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ANNONCES DE PARUTION – REVUES ET RECUEILS

(notices par Éric Chassefière et Dana Shishmanian)

 

DÉCEMBRE 2022 – FÉVRIER 2023

Recueils :

Frontières – Petit atlas poétique. Éditions Bruno Doucey, février 2023 (272 p., 20 €)

Anthologie établie par Bruno Doucey et Thierry Renard. Préface de Bruno Doucey. Avant-propos de Sophie Nauleau

Le mot de l’éditeur : Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l’esprit. La première renvoie à l’image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l’on traverse parfois au risque de sa vie. L’autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l’existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l’autre, sans oublier ces seuils que l’on franchit jusqu’à son dernier souffle. La poésie n’est pas étrangère à tout cela. Qu’elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l’âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.

112 poètes parmi lesquels : Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine Le Querrec, Laura Lutard, Yvon Le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko...

 

Ces mots traversent les frontières. 111 poètes d’aujourd’hui. Éditions Le Castor astral, janvier 2023 (480 p., 18 €)

Cette anthologie réunie et présentée par Jean-Yves Reuzeau, avec un avant-propos de Sophie Nauleau, est publiée à l’occasion du 25e Printemps des Poètes (11-27 mars 2023), dont le thème est : Frontières.

111 poètes contemporains proposent des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 20 ans à peine, le plus âgé était centenaire. Tous partagent notre quotidien autour de la thématique corrosive des frontières. Leurs écrits sont d’une diversité et d’une richesse stimulantes. Ils offrent un large panorama de la poésie de notre époque.

Les auteurs : Dominique Ané / Anna Ayanoglou / Adeline Baldacchino / Olivier Barbarant / Linda Maria Baros / Bartabas / Franz Bartelt / Rim Battal / Tahar Ben Jelloun / Claudine Bertrand / Zéno Bianu / Carole Bijou / Camille Bloomfield & Maïss Alrim Karfoul / Alexandre Bonnet-Terrile / Alain Borer / Nicole Brossard / Loréna Bur / Tom Buron / Laure Cambau / William Cliff / François De Cornière / Cécile Coulon / Charlélie Couture / Benoît D’afrique / Jean D’amérique / Seyhmus Dagtekin / Jacques Darras / Ludovic Degroote / Michel Deguy / Pauline Delabroy-Allard / Patrice Delbourg / Denise Desautels / Cyril Dion / Kim Doré / Ariane Dreyfus / Alain Duault / Joanna Dunis / Marie Étienne / Étienne Faure / Christian Garcin / Albane Gellé / Jean-Louis Giovannoni / Guy Goffette / Michelle Grangaud / Pierre Guénard / Eugénie Hersant-Prévert / Simon Johannin / Maud Joiret / Charles Juliet / Kent / Vénus Khoury-Ghata / Anise Koltz / Abdellatif Laâbi / Mélanie Leblanc / Yves Leclair / Yvon Le Men / Hervé Le Tellier / Sandra Lillo / Sophie Loizeau / Lisette Lombé / Bruno Mabille / Victor Malzac / Guillaume Marie / Jean-Michel Maulpoix / Anna Milani / Marie Modiano / Antoine Mouton / Anne Mulpas / Carole Naggar / Arthur Navellou / James Noël / René De Obaldia / Georges Oucif / Martin Page / Jean-Luc Parant / Serge Pey / Jean Portante / Nathanaëlle Quoirez / Aldo Qureshi / Suzanne Rault-Balet / Hortense Raynal / Jacques Rebotier / Florentine Rey / Elke De Rijcke / Blandine Rinkel / Jean Rouaud / Jacques Roubaud / Valérie Rouzeau / James Sacré / Anna De Sandre / Éric Sarner / Eugène Savitzkaya / Jean-Pierre Siméon / Pierre Soletti / Jean-Luc Steinmetz / Maud Thiria /Mila Tisserant / Gérard Titus-Carmel / Milène Tournier / Émilie Turmel / Laura Vazquez / André Velter / Jean-Pierre Verheggen / Laurence Vielle / Ludovic Villard / Thomas Vinau / Pierre Vinclair / Stéphanie Vovor / Marie-Hélène Voyer / Antoine Wauters

 

Daniel Brochard, Dernière minute. Éditions du Petit Pavé, janvier 2023 (50 p., 10 €)

« La côte vendéenne, le ciel, la mer… Lieux de cette Dernière minute. "La contemplation est l’art du pauvre". Magnifique formule ! qui suggère une proximité fraternelle avec ce mendiant céleste que fut Germain Nouveau… Mais, trop belle formule ? minée par l’ironie amère ? Car les lieux de l’enfance, de la jeunesse, enfuis, les lieux immobiles de la vie présente, sont désormais les lieux de la souffrance.

Le salut serait-il dans un Ailleurs mythique, New York… évoqué, invoqué ? Mais cet horizon rêvé ne cesse de s’éloigner et de se refuser – provisoirement ? définitivement ? nécessairement ?… inaccessible.

C’est bien dans l’ici et maintenant qu’il faut vivre… Or, "Ce n’est pas supportable d’être derrière mes yeux". Ils dilacèrent les illusions. Mais seule la vérité sauve ! "Je vais vous dire ce que je vois moi […] Si ma conscience monstrueuse me le permet". Elle le permet, montre l’envers du décor, accuse nos lâchetés, éclate en images : "Une maladie a empêché l’éclosion de l’œuf / Sur l’axe solaire / Il y aura des regrets de papier mâché".

La poésie de Daniel Brochard a la force scandaleuse de l’inconfort lucide, de cet écartement de la vie qui recueille les prodiges. » (J.[ean H.[ourlier])

Ce tout dernier recueil, sorti le lendemain même du jour où l’auteur avait décidé de dire adieu à sa vie – lui, qui déclare pourtant : « je n’aime pas les adieux » – éclaire son œuvre d’une lumière nouvelle : « Quelle destination prendre quand / Tout devient glauque / Il me faudrait un ticket / J’ai survécu aux ténèbres / Et une main m’a secouru / À la toute dernière minute ».

Lire, dans ce même numéro, l’ Hommage à Daniel Brochard par Éric Chasséfièré (à la rubrique Gueule de mots), les notes de lecture du même auteur sur Dès l’aube de Daniel Brochard et  Parmi les ténèbres de Daniel Brochard, et la présentation de L’amitié de Daniel Brochard, avec des textes extraits du recueil (dans Francosemailles).

 

Colette Klein, JE est un monstre (nouvelles). Éditions de l'Œil du sphinx, janvier 2023 (226 p., 12 €)

Ce qui fait la force des nouvelles de Colette Klein ce n’est pas tant la noirceur de leurs thèmes où la mort est omniprésente que, par contraste, l’aspiration à une lumière si blanche qu’elle fait basculer d’un monde à un autre. Les nombreuses échappées dans l’imaginaire favorisent les débordements insolites où le temps, qui cesse d’être linéaire, emporte le lecteur vers la découverte de sentiments inconnus.

