Vos textes publiés ici après soumission au comité de poésie de francopolis.


 

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Extrait de "la clé des temps"
de Laurence de Sainte Maréville

Présentation des textes
de la SÉLECTION DE FEVRIER

Par Florence Noël

Notre sélection de février sort toute engourdie de l'hiver avec ses dix textes, et ses huit auteurs. Petite sélection car l'esprit de qualité gouverne notre envie de publication plus que la quantité. Parmis ces auteurs venus de divers horizons, des noms qui nous sont plus familiers, comme Emmanuel Hiriart ou Jean Guy, mais aussi de tous nouveaux auteurs sur nos pages : Jean André, Guillaume Petrou, Nadine Bellanger, Valérie Gonzalès, la suisse Christine Doucet ou encore Marie-Anne Schoenfeld.

Nous accueillons aussi deux auteurs de prose, Mary Telus et Joseph Laffage qoi ont enchanté notre forum, la place des francophones, par leur nouvelles. Celles de Joseph Laffage Balançoire et Témoignage capital aux portes de la folie et de l'étrange. Tandis que celles de Mary Telus nous introduisent, avec les aventures de Stan, dans un monde teinté d'humour et de dérision (Stan pense aux femmes et Pourquoi un concombre ne chante pas?)

Auteurs de réflexions, d'errance ou de progressions intérieures, de questionnements, cette sélection s'inscrit sous le signe d'une littérature peut-être moins légère mais qui recherche les racines et les ailes des êtres humains qui l'incarnent.

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Guillaume Pétrou a enchanté l'ensemble du comité par son écriture savamment agencée emportant le lecteur dans ses "Onze degrés de rupture". Etudiant, tout jeune en écriture, il nous promet par ce texte de belles découvertes à venir.

 

"Damier d où jaillit la solitude
encadrement d' une plaine d' un échiquier de l échec
Ouvroir de l' infini"

 

Catrine Godin ne tempère pas son enthousiasme : "j'ai pensé que curieusement la forme et le propos en très étroite cohésion approchaient absolument de l'effervescence d'un mental très actif et très vivant, dans l'hyperperceptivité, dans le paradoxe profond des sens et de la compréhension et que même si cela approchait la folie, c'était sans doute la chose la plus brillante que j'aie lue dans cette forme. (...)Flash : 1 + 1 = 11 = 2 deux étant un chiffre parfait, celui de la séparation/multiplication des cellules au moment de la fécondation dans une matrice, celui des chomosomes qui vont par paires, du binaire... représentation aussi du noir et blanc...de la complémentarité mâle/femelle, des tandems de vie... mais je pense aussi : le soi et l'auteur dichotomisé d'où un tel déchirement ... et là tout le texte s'éclaire !"

Ce sens ne cesse d'interroger Hélène Soris qui nous révèle :"11 degrés. J'ai compris à la fin le 11 devient symbole de gemellité et aussi de piliers...et oui le poète est jumeau de lui-même et voyage à travers les prismes"

 

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André Jean Nestor, auteur prolixe, publié quelques fois sur internet nous venant des terres languedociennes, moldo-valaques, champenoises et flamandes, nous invite à pénétrer dans la jungle intérieure de ses errances, au travers des couleurs qui nous envloppent comme des lumières interlopes : Green, Black, Red, on n'en ressort pas tout à fait intouché...

"Une seule fois l insaisi, l inguérissable enfance, une seule fois les plombs au flanc, TOUT dans la balance cette seule fois, contre coutumes et poisons, les tournesols des routes, les lents feuillages...
( Telle heure ivre, tu chassais les caravelles, déchirais d impatience tes pourpoints, ne rêvais que d orties et salamandres de tant pressentir qu il y a trop de mots et, qui sait, trop de choses...)
L enfance d aujourd hui s efforce dans ces ténèbres à ressembler aux nuits d hier, redurcies alors qu en nous s égare cette forêt qui soudain croise tes arbres, des fruits rancuniers comme des poings serrés, le silence aux pieds nus, les neiges inverses, la parole jamais dite..."

"C'est désenchanté lucide . Le langage est difficile mais fort" nous dit Hélène Soris, revenant de cette plongée au coeur du sens.

"En réalité, c'est réellement génial, la poésie que l'on rêve d'écrire, lorsqu'on s'imagine un peu poète.
Il n'y a nulle folie nul délire, mais une grande maîtrise de l'écriture et du sous-jacent et puis une grande lucidité sous la préciosité (voulue) des mots. C'est peut-être ce trop plein de "richesse" qui désarçonne."
renchérit Philippe Landreau.

 

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Emmanuel Hiriart nous revient ce mois-ci avec "comme un peintre...", un poème joueur, qui se regarde sous tous ses déguisements et qui introduit cette note de légèreté, d'auto-dérision qui est le propre des vrais poètes.

