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Aglaé - Michel Duprez - Michel Ostertag...  et plus




Trilogue

B comme bon sens

par Michel Ostertag

PAUL. Après avoir écouté toutes ces émissions de radio, ces reportages à la télé, je me demande si ce qui manque le plus aux gens, ça ne serait pas, tout simplement, une certaine dose de bon sens !

MARCEL. Oui, les gens, si on n’y fait pas attention risquent de devenir fous à prendre pour argent content tout ce qu’on balance sur les ondes radio ou télé.

GEORGES. Et comment faire autrement, je me demande.

PAUL. Trier, séparer et surtout voir ce que cache l’information, ce qui est derrière toutes ces belles paroles, parfois lénifiantes voire violentes et parfois même mensongères 

MARCEL. Les hommes politiques sont devenus des experts dans le langage dissimulé, la langue de bois, comme on dit…

PAUL. Belle expression ! J’aimerais beaucoup connaitre le nom de l’auteu

MARCEL. Un menuisier, peut-être !

PAUL. Tout le monde dit, haut et fort et certains vont jusqu’à l’écrire que jamais ils ne pratiquent cette langue-là : «Moi, je ne parle pas la langue de bois, jamais, j’aurais trop honte ! » mais aussitôt, ils se mettent à parler ce langage sans la moindre honte. Une façon de se défiler devant des questions embarrassantes tout en ayant l’air d’y répondre.

GEORGES. Et cette autre habitude de déplacer la discussion en parlant de pourcentage, pas mal non plus cette habitude. « Cela ne représente que 2 % du problème que vous soulevez. 2%, c’est vraiment peu… » Et l’on passe au sujet suivant. C’est moins effrayant que de parler en millions d’euros.

PAUL. Oui, c’est sûr, mais celui qui est dans ces 2 %, il ne raisonne pas de cette façon ! Que cachent les pourcentages, voilà la question à poser. Quand il me manque 150 euros sur mon compte, je ne pense jamais en pourcentage et mon banquier encore moins et même pas du tout !

MARCEL. Sous le couvert des pourcentages, se cachent des chiffres déplaisants pour celui qui les cite.

PAUL. Ma mère parlait souvent du « manque de jugeote » appliqué plus particulièrement aux jeunes femmes : « Ah ! Celle-là, elle manque vraiment de jugeote ! ». Aujourd’hui, cette expression est passée de mode.

GEORGES. C’est vrai. C’est comme cette expression « On marche sur la tête ! » Toujours réservée contre le pouvoir en place, bien sûr. C’est une expression ping-pong employée par l’opposition du moment à chacun son tour en accusant le pouvoir en place de faire n’importe quoi.

PAUL. C’est sûr, le bon sens est le sens qui manque le plus. Et plus on s’éloigne de la vie ordinaire, plus on perd cette notion de bon sens. A croire que dans les palais dorés, il n’a plus cours.

MARCEL. On devrait créer une école, une faculté du bon sens, si on veut. Un endroit où à nos dirigeants serait montré ce qu’est le bon sens. Avec des travaux pratiques, bien sûr, de façon que les professeurs soient assurés de la bonne compréhension des élèves. Avec des anciens à qui la parole serait offerte pour expliquer des choses parfois basiques avec des méthodes anciennes s’il le faut, illustrant cette formule employée jadis « ça tombe sous le sens ! »

GEORGES. A croire que notre monde va tellement vite   que les aiguilles s’entrechoquent et que le bon sens des choses est caché sous un flot de statistiques, de chiffres à l’infini, de courbes, de simulations, de prévisions, d’hypothèses que l’esprit humain n’est plus capable d’en faire la synthèse et de garder à l’esprit un minimum de bon sens.

PAUL. On voit ça tous les jours et c’est peut-être pour cela qu’un grand nombre de lois restent à l’état de loi et ne sont jamais appliquées par faute de décret d’application, justement.

MARCEL. Comme un garde-fou, en quelque sorte.

PAUL. Sûrement. Une expression qui me revient subitement : « Cette idée est frappée au coin du bon sens », je m’aperçois que dans la langue familière on parle souvent de ce bon sens qui échapperait tant à nos dirigeants.

MARCEL. Et toujours avec une connotation  de réprimande, de critique, vous ne croyez pas ?

GEORGES. A croire que le manque de bon sens se voit essentiellement chez l’autre à défaut de le voir chez soi. C’est un bon moyen de critiquer l’autre au nom d’une sagesse que nous serions les seuls à posséder.

MARCEL. Cultivons notre capacité d’exprimer notre part de bon sens ! Ayons de la jugeote à revendre !

 PAUL et GEORGES : Vrai ! Nous en avons tous bien besoin.

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Trilogue
par Michel Ostertag
pour Francopolis mars 2013



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Créé le 1 mars 2002

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