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Librairie - recherche Michel Ostertag


Présentation 

de la SÉLECTION

des auteurs

OCTOBRE
2012

préparée

par

André Chenet



LES AUTEURS SÉLECTIONNÉS OCTOBRE 2012

Je me souviens parfaitement des poèmes qui ont définitivement marqué mon enfance et mon adolescence alors que je n'imaginais même pas ce qu'était la poésie sinon ces textes rimés et rythmés qu'à l'école nous étions obligés d'apprendre "par coeur" ? Il y avait les arguties d'une logique imparable de Racine, les vieilloteries littéraires de Hugo - il n'était pas question d'initier les sauvages écervelés que nous étions aux idées pourtant si modernes de ce poète ami du peuple - , les fulgurances pré-surréalistes de Verahaeren ... La poésie comporte elle-aussi sa docte part culturelle, ce qui ne l'empêche pas de se perpétuer clandestinement en quelque sorte à travers le maillage des classes sociales avec ses traditions diversifiées, ses malédictions et ses  hautes envolées. Du latin je ne connaissais à peu près que l'Urbi et l'Orbi du jour de Pâque et le Grèce pour moi était un département du musée du Louvre. J'avais huit ans lorsqu'une maîtresse de cours élémentaire fit circuler de table en table un poème intitulé "Ma Bohème" d'un certain Arthur Rimbaud, buveur de rosée. Ce fut mon premier état d'éveil poétique par lequel je réalisais qu'il existait au fond de chacun d'entre nous un arrière pays magique, un théâtre de sons musicaux et d'images fascinantes s'exprimant à travers des combinaisons de sens renversantes marquant une rupture entre ce qui a été et ce qui aurait du logiquement advenir.

La graine de tous les dangers avait été semée bien qu'à cette époque je n'avais nullement les moyens intellectuels d'en prendre conscience. Je ne savais fichtrement pas qui était Rimbaud et encore moins qu'il avait été ce génie déluré qui avait chamboulé de fond en comble toute la tradition poétique quelques mois seulement après avoir écrit "Ma Bohême". Cette petite pièce en apparence inoffensive, me parvint tel un miracle, une "illumination", créant un tourbillon de grand air qui  transporta l'enfant que j'étais si loin qu'il n'eut plus jamais envie de "revenir" à la routine de la vie ordinaire. Plus tard, une fois que l'existence eut repris "son cours normal",  j'oubliais peu à peu l'état d'exaltation formidable par lequel j'étais passé durant les deux ou trois semaines où ce poème nous fut donné à étudier et à réciter... / André Chenet

... la suite de cette belle envolée poétique dans notre rubrique Francosemailles.

Envolée,
inspirée sans doute par la qualité des textes de ces cinq Auteurs Sélectionnés par André Chenet et soumis (à l'aveuge) au regard du Comité et que nous vous présentons accompagnés des commentaires.



Bonne lecture et Belle découverte !




Textes commentés par le Comité de lecture.  -
( Michel Ostertag - Gertrude Millaire - Laurent Philibert-Caillat
  Dana Shishmanian et Aurore Delrieu )

*

Jean-Michel Sananès
poète français, fondateur de la maison d'édition "Chemin de Plumes" à Nice
5 textes retenus

 1. Sang de lune / Quel est ton nom ?  - 2. Quand Dieu se réveillera - 
 3. Vivre  -  4. Je n'avais pas mon âge  -    5. Comme un oiseau
 

*
Commentaires sur l'ensemble de ses textes :

Les cinq textes ont été retenus à l'unanimité.

Oui résolument pour cet auteur bien que les textes soient inégaux. Il y a pourtant une force d’inspiration, un souffle déstructurant et reconstruisant d’images qui les parcourent tous, et qui sont certainement les signes d’une véritable vocation de poète, dans ce que cela a de plus essentiel : l’auteur ne s’appelle-t-il pas « un arpenteur de déraison » ?
Dana


*
Commentaires : Texte 1
1. Sang de lune /Quel est ton nom ? 

Si Aurore le refuse parce qu'elle trouve difficile de s'immerger dans la poésie du texte et que Laurent lui trouve un air de "déjà vu" par contre Michel,  en exalte la puissance et la force : "...Une poésie qui bouscule tout, ancrée au réel. Je suis admiratif.
Dana
en retient une "belle rêverie de poète vagabond qui parcourt ce monde de malice et néanmoins d’espoir mêlé de doute".