Pour faire plus ample connaissance avec Colette Klein – peintre, poète, écrivaine, revuiste, comédienne – consulter son site. Voir, dans notre précédent numéro, la note de lecture d’Éric Chassefière à son dernier recueil de poèmes, C’est la terre qui marche sous mes pas. Sa présence à Francopolis : à la rubrique Créaphonie de mai 2016 (poèmes et peintures) et de novembre-décembre 2019 (« … à l’extrême veille du bonheur »).

 

Alain Hoareau, Le son des jours. Éditions L’Harmattan, janvier 2023 (78 p., 12 €)

Le son des jours, comme de sa voix intérieure à celle des autres il vibre et se fait entendre, leçon des jours lorsque de l'écoute commence le verbe apprendre. Il ne pouvait y avoir dans ce recueil de forme unique : nous traversons mille paysages, croisons mille visages et rayonnons nous-mêmes de tant de vibrations différentes. De la plus grave à la plus légère elles procèdent toutes cependant d'une même quête et leurs différences constituent un balancier d'équilibre au parcours d'une vie qui se tient sans arrêt sur un fil. Les liens s'établissent dans le temps, entre soi et les autres, entre ce qui fut et ce qui est, comme ils se tissent entre poésie et musique, entre le verbe et le chant.

 

Constantin Kaiteris, Nanos Valaoritis. Au fin fond de l'écriture (1921-2019). Éditions L’Harmattan (Collection : Levée d'ancre), janvier 2023 (128 p., 14,50 €)

« Fruit d'une production ininterrompue de plus de 70 ans d'écriture, l'œuvre abondante de Nanos Valaoritis comprend des livres de poèmes, des nouvelles, des romans, des pièces de théâtre, des essais, des études littéraires. Auteur polymorphe transcendant tous les genres et toutes les écritures, celui que Jacques Lacarrière a appelé un troubladour a toujours mêlé insolite et insolence, humour et vertige, culture et déconstruction de la culture. Toujours en devenir, son œuvre s'établit à la croisée du surréalisme, du modernisme, de l'écriture logocentrée, du postmodernisme et de l'intertextualité tout en se jouant avec humour des conventions des genres littéraires. » (Constantin Kaïtéris)

 

Philippe Leuckx & Christophe Pineau-Thierry, Ces mots ajustés au cœur. Éditions du Cygne, janvier 2023 (58 p., 10 €)

Deux poètes ont associé leur écriture pour creuser une intimité. Leurs poèmes se répondent, infléchissent la voix, condensent une poétique. Avec cette correspondance, ils explorent leur amitié naissante, s’ajustent l’un à l’autre dans les mots exprimés, subliment la valeur de leur partage, se dévoilent avec pudeur leurs sentiments respectifs. Une plongée au cœur de l’amitié.

Philippe LEUCKX est né le 22 décembre 1955 à Havay (Hainaut belge). Professeur d'histoire de l'art, de philosophie et de français, il adore voyager. Écrire est devenu depuis 1994 une activité régulière. Il est l'auteur de sept monographies consacrées à des poètes belges. Poète, critique, il a publié de nombreux recueils. Écrivain-résident à l'Academia Belgica de Rome (2003, 2005, 2007), il a obtenu le Prix Emma-Martin 2011 pour son livre « Selon le fleuve et la lumière ».

Exerçant depuis plus de quinze ans dans les domaines du handicap et de l’emploi, Christophe Pineau-Thierry est aujourd’hui sophrologue, coach de vie, formateur et animateur de conférences. Il est également peintre et photographe ; il expose depuis vingt ans. Il réside aujourd’hui dans le Vaucluse. Il a publié des poèmes dans les revues Lichen, Poésie/première, Recours au poème et ARPA ainsi que le recueil Le regard du jour aux Éditions du Cygne. Nos matins intérieurs est son deuxième recueil.

 

Parme Ceriset, Boire la lumière à la source. Éditions du Cygne, janvier 2023 (54 p., 10 €)

« Boire la lumière à la source, s’en emplir nos mains blessées, laisser l’eau de vie se répandre et chasser l’obscurité de nos entrailles souffrantes ». Les mots de Parme Ceriset, qui s’écoulent en « écharpes d’eau vive », respirent l’air précieux de l’instant et célèbrent la vie, où chaque pas est « victoire sur l’éphémère ». Sa poésie invite à savourer pleinement le miracle de l’aube, comme au seuil d’une naissance, et à devenir « ces nouveaux Icares » rescapés de l’apocalypse qui n’ont « plus besoin d’ailes pour nager dans le soleil ». (extrait de la préface de Francis Gonnet)

Parme Ceriset vit entre Lyon et le Vercors. Médecin de formation, elle a été sauvée en 2008 par une greffe des poumons après quatre ans sous oxygène. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages dont « Femme d’eau et d’étoiles » (éditions Bleu d’encre, prix Marceline Desbordes-Valmore 2021), et « Le Serment de l’espoir » (éditions L’Harmattan). Elle a publié des textes dans de nombreuses revues et anthologies.

 

Mila Tisserant, Contre-fugue. Éditions du Cygne, décembre 2022 (50 p., 10 €)

« Le Poète n’est pas missionnaire. Il est l’assassin, il est le cadavre ». Longue prose poétique narrative, Contre-fugue transfigure les désirs avortés et les songes atrophiés d’un corps étranger en sa propre chair. De cette terre orpheline naît une poésie puissante, tentative de dépassement de soi et des prophéties passées. Cette contre-fugue est une quête d’ailleurs au-dedans, une échappée à contre-courant, remontant les rails encore brûlants des Poètes passés.

Mila Tisserant est née en 2003 à Strasbourg. Pour elle, écrire est une nécessité qui l’habite depuis son plus jeune âge. Comédienne, elle a joué au Théâtre de la Bastille à Paris, au Festival Off d’Avignon ou encore à Bruxelles. Le corps et le langage occupent une place majeure dans ses textes. La jeune autrice croit en un dépassement du corps physique par les mots. Elle travaille actuellement à l’écriture d’une pièce de théâtre et suit une formation de comédienne dans une classe préparatoire de théâtre. Elle dit écrire avec les points de rupture et les nœuds de force de son corps, et poursuit ce maillage à travers les courts-métrages qu’elle écrit et réalise, à travers ses peintures et ses photos. Ses tout premiers textes ont été publiés à l’âge de 17 ans par Le Castor Astral, dans l’Anthologie du Printemps des Poètes 2021 « Le Désir en nous comme un défi au monde ». Contre-fugue est son premier recueil.

 

Étienne Orsini, Homme de peu de poids. Haïkus. Éditions Via Dormitia, décembre 2022 (116 p., 15 €)

Qu’on se le dise : la mort ne peut être ignorée, dépassée, boudée. Elle demande de notre part une attention de chaque instant. On peut la déplorer, lui en vouloir, s’étonner devant son mystère, la célébrer ou même la moquer pourvu que ce soit avec magnificence. La mort a besoin de notre générosité. C’est en cascade qu’il faut la pleurer ; et si l’on doit s’en esclaffer pour mieux la braver qu’au moins ce soit à gorge déployée.

