rencontre avec un poète du monde

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ARCHIVES : VIE – POÈTE 

Janvier-février 2023

 

 

 

Jean-Marc La Frenière : « J'habite avec un loup… »

 

Hommage rendu par Francopolis & ses amis.

 

(1ère partie)

 

(*)

 

Une image contenant arbre, extérieur, homme, personne

Description générée automatiquement

 

« Salut à tous je ne suis pas présentable paraît-il. J'habite avec un loup, c'est vous dire. Chez moi il y a des vaches qui volent, des pierres qui pondent, des oiseaux que l’on trait et les montagnes de roches voyagent en camion.

Je n'ai qu'un bac en rues, en trottoirs, en tavernes, un doctorat d'espoir. J'ai pris les mots où ils étaient, dans la bouche et la rue, loin des grammaires, des dictionnaires et des académies. J'ai appris à écrire dans les tavernes et les restaurants cheap, sur le skaï des minounes et les toilettes de gare.

J’élève des poules pour pondre des poèmes. Je mange les pépins pour renaître en pommier. Je trace l'étoile du Berger dans la laine encore fraîche. J'arrache les larmes au cimetière, les minutes à l'horloge. Je promène un jardin au bout d'un baluchon.

Ce matin je me suis posté pour aller vous rejoindre. Je serai dans l'enveloppe. La boîte à malle s'est perdue. Le facteur s'est pendu. La postière est enceinte et ce n'est pas de moi.

J’ai toujours écrit sans savoir comment ni pourquoi. Je continue pour les mêmes raisons. »

 

© Jean-Marc La Frenière

(auto-présentation sur la page de l’équipe Francopolis,

archive; la photo est reproduite de cette page également)

 

 

 

Hommage : Jean-Michel Sananès

 

À Jean-Marc La Frenière

À, toi qui restes et qui sais…

 

Les frères d'utopies désespérées et du silence savent que les hommes ne se classent pas en espèces, couleurs, religions, ni selon leur capacité d'apparat, leur puissance, leur technologie ou leur culture. Il est des territoires sans haine où seules leurs aspirations différencient les hommes et peuvent les magnifier en élevant l'humain jusqu'à la beauté. Quand je dis 'beauté', il ne s'agit pas de ce ressenti culturel qui associe les apparences à une forme esthétique, mais bien de l'intangible vibration qui orchestre le chant des âmes en leur passage sur terre. Et c'est de cela dont Jean-Marc La Frenière parle dans sa prose poétique.

La voix de Chibouki, son loup, pèse plus dans l'univers que celles de certains humains. Les animaux ne prient pas au pied des bûchers ni ne les allument, ne capturent pas les enfants des peuples à genoux pour les asservir, ne savent ni le mensonge ni l’hypocrisie, ils appartiennent à une intelligence cosmique du vivant qui ne possède ni ne soumet. Jean-Marc, par son inspiration et son écriture d'une densité inégalée rendait compte de cela. Aucune existence ne peut se départir d'un subconscient supérieur. Jean-Marc le disait bien : "J'écris à cœur ouvert…", "Je crois à la foi d’un loup, la tendresse des ronces, la finesse des roses". Le poète nous révélait ces vérités essentielles dans un monde où la rentabilité, l’avidité, ne font pas bon ménage avec la conscience.

Jean-Marc, qui vidait son âme dans les mots, savait que vivre devrait tenir dans la main tendue, l'oreille que l'on prête à l’autre, et le cœur ouvert aux laissés-pour-compte.

Quand l'écriture sublime de Jean-Marc La Frenière nous parle du frisson de l’herbe et des chapelets d'un alphabet de bonté, j'entends le cri des âmes suinter dans son encre.

 

©Jean-Michel Sananès

24 janvier 2023

(pour Francopolis)

 

Voir aussi : Jean-Marc La Frenière – Éditions Chemins de Plume (editionscheminsdeplume.com).

 

 

Hommage : Ile Eniger

Jean-Marc La Frenière a parcouru son chemin d'écriture dans une absolue identité. Indifférent aux modes, encensoirs, discriminations, ou autres inutiles, il n'était pas dans une perfection de surface mais dans le flux permanent d'un dire éclairant les facettes profondes du monde en ses disgrâces et ses merveilles. D'aucuns lui ont reproché d'insister, d'écrire à la limite du trop, mais au contraire, le poète trouvait ici sa juste place, il cultivait un lien à l'essentiel en une urgence d'écriture portant une vague poétique personnelle éblouissante. L'exigence du dire. Son écriture superbe – que l'on reconnaît sans qu'il ait même besoin de la signer ! le classe parmi les plus grands auteurs québécois.

La prose poétique de Jean-Marc La Frenière montre, avec vigueur, présence et personnalité, les plus et les moins du quotidien, l'importance de la nature, de l'amour, de l'âme. Son écriture échappe à la cérébralité pour parler de l'être et de l'univers dans leurs parts de laideur, de bonté, de beauté. Sa plume, vivante, d'une simplicité et d'une justesse hors du commun, interpelle et atteint des sommets.

