GUEULE DE MOTS -ARCHIVES 2010-2011

   Jean-Pierre Lesieur - Serge Maisonnier - Juliette Clochelune... et plus

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GUEULE DE MOTS

Où les mots cessent de faire la tête et revêtent un visage...
Cette rubrique reprend vie en 2010 pour laisser LIBRE  PAROLE À UN AUTEUR...
libre de s'exprimer, de parler de lui, de son inspiration, de ses goûts littéraires, de son attachement à la poésie,
de sa façon d'écrire, d'aborder les maisons d'éditions, de dessiner son avenir, nous parler de sa vie parallèle
à l'écriture. etc.

Ce mois de juin 2011

  Libre parole à… Gertrude Millaire

Belle dissertation que nous offre Gertrude Millaire dans ce numéro de juin. Comme chacun sait, Gertrude Millaire est Québécoise, poétesse et webmestre de notre site, c'est dire que sa parole nous est précieuse et attendue.  
La poésie française vue de l’autre côté de l’Atlantique prend une dimension d’universalité qui nous touche, j’en suis convaincu.
Tout ce qui est dit ici me va droit au cœur et à l’esprit. Certaines de ses phrases sont à mettre en exergue, telle celle-ci :
Un poète : « Un visionnaire qui voit plus loin que la ligne d'horizon, qui entend l'inaudible des notes et devance parfois son ombre. »
Ou cette autre : « Il y a graine de poète dans chaque individu mais encore faut-il la laisser germer. »
Elle nous fait découvrir que sa terre du Québec est terre de poésie quand elle dit : « La poésie prend l’odeur de sa terre et chez nous, le terreau a soif de liberté. »
Ses remarques (pleines de sagesse) sur les soirées poétiques sont à prendre en considération.
Que Gertrude Millaire soit remerciée pour son talent et sa clairvoyance.
Et n’oubliez pas d’aller sur les liens en bas de page pour mieux découvrir les talents multiples de cette auteure.
(Michel Ostertag)


 L  A  I  S  S  E  Z
  monter   vos   idées   diffuses
  et   désordonnées .    Laissez
 C O N D U I R  E
  pour  un  moment  le sauvage
  et l’irréfléchi, à tout contrôler,
  v o u s  g a g ne z  le  v i d e.
  À plonger, vous aurez le géant
      Magique Society. Vision  par
        Jean-François Rochefort.

Mon premier réflexe a été de décliner l’invitation, puis je me suis laissé séduire par le titre : Libre Parole…
La liberté est un grand privilège à ne pas piétiner.  Puis complètement conquise par ce que ce mot LIBRE éveille dans le cœur
des québécois.  « Vive le Québec Libre » clamait Charles de Gaule en 1967, ce qui déclencha la plus grave crise politique à ce jour entre le Canada et la France, au fait ce n’était qu’un simple slogan lancé au vent  par pure ignorance...
 
La poésie prend l’odeur de sa terre et chez nous, le terreau a soif de liberté.
D’ailleurs mon premier recueil : L’instant démesuré, s’est écrit au lendemain de la défaite du référendum 1995
pour la souveraineté du Québec.
Ces instants démesurés qui nous habitent et nous lient au sein de nos errances poétiques :

Au coeur des mots
la vie nous apprend à vivre le silence
toute une vie
au coeur de l'errance...

Depuis, ce peuple continu son rêve et les poètes engagés crient à tue-tête leur soif de liberté :
Gaston Miron, le poète de la cause québécoise parle du destin collectif d’un peuple dont il revendique la liberté.

Suis-je ici
ou ailleurs ou autrefois dans mon village
je marche sur des étendues de pays voilés
m'écrit Olivier Marchand
alors que moi d'une brunante à l'autre
je farouche de bord en bord
je barouette et fardoche et barouche
je vais plus loin que loin que mon haleine
soudain j'apparais dans une rue au nom d'apôtre
je ne veux pas me laisser enfermer
dans les gagnages du poème, piégé fou raide

mais que le poème soit le chemin des hommes

et du peu qu'il nous reste d'être fiers
laissez-moi donner la main à l'homme de peine
et amironner…
extrait de L’homme rapaillé.
Gérald Godin veut que ses poèmes, engagés, politisés, soient en même temps faciles d'accès.
Quand je veux délasser mon
esprit, ce n'est pas l'honneur
que je cherche, c'est la liberté.
La langue de ma mère
a des mots pour tout
dans la grande famille des mots
je m'en choisis pour passer l'hiver
des mots en laine du pays
cette année j'ai choisi le mot guérison
le mot liberté
des mots qui tiennent bien au chaud
Gérald Godin Les botterlots, Montréal, L'Hexagone.
Oui la poésie est une sorte de liberté, une façon d’élaguer nos forêts intérieures, un élan, un cri,
une fenêtre ouverte sur le monde.