 

Anila Kananasi Karapidou, Adieu. Préface de Nicole Barrière. Éditions L’Harmattan, collection Accent tonique - Poésie, décembre 2022 (52 p., 9 €)

Le recueil de poèmes d’Anila Kananasi Karapidou et son « Adieu » exprime la nostalgie de la séparation, mais interroge également sur l’intimité de l’exil et la complexité de cette expérience individuelle et collective. La poésie par sa forme courte interroge la langue. L’enjeu n’est pas de dire la vérité mais de choisir de transcrire avec sensibilité une voie nouvelle, permettant de vivre et d’aimer.

Anila Kananasi Karapidou est née à Tirana en Albanie et vit maintenant à Thessalonique en Grèce. Trois œuvres publiées : Quand le cœur du poète se fait mal, 2008. Un baiser au coin de la lèvre, 2020. Le mur du temps, 2022. Incluse dans plusieurs anthologies, dans son pays et à l’étranger. Traduite à Paris dans l’anthologie Nus vers l’indépendance avec 35 créateurs albanais du Kosovo, d’Albanie et de la diaspora albanaise. Ambassadrice de la paix pour les droits de l’homme pour Thessalonique dans 200 pays du monde et pour les créateurs de littérature. Créatrice du coin littéraire en langue albanaise de la Bibliothèque centrale de Thessalonique.

 

Au diapason du poème. Lire la poésie de Giovanni Dotoli. Sous la direction de Maria Leo, Mario Selvaggio, Filomena Villani. Éditions L’Harmattan (collection L’Orizzonte) & AGA, décembre 2022 (152 p., 20 €)

« À lire Giovanni Dotoli, le lecteur est frappé par la douceur de son écriture : une écriture qui épouse sa pensée : si sereine, si paisible, résolument montaigniste. Giovanni Dotoli est un artisan des mots, qu'il sait manier et malléer, pour dire le monde : le monde tel qu'il le voit, mais surtout tel qu'il voudrait qu'il soit. L'optimisme imprègne son oeuvre, il la guide et la stimule sans arrêt : « Passera le temps-mélancolie / L'été illuminera l'hiver ». Comme tout bon humaniste qui se respecte, Giovanni Dotoli croit toujours à l'avènement du meilleur et à toutes les possibilités que renferme l'avenir, en somme la vie : « Je proclame l'éloge de l'optimisme /Contre cynisme et renoncement / Notre énergie vitale vit de soleil / Notre relation à l'autre est lumière » Olfa Abrougui - Université de Tunis 1

 

La vie est un poème. Mélanges offerts au professeur Ridha Bourkhis. Sous la direction de Giovanni Dotoli et Georges de Rivas. Éditions L’Harmatttan, décembre 2022 (390 p., 39 €)

Ces « Mélanges » sont écrits par des enseignants universitaires, poètes, essayistes et artistes plasticiens et offerts au Professeur, chercheur, écrivain et critique littéraire Ridha Bourkhis en signe d'amitié, de considération et de complicité. Placé sous le signe de la poésie, ce volume contient les témoignages et analyses de contributeurs de France, de Tunisie, d'Italie, d'Algérie, d'Espagne, de Belgique, du Maroc, du Royaume-Uni, de Roumanie, d'Iran et des U.S.A qui traitent, en analystes ou en poètes, du texte poétique, en vers ou en prose. Ces « Mélanges » donnent aussi la parole à différents poètes d'horizons divers pour qu'ils rendent compte de leurs rapports spécifiques avec le poème qui fusionne avec leur vie, qui dit leur vie ou qui est leur vie même.

 

Pour la liberté d'expression. Livre du centenaire du Pen club français, de Antoine SPIRE, Sylvestre CLANCIER et Laurence PATON. Éditions Le Bord de l’eau, Décembre 2022 (245 p., 18 €)

La première présentation du livre a eu lieu le 10 janvier 2023 lors de la soirée de remise des prix du Pen Club (Grand prix de la critique et les Prix de la traduction), à la Société des Gens de Lettres (38 rue du Faubourg Saint-Jacques – 75005 Paris).

Commander auprès du Pen Club, ou en librairies (les livres des éditions du Bord de l’eau sont diffusés par Les Belles Lettres).

(D.S.)

 

Revues :

Revue Nouveaux délits, n° 74, janvier 2023

Cette revue artisanale, parue sous les auspices de l’association éponyme, conçue, éditée et confectionnée à la main par Cathy Garcia Canalès – « à l'époque du tout virtuel, décalage revendiqué ! » déclare-t-elleconfirme ses qualités : une grande densité de textes poétiques de haut vol, dans une présentation soignée et empathique (preuve, les citations parsemées par l’éditrice en écho aux textes publiés).

« Les mots n’y suffiront pas et pourtant les dire, les écrire, les répéter, les réécrire, finiront bien par trouver l’œil clairvoyant et l’oreille attentive. Le papier est toujours plus cher, et cela correspond bien à l’idée que je me fais du papier, papier cadeau pour recevoir et envelopper les mots, pour recevoir et développer toutes les histoires du monde, celles passées, d’aujourd’hui et à venir, pour recevoir le savoir et permettre au plus grand nombre d’y avoir accès… Le papier une matière exceptionnelle - je n’aime pas le mot noble - et sans doute plus pérenne que le media numérique… » (extrait de la présentation du précédent numéro paru en octobre 2022, par Didier Trumeau).

Pour ce qui est du « message », le mot de l’éditrice en tête de ce dernier numéro paru en janvier 2023 est révélateur : « Tout s’écroule mais ne perdons pas de temps à nous lamenter sur les pertes, aiguisons notre attention à percevoir nous ce qui en nous gagne en légèreté, ne nous laissons pas abattre mais sentons ce poids de plume dans nos poches : plus on le partage et plus il est doux et et léger et réconfortant. »

Les auteurs de ce numéro : Vincent Gispert, Alexandra Norelli, Joséphine Maaci, Raphaëlle Gandini Miletto, Virginie Seba, Pierre Maubé, Ara Alexandre Shishmanian. À cette riche moisson poétique s’ajoute une note de lecture au recueil Fée d’hiver d’André Boucher, par Cathy Garcia Canalès, et un poème d’elle – « inédit tiré d’une écriture en cours » – dont il convient de citer au moins la fin : « demain s’ouvre un chemin / vers le sanctuaire des monts bleus / elle entame l’ascension / épaules courbées / sous la poussière d’automne / miel émeraude / ombre et lumière / le cœur se gorge / de quiétude / froisser la douleur / y mettre le feu ».

Pour la diffusion, voir sur le Net : le site de l’Association Nouveaux délits (prix unitaire et abonnement). Voir aussi : le site arpo-poesie ; le site lacavelittéraire.