« toi que je cherche
sur l’autre face du rêve

T’appelles-tu encore Albion? (…)
Et toi ma belle
ma sorcière
mon aimée carnivore.
T’appelles-tu toujours Marianne ?»

Quant à Gertie, elle y perçoit  un questionnement universel.


**
Commentaires : texte 2
2. Quand Dieu se réveillera
Une poésie engagée, comme l'aime Michel : "Interpeller Dieu (apanage des poètes !) au nom de la guerre économique.
Mais le moins convainquant de la série, trop discursif, trop explicite, à la limite de l’« idéologique » pour Dana qui le sauve in extremis en raison "d'une certaine fraîcheur de ton, ludique...

« dis-moi Dieu
Es-Tu un Être responsable
qui laisse tout aller à vau-l’eau ? »

Et cette fin apporte une interrogation poignante qui renvoie sur ce poème une lumière rétroactive :

« Au bout de l’attente où je Te cherche
pourquoi ne m’as-Tu pas trouvé ? »

Gertie y voit un questionnement et malaise dans ce monde capitaliste qui distille la Vie.

« Je distille la Vie comme un alcool
je la consomme à crédit »

... une belle observation et dénonciation :

« Qui donc, alors Lui dira :
tes collègues de chez Trust
possèdent la Terre
ceux de chez Dollar et Cie
 achètent l’Univers
main dans la main avec tes églises »

Et un refus de la part d'Aurore et aussi de Laurent bien qu'il aime :

« Les laisseras-Tu nous fumer
dans un disparaissoir ? »



***
Commentaires : texte 3
Vivre

Un poème qui ne laisse personne indifférent :

Michel : Sublime poésie. Tout ce que j’aime dans la poésie ! Des strophes comme celle-ci :

« Je suis le psaume muet dans un ciel de non-dits  touche au sublime » Oui trois fois.

Dana : Un mouvement répétitif un peu lassant dans ces autodéfinitions successives du poète, une rhétorique qui risque de devenir lourde à force de tourner en rond, mais qui se sauve malgré tout par quelques formules très inspirées animant des images splendides : donc oui, finalement. Je retiens surtout :

« Je suis l’enfant qui désapprend le mot (…) 
le voyageur qui sort de sa vie pour aller aux ailleurs essentiels (…) 
Je suis un marcheur de cieux, un pisteur de rumeurs aseptisées.

Je suis la rime désancrée qui cherche un port d’attache

un rêve perdu dans le chahut égotique des verbiages inutiles (…) 
Je suis le psaume muet dans un ciel de non-dits

un mot de silence qui vit comme on meurt »

Gertie : Oui, pour la force des mots, chaque strophe porte une image, ce texte se déroule sur mon écran comme un film et on en redemande. Une très belle et forte description du poète… pas étonnant que cette race soit incomprise du monde…

« Je suis la rime désancrée qui cherche un port d’attache
un rêve perdu dans le chahut égotique des verbiages inutiles »

Laurent 
: Oui pour les quatre derniers paragraphes qui rattrapent les cinq, lesquels sont trop verbeux, trop emphatiques. En revanche, à la moitié du poème, l'auteur trouve une voix nouvelle, plus directe, plus franche, qui s'écoute moins, avec des images plus fortes, me semble-t-il.



« Je suis la maison abandonnée
Le vieux présage d'un homme d'hier »

Aurore : Oui. Il y a plus de mélodie, avec des images universelles. La fluidité est prenante, une lecture à haute voix est très belle !

« Je suis un Bateau Ivre au naufrage des mots blancs...
« une nuit d’encre rouge, une encre au cri noir
un capitaine crucifié dans la tempête millénaire des vagues à l’âme
un homme tumulte, un hurleur de clair de lune
un arpenteur de déraison. »


****
Commentaires : texte 4
Je n'avais pas mon âge

Laurent et Aurore qui jusqu'ici n'étaient pas sans éprouver quelques réticences vis à vis de cet auteur se laissent séduire : Laurent : Oui, même si l'auteur n'échappe pas à quelques facilités, comme la blessure du verbe, mais le poème fonctionne, crée une certaine ambiance, des réminiscences très touchantes. Et Aurore : Oui. Un beau poème. De la finesse et de la maturité dans les mots employés. Les scènes sont cinématographiques, on voit presque les cafés et cet homme qui attend en écrivant !

