Vos textes publiés ici après soumission au comité de lecture de francopolis.

 

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Depuis que Francopolis est entré dans sa troisième année, notre librairie compte environ 120 auteurs. Nous vous invitons à venir la visiter.

Vous y trouverez des poètes, des nouvellistes et romanciers, des auteurs de pièces de théâtre, hommes et femmes, connus et inconnus, venus des cinq continents. Vous pouvez, vous aussi, en faire partie en nous proposant un texte.


Dans notre salon de lecture, la Pologne est ce mois-ci à l'honneur avec notre amie Mary Telus qui nous régale de deux nouvelles histoires de Stan.

 

   
"Berceau des Signes"
par
Laurence de Sainte Maréville

Présentation des textes
de la SÉLECTION DE JUIN

Par Stéphane Méliade

Francopolis : sélection de juin 2004

Une étrange variété de passe-partout



"L'acte d'écrire peut ouvrir tant de portes, comme si un stylo n'était pas vraiment une plume mais une étrange variété de passe-partout."
Stephen King, la ligne verte

Passe-partout ou agence de voyages ? Francopolis est plus que jamais pour cette édition une fenêtre sur le monde. Ce mois-ci, pas moins de six pays sont présents. Vous trouverez dans nos pages des textes d'auteurs polonais, haïtiens, portugais, belges, roumains et français. Et même les français auront envie de vous emmener ailleurs. Voici donc les carnets de voyage des pays que nous avons visités.

Deux univers entremêlés, qui rêvent l'un dans l'autre, l'un par l'autre. Karl Létourneau parle ici du voyage d'amour et d'arôme de Claire Legendre qui nous emmène à Rome. Publiée chez Grasset pour le roman "Matricule", l'auteure de "Viandes" nous offre ici un texte extrait de son recueil "Passerelles, co-écrit avec Jérôme Bonnetto.

"J'ai mis mes jambes autour de toi. J'ai chanté.
Oublié l'entêtement de mes rêves monumentaux, jamais plus à Rome que là
."

À la lecture de Largo, , les réactions de notre comité de lecture ont été passionnées.

Jean Pierre Clémençon avoue : je me suis défendu comme une bête pour ne pas me laisser séduire mais le texte m'a rattrapé
Yves Heurté nous révèle son côté mélomane : Eros nu, variations chantées. Madame chante juste. Madame est polyglotte mais sa voix reste bien placée
Stéphane Méliade est sensible aux multiples dimensions du texte : Italie, amour et rock'n'roll, triple et belle alchimie servie par la narration qui entremêle savamment les temps, les langues et les lieux, pour faire une sorte de poème en quatre dimensions, fragments que l'on peut ensuite relire dans un autre ordre

*

Ta seule présence dans ma voiture me laissait croire que tout était possible, comme de gommer ma vie dépourvue de fantaisie, de folie, cette vie trop lente, trop plate, comme la route sans surprise qui continuait de se dérouler devant nous.

Anita Olivier nous offre une Fausse route.qui est un vrai bonheur. Déjà, lire ce texte à plusieurs niveaux a enchanté beaucoup de nos membres, même dans les premiers niveaux de compréhension de cette nouvelle, qui réserve par ailleurs une surprise.

D'une qualité exceptionnelle, une écriture ravissante au plus haut point , exulte Karl Létourneau. Une écriture vive , bien imagée... bien ressentie, je me sens au cinéma se réjouit Gertrude Millaire.

J'ai senti ton regard sur ma nuque pendant tout le trajet. Je ne pouvais me retourner, mais, au travers de l'épaisseur de ma chevelure, tes pensées effleuraient ma peau.

Désir sur quatre roues, donc... mais ce n'est pas tout. À la délicieuse sensualité de cette nouvelle, s'ajoute un très beau et jubilatoire sens de la chute. Vous ne serez pas là où vous croyiez être. Vous n'aurez pas lu le texte que vous pensiez lire.

Sensualité et humour, un mariage très réussi, ce texte a une excellente tenue de route et des vitres malicieusement teintées. Stéphane Méliade démarre au quart de jour;

*


Auteur haïtien exilé à Paris par la dictature en 1959, Jean Métellus est défini ainsi par Jean-louis Joubert dans l'Encyclopaedia Universalis Dictionnaire de la littérature Française du XXe siècle,(Albin Michel, Paris ñ 2000) : une oeuvre forte et novatrice. Placé sous l'invocation du pipirite (l'oiseau qui, en Haïti, salue le lever du jour), le poème conjugue les voix de la polyphonie haïtienne: le paysan, la femme dans sa solitude et ses peurs, l'arbre à pain, la graine, le soleil, les dieux du vaudou... Il dit l'éblouissement d'une nature violemment vivante.