(D.S.)

Revue NORIA, n° 5, janvier 2023 (495 p., 40 €)

Créée et animée par Giovanni Dotoli, éditée chez L’Harmattan (collection : L’Orizzonte), ce véritable annuaire de la poésie et de la littérature est un « mare nostrum » européen qui impressionne par l’ampleur et la profondeur de la vision. Tout un programme :

« La noria est un symbole de la Méditerranée et des pays où l'eau est un mirage d'or. Elle unit la science et la poésie, la terre et le ciel, la profondeur et la hauteur. C'est un mot d'origine arabe et puis espagnole, pour indiquer le génie de l'homme – dans les dialectes du Sud de l'Italie on l'appelle l'engin, du latin ingenium – et la force de ses rêves, pour gouverner le monde et pour suivre la route de l'imagination. Noria c'est construire, avoir confiance en l'homme, suivre les chemins multiples qui sont devant nous, entre l'horizon et les lignes à perte de vue. Et surtout être unitaires, ne pas séparer poésie et science, et donc sciences humaines et sciences soi-disant exactes. Le microcosme de la noria exprime un ordre cosmique, une harmonie de la pensée et de l'âme. Le grincement ancestral de sa roue est le rythme de la musique de l'être. L'être le plus près de l'engin puisant de l'eau vierge des couches de la terre est l'artiste, de toute sorte, c'est-à-dire l'artiste total, de la parole à la formule pure des mathématiques. Artiste auteur et artiste de l'art visuel. Coup de génie de l'un et signe écrit de l'autre. Intérieur et extérieur qui se fondent dans l'Un.

Cela implique l'unité de l'histoire, de la tradition et de l'avant-garde, de l'intuition et de la raison. Tout est littérature et tout est art. Le XXe et le XXIe siècles le prouvent dans tout acte de la création. Le sujet y est le centre de l'art. Et sujet signifie homme-être. Et temps de l'instant, c'est-à-dire temps éternel, sens de la beauté, route de l'harmonie, et aussi sens de la justesse. L'oracle de Delphes ne dit-il pas que « le plus juste est le plus beau » ? François Cheng a raison : « Nous sommes tous plus ou moins artistes » (Œil ouvert et cœur battant. Comment envisager et dévisager de la beauté, avant-propos d'Antoine Guggenheim, Paris, Desclée de Brouwer - Collège des Bernardins, 2011, p. 53).

C'est le chemin de Noria. L'art synthétique du monde. La synthèse des choses. Art et nature inséparables. Poussée novatrice entre tradition et avant-garde, en dialogue perpétuel avec l'homme. Nous suivrons la route de l'art total, pour le nouvel édifice de l'avenir que nous espérons contribuer à édifier. Est-ce de l'utopie ? Nous ne le pensons pas. La littérature et les arts sont une usine en feu, inépuisable. Est-ce le Grand œuvre de Stéphane Mallarmé ? Peut-être. Nous voulons rester en la modestie de la confiance totale dans la parole, dans la couleur, dans la matière, dans la lumière ».

Remarquons, dans le dense sommaire multilingue et pluriculturel de ce numéro 2023, qui embrasse tous les arts, quelques contributions révélatrices de l’esprit qui anime la revue.

D’abord, des essais sur la poésie et la littérature en général, ou sur des auteurs modernes ou contemporains. Citons-en quelques-uns : sur Giovanni Dotoli et sa vision sur Liberté et et droits de l’homme, livre paru en 2022 (lecture-essai par Éric Turcat), sur Léo Ferré (par Thierry Jouet), sur Giorgio Caproni (par Roberto Pasanisi), sur Hédi Bouraoui (par... lui-même, via un entretien avec Olfa Abrougui) enfin, sur la poésie et sa vocation (par Yannis Livadas, dont nous citons : « il ne s’agit pas du poète d’arriver à approcher la société, mais au contraire, de la société d’arriver à approcher le poète »)

Ensuite quelques riches dossiers sur l’art, dont en tout premier lieu, introduit par Giovanni Dotoli, Michaël de Saint-Chéron, et Isabelle Saint-Martin, un groupage de communications sur André Malraux et son projet du Musée imaginaire (par Raphaël Aubert, Anne Le Diberder, et François de Saint-Chéron). Parmi les artistes à l’honneur dans ce volume, avec des reproductions d’excellente qualité, citons : Franco Cossutta, Franceline Debellefontaine, Agnès Giuco (présentés par Michel Bénard), Françoise Trémolières (présentée par Robert Horville), Michel Bénard (collages).

Une belle moisson de poèmes, pour découvrir (ou redécouvrir) des auteurs remarquables : Jacques Brault (1933-1922, présenté par Mario Selvaggio), Mario Selvaggio, Guido Oldani, Jean-Charles Dorge, Florent Gabriel, Alain Clastres, Valentino N. Misino, Raphaël Misère-Kouka, Lea Nagy, Michel Arouimi, Michel Bénard (deux groupage dont un en biligue français/italien, accompagnant les peintures d’Agnès Giuco).

Dans la partie actualité éditoriale, nous signalons les lectures critiques aux auteurs suivants : Lea Nagy (par Giovanni Dotoli), Denis Emorine (par Giovanni Dotoli – Isabelle Poncet-Rimaud), Gérard Pfister (par Giovanni Dotoli), Alice Machado (par Giovanni Dotoli – Mario Selvaggio), Claude Luezior (par Michel Bénard), Ara Alexandre Shishmanian (par Michel Bénard), Sonia Elvireanu (par Denis Emorine – Isabelle Poncet-Rimaud), Giovanni Dotoli (par France Lafargue).

(D.S.)

Revue Poésie première, n° 84, janvier 2023.

Un numéro, comme à l’accoutumé, de grande densité critique, par les dossiers contenus, et poétique, par les textes. Dédié à un « thème » majeur, pour ne pas dire à l’une des idées archétypales constitutives de la poésie – le voyage – le numéro s’ouvre par un édito suggestif de Martine Morillon-Carreau, suivi des essais substantiels de Gérard Mottet (Voyage en poésie), Pascal Mora (Voyage au cœur des voyages), Mireille Privat et Guillaume de Pracomtal (sur Victor Segalen), Murielle Compère-Demarcy (sur Blaise Cendrars), Dominique Zinenberg (sur Henri Michaux). Les Carnets de Voyages (2) d’Alain Duault, cette fois, en immersion lusitaine, dans Lisbonne d’Amalia Rodrigues et de Fernando Pessoa, complètent le paysage.

Dans la série « portraits », on découvre l’écrivain américain européanisé Andrew Singer, créateur de la revue Trafika Europe, à travers un entretien mené par Martine Morillon-Carreau, et on redécouvre Paul Farellier, dans un dossier-synthèse par Claire Boitel, et Alain Freixe, par l’entretien de Martine Morillon-Carreau, avec aussi des poèmes inédits. 