 

"J ai pris désir de ce poème
Je le déguise chaque soir
Pour saisir au mieux la lumière du jour
A mesure qu elle s éteint
Et pour seule trace concède
Ce visage ambigu d ange voyou."

Au fond, Isabelle Servant, dis-nous pourquoi tu aimes tellement ce texte? "Parce que ce que dit l auteur semble toujours aller au plus profond au plus exact, parce que cela sonne toujours très juste& ? et pourtant avec des couleurs, et pourtant avec des mouvements, des images, des ellipses, des licences& ? parce que cet auteur est le roi des chutes ? Bref j aime beaucoup ce masque ne déguisant pas une extrême sincérité".

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Valérie Gonzalès, égrène son périple organique, sa progression intense et personnelle, dans une thaumaturgie du vivre qui a marqué notre comité:

"Par ce baptême du feu
L esprit s affranchi
Se mue en végétaux
Uniques et libres


Thaumaturgie du meilleur


Leurs rhizomes s'enfouissent
Par le pouvoir des mots dits
Nous enracinent
Au monde des vivants"

Catrin Godin nous livre ses impressions à chaud : " la langue est crue, saignante de vie et chaude, l'organisation du texte est comme des respirations ou dessine le trait du battement du coeur sur un cardiogramme, le choix des mots est très précis, chirurgical maîtrisé avec une belle assurance, cohérent avec le sous-jacent du propos, et juste assez fort, honnête quand cette langue parle de douleur. Le dernier vers décalé appuie et ouvre, introduit/amène/lie à la pensée suivante ( c'est ce décalé qui me fait l'effet du cardiogramme, qui le trace/rythme ) Ca respire, s'écoule, ça bat, c'est chaud, lumineux, lucide/conscient, c'est ouvert ; à lire je n'ai pas pu m'empêcher de sourire jusqu'aux oreilles".

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Ce mois-ci, nous retrouvons Jean Guy, auteur qui a déjà peuplé nos pages de quelques unes de ses évocations rythmées et qui vient nous murmurer sa chanson triste:

"Mais le temps a passé comme un grand soleil d août
Désertant les fenêtres à dix heures le soir
De cette pièce vide où l on voudrait s asseoir
Mais on ne sait plus où"

La musicienne Isabelle Servant nous confirme :"C est le genre de texte que j aimerais assez mettre en musique. D' abord le rythme de base choisi est magnifique à mon goût, 12/12/12/6, j ai aimé l utiliser parfois, bien que de manière plus irrégulière j avoue, c est-à-dire un balancement entre 6 et 12 avec plus de 12 que de 6, les vers plus courts donnent alors le halètement ou le choc qu on a envie de dire"

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Nadine Bellanger, investit francopolis par un questionnement universel, auquel elle apporte une réponse très personnelle: "Croire, croire en quoi?" texte aux accents parfois durs, à la rythmique hachée, elle soliloque au cours d'une marche sans concession:

"Ne pas conforter les attentes extérieures.
Ne pas installer le décédé,
ne pas feindre le défunt.


Un long sanglot à la place des pieds me pousse à avancer.
Je veux croire que l orgasme n est pas une grimace de plus


pour rendre mon corps habitable."


Gertrude Millaire a ressenti cette intensité, "mais" nous dit-elle "il m'a fallu le lire à haute voix& dans un cri de désespoir& un cri à réveiller ces morts-vivants qui fourmillent sur la planète. Je le sens ce poème...je l'entends, Je sens le poids de cette puanteur, l'inertie des masses trop industrialisées. "

 

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Christine Doucet, auteure suisse que nous acueillons avec plaisir, elle et son pays, nous livre un "combien de ciels" qui n'interrompt pas ici le flux du questionnement :

"Inlassable je passe
Sur l envers du chemin
M accrochant au mensonge
De l espoir"

"J'adore ce genre de retour à l' organique, vu comme une évolution. " constate Stéphane Méliade.

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Enfin, Marie Anne Schoenfeld nous initie à la contemplation de ces instants qui se jouent de nous entre ombre et lumière: méditation douce, sans heurt mais écrite avec une grande justesse, "cet instant qui se renouvelle dans l' instant, ce combat de l'auteur à repousser le vide." (Gertrude Millaire)

"sur le seuil du temps
tu assistes au duel
de l'ombre et du soleil
tu engages toutes tes forces
dans le combat"

*

 

Avant de vous quitter, je vous invite à vous promener dans notre salon de lecture où Juliette Schweisguth expose ses haîkus et ses poèmes en forme et en son de battements de coeur. nous vous invitons aussi à découvrir le dernier roman jeunesse du membre de notre comité, Stéphane Méliade, qui publie dans toutes les bonnes librairies, aux éditions Casterman "ma soeur en noir et blanc".

 

 

Florence Noël

 



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Créé le 1 mars 2002

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