Mon premier contact avec la poésie remonte à l’enfance, une poésie du regard, une poésie sans mot, un arrêt sur image, un dialogue intérieur face à la fenêtre ouverte sur une nuit étoilée trop silencieuse, ou encore face à notre fragilité quand la tempête se déchaîne. Une prise de conscience de la petitesse de l’homme dans l’univers. Une poésie d’observation que je redécouvre aujourd’hui dans le haïku.
Bien sûr, les bancs de l'’école nous ont nourris: un potage à la française : Hugo, Lamartine… suivi d’un mijoté plus salé : Rimbaud, Baudelaire, Verlaine… et finalement le dessert du pays à saveur d’érable : notre Rimbaud québécois, Émile Nelligan, Félix Leclerc, Gilles Vigneault, Gérald Godin, Gaston Miron… le tout suivi d’un digestif au féminin : Marie Uguay, Denise Boucher, Hélène Dorion… puis le genre haïku avec André Duhaime. .. et tous les autres.
On parle souvent de l’universalité de la poésie et avec raison et doublement depuis la venue de l’Internet, cette grande porte ouverte sur le monde d’un simple clic. Universalité oui  dans ce qui habite tout être, son goût de justice, de liberté et ces angoisses, ses peurs,  ses amours :
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?
Verlaine
Universalité dans cette mondialisation où le poète épouse les justes causes menées de par le monde… mais avec un accent du pays, une odeur propre à sa terre. Le poète porte les couleurs de ses racines et ses mots se parfument à l’essence même de ses bayous où ils naviguent même s'ils conduisent tous à la mer. Les poètes, par leurs écrits, sont le pouls du pays.

La Poésie, un état de vie.
Il y a graine de poète dans chaque individu mais encore faut-il la laisser germer. Le poète c'est toi, c'est moi, c'est nous : le peintre, l'artiste, l'écrivain, le musicien, l'homme de la rue. On ne devient pas poète en écrivant de la poésie; on naît poète et la poésie se vit au quotidien. C'est un état de vie et non pas une profession.  Vivre c'est poétiser et poétiser est porter un regard sensible sur la vie en général. C'est vivre dans un état d'émerveillement tant par la beauté des choses que par la rage que suscite la stupidité de l’homme parfois. Une âme d'enfant mêlée de douces folies, tantôt sagement fou, tantôt joyeusement triste. Un visionnaire qui voit plus loin que la ligne d'horizon, qui entend l'inaudible des notes et devance parfois son ombre. Il marche sur ses routes parallèles, vie dans l'instant, sans ramasser les cailloux ni compter les égratignures, le regard droit devant, l’homme suit son filon dans l'or du temps à la recherche d'absolu et de vérité. Il sent la brise, goûte chaque battement, entends le silence, vois l'invisible et touche l'impalpable secret des choses.

Le poème, un moyen d’expression parmi tant d’autres.
Et une fois de plus, la technologie de l’internet sert bien ce moyen d’expression. Le web est inondé de poèmes et on peut facilement s’y noyer si on se laisse flotter au gré des eaux. Il en est de même des recueils de poésie qui prennent le large sans pour autant atteindre la rive. Est-ce vraiment une menace cette profusion ? Non. Nous vivons dans le siècle du trop, il faut juste apprendre à nager : trop de députés, trop de fonctionnaires, surconsommation : aliments-médicaments-babioles etc. 
Et trop de soirées de poésie ? Non, juste un peu trop d’ennui dans ce défilement de poètes qui tour à tour viennent lire sans aucun talent d’orateur. Juste pas assez de renouveau, d’adaptation aux nouvelles technologies. Cercle trop fermé. Pour qui ces soirées ? Pour les poètes ? Ou pour le grand public ? Qu’on se souvienne qu’au début, la poésie était parole, son langage était coloré et vivant. La poésie serait-elle devenue trop littéraire pour supporter la scène ? Ou la scène serait-elle trop nue sans habiller le poème ? Pourquoi pas un seul orateur pour plusieurs poètes, un peu d’éclairage, un peu de musique, des projections... la technologie est là, pourquoi la bouder ? Les temps changent, on n’assiste plus au concert de musique avec le chanteur et sa guitare comme dans les années 70, la poésie doit prendre le tournant elle aussi et nous en mettre plein la vue et les oreilles.

Le poème dans son quotidien.
Oui, nous vivons dans l’ère de l’éphémère, de la course contre la montre. Le dernier recueil lu comme tous les autres mangent la poussière sur les étagères de nos bibliothèques. Au Québec, la poésie de nos poètes prend le virage du texte mis en musique : Chloé Ste-Marie, nous fait découvrir et redécouvrir les poèmes de nos grands poètes, ainsi que le groupe, les douze hommes rapaillés qui nous donnent à entendre les poèmes de Miron. Un délice et une détente que l’écoute de ses poèmes dans mon ipod  lors d’une randonnée ou encore quand je circule sur les routes. Et que dire des vidéo-clips ? Une belle façon de présenter la poésie à tous et pour tous. Faut mieux parfois suivre le courant que de nager à contre courant et ne jamais atteindre  la rive.