Dans l’éventail des poètes publiés dans ce numéro on trouve : Emilia Petrakis, Claire Raphaël, Danièle Corre, Arnaud Vendès, Anne-Marielle Wilwerth, Pierre Bayle, Amine Mouaffak, Sacha Zamka, Stève Wilifrid Mounguengui, Elvire Ybos, Marie-Anne Bruch, Charles Senard, Martine Rouhart, Anne Bihoreau, Marc de Dommartin, Sonia Zin El Abidine, Stéphanie Vermot, Adèle Tellez, Chem Assayag, Philippe Minot, Louis Ruiz, Noëlle Mignot.

Parmi la trentaine des notes de lectures, nous signalons celles consacrées aux recueils récents de Michel Diaz (par Bernard Fournier), Éric Chassefière (par Claire Garnier-Tardieu), Dana Shishmanian et Francis Gonnet (par Martine Morillon-Carreau), Martine Rouhart et Marie-Josée Christien (par Gérard Mottet), Jean-Marc et Catherine Sourdillon, et François Minod (par Dominique Zinenberg).

(D.S.)

 

Revue Rose des temps, n°44, septembre-décembre 2022

Le présent numéro de la revue conduite par Patrick Picornot et Aumane Placide, et publiée par l’association Parole & Poésie, est introduit, comme tous les autres, par un court poème utilisant le mot « rose », ici de Robert Desnos : « Si comme aux vents désignés par la rose / Il est un sens à l’espace et au temps », semblant conférer à l’espace-temps valeur de souffle, et liberté de s’y mouvoir en différentes directions. Le numéro 44 a pour thème « De la musique avant toute chose », un vers de Paul Verlaine emprunté à son recueil Jadis et naguère. Dans son éditorial, Patrick Picornot décline le thème choisi en rapprochant danse, musique et poésie selon deux points d’attache, qui sont le mouvement et la respiration. Ces trois arts ont en effet en commun de s’inscrire dans l’écoulement du temps, la poésie se caractérisant « par l’expression du corps et du cœur, de la marche et du rythme », dans une musique des mots qui n’aspire qu’à se renouveler. Il cite Jean-Pierre Siméon, pour qui la poésie serait « l’acte souverain, insolent, joyeux, désirant et libre d’extraire la langue commune de sa gangue, de lui restituer l’énergie vitale et le souffle perdu, oui : de la rendre à la vie ».

La rubrique Jadis et naguère présente un poème de Boby Lapointe, poète et auteur de chanson truffées de calembours et de jeux de mots ami de Brassens qui occupa longtemps les planches du cabaret Le cheval d’or dans le quartier Mouffetard, et un poème de l’auteur martiniquais Eugène Mona, flûtiste et poète qui composa des chansons en créole et en français, auquel Aumane Placide consacre sa rubrique Sources vives. Issu d’un milieu modeste, placé très tôt comme garçon de ferme, Mona s’est fait le messager d’une conscience collective marquée par la mémoire du colonialisme et de l’esclavage, chantant, pieds nus sur scène, un rapport spirituel à la Nature et l’impérieuse nécessité de préserver l’ancrage dans la terre maternelle, contre les méfaits du capitalisme sauvage. Patrick Picornot nous livre ensuite dans la rubrique Nombre et rythme un historique savant du décasyllabe et de l’octosyllabe, en terminant sur le fait que l’octosyllabe, qui du fait de sa longueur modérée peut être dit sans marquer de pause, est le vers le plus proche de la prose.

Suit le Cahier de création, qui présente une quarantaine de poèmes d’autant d’auteurs différents sur le thème de la musique. Citons, pêle-mêle, Éliane Bierdermann : « Sous les vitraux bleus / éclats de cierges allumés / chant de la flûte », Alain Clastres : « Pays du vent / Alizé, souffle, souffle / siffle siffle / court sans fin », Béatrice Albertat : « Pose la main sur / le rocher / écoute / les voix / antérieures », Thierry Sajat : « Le ciel comme un volcan / Crache une lave d’eau, le silence est en crue / Au-dessus de la Mer, des nuages craquant / D’où s’échappe le feu noir des pluies incongrues // Qui grondent sous la grêle, au creux de quelque crique. / Les sanglots de la nuit sur des lames en trombe / Giflent le froid. Décembre éructe sous la trique / Affûtée de la pluie… On l’entend qui siffle d’outre-tombe // D’outre-temps… », Serge Carbonnel : « Là-bas dans la lumière agonisante du ponant au crépuscule / des villes s’ouvrirent comme des oranges / et dans des nébuleuses sociétales / des hommes accrochés aux frêles équilibres de l’harmonie / transmettaient leur musique pour nous dire leurs rêves / et / Un silence habillé de mille résonances / répondit à sa jumelle / la musique silencieuse », Patrick Picornot : « silence   le volcan tressaille éructe / je suis corps   pensante énergie vitale / je danse   et cogne et chante et crie tout à la fois / j’étais / je suis   Thelonious Monk ».

Suivent des rubriques consacrées au compositeur britannique du XVIIIe siècle Thomas Arne, à l’érudit et écrivain du début du XVIIe siècle Francesco de Quevedo, dont  est reproduit en espagnol, et dans sa traduction française par Michel Horps, un sonnet qui commence ainsi : « C’est une glace qui embrase, un feu glacé, / une blessure qui fait mal et qu’on ne sent / c’est un bien dont on rêve, un mal qui est présent / un moment de repos dont on sort harassé ; », et se termine ainsi : « Tel est l’enfant Amour et tel est son abîme. / Voyez comme il s’approche du rien lorsqu’on aime, étant de toutes sortes contraire à soi-même ! », disant beauté et cruauté de l’amour, à la revue belge Pégase de l’Association Nivelloise des écrivains (ANDE), pilotée depuis 2016 par Ghislaine Renard, à la relation entre Paul Verlaine et Gabriel Fauré, à quelques très jeunes poètes primés du Concours 2021-2022 pour la jeunesse organisé par la Société des Poètes Français (SPF). Puis vient le Carnet de notes, avec des notes de lecture sur une quinzaine de recueils récemment parus par Christine Darnis-Gravelle, Gérard Paris, Nicolas Saeys, Laurent Desvoux-D’Yrek, Aumane Placide, Patrick Picornot, Xavier Buffet et Julien Kraimps, puis des recensions de quelques numéros récents de revues (L’Agora, Libelle, Le Pot à Mots, Verso) suivies pour finir de comptes rendus de promenades organisées par l’association Parole & Poésie.

(É. C.)