«  J’écris entre l’ombre et la distance
ici le soleil efface la pluie... »

Gertie : une écriture fluide qui se dévore et étanche la soif. Une poésie que j’aime par la force des mots.

« j’avais mille ans et des cernes dans l’espoir
je n’avais pas mon âge »

Poème préféré de Dana : Mon coup de cœur parmi les textes de cet auteur. Aucun gâchis, pas de « déjà vu », une vraie fraîcheur de la découverte de soi et de l’expression, toujours surprenante et libre de tous préjugés littéraires. Je retiens en particulier :

« Au fil des pages
j’écrivais des mots obliques
comme une raison qui rit (…)
j’avais mille ans et des cernes dans l’espoir (…)
Sur le fil noir d’un stylo
je traçais la blessure du verbe
j’écrivais les montagnes qu’enferme un soupir (…)
j’écrivais dans l’ombre des bistrots
entre envie et mort
j’écrivais sur le plat d’un papier
entre la Seine et le plongeon (…)
J’écrivais entre la pomme et le serpent
entre le café et le printemps (…)
J’écris entre l’ombre et la distance
ici le soleil efface la pluie »


*****
Commentaires : texte 5
  Comme un oiseau

Un Oui pour tous :
Un poème court… très court mais qui dit l’essentiel et nous laisse silencieux, commente simplement Gertie. Aurore aurait souhaité qu'il se poursuive. Belle conclusion brève et simple. Rien n'est plus grand que la question, poursuit Laurent .



* *

Guillaume Decourt
jeune poète et pianiste, première publication chez Francopolis

5 textes retenus

1. Vide – 2. Voyageur – 3. Itinéraire – 4. Jardin – 5.  Du passage

*Commentaires sur l'ensemble des textes de cet auteur
qui ne sont pour ainsi dire que le début d'un unique poème partagé en versets  :

Michel : Un vent lointain souffle subitement sur cette fournée ! Quel talent pour noter dans son journal ce que l’on vit, l’on voit, au jour le jour dans un pays si différent que la Chine. C’est ça qu’il faut faire. À méditer. OUI, sans aucune retenue.

Dana : Une écriture grandement maîtrisée, subtile, concentrée, dense, alliant avec bonheur notation sensorielle et réflexion, dessin abstrait et narration, trait fugace et parole de sagesse qui s’enfonce dans le vide méditatif ; un mode haïku en prose. Oui résolument pour tous les textes de ce cahier de voyage en Chine, autant réaliste que spirituel.

Gertie : Oui pour tous ces textes courts, (Vide – Voyageur – Itinéraire – Jardin – Du passage) genre plus réflexion de voyage que poésie, ce qui n’enlève rien à la qualité du texte, très belle observation.

« Assis sur un banc, un vieil étranger – du haut de son quart de siècle – sanglote contre la cage d’un oiseau de compagnie. « Hello laowai ! Hello! » Il n’y a jamais eu rien de vrai ; il n’y a jamais eu rien de faux. Comme tout cela saute aux yeux. »

Laurent : Oui à tous les textes de cet auteur ; brefs, vifs, capables de tisser rapidement des images solides et dépaysantes. Bien entendu, la forme des « notes de voyage » laisse un peu sur sa faim, mais dans l'ensemble c'est très réussi.

Aurore : Oui pour tous les textes. C'est assez surprenant, original et on peut se transporter allègrement avec l'auteur dans des périples intenses, c'est dépaysant.


* * *

Patrick Nicolas
Nouveau venu sur Francopolis 
Écris dedans, photographie dehors, trie et collectionne des objets...

