l'ombre de la couleur rouge

 

 

Très bonne lecture à toutes et tous, et je vous abandonne pour le chant quelques instructions de Julio Cortazar

Chantez une seule note, écoutez à l’intérieur. Si vous entendez (mais cela ne se produira que plus tard) quelque chose comme un paysage plongé dans la peur, avec des feux entre les pierres, avec des silhouettes à demi nues et accroupies, je crois que vous serez sur la bonne voie, de même si vous entendez un fleuve où descendent des barques peintes de jaune et de noir, si vous entendez une saveur de pain, un toucher de doigt, une ombre de cheval.

 

 

 

Isabelle Servant, janvier 2004

 

 



 

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Créé le 1 mars 2002

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