Mensuel de poésie LIBELLE, n°348, décembre 2022

La revue mensuelle Libelle, ce « bloc-notes en six pages » tenu par Michel Prades, poursuit avec assiduité depuis 1991 son cheminement tranquille au fil des mois et des années, avec sa page de chroniques de livres récemment parus, et ses constellations de courts poèmes disant le bonheur de saisir l’instant, ou l’éclair du souvenir, avec quelques mots simples. Une bonne vingtaine de poètes participent à chaque numéro. Les poèmes s’enchainent en un poème de poèmes, ainsi : « Petits bruits la nuit / le chat noir surgit du fond / de la vieille armoire. (Marylène Lallemand) // Ils marchent dans les rues / moi dans les bois / on se dit tous qu’on est vivants. (Catherine Lamagat) // Les meubles s’envolent comme des oiseaux. (Joël Laloux) // Dans les averses coulent / Des douceurs étonnantes. / Dans les silences roulent / Des étreintes ardentes. (Cédric Landri) ». La brièveté des poèmes, l’effet kaléidoscopique de leurs libres enchainements, la simplicité des mots et de leurs associations, tout concourt à faire de la lecture de Libelle une promenade dans un paysage, tout intérieur, d’images et de sensations qui à la fois nous déracine et nous ramène à notre réalité profonde. Citons le beau poème en prose de Michelle Labbé, qui incarne bien le plaisir éprouvé à lire Libelle : « On aimait plier les mots les uns sur les autres et quand la mer secouait notre coque de noix, qu’avec les corps, cigarettes et allumettes avaient été douchés et qu’il était impossible d’en griller une en arrivant au port, on parlait d’un « coup de tabac », regrettant, sublimée d’iode marin, la saveur brûlante des bouffées entre les lèvres salées. J’avais quelque chose comme seize ans. Mon père était toujours adolescent. Les heures s’éternisaient. Je cherchais d’autres demeures. »

(É. C.)

Revue Comme en poésie, n°92,  décembre 2022

Ce numéro de la revue trimestrielle éditée depuis maintenant 22 ans par Jean-Pierre Lesieur dans sa « fabrique du poème »  commence par un éditorial du revuiste intitulé Les rescapés de la poésie, thème du numéro, dans lequel il présente les poètes comme des naufragés en quête d’une terre d’asile dans un monde pour l’essentiel indifférent, voire hostile, en dehors de tout mouvement organisé capable de porter haut et fort la parole de la poésie. La faute aux éditeurs et aux libraires, qui ont sacrifié la poésie au bénéfice du profit, aux poètes qui ont laissé faire, aux conservateurs de bibliothèques qui ont négligé l’acquisition d’œuvres de poètes contemporains,  au système éducatif qui minore l’enseignement de la poésie, à la faiblesse des subventions publiques dans ce domaine, nous explique Lesieur dans une série de J’accuse fort bien fondés. À ces J’accuse il oppose des J’excuse à l’endroit des rescapés errant contre vents et marées que sont les poètes-marins, « la diaspora du rêve » comme il les appelle, en quête d’une terre où exister.

Une cinquantaine de poètes ont participé à ce numéro, une dense forêt de textes à défricher au hasard des chemins qu’on vient s’y creuser, pour le plus grand bonheur du curieux en quête de découvertes inattendues. Celle par exemple de Éléa Hetzel, une lycéenne parisienne adepte de musique et d’écriture, qui dit aimer créer, et dont les poèmes témoignent d’une belle maturité littéraire et humaine. Qu’on en juge par ce poème : « Par les étendues brûlées / Loin des bouillons de vie insipides / Fuir / La caravane brinquebalante erre, dans un cycle sans fin / Dans sa charrette d’ombres / Fuir // Accablement des jours empilés – leur tour fugace s’effondre / Autre / Où aller ? / Quitter , la, les – il m’a… / Les rouages rouillés de son refrain s’égarent / Et me, se perdent, perdre dans les étendues brûlées / Loin des bouillons de vie insipides, partir ; dans les déserts d’une vie sans fond / Le cheminement émiette ses traces / La caravane roule, roule dans le bercement des terres / Les terres ocres / L’aridité des mots diffusés fond dans l’immensité : / Seul règne le rugissement du silence. » Découverte également de cette lettre de Daniel Brochard, lui aussi un rescapé de la poésie, qui a tenu la revue Mot à Maux, maintenant arrêtée, qui dit le risque de naufrage total de la poésie dans ce monde de capitalisme débridé et de violences de toutes natures, dans le lequel le poète, justement parce qu’il est porteur d’un message de liberté, est mis à l’écart. Il révèle la mise en place d’une anthologie de poésie accessible en ligne sur son site Dans les brumes, espérant grâce à l’utilisation de l’internet la diffusion d’une parole différente, loin du consumérisme et du divertissement décérébrant. Découvertes nombreuses, entre ce beau poème de Claude Albarède qui ouvre l’ensemble, disant la liberté d’aller « sans confins » dans un temps et sur une terre à gravir, réceptacles de nos rêves comme de nos traces, et ces Trois empreintes de Bruno Sourdin, dont la dernière, aux portes de la mort et de la solitude, dit l’espoir de la lumière : « L’aube pointe derrière les ténèbres / Effusion / Tout tremble // Dans le jardin / Le premier bourgeon de l’année émerveille / La paix retrouvée ». Sans oublier, à la fin du numéro, La Cité critique de Jean-Pierre Lesieur consacrée à commenter les parutions récentes de recueils ou de revues de poésie.

Il faut signaler, dans les pages centrales du numéro, la relation par Jean Chatard de l’existence mouvementée de la revue Le puits de l’ermite dans les décennies 1960 et 1970, à la fondation de laquelle a notamment contribué, à côté de Chatard qui en fut le premier rédacteur en chef, Jean-Pierre Lesieur, qui le remplaça après qu’il en ait démissionné suite à des dissensions sérieuses au sein de l’équipe entre les « universitaires », se considérant comme une élite, et les autres, le commun des poètes, traités comme « quantités négligeables ». Comme quoi le milieu de la poésie n’est pas épargné par l’établissement de hiérarchies de valeurs arbitraires et les comportements de castes ! L’aventure a néanmoins été fructueuse, associant de nombreux poètes de grande valeur tels que Guillevic, Jean Follain et bien d’autres. La revue finalement périclita en conséquence des dissensions, et dans la décennie 1980, Jean Chatard décida de monter une nouvelle revue qui s’appela Soleil des loups, dont Michel Héroult prit la direction.

(É. C.)

Revue de poésie ARPA, n°137-138, 4ème trimestre 2022

La revue ARPA a été fondée en 1976. Dirigée d’abord par Roger Siméon, puis Gérard Bocholier et Jean-Pierre Siméon, elle est depuis 1991 conduite par Gérard Bocholier seul. L’association est dirigée par Christian Moncelet. ARPA se veut ouverte à une grande diversité de styles « dans la mesure où leur lyrisme se développe dans les profondeurs de l'être intérieur ». Elle paraît sur un rythme trimestriel, les numéros de l’été et de l’automne étant regroupés en un numéro double. La revue est de belle facture, dans un format de 14 x 23,5 cm, privilégiant donc la dimension verticale permettant de dérouler de longs pans de poèmes, et offre, par numéro simple, une centaine de pages de poésie. La plus grande partie des volumes est consacrée aux poème et proses des auteurs retenus par la revue, dans ce numéro double une bonne trentaine.