5 textes retenus sans titre

Texte 1 (derrière une image) - Texte 2. (Folie) -  Texte  3. (Imagine les volutes)  
Texte 3. (sans bruit)    Texte 5. (Scène des corps)



*
Commentaires sur l'ensemble des textes de cet auteur :
A part Michel qui n'accroche pas, Patrick Nicolas est splendidement introduit par Dana et Laurent :

Dana : Un auteur tout simplement exceptionnel. Mon coup de cœur de la fournée. Cette prose qui badine avec le surréalisme, avec l’absurde, avec l’aphorisme, avec le calembour, se développe sur un bout-de-souffle permanent qui met en scène, avec un halètement signifiant l’urgence d’un salut qui ne viendra pas, l’aventure extrême de la vie, où les événements intérieurs et extérieurs se confondent. L’écriture même en fait partie, elle est en même temps expérience existentielle et absence nourricière. Des éclats d’abîme, des formules mémorables, des renversements de perspective vertigineux entraînent le lecteur dans ce parcours à embûches comme dans une course folle à l’intérieur d’un labyrinthe. Chaque texte est une anthologie en soi, un condensé d’histoires vécues, sublimées, pliées et repliées, que le regard du lecteur devine comme en perçant les interstices d’entre les couches d’un palimpseste. La maturité de cet auteur me laisse penser qu’un recueil est en préparation ; je guetterai avec enthousiasme sa parution.

Laurent : Oui à tous les textes de cet auteur, peut-être mon préféré de la fournée. Il a pourtant choisi une forme assez casse-gueule (le paragraphe unique, le « flot de la pensée », le « je » à tous les étages, mais il s'en sort merveilleusement bien, ce qui témoigne de la qualité de son écriture. Il y a de la vie, de la nervosité, beaucoup de tension, de la pensée, et beaucoup de sensualité aussi dans ces cinq textes. Très intéressant. Toutefois, et peut-être est-ce dû à la succession des textes, le cinquième a quelques longueurs, gagnerait à être élagué ; à moins que l'auteur n'ait voulu perdre le lecteur en même temps que lui dans ses réflexions ?

*
Commentaires
texte 1 (derrière une image)

Gertie l'accepte bien qu'elle voit "une recherche, une réflexion" plutôt que de la poésie. Dana se paye une séance de ciné jubilatoire : La narration se met en marche, sous le mode d’un scénario de cinéma plutôt muet, avec une gestuelle plus ou moins explicite. Conclusion ?

« Seul le silence existe, et encore. La voix parle d’un autre ayant existé où personne n’a jamais rien trouvé. »

Le décor est planté, on tente d’y attraper le sens comme dans un film de David Lynch (notamment le dernier, Inside Empire).

Aurore semble déconcertée : Non. Un peu « difficile » pour moi d'y rentrer. Une ambiance intéressante mais assez abstraite.



**
Commentaires
texte 2 (Folie)

Cette fois ci, Aurore se laisse surprendre par l'urgence de l'écriture et la rapidité d'esprit un peu trop hachée parfois... ça surprend !

Dana éprouve au contact de ce texte des Expériences sérielles, sans échappatoire, et des manières aléatoirement indéfinies pour en rendre compte. tâtonnement avec soi-même en guise d’auteur… à savoir, accompagnateur des autres dans leur danse avec la Folie au bord du gouffre.

« Ça pourrait ériger un cinéma au bord du gouffre où un fou écrie à se briser la nuque. On pourrait partir d’un point fixe dans ce cas puis s’écrier : je t’aime bien tu sais, mais dans ce que tu racontes, rien ne parle. »

Gertie : Oui… toujours dans la réflexion intimiste… un genre de journal. Il se parle à lui-même.

 

**
Commentaires
texte 2 
(Imagine les volutes)


Dana : Des aventures au goût non identifié, impossibles à transcrire en langage commun… on est pourtant tenus en haleine :

« Il se pourrait que dans ce creux, nous ayons à voir une sorte de bruit. »

On danse sur le fil de rasoir du doute :

« Pas étonnant qu’on se trouve fébriles et débiles : peur à la hauteur de la contredanse. Un jour un homme dans le noir, une femme. »

Dans ce Projet autour de la folie , l’écrit joue le rôle de deus ex machina :

« Les paradoxes mis en mots mettent en danger et fournissent l’événement subi. »

Oui, langage plus poétique… quoique un peu répétitif dans son explication de son geste d’écrire comme pour se justifier…  mais une belle fluidité dans cette réflexion, souligne Gertie pendant que Aurore conseille au lecteur  de relire plusieurs fois le texte pour s'en imprégner en y mettant plus de douceur...