 

© Ile Eniger

24 janvier 2023

(pour Francopolis)

 

Hommage : André Chenet

Nom de dieu ! Il a fini par trépasser l'homme au loup ! Je l'ai assez bien connu (nous correspondions de loin en loin), et rencontré une fois à Nice. Il fut un des auteurs de ma revue La Voix des Autres, et a été publié régulièrement sur Danger Poésie. Il m'a publié souvent sur son site La Frenière & Poésie. Je lui avais fait découvrir Tristan Cabral et André Laude (en 2007 et 2008) qu'il "vénérait" en les considérant comme étant parmi les poètes français les plus importants depuis les années 70 du siècle précèdent. Quelques-uns de ces livres (et non des moindres) ont été édités par mon ami Jean-Michel Sananès, pied noir au grand cœur, qui fut mon éditeur (Secret poème, Chemin de Plumes éd. 2010) et celui de ma femme Cristina Castello (Le chant des sirènes, 2010) à l'époque trépidante où je vivais à Nice. Jean-Marc avait déjà vaincu par au moins deux fois un "crabe" fulgurant et s'était sorti d'une "six roses" qui aurait du lui être fatale selon les médecins. Il avait une force physique peu commune et un caractère entier de québécois intrépide. Il aura été, après Gaston Miron, un des derniers poètes représentant de la poésie libre du Canada français. 

Tu m'apprends une bien triste nouvelle, et j'imagine qu'il a retrouvé son loup et chemine avec lui vers les neiges éternelles et les aurores boréales…

©André Chenet

Extrait de Danger poésie, janvier 2023

 

 

Hommage : L’équipe Francopolis

 

Il y a un grand espace blanc de dame nature… et un silence à couper le souffle... Oui, Notre grand poète Jean-Marc La Freniere est dans un ailleurs d'où on ne revient pas... Mais ce grand poète restera toujours avec nous... sa poésie sera toujours là comme une présence vivante.

 

© Gertrude Millaire,

membre fondatrice de Francopolis

 

 

(*)

 

Le poète québécois Jean-Marc La Frenière (1948-2023) nous a quittés en ce début d’année, en laissant derrière lui une voix qui nous parle, forte, tendre, vaste, inextinguible.

Francopolis, qui a eu l’honneur de l’avoir parmi ses membres du comité de lecture pendant quelques années (2004-2007), se réjouit de pouvoir la faire entendre, par ses propres textes, publiés dans notre revue (ou sur son blog), et par les témoignages poignants de celles et ceux qui l’ont côtoyé.

Nous remercions tout particulièrement le poète, écrivain et éditeur Jean-Michel Sananès d’avoir initié, impulsionné et alimenté ce dossier hommagial.  

Ci-dessous, quelques données bibliographiques.

 

Publications

Des bibliographies partielles de ses écrits sur les sites : L’île. L’infocentre littéraires des écrivains québécois, Les libraires – Canada, et les éditions Chemins de plume dirigées par Jean-Michel Sananès.

Nous espérons avoir réuni ici la plus grande partie des publications de Jean-Marc La Frenière :

Pour en finir avec la mort. Éditions Légitime Démence, Montréal, 1990

L’Autre versant. Éditions Chemins de plume, Nice, 2005 (63 p.)

La Nuit des gueux. Collectif Éditions La Plume libre, Trois-Rivières, 2006

Photomaton. Collectif En ligne édition, Villeurbanne, 2006

Parce que. Éditions Chemins de plume, Nice, 2007 (117 p.)

Un feu me hante. Éditions d'art Le Sabord, Collection Excentriq, Trois-Rivières, 2009 (125 p.). Prix Nouvelle Voix du Festival du livre de Trois-Rivières, 2010

J'écris avec la terre. Prose poétique. Éditions Chemins de plume, Nice, 2012 (116 p.)

Manquablement. Éditions Chemins de plume, Nice, 2009 (89 p.)

La langue est mon pays. Éditions Trois-Pistoles (Québec), 2010 (163 p.)

La matière du monde. Éditions Trois-Pistoles (Québec), 2013 (184 p.)

Vivre ou mourir. Éditions Chemins de plume, Nice, 2013

Il faut vivre, disait-elle. Récit. Éditions Trois-Pistoles (Québec), 2015 (204 p.)

L’âme. Éditions Chemins de plume, Nice, 2017

Une semaine de cent ans. Récit poétique. Éditions La Draiglaán, St-Ferdinand (Québec), 2018.

L’inconditionnel. Prose poétique. Éditions Chemins de plume, Nice, 2020 (160 p.)

 

Lire / écouter sa poésie en ligne

Son blog : http://lafreniere.over-blog.net/

On peut aussi lire sa poésie sur :

Le site littéraire franco-roumain agonia.net

Danger-poésie, la revue d’André Chenet :

Jean-Marc La Freniere, au cœur du Québec ;

Anthologie poétique de Jean-Marc La frennière sur Danger Poésie

Pour l’écouter : Jean-Marc La Frenière, lecture de poèmes à Nice (23 oct. 2010)

 

Présence à Francopolis

Textes publiés :

Des cailloux pour la route (Salon de lecture, 2005)

Dans la tanière du loup (Salon de lecture, juin 2009)

Coup de cœur, choix Gertrude Millaire (avril 2013, janvier 2014, juin 2015)

 

Confessions :

De l'infime à l'infini (confessions sur son écriture ; Gueule de mots, novembre 2004)

Je ne veux pas grandir (Gueule de mots, septembre 2005)

Entrevue avec Gertrude Millaire (Francosemailles, juin 2009) 

 

Lectures-chroniques sur ses recueils :

Victor Varjac : L'autre versant « ou l'absence au milieu du cœur » (Francosemailles, avril 2006)

Victor Varjac : Parce que ou l’enfance des mots (Lectures-chroniques, février 2008)

 

Une image contenant arbre, extérieur, chemin, mammifère

Description générée automatiquement

Jean-Marc La Frenière et son loup bien-aimé "Chibouki" (reproduit d’après le site Danger poésie suscité)

 

(D.S.)

 

Voir la suite dans ce même numéro : 2e partie

(choix de textes)

 

 

 

Une vie, un poète : Jean-Marc La Frenière

Francopolis janvier-février 2023

Recherche Dana Shishmanian

 

Créé le 1 mars 2002