On est frappé par la qualité des poèmes présentés, et aussi par une certaine unité, qui est la marque de la revue, dans l’inspiration, la nature étant très présente, la lumière aussi, tout intérieure, dans laquelle baignent la plupart de ces textes denses et exigeants. Il est difficile de faire un choix, mais retenons quelques poèmes glanés au fil des pages. Daniel Martinez nous offre Trois études d’oiseaux finement ciselées aux multiples jeux de textures et de couleurs alliant le concret et le spirituel, ainsi de la buse pattue : « Surtout il lui faut, à l’oiseau de proie, dépayser l’indifférent, / glissant glacé, éclipsant pour se nourrir / le dernier soupir de la perdrix accaparée / emportée sans crier garde vers une crypte / ornée de hardes, le lichens bleus et jaunes », ou de la sterne Pierre-Garin : « le pastel matinal hausse sa silhouette / dans un univers intérieur où tout / déteindrait sur tout, et soi-même sur soi ». Daniel Birnbaum dit avec des mots simples la tendresse pour l’être aimé : « le matin / que nous faut-il / un baiser / un regard / une caresse / ou juste un silence / ce silence bavard entre nous / qui nous dit les choses importantes / tout va bien / nous pouvons encore quelque temps / écouter les bruits du monde à deux ». Tendresse encore, exprimée par Anabelle Gral : « Écoute l’écho de ma chaleur / Avance lentement // Prends le temps / d’une respiration / d’une tendresse d’enfance // Écoute / Les feuilles au jardin se froissent // C’est l’été / Bientôt il fera froid // Tu es tendre / prêt à entendre le bruit des matins / aux portes arrêtées ». François Graveline décline en courts poèmes son rapport au monde et à la mémoire : « Sur le sentier, sans personne à mes côtés, / hormis les sommets et les vallées / Je ferme les yeux. / L’invisible m’épouse. », ou encore : « Le feu qu’allumaient tes mains / était tes mains mêmes. / Un jamais éteint m’étreint ; / la flamme au doigt, j’écris ces mots. » Anne Barbusse, déjà dans ARPA n°133-134, que l’on a lue aussi récemment dans Les Hommes sans Épaules et Concerto pour marées et silence, nous livre deux poèmes scintillants disant l’appel de l’oiseau « dans le jour saoulé / de soleil vierge, premières phrases / sur le papier dans la lueur de lait entre / hésitation et ciel // - de quel côté le ciel », sa multiplication : « le jour se fait oiseaux », la fulgurance de l’image entrevue entre deux sommeils : « notre réel est troué d’images, notre conscience / s’ajoute aux pierres, tout est perdu – on se rendort // à vif, les yeux des arbres augmentent la préscience / de la lueur enceinte de brume, tranchée d’oiseaux ». Mathieu Gimenez chante dans des poèmes  à la puissance peu commune l’appel de la mer : « Instant de splendeur où, / dans le cri d’un oiseau, / je prends le quart. », le sentiment d’appartenance au monde : « Être au monde dans / le ressac, sa violence ; / la beauté des choses , / le faste des embruns. », le retour au pays natal et le renouveau de l’amour : « Bats le rappel de la tendresse, / frappe à la maison paternelle, demande pardon. / Alors cette gloire, ce présent et sa torpeur, / l’immense douceur des êtres et des choses, / seront votre part au festin de la joie. » Citons encore Bernadette Leconte, disant en strophes brèves le plaisir de goûter à l’instant : « par la fenêtre ouverte / la lumière t’arrive / tel un rire », ou encore :  « vivre en oiseau / libre et léger / enlacer son chant / à celui du torrent. » et François Migeot, lui aussi chantant l’oiseau, et plus profondément la présence intériorisée de la nature : « À nuage / à tâtons / on avance goutte à goutte  / pour épuiser l’ondée // Puis du visage / on remonte les cintres // Le ciel / a disparu // Il n’en reste que les larmes ».

Viennent ensuite quelques notes de lecture détaillées dues à Nathalie Fréour, Élisabeth Launay-Dolet, François Graveline et Thierry-Pierre Clément, et la chronique intitulée Mes préférences de Gérard Bocholier donnant des éclairages brefs sur les recueils récemment parus qu’il a préférés. Le numéro se clôt avec la rubrique Le fil du temps, qui, nous a expliqué Gérard Bocholier, « présente des textes plus légers, parfois dans l'actualité, des essais de formes un peu nouveaux, des textes de "débutants" ou des textes exhumés quelquefois (1 ou 2 pages seulement par auteur) ». Citons le beau texte de Janine Modlinger sur le film Théorème de Pasolini, qui se termine ainsi : « Le jeune homme apporte la grâce et cette grâce se donne dans l’étreinte charnelle. / Lorsqu’il part, il les laisse brisés, chacun dans son propre enfer. / Mais ils ont été Visités », et le poème intitulé FORME de Sacha Zamka, présent aussi dans Florilège n°189 : « plus que pulpes plus que pépins // le fruit a gardé dans son goût / souffle d’ève et souffle d’adam / ce que fut la suavité // les yeux aux cimes des feuillages / dans les vergers de la mémoire // on rêve à la première fois / que le ciel vit la forme humaine ».

(É. C.)

Revue Soleils et cendre, n°140, décembre 2022

La revue Soleils et Cendre a été créée en 1986 à Villefontaine dans l’Isère sur la base d’un projet collectif d’animateurs d’ateliers d’écriture issus du GFEN (Groupe Français d’Éducation Nouvelle). Le comité de rédaction s’est ensuite peu à peu dispersés géographiquement. « Il s’agit, pour nous qui animons des ateliers, qui écrivons seuls ou en ateliers, d’aller au bout du processus de création, c’est à dire de socialiser les textes produits. » En 1995 a été créée une maison d’édition associative, Les solicendristes. Plusieurs collections se sont ouvertes au fil des années autour de l’activité de l’atelier d’écriture, avec donc l’édition régulière des numéros de la revue et des collections. La démarche des solicendristes ne se résume pas en effet à la publication d’une revue. Reprenant la proclamation de Lautréamont : « La poésie doit être faite par tous. Non par un », ils placent au cœur de leur démarche l’écriture en atelier. Soleils et cendre est ainsi une aventure collective, avec un comité de rédaction constitué de Yves Béal, Chantal Bélézy, Marie-Pierre Canard, Isabelle Ducastaing, Madeleine Ginet, Claude Niarfeix, Henri Tramoy et Sylviane Werner.