Jean Metellus a néanmoins joué le jeu du risque et de l'anonymat pour nous confier son texte inédit, appelé L'eau

L'eau sonne sans une consonne

Voyelle dans le sens de " petite voie " ? demande finement Hélène Soris avant de poursuivre: les insulaires sont si proches de la nature.
ce dont je me souviens de ce pays... c'est le manque d'eau... alors je comprends que ce mot puisse évoquer de telles images.
(G.Millaire)

De son écriture vivante, posté à la source et à l'embouchure de la vie, Jean Métellus semble faire écho à la parole d'Hermès Trismégiste en écrivant :

Qu'elle est à elle seule

Et le haut qui veille les cieux

Et le bas qui supporte le monde

*

Thierry Alvès, auteur du Portugal, patrie d'explorateurs de nouveaux mondes et de villes blanches, a la malice de nous emmener ailleurs que sur ses propres terres :

Obsessionnelles,
Les vieilles ombres
D'autres Irlandes

Irlandes ? Même au niveau des couleurs, cet auteur est surprenant, jamais là où on l'attendrait.: tous ses textes sont en couleur......... Gris brunis ocre, boticcelli et pastel... remarque Jean Pierre Clémençon.

Et pour nous étonner encore plus, cet adepte de Magritte conclut par Monochrome dont on pourrait dire "ceci n'est pas un texte". C'est celui là que j'aime, MONOCHROME aussi rouge qu'Yves Klein est bleu!!! remarque le même Jean-Pierre. Yves Heurté tire une conclusion assez juste au sujet de cet auteur qui nous a séduit par son envie réussie de nous transporter en des lieux inattendus : Pourquoi ne pas jouer ? Au moins l'auteur a osé .

*

Au début on suit le mouvement, lent , frileux , avec une tristesse bien dosée. Ainsi commence la lecture de Gertrude Millaire qui entre dans le poème de Claude Aubry, Fraîche.

Lente comme un matin pluvieux
Lointaine de sable et de sel
Mirage de soif ou arc en ciel

Ici, le sostenuto est tenu jusqu'au bout par la beauté sensuelle de l'image et ses facettes renouvelées, Yves Heurté se sent bien dans ce texte.

Peut-être connaissez vous déjà les photographies fortes, intenses même, de Claude Aubry. Pourtant, c'est dans le monde du son qu' Hélène Soris puise les mots pour traduire sa joie : c'est une musique. j'aime la rime qui vient ici et là juste quand il le faut, le jeu d'assonances aussi en début de phrases , et les labiales. Voilà ce que j'appelle de la poésie libre, un auteur qui se sert de ses connaissances en classique pour donner de l'harmonie à son poème Bravo.

*

Je marche à reculons, sauvage comme une mer primitive. Anémone marine aux tentacules blessés, je me rétracte, je me love dans le silence, je m'étourdis de désarroi.

Agnès Schnell nous revient, après la découverte que nous avons fait d'elle au début de cette année et les hasards de l'anonymat lui ont donné le même numéro d'auteur que la fois précédente, le numéro 9. Peut-être une clé, car en effet Agnès Schnell semble un auteur neuf, une plume à l'évidence toujours prête à explorer et à réfléchir très profondément, mais de manière toujours renouvelée. Elle nous offre deux poèmes : À trop frôler les cimes et Des mots, ainsi qu'une prose, Autoportrait sans miroir, qui gagne le pari difficile d'être un texte qui parle de soi et qui pourtant parle à chacun, on pourrait presque dire : qui parle pour chacun. Il serait un début magnifique pour un roman peut être autobiographique , peut être écrit en observant quelqu'un qu'on aime.

A trop frôler les cimes
on n'était
qu'un oiseleur
de vocables piégés
à peine accordés.

Ce n'est pourtant pas un danger qui semble guetter Agnès Schnell. Comme l'écrit Yves Heurté à son sujet : Marches et démarches intérieures riches profondes. Donc, moi aussi, avec ces textes je "suis" (dans les deux sens du mot). D'autant que l'écriture est belle et maîtrisée, dépassant le simple jeu de l'intellect.

*

Sous les mains polonaises et torrentielles de Léa, la couleur s'écoule et se projette comme un fleuve qui se serait levé d'un bond, saisi de révolte. Se libèrent t-elles ou se débattent-elles vainement, ces Mains sous influence ?

Gertrude Millaire elle-même semble épouser, dans son commentaire le fleuve déchaîné du texte : Un texte fort comme on trouve peu souvent. Une écriture pleine d'émotions, toute la tristesse d'un abandon forcé et ce refus de se laisser gagner par la haine, un cri , un hurlement dans la nuit qui passe par les mains, les couleurs, les formes... toute son histoire racontée avec force et avec grande dignité.