À  chacun son médium, à chacun sa poésie, à chacun sa vie.
« On écrit comme on élague une forêt pour percer la lumière...
l'écriture est une marche... vers une rencontre, une communion, un absolu. »
***

 

Chloé, nous fait redécouvrir ce poème :
Toi la mordore de Roland Giguère, j’y découvre le poème et le poète.




Et quel plaisir d’entendre les poèmes de Miron chantés par  les Douze Hommes Rapaillés :
Soir Tourmente et Le vieil Ossian







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Gertrude Millaire
participe activement à la Revue Francopolis depuis le début (2002)
et est webmestre depuis plusieurs années. Membre de L'AAAO.
Participe à quelques récitals de poésie, La Fête Nationale à Ferme-Neuve et Aylmer et sur Planète Québec et s'implique dans les Journées de la Culture et quelques articles dans les Journaux. Entrevue au Canal Vox Outaouais

Publications papiers
et en format numérique à la Bibliothèque du Canada
L'instant Démesuré, poésie1996 -Édition en Marge
La Rencontre, nouvelle, 1996  idem
L'espace d'un ailleurs, conte fantastique
1997 idem
Quand elle vous souriait, nouvelle 2005


Participation aux Collectifs: 

La nuit des gueux - (Un simple abri) édition La plume libre 2006
Anthologie poétique Francopolis 2008-2009,( Mémoire d'automne) édition Clàpas
Collectif de Nouvelles -" 30 -Trente -XXX"  (30 heures de vol ) édition Vents d'Ouest 2009
Collectif du millénaire - Dialogue Canada, 2000

Parutions dans différentes Revues -
Echo-X, Québec - Europoésie, France - Phréatique, France, et plus...

Quelques Liens :  


Visiter son
site


SUR FRANCOPOLIS :

-
Présentation du Recueil  l'instant Démesuré par Isabelle Servant - Ali Iken et  aussi par Francis Rozange

-
Franco-semailles : - Vera Regina Marçallo Gaetani - Entrevue avec André Duhaime - Entrevue avec Luci-Louve  Mathieu -
  Mathieu Boily emporte le prix Nelligan -
(Nelligan – Uguay – Saint-Denys Garneau 2006) -
  Entrevue avec Jean-Marc La Frenière


- Salon de lecture : - instants démesurésquelques flocons

- Chansons et Contes : Richard Séguin - Luc Plamondon -
Chloé Ste-Marie - Lhasa de Sela - Cathrine Sauvage -
  Le printemps de
Félix Leclerc, Edith Piaf, Jacques Brel et Barabara - Conte de Noël - Patrice Parhal

- Lecture chronique: Revue Gong - Revue Nuit Blanche - Maison d'édition La petite fée -
  Mots de neige ,de sable,d'océan - Guy Jean, Les Blanches feuilles où dansent nos âmes - Oeil Ventriloque,
  et
Tous les râteliers de Vincent Wahl - Vague d'ancre d'Hélène Soris - Ma Frange, la voici /Hay  ak tawnza d'Ali Iken.

- Vue : Salon du Livre:Lire aux éclats - Festival Poésie International Trois-Rivières - Haïkus Jardin Montréal -
  Sans abri-projet Collectif - Marché de la Poésie Montréal - Salon du livre et Concours de Nouvelles'Outaouais -

- Langue en web: Rencontre des cultures par le conte - Chloé chante un Innu - Cartes Postales Sylvie Domenjoud - Birgit Yew

- Créaphonie:
Fanny Bailly - Philippe Valet & Gertrude Millaire - Sculpture Raymond Warren - Marie-France Thibault-
  Étienne Gélinas
 
- Vie-Poète: Gérald Godin - Gaston Miron -  Édouard Glissant

-
Billet Humeuristique:
Félix Leclerc -

- Livre franco : Thème naissance - Thème souffle - Thème rencontre

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et Grand Merci à tous les sites qui hébergent ma poésie
et tous ceux qui créent un lien vers mon site et vers Francopolis :


Terre à Ciel
L'Île de Calliope: Anthologie du Web
Vincent Disanzo: Le salon des invités
Poésie d'hier et d'aujourd'hui
Écrits-Vains : Editorial - Hommage à Matoub Lounès -Poésie -
Nouvelle
Poésie d'hier et d'aujourd'hui

Je me souviens...de la poésie québécoise
Simplement pour le plaisir
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Merci à tous et à ceux que j'oublie ...



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