Le thème du présent numéro est « Trésor de guère », qu’on ne peut mieux présenter qu’en citant un extrait de son annonce dans le numéro précédent : « … Naguère est la contraction de : il n’y a guère (de temps), soit il n’y a pas beaucoup de temps, donc récemment ! Qui par glissement de sens a fini par prendre le sens de jadis, autrefois. Ce mot est un trésor à lui seul. Et voici qu’on se prend à imaginer un monde de la mesure, à contre temps. Aller à la mémoire, à la rencontre des presque rien de la vie. Et plus encore… ». Le numéro s’ouvre sur le traditionnel texte collectif du comité de rédaction écrit à sept mains en atelier tournant. Outre le collectif, une dizaine d’auteurs ont fourni la matière des poèmes dont est composé le numéro. Poèmes qui disent l’importance du peu, du rien, à partir du moment où ils sont partagésÒ : « Je ne veux rien pour le temps qui vient / Je ne veux rien / Rien. Rien qui ne puisse se partager. » (Yves Béal) ; « Voilà j’ai fait le vide / appel d’air / vif esprit. // J’avance vers le Rien / avec l’amour du monde, / à chaque aube le sien. » (Dario Pellegrini). Poèmes diversifiés dans les sujets abordés, mais qui ont en commun la simplicité des mots et la sincérité des sentiments, ce que bien sûr le thème choisi favorise, le peu se faisant souvent synonyme de pureté, le rien de transparence dans l’appréhension de l’autre et du monde. Citons pour terminer un extrait du poème collectif, qui dit bien la recherche du Tout dans le Rien : « Tésor. / Puis trésor. C’est un r, en catimini, qui nomme enfin choses précieuses, et l’endroit où se conservent choses précieuses. // Tésor, tes ors, cet intime d’être ou d’espèce, / trébuchant, / cet infime effluve qui fait fleuve de presque rien ».

(É. C.)

Florilège, n°189,  décembre 2022

Un sommaire toujours très riche, avec plus de soixante poètes à l’affiche, et une présentation soignée pour cette revue trimestrielle créée en 1974 par l’Association Les Poètes de l’Amitié – Poètes sans Frontières et présidée par le poète et écrivain dijonnais Stephen Blanchard.

Citons quelques extraits de ce riche florilège. Gérard Mottet, évoquant un voyage, le dernier sans doute, « vers les neiges d’en haut », termine ainsi son évocation : « au plus haut les flocons prenant / forme d’étoiles couvriront / doucement ton visage encore tiède // et toi-même alors que seras-tu d’autre finalement / que l’un de ces flocons se dissolvant // telle une goutte de tendresse / au creux de l’infini ». Sacha Zamka, qu’on a lu aussi dans ARPA, dit la nostalgie du jardin d’Éden : « Aucun surgeon, aucun rameau : // Vivre fuit entre souffle et larme, / Aux lèvres pulpe, aux paumes grappes, / Le fruit fut-il âcre ou suave ? // Loin du verger perdu, on marche / Hier nom et demain visage : / Par ce qui ne sera que rêve, / Par ce qui ne fut que mémoire ». Nicole Portay évoque la quête de la lumière : « Comme la pierre, / Passerelle dénuée de parapet, / Déambuler à fleur d’eaux de brume. / Sceller pleins et déliés / Entre ombre et fugace clarté / Et sans défaillir / se donner à l’embellie / D’un invisible point de fuite ». Kathleen Hyden-David interroge le sens de la vie : « Rêve et réalité, couple inséparable, / mais en permanence négociation / pour savoir lequel des deux / donnera le plus à cet enfant / qu’ils ont mis au monde : / la vie, notre vie ! / Mais finalement… C’est quoi la vie ? ». Antoine Leprette, allongé sous un arbre, veut savoir qui du ciel et de l’arbre se découpe sur l’autre : « Le regard suit les méandres / Arbre blanc sur fond d’orage / Arbre noir sur ciel de printemps / Les réalités s’entrecroisent / Comment suivre le fil ? ». Michel Santune chante la nostalgie éveillée par un visage qu’effleure la lumière, « dans la ténèbre bleue / où tu m’accueilles quelquefois / à la faveur d’un sourire / ou d’un regard / qui fait s’ouvrir en moi / la merveilleuse plaie du souvenir // le gouffre de la joie ». Marie-José Pascal dit pourquoi elle vit : « Tu vis pour des souvenirs ébréchés / Qui n’appartiendront plus qu’à toi, / Quand l’heure sera enfin venue / de ne garder au fond du cœur / Que le parfum subtil des fleurs / Et du jardin encore mouillé ». La section se clôt avec Première soirée, un poème du tout jeune Rimbaud non dénué d’érotisme, mais également et surtout vif instant de vie, accompagné de deux photographies de Miriam Peters-Rouyer, dont un portrait est dressé en dernière page de la revue.

Après Les créations, vient la section Chroniques, notes de lecture et nouvelles, avec des recensions de recueils de poésie et de numéros de revues poétiques récemment parus, au total une bonne trentaines, écrites par Yolaine Blanchard, Stephen Blanchard, Hervé Ribert, Irène Clara, Marie-Christine Guidon, Lucile Blanchard, Laurent Bayart, Alain Marchand, Isabelle Dumont-Dayot, Patrick Devaux, Gérard Blua, Julius Nicoladec. Une double page est consacrée au poète espagnol Antonio Machado, sous la plume de Bruno Salgues, responsable des Éditions Cap de l’Étang, qui décrit l’engagement politique à gauche de Machado, depuis la fin de l’empire colonial espagnol à la fin du XIXe siècle jusqu’à la Guerre civile et à son soutien aux républicains, par le biais de ses écrits, car il est alors malade et ne peut combattre, ainsi que ses relations avec le milieu poétique parisien dans la première décennie du XXe siècle. Kathleen Hyden-David, Sous le soleil de poésie, nous livre une vision sombre de l’irruption d’internet dans la littérature et la poésie, en jugeant que l’outil, en tant que support de diffusion de la poésie, peut être utilisé intelligemment, mais que le geste d’écrire ne doit en aucun cas être confié à une machine, comme commence à l’être le geste de dessiner. La poésie ne peut naître que d’une plongée dans le monde réel, et le geste de l’écriture, tout comme la pensée qui est à sa source, doivent rester le fruit de l’esprit humain confronté au monde concret. On trouve dans Un vent de poésie un hommage de Bruno Salgues à la poète tunisienne Fatma Ben Fdhila, récemment décédée, dans Poètes sans frontières une page de Marie-Christine Guidon consacrée à la poésie mongole et au poète phare en langue mongole Dashjorjiin Natsagdorj, dans les Actualités littéraires une page consacrée à Annie Ernaux, prix Nobel de littérature 2022, enfin dans Poésie & Philosophie, la rubrique de Gérard Mottet, une réflexion sur le thème « poésie et liberté », qui se termine ainsi : « La poésie se veut parole libre, visant à imaginer des mondes possibles, et des manières autres d’exister, nous appelant finalement à briser le silence des cercles qui nous enferment. Comment alors ne pas souscrire à cette affirmation d’Octavio Paz : La création poétique n’est rien d’autre que l’exercice de la liberté humaine ? ».

(É. C.)

 

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