En riant je la regarde exploser en ses quartiers de lune.
Fatiguée...
Non.. cette nuit la matière ne sera pas forme sempiternelle.
Tous les combats ne sont pas vains.


nous rassure tout de même Léa.

*

Octobre avait l'odeur d'un chat noir sous la pluie
Plus loin, tu te souviens de cette affiche humide
encore de la nuit.

Ce serait une très jolie lettre à recevoir, soupire Stéphane Méliade, en décachetant le texte de Robert Cuffi, ou plutôt en dépliant son Accordéon.

Attentive au souffle interne du texte, Hélène Soris écrit : alexandrins et rejets donnent une impression de questionnement , d'envie de retrouver quelqu'un la respiration est entrecoupée d'émotion.

La boucle à ton oreille jouait le feu follet

J'aime cette façon de raconter, cette intimité partagée dont on ne connaît l'histoire écrit Karl Létourneau. .Une ambiance avec des bonheurs d'images, telle cette "odeur d'un chat noir sous la pluie" et des ritournelles "au loin le train", renchérit Yves Heurté.

La nuit, quand ce chantauteur accompli qu'est Robert Cuffi dort, sa respiration doit avoir le son de cordes de guitare.

*

La tribu de textes de l'auteur belge Laurent Fadanni nous ramène à l'origine de l'homme. Avons-nous évolué depuis, ou , avons-nous au contraire perdu quelque chose ? On peut se le demander en lisant sa suite de 4 textes extraite de son recueil "Du pop-corn pour les anges"

Si quelqu'un pleure parmi nous
Nous offrons notre épaule
Nous montrons des étoiles
Nous mimons
Pour lui
Des histoires drôles

L'homme tel qu'il fut à l'aube de son histoire ou tel qu'il devrait être d'urgence s'il veut survivre à lui-même ?

Gertrude Millaire vote pour cette prise de conscience, pour cette réflexion, cet appel au réveil. Stéphane Méliade admire pour sa part le grand pouvoir de suggestion dans ces quelques lignes qui installent tout un univers. Même dans sa morale, l'auteur ne sort pas sa massue et n'assène rien, se contentant de frotter son texte comme un silex contre notre esprit. Et l'étincelle jaillit.

Ô Singe bleu
Délivre-nous des forêts électriques

C'est la prière primitive de Laurent Fadanni.

*

On s'enfouit dans ces glaces pour s'y livrer à la consistance des roches. L'ombre blanche que notre corps projette sur ce mur écorché est celle d'un soleil noir.

Les Miroirs de Jean Dif ont une ambiance étrange qui fait un peu frissonner nous prévient Hélène Soris. Poème méditant ? Méditation poétique ? Yves Heurté ne sait pas de quel côté du reflet regarder.

Hélène Soris nous remémore cette ancienne coutume : On retourne les miroirs dans la maison du mort

Mais Jean Dif, lui, veut laisser les miroirs face à nous, nous regardant jusqu'à ce que nous demandions si nous ne serions pas en réalité le reflet et non ce qui se reflète.

Le miroir est un passe-muraille. C'est la bouche des mondes voraces qui baillent de l'autre côté des cloisons. La barrière de reflets qu'il dresse entre nous et l'envers du décor n'est pas infranchissable.

Alice elle-même ne renierait pas ces lignes.

*

Nous concluons pour ce mois sur les trois textes de Claude Guibbert.

Narcisse a du pétrir
Sa montagne d'oublis
Dans la pâte à sel

Hélène Soris, chevalière émérite du Tastepoème goûte ainsi le premier texte parmi les trois que nous publions : J'aime bien cete métaphore du vin à propos des émotions que peuvent donner nos souvenirs. et surtout la progression d'abord l'expression " vin de garde " puis " vin nouveau " qui me donne l'impression qu'il est plus dansant plus vivant que le souvenir est présent et agréable et on se donne le droit de revivre.

L"auteur a une façon particulière de poétiser la place des objets dans le temps et leur signification, apprécie pour sa part Karl Létourneau.

Sans oublier le deuxième texte, nous vous confions maintenant ces "étranges variétés de passe-partout" dont parlait Stephen King et nous laissons le mot de la fin au troisième texte de Claude Guibbert, vous donnant rendez-vous pour notre prochaine fournée.

Dans l'espoir que nous tirerons ensemble

de la part des Anges
Nos vins des lendemains

Le 17 juin 2004, Présentation et mise en page Stéphane Méliade pour le comité de Francopolis

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Créé le 1 mars 2002

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