***
Commentaires ¸
texte 3 (sans bruit)
Pour Gertie c'est le meilleur des cinq textes, ...comme une quête et dans une écriture plus recherchée, plus imagée… une belle richesse dans ses réflexions.
Dana trouve des mots justes pour définir ce qui la retient sur le vif de cette écriture : Grand texte sur l’écriture, sur une quête d’homme et d’auteur, menée dans le contre-courant, dans l’abstrus, dans l’inattendu des changements d’angles :

« Je suis une voie autre que celle que ces pas tracent, j’apprends sans bruit, les yeux enrubannés à découvrir ce point ténu que je ne sais pour l’instant traduire. (…)
Je glisse. Je vois avancer l’abyssal qui unit où aucun autre ne demeure. 
»

 Surprise sans point d’arrêt final :

« L’attirance a lieu, jamais je ne sais où jeter l’ancre, prenant la tangente à la voix qui échappe. D’où ce trouble venu m’échoir : où exactement ? »


****
Commentaires
texte 4 ( Scène des corps )

A la lecture de ce texte qui les inspire, Dana et Gertie se rejoignent :
Dana : La densité de l’expression est à l’apogée dans ce texte.  Écriture et existence s’identifient :

« Toutes les fois que je dis sont vraies. Je n’ai pas besoin d’inventer, ni briser l’élan qui parvient. L’écrit tue, assis, à genoux et debout. »

Télescopage d’images avec un stop cadre final, dans un plan long, estompé :

« A regarder tourner l’image floue, yeux révulsés, fiévreux, solaire, (…) juste avant de crier une dernière fois, juste une dernière et de poursuivre une prochaine fois, probablement, certainement. »

Magnifique !

Gertie : Oui, son écriture reprend sa force, nous redonne des images… sa poésie s’anime… les images se succèdent… tout se tient et le tout défile sans encombrements.

« Voix imperceptible puis martelée. La naissance et la nuit font peur, frappent, harassent, captivent, invitent à trébucher. A peine la parole y est-elle installée, elle perd son droit de citer. Se terre. Déboussole. Peigne & frôle l’enfermement du mot absent. Cri sourd où il n’existe jamais que des façades révolues, oblitérées, franchisées, dévisagées, insolubles, singularisées puis objectées. »


* * * *

XAVIER LAINÉ
Ecrivain, embarqué dans la marche du monde, de la plume, de l'oeil et de la pensée,
il tente de ramer, à contre-courant. Son premier embarquement chez Francopolis.
 
4 textes retenus :

 Texte 1. Paré à appareiller - Texte 2. Mots de braise et de sang
Texte 3.
Etat chronique de poésie 1651 - Texte 4.  1946

*
Commentaires sur l’ensemble de ses textes
:

Michel a "beaucoup aimé les cinq poèmes, notamment des images comme celle-ci:

« J’ai hissé le foc et la grand voile
Chargé la cale de secrets poèmes »

et si pour Gertie ces textes engagés manquent un peu de force. Dana y entend une voix pénétrante,  mue par une sacré colère, qui s’exprime en toute sincérité, tout en évitant les lieux communs : un petit exploit dans ce genre, qui n’est guère facile. Oui pour les 5 textes tout en souhaitant au poète de les retravailler ; le meilleur, qui sort nettement du lot, est le dernier. Je retiens surtout : Le poème jaillit du mur

« Tissé entre les pierres du passé
Puis rayonne sur les trottoirs
Parmi les décombres du monde

(…)
Tu quittes le rivage
Marches en silence
Au cœur des vallons secrets
Tisses tes mots au fil du courant
Les voici en murets
Soutenant la terre de toute vie »

*
Commentaires
texte 1.
Paré à appareiller

Gertie, Laurent et Aurore restent généralement sur leur faim, à cause des facilités et manque d'originalité qui selon eux affaiblissent l'expression.

**
Commentaire
texte 2.
Mots de braise et de sang

Un cri un peu plus convaincant que les textes précédents. Un regard désabusé, estime Gertie. Le jugement de Laurent est plus sévère : Petit oui pour la conviction, mais il me semble que l'auteur devrait être moins prosaïque et poétiser davantage sa révolte afin de la rendre plus communicative.

« Je regarde le vent qui passe sur l'aube délicate(…)
Je suis là pauvre con chargé de mots misérables, rêvant d'un pavé en place de mon stylo. »


***
Commentaire
texte 3
.Etat chronique de poésie 1651

Gertie, repecte ce besoin du poème, ce besoin de dire et d’écrire dans ce monde sans lumière pour cet auteur, alors que
Laurent trouve une certaine amiance, une mélancolie malgré le trop d'images un peu usées et un ton trop narratif.


****
Commentaire
texte 4. 1946

Malgré ces images marines éculées, Laurent trouve l'ensemble touchant, réussi, harmonieux.
Gertie est émue par ce besoin de dire et d’écrire dans ce monde sans lumière...



* * * * *

Nicole Barrière
Poète, écrivain, essayiste, traductrice, scientifique de formation,
s'inscrit dans la tradition de la poésie engagée. Première publication sur Francopolis

5 textes retenus...

Texte 1. Dédicace - Texte2. Poème d'amour -  Texte3. Ce que tu fais après l’amour
Texte 4. Je te donne, Amour  - Texte5. La vague

*
Commentaires sur l'ensemble de ses poèmes.

Nicole Barrière est saluée à l'unanimité par tous les membres votants de cette quatre-vingt-dix-neuvième fournée poétique :

Michel : Comment ne pas aimer tous ces poèmes d’amour, je vous le demande ? Le poème 3 me touche particulièrement. Cette sorte de ralenti dans les gestes d’amour est vraiment réussie. OUI

Dana : On lit de cet auteur 5 beaux poèmes dans la lignée des grands chants d’amour, une Cantique des cantique dans le sens opposé, où l’objet de vénération amoureuse est l’amant. Une poésie accessible, touchante, mais qui ne donne pas dans la facilité ni dans l’usage commun, car il y a un subtile tangage, une secrète déclinaison de lumière qui imprègne les textes d’un charme révolu, alliant la mélancolie naïve des balades d’antan, où l’Amour est un personnage d’allégorie (voir surtout le quatrième poème), à la fraîcheur d’une perception crue du monde.  Oui pour les 5 textes, dont j’aime en particulier le dernier :

« Le vent, la chaleur de l'été vibre
Et la femme à son cadran d'argent
Joue à l'ombre d'un nuage.»

Laurent : Oui à tous les textes de cet auteur ; une sensualité très féminine, beaucoup d'émotions et au final une série de poèmes contrastés, cohérents et très réussis, qui savent ne pas tomber dans la mièvrerie (écueil fréquent du « genre »). Attention toutefois à quelques images un peu trop fleuries, à une surabondance d'adjectifs pas toujours nécessaires qui empèsent inutilement les images.

« La solitude est douce
Dans ce satin de rose
Dans le mouvement immobile arrêté
tu pars à la rencontreA mesure que dépose
Le chagrin de ton cœur Aux dérives, blessé
(…)

Je te donne, Amour

Le pré, le blé, aussi le trèfle
Le foin chaud et succulent
La graine blonde et toujours fraîche
Dans le bonheur d'aimer allant
Mon rire d'azur, ma bouche pêche
Le goût et l'ivre amour longtemps.
(…)
Et la femme à son cadran d'argent

Joue à l'ombre d'un nuage. »

Aurore : Oui à tous les textes. Une écriture ronde et féminine. De très belles images tendres, amoureuses et intelligentes. Il y a de l'émotion « universelle » dans ces mots !

« Et quand tu pars après l'amour
Je me défais de ta présence
Et quand tu pars après l'amour
Je me déchire de ton absence. »

Et Gertie  : Oui pour tous ces textes, un beau chant d’amour où on retrouve une belle sensibilité.

« 
Mon amant de silence, ma terre d'origine
Mon peuple d'étoiles
Feu sauvage aux couleurs poésie
Ton silence a ouvert les pans de solitude
Les pas dans la forêt ont effacé le jour… »

(…)

Et quand tu pars après l'amour
Je me défais de ta présence
Et quand tu pars après l'amour
Je me déchire de ton absence »


et pour cette finale :

« Le vent, la chaleur de l'été vibre
Et la femme à son cadran d'argent
Joue à l'ombre d'un nuage. »



***

 Nous vous invitons à présent au Salon de lecture,

nous recevons Colette Nys-Mazure,
présentée Dana Shishmanian




***


André Chenet pour Francopolis, octobre 2012
et les membres de Francopolis.

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Créé le 1 mars 2002

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